Jésus provocateur de solidarité

Marc 2:13-17

Culte du 14 janvier 2024
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Culte à l'Oratoire du Louvre

14 janvier 2024
689ème jour de la guerre en Ukraine
« Jésus provocateur de solidarité »

Culte présidé par la pasteure Agnès ADELINE SCHAEFFER
Culte accompagné par Sarah Kim, organiste co-titulaire, à l'orgue

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Orgue
 
Salutation
Mon frère, ma sœur, mon ami·e.
Toi qui es venu·e ce matin, dans ce temple, prendre le temps d’écouter la Parole de Dieu, renouveler tes forces physiques et spirituelles, par le chant, la prière, rencontrer ton prochain au milieu de ton activité familiale ou de ton travail, sois sans crainte !
Le Seigneur est là, il t’appelle, il t’invite à l’écouter et à le recevoir ici et maintenant.
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ son Fils, notre Sauveur et notre frère.
 
Accueil 
Bienvenue à chacun, à chacune pour ce temps de culte. Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le site internet ou par les réseaux sociaux. Nous sommes en communion les uns avec les autres.
Soyez les bienvenus dans ce temple de l’Oratoire du Louvre, vous tous les paroissiens fidèles, et les personnes de passage qui sont là peut-être pour la première fois.
Merci à Sarah Kim, qui nous accompagne à l’orgue ce matin.
Que chacun de vous se sente ici chez lui dans cette maison de prières, pour ce moment où nous voulons nous mettre en présence de Dieu, écouter sa parole et la méditer.
Nous nous unissons à celles et ceux qui luttent pour leur survie, à celles et ceux qui luttent contre leurs oppresseurs, à celles et ceux qui luttent contre la maladie, qui traversent un temps de deuil. Nous nous unissons à celles et ceux qui comptent sur le secours de notre prière.
 
Répons : Bénissons Dieu le seul Seigneur
Bénissons Dieu le seul Seigneur
Nous qu’il choisit pour serviteurs
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.
 
Louange
Louons Dieu :
Que tout ce qui est en moi bénisse ton saint nom.
Que mes mains te louent par leurs gestes,
Que mes pas te louent par leurs chemins.
Que mes lèvres te bénissent à travers leurs chants,
Que mes yeux te célèbrent en reflétant ta lumière,
Que mes oreilles te répondent en écoutant ta voix.
Que ma mémoire te rende grâces
En rappelant tes délivrances,
Que mon intelligence te loue
En cherchant la voie de ta sagesse,
Que ma volonté t’honore
En se faisant servante de la tienne.
Que mon cœur te loue en aimant de ton amour,
Que ma force te loue en s’offrant à toi,
Que mon corps, demeure de ton Esprit, te loue sans cesse.

Psaume : Le Psautier Français n°33 « Réjouis-toi peuple fidèle », strophes 1, 2, 3 et 5 [cliquer ici]
 
Volonté de Dieu 
Écoutons maintenant comment Dieu nous révèle son amour :

Je connais les projets que j’ai formé sur vous, dit le Seigneur, projets de paix et non de malheurs afin de vous donner un avenir et une espérance.
Vous me prierez et je vous exaucerai, vous me chercherez et vous me trouverez.
Car, si vous me cherchez de tout votre cœur, je me laisserai trouver par vous.

Répons : Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute,
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis,
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.
 
Confession du péché

Éternel,
Nous sommes un peuple à la nuque raide
A regarder devant nous, dans la pauvre attente
Qu’advienne exclusivement ce que nous avons prévu.
Nous perdons de vue tous les imprévisibles
Que tu fais jaillir dans nos existences.
Nous entravons nos yeux d’œillères, 
Nous fixons nos regards dans une seule direction malgré
La fluidité de ta présence qui peut surgir de chaque recoin de nos vies.

Éternel, nous t’en prions !
Opère en nous la conversion qui ouvrira notre champ de vision.
Qu’à ton appel nous nous tournions,
Pour te découvrir plus proche, ressuscitant les angles morts
Où nous avions enterré l’Espérance.
L’espérance d’un jour neuf par toi seul imaginé.
Amen. (Marion Muller-Colard)

Répons : J’aime mon Dieu, car il entend ma voix
J’aime mon Dieu, car il entend ma voix.
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.
 
Annonce de la grâce
Écoutons comment Dieu renouvelle sa grâce :
Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils,
son unique, afin que quiconque ait foi en lui ne meurt pas,
mais qu’il ait la vie éternelle. (Jean 3:16)
Le Fils de l'homme est ainsi venu chercher et sauver ce qui était perdu
(Mt 18:11)
Chantons à Dieu notre reconnaissance !
 
