La croix
Façade sous l'Ancien régime
La façade de l'Oratoire était à l'origine surmontée d'une croix en pierre, comme bien des églises catholiques. Cette croix est détruite par des révolutionnaires en 1793, comme les autres décorations de la façade (fleurs de lys, statues et bas-reliefs).
Restaurée en 1852
La croix est rétablie à l'identique en 1852 par les protestants, à l'occasion de la restauration du portail. Il n'était vraiment pas dans les habitudes des réformés d'afficher une croix dans leurs temples, et encore moins en dehors. La Bible ou des versets bibliques sont normalement la seule décoration dans un temple calviniste. Et quand les premières croix sont installées dans les temples au début du XXe siècle, ce ne fut pas sans choquer bien des protestants, trouvant que c'était de l'idolâtrie, fermement condamnée dans le décalogue (Exode 20:4)...
Il faut croire que les protestants de l'Oratoire étaient déjà assez libéraux, loin d'avoir une lecture de la Bible étroite ou fondamentaliste. En particulier, Athanase Coquerel fils (1820-1875), consacré au ministère pastoral en 1843, porte un grand intérêt pour les arts, et il cherche à combler la fracture qui a parfois existé entre le protestantisme et la musique, la peinture. Il écrit par exemple : « On a persuadé à un certain public, et ce qui est plus étrange, à bien des protestants ignorants, que l'art et la Réforme sont deux ennemis, que le principe même du protestantisme, son austérité, son spiritualisme sont hostiles à la culture des arts, et que le catholicisme seul et les pays catholiques ont fourni de grands peintres ou des sculpteurs éminents », Libres Études, 1868, p. 345. C'est ce libéralisme qui a permis peut-être de rétablir cette croix, mais aussi d'accepter d'installer à la croisée du transept une colombe monumentale.
Seconde Guerre mondiale

Plaque commémorative au 151bis rue Saint-Honoré.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un avion militaire britannique s'écrase sur le toit des magasins du Louvre (actuellement le Louvre des antiquaires). Des fragments de l'avion décapitent la croix de l'Oratoire, une partie tombant dans la rue Saint-Honoré. Une plaque commémorative au n°151 bis rue Saint-Honoré rappelle cette histoire « To the memory of the crew of a British aircraft who fell in action for the liberation of France brought down in flames on the Grands magasins du Louvre during the night of 23rd, September 1943 ». Le pilote s'appelle Joe Douglas Hogan et est canadien, comme trois autres membres de son équipage ; l'opérateur radio est britannique et un mitrailleur de bord australien. Ils sont enterrés dans un carré militaire du Commonwealth du cimetière nord de Clichy.
La croix est remise en état à l'aide d'un échafaudage dans les années 1950. Sa blancheur contraste alors avec la façade noircie par la pollution.

Photo dans les années 1950.
Pour aller plus loin
- Sur le plan de l'intérieur de l'Oratoire : croix du chœur
- Fiche historique : la croix huguenote