Visite du Père Lachaise protestant

Jean-Frédéric Mestrezat

Division 39

Buste de Mestrezat, bibliothèque de Genève.

Le pasteur Jean-Frédéric Mestrezat (1760-1807) est un des trois premiers pasteurs de l’Église réformée de Paris, qui siège alors à Saint-Louis-du Louvre. La paroisse déménage à l'Oratoire du Louvre en 1811.

Il naît dans une illustre famille protestante de Genève. Son père Jacob Mestrezat est pasteur de l'ambassade de la République de Genève à Paris entre 1748 et 1751. Leur ancêtre Domaine Mestrezat (1583-1661) est conseiller d’État, Premier syndic de Genève ; son demi-frère est Jean Mestrezat (1591-1657), un célèbre pasteur du temple de Charenton sous l'édit de Nantes.

Jean-Frédéric Mestrezat fait des études de théologie à l'université de Genève. Il est ensuite pasteur à Zurich puis Bâle. En 1803, avec les pasteurs Paul-Henri Marron et Jacques-Antoine Rabaut-Pommier, il forme la première génération de pasteurs réformés officiels dans le cadre du régime concordataire. En 1804, ils reçoivent la Légion d'honneur aux Invalides, et sont invités au sacre de Napoléon Ier. En 1814, cette décoration est inscrite dans le vitrail de la façade de l'Oratoire du Louvre, au 145 rue Saint-Honoré — une manière symbolique d'affirmer la nouvelle intégration des protestants dans la nation française.

Il meurt d'une maladie aiguë le vendredi 8 mai 1807, à 6h30 du soir, le lendemain du jeudi de l'Ascension. Il est inhumé deux jours plus tard au cimetière Montmartre. Après le culte dominical à Saint-Louis-du-Louvre, les fidèles forment un cortège depuis sa demeure, au 6 place Vendôme. Ils sont accompagnés d'un détachement de la garnison de Paris, envoyé par le Grand-chancelier de la Légion d'honneur.

Le pasteur Marron termine son discours au cimetière en rendant grâce pour cette tolérance inscrite dans la loi à l’égard des protestants, comme le montre l’hommage public qui va être donné au pasteur Mestrezat par les militaires : « Et vous tous, qui concourez ici avec nous à l’acquit d’un pénible devoir, remportez de ce lieu de profondes impressions de sagesse et de gratitude, […] pour un état de chose si différent de celui où la proscription atteignait notre culte jusqu’aux abords de la tombe, où l’intolérance s’acharnait encore sur nos restes inanimés. L’honneur va payer un tribut légal à l’un de ses élus, comme la Religion a célébré l’un de ses ministres. Braves militaires, remplissez votre mission ! J’ai rempli ma douloureuse tâche. Que le Dieu de miséricorde soit et demeure à jamais avec nous tous ! Amen ! »

Le Consistoire réformé, sous la coordination du genevois Pictet, édifient ensuite son tombeau en marbre noir sur une butte ombragée du Père Lachaise. Son corps est transféré le 7 juillet 1808. La division 39 où il est installé devient une sorte de carré confessionnel protestant,  et accueille à leur mort les corps de ses collègues Paul-Henri Marron et Rabaut-Pommier.

Inscription en 1808

Côté sud

LatinTraduction
FRID. MESTREZAT.
Ecclesiæ Genev. alumnus,
Basil, pastor dilectus,
Paris, spes et decus,
Doctrinâ, eloquio, moruin amœnitate conspicuus,
Uxori, liberis, amicis ante diem ereptus, obiit
Die VIII Maii an. M. D. CCC. VII, anno aetatis XLVII,
Fide jam resurgens.
HIC JACET.
FRED. MESTREZAT
À l'Église de Genève, étudiant
À Bâle, pasteur bien-aimé,
À Paris, espoir et honneur,
Remarquable pour son enseignement, son éloquence, ses bonnes mœurs,
À une épouse, des enfants, des amis enlevé avant l'heure ; il est mort
Jour 8e de mai 1807, en sa 47e année
Déjà ressuscité dans la foi.
Ici il repose.

Côté nord : « Il se repose de ses travaux et ses œuvres le suivent. »

Inscription depuis 2016

Côté est : « Jean-Frédéric Mestrezat, né à Genève le 2 juin 1760, mort à Paris le 8 mai 1807.
Pasteur de l’Église réformée consistoriale de Paris, chevalier de la Légion d’honneur. »