Auguste Decoppet (1836-1906)

30 années de ministère à l'Oratoire du Louvre

Auguste Decoppet, pasteur titulaire à l'Oratoire de 1878 à 1906.

Né à Paris le 4 février 1836, Auguste Decoppet n'appartient pas, contrairement à la plupart de ses collègues, à une famille de pasteurs ou de protestants.

Ancien catéchumène d'Adophe Monod à l'Oratoire, il part pour l'Angleterre à l'âge de 16 ans comme sous-maître, titre qui désigne alors les surveillants de collège. A 18 ans, il obtient une bourse pour entrer à l'école normale protestante de Courbevoie. A 21 ans, cet autodidacte, qui est bon latiniste, devient professeur d'histoire et de littérature française au collège royal de Noorthy en Hollande, puis précepteur dans une famille à La Haye.

Ce n'est qu'à 24 ans qu'Auguste Decoppet entre à l'école préparatoire de théologie des Batignolles. L'école préparatoire qui est maintenant à Montpellier a été installée auparavant à Saint-Germain-en-Laye, puis à Saint-Cyr au Mont-d'Or. Decoppet obtient le grade de bachelier en théologie en 1863 à la Faculté de Montauban. Consacré à Alès, où il va exercer pendant quelques années le ministère pastoral, A. Decoppet est appelé à Paris en 1869 comme pasteur auxiliaire. Il succède l'année suivante au pasteur Rognon. Nommé au second poste de pasteur de l'Oratoire en 1877, il y restera 28 ans jusqu'à sa mort le 27 août 1906.

Le pasteur Roberty dit de lui: "qu'il représente dans sa personne une alliance devenue très rare entre une foi fermement traditionnelle et une largeur de vues ecclésiastiques, qui s'est agrandie encore à mesure que l'ombre des jours s'est allongée sur sa route ". A Decoppet a mis toute son énergie, son éloquence et son zèle pastoral à exercer "une action unifiante dans notre Église". Il est connu pour son grand attachement aux enfants. Ceux-ci, se sentant aimés et compris par lui, le lui rendent bien. A. Decoppet est l'auteur de nombreuses publications parmi lesquelles on peut remarquer une Histoire sainte, un catéchisme élémentaire, des sermons pour adultes, deux recueils de sermons pour enfants qui sont traduits en danois, en hongrois et en anglais, un recueil de méditations pratiques pour les Églises sans pasteurs, un livre de poésies de la Bible mises en vers et Le Paris protestant, un annuaire très documenté qui nous renseigne sur le protestantisme parisien en 1876 et son histoire. Sa femme, née Puaux, a publié plusieurs romans religieux pour les enfants : Ce que disent les fleurs, Le petit château, Marguerite.

Dans son sermon d'installation sur le Bien de l’Église, il définit l’Église comme la patrie de l'âme. "Le bien, pour l’Église, c'est d'être tout ce que Dieu a voulu qu'elle fût ; c'est d'atteindre pleinement le but pour lequel elle a été instituée. Or qu'est-ce que l’Église chrétienne ? C'est l'association, c'est le corps de tous ceux qui croient en Jésus-Christ, et qui cherchent ensemble à réaliser une vie sainte, la vie que Jésus-Christ a révélé dans son enseignement et manifesté en sa personne". Son sermon sur l'esprit de sacrifice pour la fête de la Réformation se termine ainsi: "C'est la folie sublime de la croix qui seule peut nous apprendre la folie du dévouement, et nous rendre capables de tout abandonner, à l'exemple de nos pères, pour suivre le Maître".

Alors que la séparation des Églises et de l’État entraîne toute une réorganisation, il prononce peu de temps avant sa mort un discours remarqué sur "Nos libertés". L'un de ses derniers soucis comme président du conseil presbytéral est de demander le classement de l'Oratoire comme monument historique. Le 3 décembre 1906 le baron de Schickler, secrétaire du conseil presbytéral, clôt le registre des délibérations du dernier conseil de l'époque concordataire par un verset biblique : "Jusqu'ici l'Eternel nous a secourus !".

Philippe VASSAUX

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