Verset peint
Théoriquement, dans un temple protestant, il n’y a comme seule décoration que la Bible et des paroles de la Bible. Chaque paroisse protestante choisit un ou des versets qui lui semblent les plus essentiels et qui sont peints sur les murs intérieurs du temple. Dans bien des temples deux passages bibliques sont souvent peints également (mais ce n’est pas le cas à l’Oratoire) : le décalogue de Moïse conclu par le résumé qu’en donne Jésus-Christ, et la prière qu’a laissée Jésus, le Notre Père.
À l’Oratoire, le verset qui a été choisi comme devise en 1900 a été peint dans le chœur, sur le tympan au dessus de la porte qui mène à la grande sacristie : « Le don de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur » (verset tiré de la lettre de l’apôtre Paul aux Romains 6:23).
Un autre verset a été également peint dans la grande sacristie. Ce verset étonne un peu aujourd’hui mais il est révélateur du souvenir encore vif des persécutions subies par les protestants en France : « Jusqu’ici l’Éternel nous a secourus. » (tiré du 1er livre de Samuel 7:12, dans un passage célébrant la victoire des hébreux contre de féroces ennemis plus puissants qu’eux à vues humaines).
Cette quasi-absence de décoration dans un temple protestant est volontaire. C’est une façon pédagogique de discrétion de l’église visible pour mettre en valeur la dimension intérieure de la présence de Dieu, c’est vous qui êtes le vrai temple de l’Esprit, c’est votre corps, rappelle l’apôtre Paul (1 Cor. 3:16, 6:19).
La simplicité de la décoration de l’Oratoire est typique d’un temple protestant. En réalité, c’est une chance car ce ne sont pas les Protestants qui ont dépouillé l’église des somptueux décors qui existaient au XVIIIe siècle. C’est en 1793 que des révolutionnaires saccagèrent et pillèrent l’Oratoire. Bien des œuvres ont été vendues, d’autres détruites (peintures, sculptures, vitraux). C’est vrai qu’au XVIe siècle des protestants ont été les auteurs de saccages de décorations dans des églises catholiques mais au XIXe siècle cela n’aurait pas été fait, c’est ainsi que le plafond de la chapelle est resté en l’état quand les protestants ont aménagé en 1811, et que le nom d’Oratoire a été conservé.