La rotonde de Lemercier
Bâtie tout en pierre, elle a été dessinée sur un plan centré elliptique, forme exceptionnelle dans l’architecture religieuse française ; la Renaissance lui avait en effet préféré le plan circulaire, par exemple à la Rotonde des Valois de Saint-Denis, que François Mansart reprendra à la Visitation rue Saint-Antoine en 1632.
Les murs sont scandés par six doubles-pilastres corinthiens alternant avec des arcades en plein cintre ; identique au petit ordre du vaisseau principal, cet ordre contribue à lier à l’ensemble un élément fortement individualisé.
Les deux portes donnant accès latéralement à deux pièces carrées sont d’origine, à l’inverse des deux baies en plein-cintre côté sud : au XVIIe siècle en effet, un bâtiment s’appuyait sur le rez-de-chaussée de la rotonde et la lumière venait donc d’en haut. En revanche, il existait deux petites portes au sud, à droite et à gauche de l’arcade d’axe, dont on devine encore la trace sous l’enduit, et qui conduisaient aux sacristies.
Au-dessus de l’entablement, des doubleaux prolongeant les pilastres découpent une voûte en pierre en une succession de berceaux qui s’épaulent et se réunissent au centre en un oculus elliptique, au cadre vigoureusement mouluré et sculpté de chérubins. Les trois baies hautes, ouvertes au sud, sont encadrées d’un riche chambranle à crossettes et gouttes sommé d’un fronton.
Le volume de cette chapelle, malencontreusement ruinée par un entresolement en 1821, a toujours été admiré. Henri Sauval, qui tenait l’intérieur de l’Oratoire pour « le plus beau de Paris », loue ainsi la rotonde, qui est « des mieux ornées d’architecture et des mieux conduite et entendue ». Un siècle plus tard, le sévère Jacques-François Blondel trouvait ce morceau « d’une dimension heureuse, d’une ordonnance régulière ».
Au XVIIe siècle, le maître-autel était dans cette rotonde, monumental, il n’était donc que deviné par les fidèles entant dans l’église. A cette époque, le chœur d’une église était souvent séparé de la nef par un jubé, ce qui isolait complètement le chœur du reste de l’église et rendait mystérieux ce qui se passait dans le chœur, domaine réservé des prêtres, lieu de l’eucharistie. Cet effet était présent à l’Oratoire quand l’autel était dans le chevet, et c’est avec cet usage du mystère que rompt le déplacement de l’autel dans le chœur, en 1748.
À droite et à gauche de cette rotonde sont deux chapelles en forme d’oratoire, dans l’angle de chacune desquelles est pratiqué un escalier à vis qui conduit aux tribunes et au-dessus des voûtes.
Derrière la rotonde et ces deux chapelles se trouvaient des sacristies voûtées de pierres, ainsi que des petits lieux de prière et de méditation.
À droite et à gauche de l’église est un corridor régnant tout le long, servant de dégagement aux chapelles avec des sorties de chaque côté dans la rue.