La Parole dans nos deuils
Samuel 1:6-12 , Samuel 1:21:27
Culte du 3 novembre 2024
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire
Vidéo de la partie centrale du culte
Culte à l'Oratoire du Louvre
3 novembre 2024
983ème jour de la guerre en Ukraine
« La Parole dans nos deuils »
Culte du Souvenir présidé par la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Liturgie et prédication de la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Culte accompagné à l'orgue par Aurélien Peter, organiste suppléant
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Annonce de la Grâce
Accueil
Bienvenue à toutes et à tous.
Bienvenue aux personnes qui nous rejoignent par internet ou par le biais des réseaux sociaux.
Bienvenue aux personnes nouvelles de notre paroisse qui franchissent le seuil de ce temple peut-être pour la première fois.
Que chacun de vous se sente ici chez lui pour ce moment où nous voulons nous mettre en présence de Dieu, écouter sa parole et la méditer.
Dimanche dernier, notre ami le pasteur Bruno Gaudelet nous introduisait dans le culte par ces mots : « Bienvenue donc à toutes et tous pour se souvenir et rendre grâce à Dieu pour la Réformation de l’Église qui n’est pas une œuvre du passé, mais une dynamique permanente stimulée par Dieu qui est Esprit ». Aujourd’hui, dans cette même dynamique de réformation, nous voulons donner un temps et un espace spirituels à la peine des familles endeuillées. Ce n’est pas très réformé, me direz-vous ? Je répondrais que c’est surtout l’amour de Dieu et l’amour du prochain qui nous guide dans cette démarche. Car si la Réforme a aboli tous les rites visant à obtenir le salut des âmes qui nous est acquis par grâce, elle n’a pas interdit de soutenir et de consoler au moment de l’affliction.
Nous allons donc lire le nom de personnes liées à la communauté de l’Oratoire. Nous croyons que lire le nom des défunts, c’est faire mémoire de la trace qu’ils laissent dans nos vies et rendre grâce pour les liens qui nous unissent par delà la mort. C’est dire notre reconnaissance pour la vie que Dieu suscite éternellement.
Nous nous nous réunissons dans la communion fraternelle avec le 1er chant spontané.
Répons : Bénissons Dieu le seul Seigneur
Bénissons Dieu le seul Seigneur
Nous qu’il choisit pour serviteurs
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.
Louange
Psaume de David.
L'Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
À cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires ;
Tu oins d'huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et je reviendrai dans la maison de l'Éternel
Pour la durée de mes jours.
Poursuivons notre louange parle chant d'un psaume
Psaume : Psautier Français n° 95 B « Réjouissez-vous au Seigneur », strophes 1 à 3 [cliquer ici]
Volonté de Dieu : ...
Répons : Parle, parle Seigneur
Parle, parle Seigneur,
Ton serviteur écoute,
Je dis ton serviteur,
Car enfin je le suis,
Je le suis, je veux l’être,
Et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.
Confession du péché
Nous sommes depuis longtemps
Comme ceux que tu ne gouvernes pas,
Et sur qui ton nom n'est pas proclamé...
Ah ! si tu déchirais les cieux
Et si tu descendais,
Les montagnes s'ébranleraient devant toi,
[Ésaïe 63 : 19]
Répons : J’aime mon Dieu
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.
Annonce de la grâce
Levons-nous pour accueillir le pardon de Dieu :
Quand les montagnes s'éloigneraient,
Quand les collines chancelleraient,
Mon amour ne s'éloignera point de toi,
Et mon alliance de paix ne chancellera point,
Dit l'Éternel, qui a compassion de toi
[Ésaïe 54:10]
Chantons à Dieu notre reconnaissance !
Répons : Combien grande est ta gloire
Combien grande est ta gloire,
En tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits
Sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles,
Ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur,
Tes divines merveilles !