Répons : Combien grande est ta gloire
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles, ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles.
 
Confession de foi
Je vous propose de confesser notre foi, avec un texte de Claude Peuron :

Dieu est d'abord question qui nous empêche de nous enfermer dans nos préjugés, nos évidences, nos certitudes.
Il ouvre l'horizon ; il nous ouvre à l'avenir.
Dieu est question. N'en faisons pas (pas trop vite) une réponse et encore moins un catalogue de réponses.
Dieu n'explique pas le monde, il veut le transformer pour nous, avec nous.

Jésus est parole qui interpelle, qui relève.
Homme parmi nous, il est signe et présence de Dieu, question au cœur du monde.
Dans l'histoire et ses tragédies, dans l'actualité et ses drames, une parole surgit.
Un amour fragile et menacé est encore là qui aspire à s'incarner encore. En nous ?

L'Esprit, souffle de Dieu, me donne d'entendre sa parole à travers les Écritures
et me permet de rencontrer la personne de Jésus. Il est aussi souffle qui me pousse vers les autres, qui me donne ainsi des frères et des sœurs.
Amen.

Répons : Grand Dieu, nous te bénissons
Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
 
Doxologie : Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, d’éternité en éternité !

Lecture biblique : Évangile de Marc, chapitre 2, versets 13 à 18 (version T.O.B.)

13 Jésus s’en alla de nouveau au bord de la mer. Toute la foule venait à lui, et il les enseignait. 
14 En passant, il vit Lévi, le fils d’Alphée, assis au bureau des taxes. Il lui dit : « Suis-moi. » Il se leva et le suivit. 
15 Le voici à table dans sa maison, et beaucoup de collecteurs d’impôts et de pécheurs avaient pris place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux et ils le suivaient. 
16 Et des scribes pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les collecteurs d’impôts, disaient à ses disciples : « Quoi ? Il mange avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs ? » 
17 Jésus, qui avait entendu, leur dit : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades ; je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

Cantique : Louange et Prière n° 391 « Qu’il fait bon à ton service », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Prière d’illumination
Éternel, Dieu de la vie,
Ouvre mon esprit à l’intelligence de ta Parole,
Et que mon cœur demeure brûlant tandis que tu me parles.
Comme la pluie féconde la terre,
Et fait germer la semence,
Que ta Parole accomplisse sa mission, au cœur de mon existence,
Que ta volonté féconde ma vie,
Que ton amour lui permette de porter des fruits,
Et quelques soient les chemins sur lesquels j’avance,
Qu’il me reste toujours un moment pour te dire ma gratitude,
Par mes mots comme par mon chant. Amen. (Agnès Adeline).

Orgue

Prédication : Jésus provocateur de solidarité

Chers amis, chers frères et sœurs !

Pour ouvrir notre année nouvelle, rien de mieux que de commencer ou de recommencer à lire un évangile !

Et pour avoir un peu de peps dans notre vie, pourquoi ne pas commencer un évangile ayant un parfum de scandale ? Parce qu’il y a un vrai scandale dans l’histoire que nous venons d’entendre !
Un scandale qui se trouve résumé dans cette question posée par les pharisiens, disant aux disciples de Jésus : « Quoi ? Il mange avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs ? Ou encore : Pourquoi mange-t-il avec les collecteurs d’impôts ?
J’en profite pour vous donner ou vous redonner l’étymologie du mot scandale. Scandale vient du grec σκάνδαλον, skandalôn. Au sens propre, il s’agit d’un piège placé sur le chemin, un obstacle pour faire tomber.
Au sens figuré, ce mot est plutôt employé comme verbe : scandaliser, skandalizô, qui signifie « choquer » ou « heurter ».
Le mot scandaliser est très souvent employé dans le Nouveau Testament. En particulier dans les premiers chapitres des évangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc) évoquant les réactions de l’entourage de Jésus, lors de ses premières interventions. Jésus scandalise ses contemporains, et certaines traductions restent proches de l’étymologie en disant : « Il était pour eux une occasion de chute » (traduction TOB) ou « ils trébuchaient sur lui » (traduction André Chouraqui).
C’est exactement ce qui se passe dans le passage que nous venons d’entendre.
Nous sommes au début de l’Évangile de Marc. Jésus vient d’appeler quatre disciples, au premier chapitre. Très sobrement. Et dans ce chapitre 2, Jésus appelle Lévi, un collecteur d’impôts dans une simplicité désarmante.
Lévi travaille au péage, au bureau des taxes, d’où le terme de péager dans certaines traductions. Il est un agent du trésor public, d’où le terme de publicain, dans la traduction Segond en particulier. 
Toute l’horreur de sa marginalisation est contenue dans la fonction, dans le travail de cette personne. Méprisés de la plupart des Juifs, ceux qui collectent les taxes et les impôts pour l’occupant romain étaient assimilés à des collaborateurs et mis au même rang que les prostituées.
Lévi est donc un homme douteux et non fréquentable. Nombreux sont ceux qui font un détour pour l’éviter. C’est une personne impure et exclue.  

