Transformations de l'Oratoire du Louvre après 1789
Les protestants, de Saint-Louis du Louvre à l’Oratoire
1791-1811 : Les réformés à Saint-Louis du Louvre
Le dimanche de Pâques, 22 mai 1791, le pasteur Marron préside la « première assemblée publique du culte protestant » dans l’église Saint-Louis du Louvre (plans Thomas Germain 1744), édifice alors vacant, "presque tout meublé", que l’Église protestante loue à la Municipalité, avec l’autorisation de la Législative.
Le temple est orné de la Déclaration des droits de l’homme et du Notre Père. La chaire provient de l’église des Capucins de la rue St-Honoré et un orgue est placé sur la tribune de musiciens.
Par un courrier du 28 ventôse an VII (mars 1799), le secrétaire général de la préfecture, M. Frochot met à la disposition du consistoire une partie de la "maison collégiale de St-Louis du Louvre" attenante à l’église rue St-Thomas, donnant également 44 rue des Orties, alors en cours de démolition. Certains bâtiments comportent 4 étages. Une pièce est utilisée comme sacristie. Y habitent sans doute, le concierge, le chantre et l’organiste. Marron habite rue St-Roch. Un "cimetière des protestants situé derrière l’église St-Louis" est mentionné dans une missive de 1793.
Par arrêté consulaire du 2 décembre 1802, l’église Saint-Louis du Louvre est affectée au consistoire protestant.
1811 Napoléon affecte l’Oratoire aux protestants
En 1811, l’empereur Napoléon a le projet d’agrandir le Louvre pour le réunir aux Tuileries. Les bâtiments se situant à l’intérieur du périmètre sont voués à la démolition, dont Saint-Louis du Louvre (Les travaux de démolition traîneront pendant quelques années). Les protestants n’ont plus de lieu de réunion. Un courrier du Conseil d’État conservé à la SHPF propose de leur affecter l’église des Théatins arguant que l’église de l’Oratoire pourrait être affecté à la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois. [Aucune mention retrouvée dans les archives SHPF disant qu’on leur aurait fait choisir entre la Madeleine et l’Oratoire...]
Le préfet de Paris, à l’époque, « le bon M. Frochot », favorable aux protestants, présenta habilement la situation à l’empereur suscitant « de se faire demander s’il n’y avait pas de local disponible », et obtint la permission de les établir à l’Oratoire. On dégage les décors de théâtre de l’Opéra, du Vaudeville et avec plus de lenteur du Théâtre-Français qui y étaient entreposés. Il fallut l’intervention très autoritaire du délégué du Consistoire, M. Châtillon que l’on prend pour un commissaire impérial, pour qu’ils s’exécutent, ce qui fut fait entre le 17 février et avril 1811.
Aménagements protestants
Nous n’ignorons pas que les Réformés se sont installés à l’Oratoire du Louvre sur un lieu créé deux siècles plus tôt pour préparer les prêtres à combattre le protestantisme, la congrégation de l’Oratoire. N’a-t’on pas dit aux Réformés qu’ils auraient dû changer le nom de l’édifice pour prendre leur revanche sur leurs adversaires ? À vrai dire, installés dans les lieux qui furent dédiés à « l’enfance, la vie et la mort de Jésus » par le Père de Bérulle, les protestants n’ont rien à redire à une dénomination qui leur convient parfaitement, puisque le même mot latin conjugue l’art oratoire (le De oratore de Cicéron), la prière (l’oraison) et la musique religieuse (l’ « oratorio »).
Auguste Decoppet, pasteur à l’Oratoire entre 1878 et 1906, disait : « Notre église porte le plus beau nom qui puisse être donné à une église, celui de l’oratoire, qui signifie maison de prière, maison où l’âme et Dieu se rencontrent ».
Arrivant à l’Oratoire du Louvre, le consistoire dut aménager l’édifice : carrelage, calorifère, mise en état des stalles et, en provenance de Saint-Louis, de l’orgue placés d’abord dans le chœur, du portail et du tambour... Les anciens bâtiments conventuels avaient été occupés en 1797 par le Bureau des Hypothèques, la Caisse d’Amortissement ne quitta les lieux qu’au moment de la démolition définitive du cloître, lors du percement de la rue de Rivoli en 1854.
M. Mallet avança 8000 fr. pour les travaux de déménagement et d’installation, dont il ne fut remboursé qu’en 1813, quand la Ville finit par fournir les fonds promis.
Le 1er culte est célébré à l’Oratoire en avril 1811, le jour de Pâques.
Pour en savoir plus :
- Article du livre du bicentenaire : L’Oratoire du Louvre Sous la Révolution et au XIXe, par Alexandre Gady
- L’Église réformée de Paris de 1802 à 1870, par André Encrevé
- Histoire de l’Eglise de l’Oratoire Saint Honoré ou Oratoire du Louvre, par Roger Braun, 1932
Cette page concerne l’Oratoire du Louvre sous la Révolution et au XIXe siècle.
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