Genèse de l'Oratoire du Louvre XVIe - XVIIe

Le maître-autel

Au XVIIe siècle, le maître-autel était dans cette rotonde, monumental, il n’était donc que deviné par les fidèles entrant dans l’église. A cette époque, le choeur d’une église était souvent séparé de la nef par un jubé, ce qui isolait complètement le chœur du reste de l’église et rendait mystérieux ce qui se passait dans le chœur, domaine réservé des prêtres, lieu de l’eucharistie. Cet effet était présent à l’Oratoire quand l’autel était dans le chevet, et c’est avec cet usage du mystère que rompt le déplacement de l’autel dans le chœur de l’Oratoire en 1748.

Réputé en raison de sa forme et de sa richesse, il avait coûté 7000 livres et avait été réalisé par le sculpteur François Anguier, sur les dessins du père Abel de Sainte-Marthe (1621-1697). Supérieur de l’Oratoire, celui-ci était un architecte réputé, auquel on doit en partie Notre-Dame des Ardilliers de Saumur.

Le maître-autel, était décoré d’un tabernacle dont voici la description empruntée au "Journal domestique" de l’Oratoire :

Ce tabernacle est composé d’un dôme fort élevé, accompagné de quatre portiques, soutenus chacun de six colonnes d’ordre composite d’un beau marbre de Sicile dont les proportions sont régulières. Tous les ornements, les chapiteaux, les vases, les festons et les modillons sont de cuivre doré d’or moulu. Il a été exécuté par le sieur François Anguier fameux sculpteur. Les boiseries, décorant ce tabernacle étaient de Croissant, menuisier du Roi, et les colonnes, de marbre, avaient été polies par Binay .

À droite du maître-autel, un tableau, représentant la Trinité et exécuté d’après celui de la Trinité du Mont à Rome, était attaché à un pilier. Un autre, lui faisant pendant à gauche, rappelait l’Assomption de la Vierge de Ste Marie Majeure, et l’on voyait dans une chapelle consacrée à St-Antoine une toile de Simon Vouet sur laquelle Jésus-Christ apparaissait au cénobite.

Au-dessous du tabernacle, et servant de parement à l’autel, se trouvait depuis la fin de l’année 1704 un beau bas-relief de bronze doré avec une bordure de marbre. Ce parement, exécuté par M Girardon, fameux sculpteur avait été donné à l’Oratoire par la Marquise de Montespan, qui, retirée de la Cour depuis 1691, s’était mise entre les mains du père de la Tour, si connu par ses sermons, par ses directions, par ses amis et par la prudence de son gouvernement, comme le dit St Simon dans ses Mémoires. Par ce don, la Marquise avait entendu témoigner publiquement sa reconnaissance à son confesseur " Ce bas-relief, entré au Musée Lenoir pendant la Révolution, en ressortit en 1802 pour être placé à Notre-Dame.