Un jour pourtant, quelqu’un s’approche de lui. Un homme lui parle. « Suis-moi ! » Cet homme a quelque chose de différent. Cet homme porte un autre regard sur les hommes et sur le monde, il porte aussi un autre regard sur Lévi.
Incroyable mais vrai, Lévi s’est levé, il a tout laissé et il a suivi cet homme qui l’appelait. Aucune question de la part de celui qui l’appelle. Aucune objection. Aucune réticence. Aucune discussion. Aucune justification. Aucun marchandage. Aucun repentir de celui qui répond à cet appel. Lévi ne s’est pas reconnu lui-même. Il ne s’est ni enfui, ni caché. Il a suivi cet homme sans demander son reste et aujourd’hui, si on lui posait la question de savoir pourquoi il a fait comme çà, il répondrait sûrement : parce que lui ne m’a pas évité. Lui n’a pas fait un écart comme les autres. Parce qu’il m’a signifié qu’il m’aimait. Et surtout, je découvre pour la première fois qu’en lui, c’est Dieu qui m’aime. Une naïveté désarmante non ? « Il se leva et le suivit ». Tout naturellement.
Il n’y a pas beaucoup de « Lévi » dans la Bible. Le premier dont on parle c’est Lévi, le fils de Léa et de Jacob. Son nom veut dire en hébreu לֵוִי, lévi : « s’attacher à, se joindre à ». Dans ce passage, Lévi, fonctionnaire du péage à Capharnaüm répond avec foi à l’appel de Jésus. Il fait honneur à son prénom, en s’attachant désormais à Jésus. Lévi deviendra Matthieu, celui qui écrira l’évangile du même nom, selon la tradition.
Lévi ne dit rien, mais l’appel de Jésus rejoint sans doute son questionnement intérieur. Était-il encore un être humain digne de ce nom ?  La réponse est donnée par l’appel que Jésus lui lance. Jésus a vu en Lévi un être humain et non un collecteur d’impôts. Là où, bien souvent, nous voyons de gens que nous classons en catégories, sociales, professionnelles, ethniques ou sexuelles, Jésus lui, voit un être humain. Cet humain d’abord créé à l’image de Dieu, comme l’indique le livre de la Genèse.

Ici Jésus ne pose aucune condition pour le suivre.
Lévi se leva et le suivit. Sans aucune hésitation. Et comme le disait une amie, à la pause spirituelle de jeudi dernier, suivre Jésus de cette façon, cela vaut mille explications, ou tentatives de justification, ou esquisses de pardon. C’est une véritable histoire d’amour inconditionnel. C’est aussi un changement de vie radical pour Lévi qui n’a pas besoin de paroles pour le manifester. Sa réponse est son acte de foi. Il se lève, un verbe qui rappelle d’ailleurs la résurrection. Lévi est ressuscité.
Pourtant Lévi fait partie de ces personnes rejetées par le droit religieux. Il fait partie de ces hommes pécheurs, au sens large du terme. Le scandale de cette histoire, c’est la provocation de Jésus d’accueillir parmi ses disciples, un homme comme Lévi. C’est cela l’Évangile, la bonne nouvelle : parmi les futurs douze apôtres, il y aura un pécheur non repenti ! On peut dire que dans la structure originelle de ce que sera l’Église plus tard, il y aura une présence voulue, désirée par Jésus, d’un homme voué à la condamnation et à l’exclusion, voire l’excommunication. Le plus important dans cette histoire c’est que Lévi retrouve une place dans la vie, une réintégration sinon sociale, du moins spirituelle, sans être humilié. Réintégrer chacun, chacune, sans être humilié, tel est l’amour de Dieu en Jésus-Christ.  Jésus et Lévi font un bout de chemin ensemble qui les conduit dans la maison de Lévi pour partager un repas, selon la précision que l’on trouve dans l’Évangile de Luc. Avec d’autres collecteurs d’impôts. Et ça, c’est le comble. Jésus dépasse les bornes ; Jésus se compromet avec Lévi. Non seulement il ne se contente pas de l’appeler tout simplement, mais il approfondit sa relation en allant déjeuner chez lui, dans sa maison, en partageant son intimité familiale. Jésus fera plus tard la même chose avec Zachée. Jésus se mêle de la vie de Lévi. Et à travers lui, c’est Dieu qui se mêle de la vie de Lévi, mais aussi de la vie de ceux qui regardent et qui jugent.

