Musée du Louvre protestant

François Rabelais

Statue par Élias Robert, 1853, pavillon Turgot.

François Rabelais, écrivain humaniste de la Renaissance, a exprimé dans ses livres des opinions favorables à la Réforme, s'en prenant aux abus de l'Église catholique et appelant à une foi plus proche des Évangiles.

Il dédie son Quart-livre des aventures de Pantagruel à Odet de Coligny, frère aîné de Gaspard de Coligny (dont la statue garde le chevet de notre temple, au 160 rue de Rivoli). Ce cardinal catholique — qui a son portrait sur les vitraux des églises d'Écouen et de Montmorency — est alors un mécène protégeant la Pléiade, Clouet, Jean Goujon, Michel de L'Hospital, Ronsard. Il se convertit au protestantisme en 1562 et est excommunié. Son sarcophage est dans le chœur de la cathédrale de Carterbury, Kent, le siège de l’Église anglicane.

Dans le Quart-Livre, outre l'histoire célèbre de Panurge et de ses moutons, Rabelais conte l'histoire des Papefigue (huguenots) persécutés par les Papimanes (papistes), qui idolâtrent le pape. Il raille le droit canonique, l'adoration des Décrétales, et l'eucharistie sacrificielle.

Dans Gargantua, Gargamelle est la fille du "roi des parpaillots". Rabelais se moque des superstitions populaires, des reliques, des saints (ch. 17), de l'eau bénite (ch. 43), des moines. Il évoque le rôle de la grâce et du divin arbitre, reprenant la comparaison du Dieu potier de l'épître aux Romains 9, 21 (ch. 40).

Éduqué par les "sorbonaragres", Gargantua assiste à 26 ou 30 messes par jours. Mais ensuite, avec Ponocrates, il prie dans sa chambre, lit la Bible, s'adresse directement Dieu et au "Saulveur", sans recourir à l'intercession des saints ou de la Vierge (ch. 28 et 45).

De même, pas d'église dans l'abbaye de Thélème, tout juste un oratoire particulier, dans chaque chambre. L'abbaye est un refuge pour tous ceux qui annoncent "l’Évangile en sens agile", qu'on y fonde "la foi profonde, puis, qu'on confonde... les ennemis de la sainte Parole".

En 1538, Gargantua figure ainsi parmi les 6 livres français de Robert Olivétan, ouvrier de la première heure de la Réforme.