Salle du consistoire et Salle Haute
La rotonde elliptique créée par Lemercier au chevet de l’Oratoire servait de chœur à l’Oratoire, l’autel apparaissant depuis l’église baigné de la lumière tombant du haut des grandes fenêtres. Au XVIIIe siècle, le maître autel a été déplacé dans le chœur et cette rotonde fut transformée en y aménageant des stalles pour réunir les oratoriens. A la révolution, la congrégation de l’Oratoire a été dissoute, l’église a été saccagée et profanée, servant à des usages divers comme entrepôt pour décors, et lieu de réunions diverses. Une section révolutionnaire parisienne y était abritée, comportant un comité civil, un comité révolutionnaire et une force armée contrôlant le district des environs de l’Oratoire. Il est probable qu’une première séparation a été créée entre le chevet et l’église proprement dite à cette époque pour que ces fonctions puissent cohabiter dans l’église et la maison de l’Oratoire.
Cette rotonde est devenue la "salle du consistoire" en 1811, le consistoire étant la commission mise en place par Napoléon 1er dans chaque église réformée locale pour la gouverner. Mais au moins au début, les autres réunions ont continué à se réunir à l’Oratoire quelques temps : la Société des Sciences et des Arts, dite "l’Athénée", par la voix du sénateur Boissy d’Anglas, la Société de Médecine, par la voix du docteur Guillotin, obtinrent de continuer leurs assemblées "dans l’amphithéâtre derrière l’église", la salle du Consistoire.
Les locaux sont rapidement devenus trop petits, pour plusieurs raisons.
1) D’abord parce qu’après la défaite de Napoléon 1er, de nombreux anglo-saxons vont venir à Paris, la rotonde servira de salle de culte des presbytériens anglais le dimanche après-midi, pendant que les anglicans avaient leur service dans la nef. Cette venue n’est pas sans conséquence sur le protestantisme, des missionnaires anglais entreprirent de ré-évangéliser une France et une église protestante trop libérale à leurs yeux, trop rationaliste, ce qui fut à l’origine de ce qui fut appelé le "réveil".
2) Les locaux devinrent également trop petit à cause du dynamisme du protestantisme à l’époque, en partie porté par l’enthousiasme caritatif porté par le "réveil" qui entraîna la création de nombreuses œuvres et mouvements :
- La Société biblique de Paris, fondée en 1818, réunit Mme de Staël, François Delessert, de Coulmann, l’amiral Ver-Huel.
- La Société des traités religieux est fondée en 1822, fréquentée par, entre autres Waddington et Guizot « professeur d’histoire ».
- Le Comité de la Société Biblique auxiliaire de dames
- La Société protestante de prévoyance et de secours mutuel dont la 1ère séance se tient le 16 janvier 1825, fondée par des membres de l’Oratoire pour venir au secours des pauvres.
- La Société des Missions est créée en 1822 par des réformés et des luthériens et se réunit régulièrement à l’Oratoire, avant que ne soit construite la Maison des Missions au 102 boulevard Arago (où elle est toujours).
- Les écoles du dimanche, ayant un but d’instruction et d’édification spirituelle des enfants vont être créées à l’Oratoire. Le 21 avril 1820, à la nomination de Frédéric Monod comme pasteur-adjoint par ordonnance royale, le consistoire décide d’utiliser ses services pour établir et diriger une école du dimanche à l’Oratoire. Cela se faisait déjà dans d’autres églises protestantes à l’étranger, et cette action est bien dans la pensée protestante qui a toujours cherché à promouvoir la lecture et la réflexion personnelle de chaque personne, même la plus modeste socialement.
En 1821-1822, la "salle du consistoire" a été doublée d’une "salle haute" en coupant en deux dans la hauteur la "rotonde de Lemercier" par un plancher posé sur la corniche. On accède à cette salle par un escallier qui a été aménagé dans l’ancienne sacristie des oratoriens, à l’angle sud ouest de l’Oratoire.
Les écoles du dimanche prendront un tel développement que la salle du consistoire doublée de la salle haute furent rapidement trop petites. L’école du dimanche envahira alors le temple même, où elle occupera d’abord tout le chœur, momentanément séparé de la nef par un vaste rideau tendu dans toute la largueur du temple, puis l’Oratoire tout entier, avec un personnel important pour s’occuper des enfants : pasteurs, maîtres enseignants, surveillants et auxiliaires bénévoles.
Une bibliothèque et une grande table elliptique ont été fabriquées spécialement pour meubler la salle du consistoire. Dans l’Oratoire, le tympan au dessus de la porte menant à la grande sacristie a été peint d’un verset biblique selon un usage très fréquent dans le protestantisme : « Le don de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur » (verset tiré de la lettre de l’apôtre Paul aux Romains 6:23).
Enfin, la salle du consistoire, appelée aujourd’hui "grande sacristie" a été aménagée au XIXe siècle en lieu de mémoire du protestantisme parisien avec des bustes et des inscriptions.