En allant vers cet homme, Jésus décide de rompre sa solitude provoquée par sa marginalisation. Il veut montrer autre chose. En acceptant cette proximité visible et repérable, Jésus vient repousser les limites, faire bouger les lignes, faire éclater les barrières. Il fait voler en éclats les préjugés et les idées toutes faites. En témoignant une attention sincère envers Lévi, il lui dit tout simplement que lui, Lévi est un homme qui a du prix aux yeux de Dieu, même s’il n’en a plus vraiment aux yeux des hommes. Il vient lui manifester que Dieu le regarde dans son amour au-delà de ce qu’il fait. Il vient lui dire que Dieu est animé d’un attachement pour l’homme qui ne varie pas en fonction de la faute ni même du repentir. Il vient juste lui dire que Dieu ne traite personne en coupable, qu’il est un Dieu qui ne réduit pas l’homme à son passé, à sa faute. Tel est « le Dieu gratuit de Jésus-Christ ».

Il me semble que c’est ici la révolution de l’Évangile. Lorsque je reçois un tel texte, mais aussi lorsque j’approfondis ma lecture des paroles et des actes de Jésus, en passant par les paraboles, les miracles et les guérisons, comme celle du paralysé qui ouvre le chapitre 2 de l’Évangile de Marc, la vraie révolution se situe dans l’image de Dieu que Jésus propose et qui est radicalement différente de toutes celles véhiculées par l’ensemble des religions.
Le Dieu selon la foi de Jésus-Christ, est un Dieu n’éprouve ni exaspération ni animosité à l’encontre des transgresseurs. Jésus sera finalement beaucoup plus sévère envers ceux qui n’ont jamais rien à se reprocher et qui suivent la loi à la lettre et non selon le cœur. Mais, ici, personne n’est exclu de l’amour de Dieu. Si Dieu désire la conversion de chacun, il n’exerce aucune pression, aucun marchandage, aucune menace, aucun châtiment. Dieu aime chacun entièrement sans attendre même qu’il demande pardon. Il aime le premier, sans cesser de le faire et sans que j’aie quoi que ce soit à faire pour obtenir son amour. Il me donne son amour, comme il le donne à Lévi, ou plus tard, à la femme adultère, au centurion romain, au paralysé, à l’aveugle-né et même au jeune homme riche (qui n’est pas prêt), sans aucune contrepartie et sans rituel. Dieu par-donne, autrement dit, Dieu donne par-dessus tout, au hasard des rencontres, sans programme pré-établi, sans cahier des charges, sans aller au temple, sans obligation de sacrifice et même sans cotiser. C’est au quotidien que Dieu, en Jésus-Christ, vient à la rencontre de l’être humain. C’est comme ça qu’il s’adresse au cœur de l’homme. Viens !  Suis-moi ! Il se leva et le suivit. Venez à ma suite : ils lâchèrent leurs filets et le suivirent. Sans attendre, sans discuter. En toute confiance. Son amour qu’il partage, son pardon qu’il donne, sa grâce qu’il offre, c’est un appel et non une contrainte pour l’être humain.  Il n’y a aucune exigence.
Et c’est l’attitude de celui ou de celle qui se lève et qui part avec Jésus, qui devient sa réponse. Notre engagement, le partage de nos ressources, notre participation financière, la joie d’accompagner les jeunes dans leurs recherches et leurs questions,  mais aussi d’accompagner les malades, les prisonniers, de lutter contre les injustices, les inégalités, de donner à manger à celui qui a faim, de vêtir celui qui est nu, de rendre la liberté à ceux qui sont en esclavage, d’alléger le fardeau des autres en marchant quatre kilomètres au lieu de deux, au sens propre comme au sens figuré, c’est cela  notre réponse à l’amour que nous avons reçu. Nous avons reçu beaucoup, nous pouvons donner beaucoup. Et ici, c’est soutenir une Église qui incarne cet accueil, sans conditions, de celles et ceux qui n’ont pas trouvé la place qu’ils espéraient ailleurs. Nous pouvons entendre cet appel : « Suis-moi », comme une invitation urgente voire irrésistible à soigner les souffrants de quelque nom que s’appelle leur souffrance, en premier celles et ceux que notre église rend malades à force de jugements, d’exclusion, voire d’excommunications encore aujourd’hui, une invitation à prendre soin de celles et ceux qui sont maltraité.e.s par notre monde d’aujourd’hui, notre monde qui s’est mis au service du pouvoir, de la violence et de la corruption.  Tout comme Lévi, nous sommes libres de nous lever, sans explication. Ce sera notre réponse à Celui qui nous dit individuellement : « Suis-moi ».