Confession de foi
Nous croyons en toi, Dieu de la vie
Tu es à nos côtés jusque dans les jours sombres du deuil
Tu ouvres un horizon quand tout semble perdu
Et tu nous nous dis : « lève-toi et va vers toi-même »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie,
Tu entends la plainte et le manque de l’être aimé
Tu soutiens et tu libères des liens de l’absence
Et tu nous dis : « chaque matin sème ta semence »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie
Tu connais la solitude et tu reprends tous les regrets
Tu consoles et tu encourages à vivre pleinement l’aujourd’hui
Et tu nous dis : « Choisis la vie, afin que tu vives »
Nous croyons en toi, Dieu de la Vie
Tu donnes ta parole dans le silence laissé par l’être aimé
Tu envois les messagers de ton amour pour transformer la peine en tendresse
Et tu nous dis : « ma bonté pour toi ne faiblira pas »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie,
Tu peuples nos déserts des sœurs et de frères capables d’aimer
Tu inspires les liens d’amitiés qui aident à vivre le présent
Et tu nous dis : « Tu es mon enfants bien aimé, en toi j’ai mis ma joie »
AMEN.
[Béatrice Cléro-Mazire]
Répons : Grand Dieu nous te bénissons
Grand Dieu nous te bénissons,
Nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons,
De concert avec les anges,
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !
Doxologie :
« Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité »
Lecture de la Bible : 2 Samuel 1, 6-12 et 21-27 [cliquer aussi ici]
Le jeune Amalécite qui a donné la mort à Saul porte la nouvelle à David :
Le jeune homme qui lui (à David) faisait ce rapport répondit : Je me trouvais justement sur la montagne de Guilboa ; Saül s'appuyait sur sa lance, et voici que les chars et les cavaliers le serraient de près. S'étant retourné, il m'aperçut et m'appela. Je dis : "Me voici !" Et il me dit : "Qui es-tu ?" Je lui répondis : "Je suis Amalécite." Il dit : "Arrête-toi donc près de moi et donne-moi la mort ; car je suis pris de vertige, quoique encore plein de vie." Je me suis arrêté près de lui et je lui ai donné la mort, sachant bien qu'il ne survivrait pas à sa défaite. J'ai pris le diadème qui était sur sa tête et la chaînette qu'il avait au bras, et je les apporte ici à mon seigneur. David saisit ses vêtements et les déchira, et tous les hommes qui étaient auprès de lui (firent) de même. Ils firent une cérémonie funèbre, pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir, à cause de Saül, de son fils Jonathan, du peuple de l'Éternel et de la maison d'Israël qui étaient tombés par l'épée.
Complainte de David sur la mort de Saül et Jonathan
Montagnes de Guilboa !
Qu'il n'y ait sur vous ni rosée ni pluie,
Ni champs riches en offrandes !
Car c'est là qu'ils ont connu l'abjection, les boucliers des héros,
Le bouclier de Saül
Sans être frotté d'huile.
Devant le sang des blessés, devant la graisse des héros,
L'arc de Jonathan ne reculait pas
Et l'épée de Saül ne retournait pas à vide.
Saül et Jonathan, aimés et chéris pendant leur vie,
N'ont pas été séparés dans leur mort ;
Ils étaient plus légers que des aigles,
Ils étaient plus forts que des lions.
Filles d'Israël ! pleurez sur Saül,
Qui vous revêtait magnifiquement de cramoisi,
Qui mettait une parure d'or sur vos habits.
Comment des héros sont-ils tombés au milieu du combat ?
Comment Jonathan a-t-il été transpercé sur tes hauts lieux ?
Je suis dans la détresse à cause de toi, Jonathan, mon frère !
Tu m'étais si cher ;
Ton amour était plus merveilleux encore
Que l'amour des femmes.
Comment des héros sont-ils tombés ?
Comment les armes de guerre se sont-elles perdues ?
Cantique : Louange et Prière n°372 « Reste avec nous, Seigneur », strophe 1 et 2 [cliquer ici]
Prière d'illumination :
Éternel, dans cette Bible offerte à la lecture de tous par la Réforme protestante, nous venons de lire les mots qui ont inspiré la foi de ceux qui ont édifié nos communautés, Donne-nous aujourd’hui cet esprit qui interroge les mots écrits dans la Bible. Donne-nous la même liberté que celle qui a animé les artisans de la Réforme et garde-nous des certitudes qui ont pu parfois les éloigner de toi. Amen.
