Intérieur de l'Oratoire du Louvre aujourd'hui

Porte et tambour d'entrée

La grande porte de l’Oratoire donnant sur la rue Saint-Honoré date de 1745, une partie de ses décors a été détruite lors du saccage révolutionnaire en 1793, mais il reste un magnifique imposte qui a été redécouvert en 2011 lors de la restauration de la façade (voir la description de l’extérieur de l’Oratoire).

À l’intérieur, cette grande porte est doublée d’un tambour en bois sculpté qui provient de l’église Saint Louis du Louvre. Les initiales S. L. se trouvent encore sur les ferronneries. Cette belle boiserie a été transférée dans l’Oratoire quand Napoléon 1er a permis aux protestants d’emménager à l’Oratoire pour quitter l’église Saint Louis du Louvre qui allait être démolie. Ce tambour a été placé devant la grande porte de la rue Saint Honoré au XIXe siècle afin d’étouffer les bruits de la rue et faciliter ainsi l’écoute lors du culte. Les rues étaient en effet bien plus bruyantes au XIXe que maintenant, les roues cerclées de fer faisant un bruit terrible sur les pavés de Paris, sans compter les cris des marchands ambulants. À l’époque, la rue de Rivoli n’existait pas encore, et la rue Saint-Honoré était très passante.

La porte d’un temple protestant est fermée la plupart du temps. C’est principalement pour une raison théologique, signifiant que le monument n’est pas l’essentiel. C’est Dieu seul qui est sacré, et que le « le temple de l’Esprit-Saint » est la personne humaine, comme le dit l’apôtre Paul (1 Cor. 3:16). L’Oratoire n’est donc pas un lieu saint, Dieu n’habite ni plus ni moins là qu’ailleurs, toute place sur terre est également sainte. Où chercher Dieu ? Il est donc à chercher en soi-même et dans le dialogue avec les autres.

Un temple protestant est ouvert quand il y a un culte, en particulier pour le culte du dimanche matin mais aussi quand un culte est organisé pour des obsèques, un mariage ou un baptême L’Oratoire est également ouvert pour des manifestations culturelles, en effet, la théologie protestante invite à une ouverture au monde, en conséquence, des concerts, des conférences et des expositions sont accueillis. L’Oratoire est également ouvert pour des visites permettant de faire découvrir ce patrimoine à quiconque le désire.

Le reste du temps, les portes sont fermées, alors que des personnes aimeraient entrer pour prier un moment dans la solitude de ce beau lieu invitant à la prière... Cela traduit la forte volonté qu’a l’église protestante de ne pas prendre trop de place, de ne pas se placer en intermédiaire entre Dieu et la personne. D’où cet volonté de l’église de s’effacer en signifiant par tous les moyens que l’essentiel de la pratique religieuse est la pratique personnelle du croyant qui pense à Dieu, qui lit sa Bible et l’interprète librement, qui prie Dieu dans l’intimité. La pratique de l’Église est importante, mais elle est un exercice d’entraînement, une occasion de confronter dans l’écoute et le dialogue ce que l’on pense et de s’ouvrir à de nouvelles questions.

Cette fermeture habituelle des portes est cohérente avec le fait qu’il y ait peu de décorations dans un temple protestant (un peu comme dans la tradition cistercienne fondée par Saint Bernard), et dans le fait que la Communion n’est pas célébrée très souvent.

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