Si on lisait tout le chapitre 2 de l’Évangile de Marc et ceux qui suivent, nous serions surpris du caractère éminemment provocateur de Jésus. Jésus commence son ministère par la guérison du paralytique, en affirmant à celui-ci que ses péchés sont pardonnés. Les scribes ne peuvent que crier au blasphème puisqu’en bonne théologie juive, seul Dieu pardonne les péchés. De plus, il n’y a pas de pardon sans sacrifice au Temple. En pardonnant directement le paralysé, Jésus signifie à ceux qui l’écoutent que faire un détour par le Temple devient inutile. Puis, Jésus appelle Lévi, à rejoindre le groupe des disciples qu’il est en train de former, lui, un collecteur d’impôts, un juif travaillant pour le compte des Romains. Notons que Lévi se lève et le suit, sans demander pardon, ou sans se repentir. Il est accueilli tel quel. Ensuite, Jésus partage le repas avec tout un groupe de péagers, de personnes excommuniées. Un autre jour, alors que le jeûne du Sabbat est commencé, Jésus et ses disciples ne jeûnent pas. Ils mangent ensemble.

Et un peu plus tard, toujours un jour de Sabbat, Jésus arrache des épis de blé avec ses disciples alors qu’il n’est pas permis de travailler. En un ou deux chapitres, Jésus discrédite le sacrifice, le jeûne et le Sabbat. Dans l’Évangile de Marc, Jésus ouvre son ministère par des gestes de rupture. Jésus ne cherche pas à réformer le judaïsme, sa visée est bien plus radicale : il veut réinventer l’être humain à partir d’une totale solidarité dans l’espérance. Jésus attaque tout ce qui pourrait entraver la solidarité des êtres humains entre eux, et tout ce qui pourrait présenter un Dieu qui condamne et qui exclut. Alors Jésus s’entoure de marginaux, d’hommes et de femmes de mauvaise vie, il s’entoure de celles et ceux que la règle religieuse exclut ou excommunie. Il est un provocateur de solidarité en ce sens qu’il prend le parti de celles et ceux qui, selon les lois humaines et religieuses, pourraient être privés de l’amour de Dieu. En fait, Jésus est toujours du côté de celles et ceux que l’on n’imagine pas.  C’est cela l’Évangile de renversement.

Les pharisiens n’ont pas bien supporté les écarts de comportement de Jésus envers les marginaux. Ils ont été jaloux de cette attitude parce qu’ils ont pensé que Jésus préférait les gens de mauvaise réputation à eux qui faisaient tout bien comme il faut.  Ils se sont sentis comme le fils de la parabole qui est toujours resté à la maison et qui croyait que l’amour de son père était lié à sa bonne conduite à lui. Et au retour de son frère, il s’aperçoit qu’il n’en est rien. Les pharisiens ne se privent pas d’accuser Jésus de compromission Mais voilà, la bonne conduite ne confère aucun droit sur Dieu. Pas plus que la mauvaise. La véritable nouveauté de l’Évangile, c’est que Dieu n’aime pas moins les transgresseurs que les gens intègres. Il les aime TOUT AUTANT. Mais c’est le tout autant qui déchaîne le scandale et même l’hostilité des gens pieux et vertueux. C’est ce « tout autant » qui est la définition même de la grâce, de l’amour sans condition, qui conduira Jésus à la croix.