Orgue
Prédication : La Parole dans nos deuils
Sans doute beaucoup ici ont en tête l’affirmation selon laquelle les réformés n’entretiennent aucun culte des morts. Mais dire cela est un peu court et pourrait laisser penser que la sobriété avec laquelle nous rendons grâce à Dieu pour la vie de celles et ceux qui nous ont quittés, et l’absence de solennités dans notre temps liturgique réservées aux défunts, confine à l’indifférence pour la question du deuil. Il n’en n’est rien, bien sûr, et les cultes d’action de grâce sont sans doute ceux auxquels les pasteurs portent le souci le plus grand, parce qu’ils combinent à la fois des moments d’écoute, d’accompagnement, d’accueil, de création de paroles et de gestes dont la justesse ne souffre aucun à peu près pour être accordée chaque situation. Comme il n’y a pas une vie qui soit semblable à une autre, il ne devrait y avoir aucun rite d’obsèques semblable à un autre. La question n’est donc pas de savoir si les réformés négligent les défunts ou non, mais plutôt, de savoir quelle pratique est justifiée pour quelle utilité dans le cas du deuil.
Dans son Institution de la Religion chrétienne, le réformateur Jean Calvin écrit sur la coutume de prier pour les morts en ces termes : « Quand ils objectent que la coutume de prier pour les morts a été reçue dans l’Église depuis plus de treize siècles, je leur demanderai, en retour, selon quelle parole de Dieu, à partir de quelle révélation et suivant l’exemple de qui, cela a été fait. Car, non seulement, il n’y a aucun témoignage dans l’Écriture, mais on n’y trouve aucun exemple de croyant le faisant. L’Écriture raconte souvent, et avec quelle intensité, que les croyants ont pleuré la mort de leur parents et comment ils les ont ensevelis. Mais qu’ils aient prié pour eux, il n’en est pas question » (Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, L III ch V §10.
Le personnage biblique de David est, à cet égard, exemplaire de la multiplicité des situations de deuil qu’il doit vivre, sans jamais prier pour le défunt. En effet, David perd plusieurs de ses fils et il a, à chaque fois, des réactions différentes et parfois déroutantes, mais il ne prie pas Dieu pour le fils qu’il perd. Quand il perd Absalom, il crie son nom de façon déchirante, jusqu’à agacer son entourage qui trouve qu’il en fait trop et quand il apprend la mort du premier fils né de son union avec Bethsabée, il a cette réaction étonnante : « Alors David se leva de terre. Il se lava, se parfuma, et changea de vêtements ; puis il alla dans la maison de l’Éternel, et se prosterna. De retour chez lui, il demanda qu’on lui serve à manger, et il mangea. Ses serviteurs lui dirent: que signifie ce que tu fais ? Tandis que l’enfant vivait, tu jeûnais et tu pleurais ; et maintenant que l’enfant est mort, tu te lèves et tu manges ? Il répondit : lorsque l’enfant vivait encore, je jeûnais et je pleurais, car je disais : qui sait si l’Éternel n’aura pas pitié de moi et si l’enfant ne vivra pas ? Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Puis-je le faire revenir ? J’irai vers lui mais il ne reviendra pas vers moi. David consola Bethsabée sa femme. » (2 Samuel 12, 20-24)
Dans ce passage on voit très clairement que David ne demande rien à Dieu concernant l’enfant défunt et cela ne retire rien à sa peine d’homme et de père.
Le réformateur Jean Calvin ne nie pas que la souffrance existe dans le deuil, il écrit : « Je réponds que la pratique de prier pour les morts a pour origine un sentiment humain suscité par la recherche d’une atténuation de la douleur. Il semblait inhumain de ne témoigner aucun signe d’amour envers les morts. Nous expérimentons tous combien notre nature est encline à éprouver cela » (Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, L III ch V §10).
