Prochain
La Bible nous propose d'aimer Dieu et d'aimer notre prochain comme nous-mêmes1 . Ce résumé de l'essentiel est l'idéal de vie le plus célèbre dans le monde, à juste titre car il est vraiment excellent à garder en tête pour tracer son propre chemin dans la vie. Mais le mot "prochain" n'est pas très clair, peut-être. Les égoïstes en profiteront pour dire qu'il faut ainsi n'aimer que ses proches parents, amis ou voisins, c'est bien naturel, et ce serait de la part du Christ vraiment enfoncer une porte grande ouverte que de nous dire solennellement ça. Mais en réalité, Jésus nous propose d'aller au delà de cette évidence et d'aimer aussi, quand les circonstances le demandent, une personne étrangère ou une personne qui nous a fait du mal. C'est ce que fait Jésus, par exemple, en aidant un serviteur inconnu d'un centurion romain 2, ce qui est vraiment le type même d'une personne éloignée de Jésus du point de vue de la famille, de la religion, de la nationalité, de la morale, et qu'il n'a jamais rencontré.
Alors comment ce serviteur du centurion romain est-il le prochain de Jésus ? Pour comprendre la notion de "prochain", il est utile d'aller rechercher le sens premier de ce mot dans la Bible. En hébreu, le mot "prochain" vient du mot "berger". Notre prochain n'est donc pas une personne qui me serait proche physiquement, ni une personne dont je me serais approché, mais c'est une personne qui a le même berger que moi. Ce qui fait que nous sommes, toi et moi, un prochain de l'autre, c'est que Dieu veille sur toi comme il veille sur moi3 . Je ne sais pas s'il existe des extra-terrestres quelque part, mais si c'était le cas, il serait notre prochain, car Dieu serait notre berger commun.
Nous avons donc de très nombreux prochains, les autres personnes vivant actuellement ainsi que celles qui vivront dans les générations futures. Nous pouvons vouloir du bien à toutes ces personnes, mais concrètement nous n’arriverons pas à les aider toutes. Comme bien souvent, le commandement que nous donne Jésus est alors impossible à tenir, et c'est pour cela que c'est à la fois libérant et responsabilisant comme éthique (voir cet article). C'est impossible d'aimer tout le monde, mais il y a une ou des personnes qui nous sont confiées personnellement à un moment donné, en fonction des besoins, en fonction aussi du plan de Dieu, mais aussi, bien heureusement, en fonction de nos choix personnels et de nos qualités.
Il est d'ailleurs remarquable que ce commandement biblique "tu aimeras ton prochain" ne soit pas à l'impératif, mais au futur. Cela fait de cette phrase à la fois une proposition et une promesse. Avec l'aide de Dieu tu pourras enfin aimer (voir ce mot).
1 Marc 12:30-31, Jésus cite alors un passage du premier testament (Lévitique 19:18)
2 Matthieu 8:5
3 Voir par exemple le Psaume 121, mais aussi le Notre Père (Matthieu 6)
Marc Pernot