La maison généralice
Le chantier d’achèvement de l’église en 1745 marquait un beau succès des Oratoriens, qui disposaient enfin pour leur maison généralice d’une église accomplie. La seconde moitié du siècle devait montrer que l’ordre résistait bien à l’époque et aux nouvelles idées ; l’expulsion des Jésuites en 1762, leurs grands rivaux, valut aux Oratoriens un succès accru de leurs collèges, et en 1789, l’Oratoire était à la fois prospère, encore bien fourni en religieux (35 rien que rue Saint-Honoré), tandis que la bibliothèque était réputée pour sa richesse (plus de 37 000 ouvrages, dont les précieux manuscrits orientaux donnés par Harlay de Sancy).
Cette prospérité permit de rebâtir par phases successives tous les bâtiments de la maison, organisés autour d’une grande cour au chevet de l’église. On commença la reconstruction par l’aile orientale, rue de l’Oratoire (1755), où un bâtiment neuf remplaça la galerie Renaissance de l’ancien hôtel du Bouchage. Une grande porte cochère montrait encore les grâces du style Louis XV, et c’est sans doute une œuvre de Caqué. Après sa mort (1767), l’architecte et contrôleur des Bâtiments du Roi Maximilien Brébion, élève de Soufflot, lui succéda ; il rebâtit d’abord l’aile sud, qui abritait au troisième étage la bibliothèque (1772-1774) et dont la façade ouvrait sur la nouvelle « place du Louvre » destinée à dégager le palais. Enfin, l’aile occidentale, le long de la rue du Coq, fut réédifiée en dernier, et achevée en 1786 par l’entrepreneur Pécoul. En 1791, Aubin-Louis Millin devait trouver ces bâtiments « vastes et magnifiques ».