Ce qui est montré du doigt par Calvin et tous les réformateurs, c’est l’utilisation de la douleur de la perte d’un proche pour faire croire des choses qui n’ont aucun fondement dans le témoignage de foi qu’est la Bible mais qui, en plus, maintiennent les personnes les plus crédules sous l’emprise d’une institution comme l’Église. Il pense bien sûr à l’invention du purgatoire qui permettait à l’Église d’organiser ce qu’il appelle : « les vilains trafics qu’ils font à propos des âmes, profitant ainsi de l’ignorance des gens ».
Mais alors, quelle est la juste place du religieux dans le deuil ? Est-ce de proposer une échappée vers des paradis imaginaires, propres à rassurer les survivants que nous sommes sur la nouvelle situation de nos proches défunts ?
J’ai entendu des prêches qui visaient à dire que, enfin, le défunt avait trouvé la paix dans l’éternité et que la vie après la mort était bien plus belle puisqu’elle se déroulait dans le royaume des cieux. À l’écoute d’une telle théorie, on se demandait pourquoi tout le monde n’avait pas envie de mourir tout de suite pour trouver la béatitude impossible à trouver ici-bas. Et l’on comprenait mal pourquoi des messes allaient être données dans les mois qui suivaient pour le repos de l’âme du défunt, puisqu’il était annoncé qu’il l’avait déjà trouvé.
J’accepte volontiers qu’il y ait parfois des mystères, mais de telles contradictions semblent impossibles à soutenir. Le Dieu de Jésus-Christ n’est-il pas un Dieu de la vie ? Comment le repos dans la mort pourrait-il être préférable à une vie où il y a eu de l’amour, de l’amitié, l’œuvre du travail quotidien et les pensées élaborées avec intelligence, chaque jour ? Et si la vie éternelle ne commence qu’après la mort, alors, quelle place a la parole de Dieu au milieu de la réalité de nos vies humaines et mortelles ?
On rétorquera que cette espérance de la vie éternelle nous est acquise dans la mort et la résurrection de Jésus, le Christ, et que c’est par sa mort que nous savons que la même résurrection nous attend après notre propre mort. Mais alors, Jésus est mort crucifié pour rien. La crucifixion de Jésus ne fût-elle pas d’abord un scandale, qui accuse la cruauté humaine et nous en défend, de manière à ce que nous comprenions enfin combien la vie d’un être humain est précieuse ? Et sa résurrection, n’est-elle pas ce que Dieu donne en partage à tous les témoins de Jésus, qui ont pu voir en eux la vie de leur ami, de leur frère, de leur amour, suscité à nouveau dans son intensité toute particulière ?
Ce n’est pas un mort que nous célébrons le jour de Pâques, mais la vie suscitée à nouveau malgré la mort, malgré la violence, malgré une humanité qui ne respecte pas le prix d’une vie. Une vie restée gravée dans la paume de Dieu, une vie dont l’empreinte dans le cœur de celles et ceux qui l’avaient côtoyée était tellement profonde qu’elle a suscité les récits les plus variés pour dire la richesse de cette existence.
Alors, si nous ne prions pas pour les morts, puisque la grâce de Dieu leur est acquise et qu’il n’y a pas à marchander avec Dieu pour qu’il les aime et les bénisse, que devons-nous faire pour nos défunts ?
Sans doute ne pas laisser la trace qu’ils ont laissée sur la terre s’effacer sans qu’on s’en souvienne, même si nous savons que Dieu, lui, n’oublie jamais aucun de ses enfants. Peut-être objectera-t-on que, parfois, la trace laissée est tellement horrible, qu’il vaudrait mieux ne pas les susciter de nouveau dans nos mémoires. En effet, toutes les vies ne sont pas admirables. Mais faire cela, c’est décréter la mort éternelle, la mort maudite, celle que l’on sanctionne comme maudite. Alors, qui sommes-nous pour juger et choisir celui dont on doit se souvenir ou non ? Et puis, en ne réhabilitant pas symboliquement toute vie dans l’humanité, ne risquerons-nous pas de voir surgir des fantômes, dont l’évocation pourrait susciter plus de curiosité que nécessaire et hanter le présent ?
