Le maître-autel
Suite à l’agrandissement de l’Oratoire, mais aussi dans le mouvement de réforme catholique qui suit le concile de Trente, le maître autel qui était dans la rotonde va être déplacé plus près des fidèles dans le chœur de l’Oratoire.
Piganiol le critique fortement en 1765 :
« par une erreur familières aux médiocres architectes, toujours ennemis de la simplicité, on y a ajouté un ridicule baldaquin composé de quatre fortes colonnes de marbre []. Cette machine si irrégulière [] est entièrement déplacée, et même choquante, en ce qu’elle interrompt toute l’ordonnance de l’architecture du dedans à laquelle elle est contigüe ; mais son défaut le plus essentiel, c’est de dérober à l’œil l’entrée de ce beau chœur dont l’aspect terminait si heureusement l’étendue de cette chapelle ».
Caqué éleva un maître-autel avec quatre colonnes corinthiennes en marbre de 13 pieds, 6 pouces de haut (4,37 m de haut), elles étaient de marbre vert campan et rouge gryotte (sic) d’Italie. Les quatre colonnes du baldaquin supportaient un entablement de plan semi-circulaire, orné de bronze doré, sur lequel reposaient les volutes de quatre consoles en bois doré, longues de 5,83 m. Une gloire dominait le tout. Au centre de cette gloire, une statue grandeur nature du Christ ressuscitant semblait suspendue en l’air. Entre les colonnes, des anges agenouillés étaient en adoration devant le tabernacle de bois doré, aux formes chantournées. Un agneau mystique et des angelots accompagnaient des bras de lumière. L’autel lui-même, fait de marbre rance et de Languedoc, en forme de tombeau, s’ornaient de consoles, de têtes d’angelots, de draperies et d’un large bas-relief de bronze doré, montrant le Christ porté au sépulcre. Selon Thiéry, « ce morceau, très estimé, que l’on croit de M, Girardon, aurait été donné à cette église par Mme de Montespan », désireuse de témoigner publiquement sa reconnaissance à son confesseur.
Ce maître-autel de Caqué fut démonté en janvier-février 1793. Cela fait suite à l’abolition de la congrégation de l’Oratoire par la Convention le 14 décembre 1792. Il s’en est suivi l’occupation de la maison généralice par divers services administratifs, la vente de propriétés à des particuliers, et l’affectation de l’église à un magasin pour décor de théâtre... La façade fut ensuite mutilée de toutes ses sculptures, les chapelles pillées, les tombeaux furent mis en pièces, les quatre fleurs de lys de la voûte du transept grattées, celles des vitraux furent déposées. Vingt-neuf tableaux furent envoyés au dépôt des Petits-Augustins.