Table de communion
Dans un premier temps, les Protestants n’ont pas installé de table de communion à demeure dans l’Oratoire qui venait de leur être attribué. Quand la Communion était célébrée au cours du culte, c’est à dire quatre fois l’an, une table était dressée au centre, avec deux tréteaux, une planche, une nappe blanche sur laquelle étaient disposés les plats et les coupes.
Par conséquent, la plupart de temps il n’y avait ni autel ni table dans l’Oratoire. En 1889, le pasteur Auguste Decoppet (1836-1906) a demandé « le déplacement de la chaire du lecteur et son remplacement par une table de communion ». Cette table, plutôt massive, est encore installée à demeure au pieds de la chaire.
Elle est décorée de versets bibliques et d’un chrisme, le monogramme du Christ ☧, formé des deux premières lettres de son nom en grec (chi et rho, qui ressemblent à un X et P latins), ainsi que de l’alpha (A / α) et de l’omega (Ω / ω)/
De toute façon, la table de communion dans un temple protestant est normalement en bois, ce qui écarte toute confusion avec la symbolique d’un autel. La communion n’est pas un sacrifice, c’est un repas auquel le Christ invite chacun.
Cette table repose à même le sol, au niveau des fidèles, et non surélevé. C’est un symbole important pour dire que la communion n’est pas d’abord une affaire de pasteurs mais celle de l’assemblée des fidèles, cette communion évoque la présence de Dieu en Christ auprès des hommes et des femmes, même des pécheurs, pour leur offrir la vie. Dans la même logique, le moment le plus important de la Communion (ou Sainte-Cène) protestante est quand les fidèles communient effectivement, prenant le pain et le vin. C’est alors que la communauté devient corps du Christ, par la grâce de Dieu signifiée par le pain et le vin offerts à tous, et par la foi de celui qui tend la main pour prendre ce pain et/ou cette coupe.
En cohérence avec cette conception, toute personne peut participer à la communion si elle le désire, quelle que soit son appartenance à telle ou telle église et même si elle n’a aucune église, même si cette personne n’a pas été baptisée, même si cette personne était la plus pécheresse.
Un plat contenant du pain et une coupe contenant du vin circulent parmi les fidèles qui se tiennent en cercle autour de la table. Le pain et le vin qui sont offerts évoquent le don de Dieu en la personne du Christ afin de rappeler très concrètement le dernier repas de Jésus avec ses disciples et accentuer ainsi l’aspect de fraternité qui doit caractériser la célébration protestante de la cène. Les fidèles sont invités à communier en petits groupes (tablées) de quelques dizaines de personnes autour de la table, et non en un large cercle de centaines de personnes comme cela se fait maintenant dans d’autres paroisses protestantes, ni individuellement en défilant devant une personne qui distribuerait les espèces.
La Cène est célébrée à l’Oratoire une fois par mois. Dans les églises calvinistes, elle n’était autrefois célébrée en général que quatre fois par an. Pourquoi ne pas la célébrer plus souvent ? C’est afin de ne pas trop insister sur ce geste religieux afin de bien mettre en valeur la lecture et l’interprétation personnelle de la Bible comme étant l’essentiel, essentiel où chacun peut se nourrir chaque jour s’il veut, en relation avec ce qu’il vit personnellement.
Quand la cène n’est pas célébrée, la Bible ouverte est disposée sur la table de communion à la place des plats et des coupes. C’est en quelque sorte un renvoi visuel à la réponse de Jésus tenté dans le désert : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4:4), à cette nuance près que, dans la théologie protestante réformée le texte de la Bible n’est pas à proprement parler « Parole de Dieu » mais un recueil de témoignages sur cette Parole.