La chaire
La chaire est d’époque, mais tous les bas-reliefs qui l’ornaient autrefois ont été détruits lors du saccage de l’Oratoire par les révolutionnaires et 1793.
La chaire est utilisée par le prédicateur au cours du culte (chaque dimanche et pour les fêtes chrétiennes de Noël, Pâques, Ascension et Pentecôte) La disposition de la chaire au centre de l’assemblée et sa hauteur ont un intérêt pratique mais aussi symbolique.
- Du point de vue pratique, la disposition en hauteur permet aux fidèles de bien entendre et voir le prédicateur. Avant l’installation d’une sonorisation la place de la chaire et l’abat-voix qui le couronne étaient particulièrement indispensables. À l’époque, le prédicateur devait s’adresser au clou fiché dans la paroi face à lui, faute de quoi il n’aurait pas été entendu de la moitié de l’auditoire, et l’ampleur de la nef lui imposait non seulement de fortement élever la voix, mais encore, ce qui est toujours un peu le cas, de modérer le rythme de son élocution pour éviter que ses paroles soient brouillées sous l’effet des réverbérations acoustiques.
- Mais la place centrale et la hauteur de la chaire ont aussi une importance symbolique, révélant la prééminence de la prédication, et donc de l’interprétation de la Bible pour les protestants. Cette tendance est même particulièrement vive pour les protestants d’inspiration calviniste, qui veulent attacher plus de poids à cette dimension qu’à celle des sacrements. C’est pourquoi, même dans les temples protestants bien plus petits que l’Oratoire, la chaire a une position centrale et élevée dans les églises réformées (ou presbytériennes, c’est à dire historiquement rattachées à la pensée de Calvin).
À l’ampleur de la chaire correspond la durée de la prédication. Aujourd’hui, l’habitude veut qu’en l’Oratoire les pasteurs consacrent à cette partie du culte entre vingt minutes et une demi-heure. Voilà cent ans, on aurait jugé qu’ils se seraient contentés de fort peu : les grands prédicateurs de l’époque n’hésitaient pas à se lancer dans des sermons pouvant aller parfois jusqu’à une heure et demie, et les fidèles se pressaient pour les écouter. Dans les premiers temples protestants, par exemple dans le temple de Charenton qui était le seul temple autorisé pour les parisiens par l’Édit de Nantes, il y avait un sablier pour mesurer la durée du sermon et inviter les pasteurs à ne pas exagérer non plus avec d’interminables prêches!
Les auditoires actuels ne supporteraient vraisemblablement pas un retour à ces habitudes d’hier. Mais l’exigence de base demeure : la lecture de la Bible et la prédication sont le moment central du culte protestant et la majeure partie du culte. Les autres éléments du culte, prières, chants, sacrements, ont aussi leur raison d’être, mais sans éclipser jamais cette nécessaire actualisation du message biblique. Le protestantisme n’est en effet pas à proprement parler une religion du livre, mais une religion de la parole vive, reprise aujourd’hui en écho à celle qui a été si fortement dite et proclamée au temps des prophètes, du Christ et des apôtres. La prédication du pasteur (ou, parfois, d’un membre laïc) n’a pas pour objectif de donner des doctrines que les fidèles devraient croire, mais la prédication a pour objectif de stimuler le questionnement de chacun, dans la confiance que chacun peut avoir dans la bienveillance de Dieu.
L’importance de la prédication a été reprise par la contre-réforme du cardinal de Bérulle. Cette orientation est restée vive tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles avec des prédicateurs immenses comme Massillon, Malebranche ou Bossuet. La chaire était à l’origine placée entre la 1ère et la 2""’ chapelle à droite du chœur, la chaire fut placée à l’endroit actuel en 1748 après l’agrandissement de l’édifice. Les bas-reliefs qui ornaient la chaire ont été détruits lors du saccage par les révolutionnaires en 1793.