1598 : L’édit de Nantes par Henri IV
Henri IV mettra quatre années pour prendre possession de Paris ; il lui faudra auparavant combattre les armées ligueuses des Guise, abjurer solennellement à Saint-Denis, être couronné à Chartres, assiéger Paris et y pénétrer par ruse le 22 mars 1594.
Le roi s’est converti, mais il s’entoure de protestants qui reviennent à Paris, occupent des fonctions importantes, se font une place dans le commerce et la finance.
Henri IV s’attache à moderniser, embellir et désenclaver la ville, faisant œuvre d’urbaniste. Il confie à Androuet du Cerceau la création d’un nouvel axe Nord-Sud avec le Pont Neuf -sans construction, uniquement dédié à la circulation-, assorti du programme immobilier de la place Dauphine dont le promoteur est Achille de Harlay. Le jardin des Tuileries est planté de mûriers à l’instigation d’Olivier de Serres. Les architectes protestants Androuet du Cerceau et Salomon de Brosse construisent la place Royale (future place des Vosges) où s’installeront de nombreux coreligionnaires dont le marquis de Ruvigny, gouverneur de la Bastille, Isaac Arnauld, le contrôleur du commerce et de l’industrie Barthélemy de Laffemas, les de Beringhen, secrétaires du roi.
Sully, le plus proche conseiller du roi, accumule les charges ; il habite à l’Arsenal puis place Royale avant de se faire construire l’hôtel de la rue Saint Antoine.
Les faubourgs Saint-Germain et Saint-Marcel (Gobelins) sont toujours parmi les quartiers privilégiés par les protestants (les Gobelins teinturiers et liciers se sont établis au bord de la Bièvre au XVe siècle ; ralliés très tôt à la Réforme, ils fréquenteront le temple de Charenton). M.-E. Richard précise qu’alors, "Paris dénombrait alors 20 000 à 30 000 fidèles, soit le dixième de la population ... il s’agissait souvent de membres de classes élevées, dont l’importance sociale et économique était considérable. La sœur du roi, Catherine, avait conservé la foi de sa mère; des ministres, des ducs et pairs, des hauts fonctionnaires allaient au prêche qu’elle faisait célébrer dans le Louvre même", dans la salle des Caryatides qui pouvait contenir 5000 personnes, ou en son hôtel de Soissons, lors de ses séjours parisiens. Les pasteurs de l’ « Église de Madame » sont d’anciens aumôniers de son frère, comme François de Lobéran de Montigny, Antoine de La Faye et Jacques Couët, qui, après 1598, animeront le consistoire de Paris.
En 1598, Henri IV, avec l’édit de Nantes reconnaît la liberté de conscience mais le culte ne peut être pratiqué que dans certaines conditions, pas à moins de 4 lieues de Paris.
Josias Mercier l’accueille à Grigny en 1599, puis un temple est construit à Ablon-sur-Seine (1600-1603), et enfin à Charenton, où le Grand temple construit sur les plans de Salomon de Brosse en 1607 pouvait contenir 4000 personnes. Les parisiens s’y rendaient à pied ou par coche d’eau, ce qui représentait une véritable expédition et la navigation sur la Seine était souvent périlleuse.
Dès 1598, et surtout après la paix d’Alès (1629) qui met un terme aux guerres de religion de Louis XIII (sièges de La Rochelle et de Montauban), la Contre-Réforme par ses controverses et ses influences multiples travaille à obtenir des conversions sincères ou forcées. Pierre de Bérulle fonde en 1611, à Paris, l’Oratoire de France afin de former une élite de prêtres, théologiens et prédicateurs, pour lutter contre l’hérésie protestante
Rares sont les protestant en vue, mais Valentin Conrart (Paris 1603-1675), conseiller-secrétaire de Louis XIII, réunit chez lui un cercle d’hommes de lettres qui formeront le noyau de l’Académie française dont il rédigera les règlements pour Richelieu en 1635. Il en sera le premier secrétaire, fonction qu’il conservera jusqu’à sa mort en dépit de son appartenance à la religion réformée et de liens avec les pasteurs de Charenton. Également protestant, Paul Pellisson rédigera la première histoire de l’Académie française, sera le secrétaire de Fouquet puis le biographe du roi, mais il abjurera en 1670.
Voir sur notre site
- Sur le plan de l'Oratoire au XVIe siècle : Henri IV
- Notre jeu de piste en 1591 : Double jeu... de Seine
Liens externes :
- Sur le site du Musée protestants : dossier sur Henri IV
- Notice sur l'édit de Nantes (1598)