Visite du Père Lachaise protestant

Carré juif

Division 7

Comme les protestants, mais aussi les comédiens et prostituées, les juifs ont été exclus des cimetières, tenus par l’Église catholique sous l'Ancien régime. Juifs comme protestants ont dû créer des cimetières spécifiques en France et à Paris. Le cimetière du Père-Lachaise, fondé pendant la Révolution française, témoigne du changement des mentalités : les défunts de différentes confessions y coexistent.

Le 18 février 1810, le carré juif du Père-Lachaise est inauguré dans la division 7. Protégé par un mur, le cimetière israélite comporte alors une salle de purification et un pavillon pour le gardien. Il dispose d'une entrée particulière, l'actuelle porte du Repos.

La loi du 14 novembre 1881 fait disparaître les espaces réservés à chaque religion à l’intérieur des cimetières — les enclos des carrés juifs et musulmans sont rasés. Les fondations du mur du carré juif sont encore en partie visible, et celui du carré musulman est marqué par une haie (division 85). L'espace où sont concentrés les protestants, dans les divisions 39 et 40, n'a quant à lui jamais eu d'enclos.

Dans le carré juif, on trouve notamment les tombes de

  • Léon Beer Fould (1767-1855), père de Achille Fould
  • Le grand-rabbin David Sintzheim (1745-1810), première tombe juive du carré israélite
  • Le grand-rabbin Isidor Lazare (1767-1855)
  • Le peintre Camille Pissaro (1830-1903)
  • La tragédienne Rachelle (1821-1858), qui donne son nom à l'allée
  • La famille Rothschild

Traditionnellement, les juifs déposent des petites pierres sur les tombes, hommage simple, qui ne fane pas, peut-être un rappel des tumulus des patriarches dans la Bible, et jeu de mot étymologique : pierre se dit אבן, évene, qui peut se lire comme une combinaison des mots אב, hab, le père, et בן, ben, le fils. La pierre symbolise la filiation - réelle ou spirituelle - avec le mort.

Inscription

  • פ"נ‎, en tête des tombes, acronyme de פה נקבר, po nikbar, "ci-gît"
  • תנצב״ה, épitaphe traditionnelle, tîntzeba, acronyme de תְּהֵא נַפְשׁוֹ/נַפְשָׁהּ צְרוּרָה בִּצְרוֹר הַחַיִּים‎, tehé nafshó tzrurá bitzrór haḥayím, "Que son âme soit reliée au faisceau de la vie" (d'après 1. Samuel 25, 29)
  • Souvent est indiqué la date du décès selon le calendrier hébraïque.
  • D'autres symboles sont à noter, notamment des tables de la Loi et des étoiles de David.