Là aussi il est besoin de mots pour dire l’inexplicable. Chaque vie a sans doute ses ténèbres, mais toutes sont de notre humanité en Dieu, quand bien même elles auraient refusé de vivre humainement.
Dans le texte que nous avons lu ce matin, David honore Saül qui avait voulu le tuer. Et pourtant, il l’honore en même temps qu’il honore Jonathan, son ami et sans doute son amour. Et comment s’y prend-il ? Il entonne une complainte qui retrace les faits marquants de la geste de ces deux combattants et il exalte leur souvenir par un discours. Ce n’est pas vraiment un récit, ce n’est pas vraiment une prière, ce n’est pas une méditation sur la mort, mais c’est un discours poétique qui dit la plainte de la perte, la sidération que provoque toute disparition et qui construit la place de ceux qui sont morts dans la mémoire de celles et ceux qui restent et doivent maintenant vivre sans eux.
Sans ces mots qui reconstruisent l’existence mémorielle de Saül et de Jonathan, ceux qui restent ne pourraient rassembler les bribes de vie des deux héros. La complainte de David donne un espace où ce qui est perdu peut, grâce aux mots, être rassemblé, retrouvé, gardé, et transformé en éternité. Pour tous, Saül et Jonathan seront désormais des héros, mais surtout leur vie sera celle qui a compté pour David et ce lien peut plus être détruit. La Parole a ce pouvoir de passer au-delà de la mort et de faire exister de nouveau, selon de nouvelles modalités symboliques, les êtres qui ont quitté cette vie. Comme dans une décantation, seul ce qui fait sens, seul ce qui fait lien est gardé de la vie du défunt et c’est cette vie suscitée à nouveau qui peut commencer.
La résurrection n’est pas affaire de tombeau et de mort, mais de tombeau et de mort racontés, dits poétiquement, imaginés hors du temps pour commencer une autre vie. Celle qui existe dans la mémoire et dans le présent des vivants. La résurrection n’a lieu que lorsque les mots ont pu donner l’espace nécessaire au souvenir pour se déployer vivant dans la parole des vivants.
Alors, si nous prions pour les vivants et non pour les morts, il n’en reste pas moins que nos Églises doivent continuer à être ces espaces où l’on peut appréhender la mort et la séparation grâce aux mots, grâce aux silences partagés, et grâce à la musique méditée.
Nous sommes des espaces de poésie où le deuil peut trouver ses mots, nous sommes des passeurs d’histoires humaines, des porteurs de mots et donc des porteurs de vie.
Socialement, il n’y a pas beaucoup d’endroits où l’on peut prendre le temps de parler de la mort et de la perte des êtres chers. C’est la mission des Églises, car elles ont nées d’un deuil. C’est leur mission depuis qu’un homme est mort sur une croix et que ses disciples ont commencé à raconter le récit de sa vie ; ils ont écrit la poésie des liens d’amitiés et d’affection qui les unissaient à lui et ils ont raconté le chemin que sa mort même ouvrait dans la résurrection. J’oserais dire que les mots dits ici, dans ce temple, pour parler des vivants et des morts et des liens éternels qui les unissent, sont les Évangiles de chaque vie honorée par la parole de ses survivants ; ces paroles annoncent un horizon pour celles et ceux qui sont dans le deuil.
Souhaitons que, dans chaque deuil, puisse retentir une telle parole de vie. AMEN.
Orgue
Psaume : Psautier Français n°42 « Comme un cerf altéré brame », strophes 1 à 3 [cliquer ici]
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Offrande
Orgue
Lecture des noms des défunts :
Le 24 novembre 2023 Françoise Pottiez
Le 7 décembre 2023 Alain Braastad
Le 10 décembre 2023 Philippe Bihet
Le 14 décembre 2023 André Horn
Le 24 décembre 2023 Jeannie Fournier, née Chapal
Le 3 janvier 2024 Gérard Mugler,
Le 20 janvier François Robert
Le 25 janvier Frédéric Edelmann,
Le 20 février Noémie Chaillet-Piquand
Le 21 février Gérard Joonekindt
Le 23 février Claude Montamat, dit Montana
Le 24 février Charles Sirven-Vienot
Le 3 mars Marcel Galle
Le 16 mars Françoise Simon, née Blavier
Le 21 mars Heather Petitjean, née Jordan
Le 10 Mai 2024 David Marguet
Le 25 juin Fleurette Rasoazanamavo
Le 19 mai 2024 André Kleltz
Le 5 juillet 2024 Edith Weber
Le 2 Août 2024 Sylvain Baron
Le 8 Août 2024 Bela Farago
Le 29 Août 2024 Jeanine Sir née Antuszwicz
Le 1er octobre 2024 Jean-Claude Reveillaud
Le 13 octobre 2024 Youri Jakubowski
NOTRE PÈRE
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles, amen.
