Saccages révolutionnaires
La beauté de l’Oratoire et son dépouillement intérieur conviennent très bien aux protestants, mais ce ne sont pas eux qui sont les auteurs de cette état de cet état de fait actuel, ils l’ont seulement conservé. Ce sont des révolutionnaires qui ont dépouillé l’Oratoire des magnifiques décors du XVIIe et XVIIIe siècles mis en place par des familles qui s’honoraient et honoraient l’Oratoire d’œuvres d’art réalisées par les plus grands maîtres de leur époque.
Le 14 décembre 1792, la congrégation de l’Oratoire est abolie par la Convention. L’autel est d’abord démonté, dès le début de l’année suivante, les chapelles pillées, les tombeaux furent mis en pièces, les œuvres d’art récupérables furent emmenées pour être vendues, c’est ainsi que vingt-neuf tableaux furent envoyés au dépôt des Petits-Augustins (aujourd’hui l’école des Beaux-Arts rue des Saints-Pères).
Les quatre fleurs de lys de la voûte du transept grattées, celles des vitraux furent déposées, il ne reste aujourd’hui que les fleurs de lys au sommet des tourelles extérieures pour témoigner du statut de chapelle royale qui fut conféré à l’Oratoire par Louis XIII...
La façade fut complètement mutilée, ce qui reste très sensible aujourd’hui. Elle perdit alors toute sa délicate parure sculptée, comme Saint-Roch un peu plus loin dans la même rue : anges, chérubins, cœur enflammé, profils du Christ et de la Vierge, bas-reliefs, arme de France et croix sommitale disparurent. La croix de la lanterne fut également abattue. A la fin de la période terroriste, l’édifice présentait un état propre à tous les édifices religieux français, si bien décrit par Chateaubriand dans le Génie du Christianisme.
Pour se faire une idée de la richesse de ces décors, il est possible d’admirer encore de nos jours le beau décor peint et sculpté à la voûte de la première chapelle du transept gauche, décor mis au jour lors de travaux de nettoyage en 1906. Il s’agit de la chapelle de la famille de Harlay. Cette découverte d’un reste de décor ancien fut d’ailleurs d’autant mieux accueilli qu’il représente la conversion de Saint Paul, un écrivain biblique bien aimé des protestants. La croix sommitale et la croix du clocheton furent restaurées au milieu du XIXe. La riche sculpture de l’imposte de la grande porte a été retrouvée lors de la restauration de la façade en 2011.