1509 : Humanisme et Bible
À l’aube du XVIe siècle une nouvelle phase de civilisation voit le jour avec la Renaissance. L’horizon géographique s’élargit, le commerce international s’intensifie, l’art découvre la perspective. L’imprimerie stimule la soif d’apprendre, la circulation des textes et des idées, puis la remise en cause de l’autorité religieuse qui bride la société. Paris, capitale marchande, intellectuelle, artistique et artisanale participe activement à ces évolutions.
Les premiers ferments de l’esprit de Réforme se manifestent très tôt, à proximité immédiate des murs extérieurs de Philippe Auguste qui enserrent alors Paris, à l’abbaye de St-Germain des Prés.
Guillaume Briçonnet, son abbé, également évêque de Meaux, entreprend une réforme interne du clergé visant à plus de rigueur et au développement d’une prédication plus proche des évangiles.
Il accueille en 1507 Lefèvre d’Etaples qui publie en 1509 une traduction des Psaumes.
Attaqué en 1521 par la Sorbonne pour "Le commentaire des quatre évangiles", Lefèvre poursuit son travail à Meaux où est imprimé son Nouveau Testament en français (1523), traduit d’après la Vulgate latine, permettant un accès direct aux écritures.
Ce milieu des "Bibliens" est protégé au début par François Ier influencé par sa sœur Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre.
La diffusion des évangiles imprimés développe la lecture en petits groupes, la pensée personnelle, le rejet d’un dogme imposé par une Eglise aux mœurs distendues et le monopole de l’Université-Faculté de Théologie crispée sur ses prérogatives.
En 1519, l’imprimeur bâlois Froben expédie en France plusieurs centaines d’exemplaires d’un recueil écrit par Luther. Lefèvre d’Etaples et les docteurs de la Sorbonne lui font bon accueil, mais ces derniers changent radicalement d’attitude sous la pression de Rome et d’un procès intenté par le syndic de la faculté de Paris, inspiré par le dogmatique Noël Béda, qui aboutit à la condamnation des écrits en 1521. Les livres sont brûlés, mais le long procès suscite des commentaires et de petites publications comme celle de Melanchthon, Adversius furiosum Parisensium Theologastrorum decretum Philippi Melanchthonis pro Luthero apologia, qui donnent un large écho aux idées du réformateur allemand.
En 1530, François 1er et Marguerite de Navarre encouragent l’esprit humaniste en fondant le Collège des Lecteurs royaux (futur Collège de France) où vont être étudiées les langues bibliques anciennes (grec et hébreu) écartées de l’enseignement de la Faculté de Théologie de Paris (Sorbonne). La clémence du roi s’estompera cependant devant les actes de désobéissance avérée envers l’Eglise et l’autorité papale qui lui semblent mettre aussi son royaume en péril...