Musée du Louvre protestant

Marquis de Vauban

Vauban par Gustave Crauk, rotonde de Beauvais.

En 1853, 35 ans avant d'édifier le monument à l'amiral de Coligny qui se trouve à quelques mètres de là, derrière notre temple rue de Rivoli, Gustave Crauk participe au programme décoratif voulu par Napoléon III pour son palais : un ensemble de 86 statues d'hommes illustres sur les ailes de la cour Napoléon. Il s'inspire de la sculpture réalisée par Bridan en 1785, exposée au château de Versailles.

Vauban vient prendre place aux côtés de La Fontaine, Rousseau, Voltaire, Sully, Philibert Delorme et Bernard Palissy... certaines figures protestantes ou reliée à l'histoire de cette minorité en France, que nous avons déjà illustré sur ce compte Instagram.

Cela convient sans doute bien à Vauban, qui en 1689 adresse à Louvois un “Mémoire pour le rappel des huguenots”, déplorant les effets de la Révocation de l'édit de Nantes quatre ans plus tôt.

Une autre statue de Vauban, par Henri Bouchard, est installé à côté des Invalides, où repose le cœur de Vauban (7e arrondissement).

Henri Bouchard (1875-1960), grand prix de Rome en 1901, est un sculpteur français qui a par ailleurs créé en 1917 les grandes statues des Réformateurs pour le Monument international de la Réformation à Genève. La statue de Vauban est inaugurée le 25 mai 1962, après la mort du sculpteur, en raison du retard sans cesse différé pour trouver un financement pour réaliser un socle sur le modèle d'un des célèbre bastion de Vauban.

En 1689, après la révocation de l'édit de Nantes, Vauban rédige un Mémoire pour le rappel des Huguenots. Il déplore

« La désertion de quatre-vingts ou cent mille personnes, de toutes conditions, sorties hors du Royaume, qui ont :

  • emporté avec elles plus de trente millions de livres d’argent le plus comptant ;
  • appauvri nos arts et manufactures particulières, la plupart inconnus aux étrangers, qui attiraient en France un argent très considérable de toutes les contrées de l’Europe ;
  • causé la ruine de la plus considérable partie du commerce ;
  • grossi les flottes ennemies de huit à neuf mille matelots, des meilleurs du royaume ;
  • grossi leurs armées, de cinq à six cents officiers et de dix à douze mille soldats, beaucoup plus aguerris que les leurs, comme ils ne l’ont que trop fait voir dans les occasions qui se sont présentées de s’employer contre nous.

Vauban déplore le départ non seulement des industriels, des commerçants et des artisans, mais de nombreux membres de la classe intellectuelle : « quantités de bonnes plumes qui ont déserté le Royaume (…) se sont cruellement déchaînées contre la France et la personne du Roi même. »