Bénédiction de l’assemblée : ...
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)
Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi
Sortie
Orgue
Paroles des chants du Culte du 3 novembre 2024
Psaume : Psautier français n°95 B « Réjouissons-nous au Seigneur », strophes 1 à 3
[Pour écouter, cliquer ici]
Strophe 1 Lui seul est grand, lui seul est Dieu. |
Strophe 3
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Cantique : Louange et Prière n°372 « Reste avec nous », Strophes 1 & 2
[Pour écouter, cliquer ici]
1 - Reste avec nous, Seigneur, le jour décline,
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Psaume : Psautier français n°42 « Comme un cerf altéré brame », strophes 1 à 3
[Pour écouter, cliquer ici]
1 - Comme un cerf altéré brame,
3 - Mais pourquoi pleurer mon âme |
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Paroles des répons du temps de l'Église
Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1).
Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.
Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.
Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.
Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2).
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !
Après la confession de foi
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)
Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Après la bénédiction
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)
Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.
Lecture de la Bible
Livre de Samuel, chapitre 1 [NBS]
Versets 6 à 12
6 Le jeune homme qui lui faisait ce rapport répondit : Je me trouvais au mont Guilboa ; Saül s'appuyait sur sa lance, serré de près par les conducteurs de chars.
7 Il s'est retourné, m'a aperçu et m'a appelé. J'ai dit : « Oui ? »
8 Il m'a demandé : « Qui es-tu ? » Je lui ai répondu : « Je suis un Amalécite. »
9 Il m'a dit : « Arrête-toi près de moi, je te prie, et donne-moi la mort ; car je suis pris de vertige, même si je suis encore plein de vie. »
10 Je me suis arrêté près de lui et je lui ai donné la mort, sachant bien qu'il ne survivrait pas à sa chute. J'ai pris le diadème qui était sur sa tête et la chaînette qu'il avait au bras, et je te les apporte ici, mon seigneur !
11 David saisit ses vêtements et les déchira, et tous ceux qui étaient avec lui firent de même.
12 Ils se lamentèrent, pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir à cause de Saül, de Jonathan, son fils, du peuple du Seigneur et de la maison d'Israël qui étaient tombés par l'épée.
Versets 21 à 27
21 Montagnes de Guilboa,qu'il n'y ait sur vous ni rosée ni pluie, ni champs fertiles !Car c'est là qu'ils ont connu l'abjection, les boucliers des guerriers,
le bouclier de Saül qui n'a pas été oint d'huile.
22 Devant le sang des victimes, devant la graisse des guerriers,
l'arc de Jonathan ne reculait pas et l'épée de Saül ne sortait jamais en vain.
23 Saül et Jonathan, aimés et chéris pendant leur vie, n'ont pas été séparés dans leur mort ;
ils étaient plus rapides que des aigles, ils étaient plus forts que des lions.
24 Filles d'Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait d'écarlate et de délices,
et qui mettait sur vos habits une parure d'or.
25 Comment ! Des héros sont tombés au milieu du combat !
Jonathan a été transpercé sur tes hauteurs !
26 A cause de toi, Jonathan, mon frère, je suis dans la détresse !
Tu m'étais si cher ; ton amour était plus merveilleux pour moi que l'amour des femmes.
27 Comment ! Des héros sont tombés ! Les armes ont été anéanties !
Vidéo du culte entier
Audio
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