Musée du Louvre protestant

Molière

Molière par Bernard Seurre, sur l'aile Turgot (retour), place du Carrousel.

Notre dramaturge préféré est né à quelques mètres de l'Oratoire du Louvre, en haut de la rue Saint-Honoré, a habité rue Saint-Thomas-du-Loure et est mort rue de Richelieu.

Son Tartuffe a été beaucoup joué depuis les attentats de Charlie Hebdo en 2015, mais est-il bien compris ? Si l'on se confronte au texte plutôt qu'aux couches successives de gloses qui le recouvrent (#solascriptura), est-ce des croyants que l'on se moque ?

C'est ce qu'affirmait la cabale des dévots au temps de Molière pour le faire censurer, et l'on retrouve parfois le même malentendu à notre époque d'analphabétisme religieux, où toute croyance semble un obscurantisme poussiéreux, un anachronisme attardé dans le monde moderne.

Molière est plus subtil que cela. Il rit des faux dévots, des hypocrites, de ceux qui usent de la religion comme d'un moyen et non d'une fin. Il n'est pas loin de certaines paroles de Jésus contre ceux qui s'affichent ostensiblement au temple.

La fracture n'est pas entre croyants endoctrinés et athées émancipés. La laïcité n'est pas une arme pour accélérer la sécularisation dans le monde moderne, ni l'assimilation dans une identité française monolithique.

La fracture est entre d'une part les fondamentalistes, qui croient distinguer bons et faux croyants, + les identitaires, qui croient distinguer entre vrais et faux Français, et d'autre part les croyants libéraux de toutes confessions, qui nouent foi et raison, + les athées et agnostiques qui auront compris que les Lumières sont le doute, la recherche et la tolérance, non la science triomphante.

Molière a d'autres statues dans le quartier, dont la fontaine Molière, élevée en 1844, derrière la Comédie française. Un buste est situé 31 rue du Pont-Neuf, mais sa maison natale était plutôt place de l'arbre de sec.