Nous découvrons aujourd’hui comment la parole de Jésus s’est fait un chemin chez Lévi. C’est le moment de prendre conscience comment la Parole de Dieu se fait un chemin dans la vie des êtres humains. L’appel lancé par Jésus à Lévi est aussi l’appel que lance Jésus à chacun et chacune de nous.
Suis-moi !
Certains, certaines peuvent raconter le moment où ils ont entendu cet appel, ou bien quand ils ont entendu une parole décisive au creux de leurs vies.
D’autres sont peut-être encore en attente d’un tel appel ou de recevoir une parole qui les libère, qui leur redonne courage, qui les aide à se relever, à se lever.
Puissions-nous, en cette année qui s’ouvre, découvrir ou redécouvrir cet amour gratuit de Dieu, qui ne sait aimer qu’à fonds perdu, quoi qu’on fasse de son amour.

Amen.
 
Pour aller plus loin :

  • Claude Ortemann, Le Dieu gratuit de Jésus-Christ, Editions Desclée-Mame, 1989.
  • Louis Simon, « Mon » Jésus, méditations sur des textes d’Évangile, Éditions Les Bergers et les Mages, 2001.

Orgue 

Cantique : Louange et Prière
n° 400 - J’ai soif de ta présence, strophes 1, 2 et 3 [cliquer ici]

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Orgue

 
Prière d’intercession : ...

Notre Père
Notre Père, qui es aux cieux
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal,
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles, amen.
 
Envoi
Que jamais…

Que jamais le bonheur de la vie n’éteigne en nous
La révolte contre ce qui la défigure
Mais que jamais non plus le scandale du mal
N’efface en nous la louange de la vie.

Que jamais les mots qui nous font vivre :
Tendresse, plaisir, liberté, confiance,
Ne se referment en des certitudes figées,
Mais qu’ils soient source d’une quête toujours inachevée.

Que notre foi ne soit jamais sans le doute,
Et que nos doutes ne soient jamais sans la confiance.
Que l’émerveillement de recevoir la vie
Comme un don, comme une grâce
N’altère pas nos capacités d’indignation devant l’injustice,
Mais soutienne en nous la promesse
Et la passion d’un monde autre.

Tel est le désir qui nous porte !
Telle est la prière qui nous met en route !

Que la petite espérance nous prenne par la main,
Qu’elle nous entraîne
Sur des chemins inattendus,
Et qu’elle chante en nous,
Comme un défi,
L’amour de la vie !
(Pasteur Gérard Delteil, théologien, doyen honoraire de la Faculté de théologie protestante de Montpellier)

Bénédiction
« L’Éternel nous bénit et nous garde.
L’Éternel fait resplendir sur nous sa lumière et nous accorde sa grâce.
L’Éternel tourne sa face vers nous et nous donne la paix ! » (Nb 6/24)
Amen.

Répons : Bénis Ô Dieu nos routes
Bénis Ô Dieu nos routes,
Nous les suivrons heureux.
Car toi qui nous écoutes,
Tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres,
J’y marche par la foi.
Même au travers des ombres,
Ils conduisent à toi.
 
Orgue : Final de la Symphonie No. 6 de Charles-Marie Widor

Paroles des chants du Culte du 14 janvier 2024

Psaume : Psautier Français n°33 « Réjouis-toi peuple fidèle », strophes 1, 2, 3, 5

1 - Réjouis-toi, peuple fidèle,
Acclame Dieu à pleine voix !
Sa louange est séante et belle
Dans la bouche des hommes droits.
Sur un air de fête
Sonnent les trompettes
Pour un chant nouveau;
Les cors, les cithares,
Les voix les plus rares,
Les sons les plus beaux !

2 - Ta parole agit sur la terre
Avec droiture et vérité.
Partout son œuvre de lumière
Y fait rayonner ta bonté.
Que ta voix résonne :
Le chaos s'ordonne,
Le ciel resplendit ;
Sources et rivières
Arrosent la terre,
Le désert fleurit.

3 - Tu brises l'orgueil des puissances
Et tous leurs plans sont renversés,
Mais tu poursuis sans défaillance
Les projets que tu as formés.
Si, cherchant sa route,
Un peuple t'écoute,
Il vivra heureux ;
Il verra les signes,
Qui déjà désignent
La Cité de Dieu.

5 - Seigneur, notre âme est confiante,
Ta parole est son bouclier ;
En toi elle a mis son attente
Et sur ton nom veut s'appuyer.
Ton amour habite
L'homme qui médite
Ta promesse, ô Roi,
Et ta bonté garde,
Qui vers toi regarde,
Qui espère en Toi.

Cantique : Louange et Prière n°391 « Qu’il fait bon à ton service ! », strophes 1 à 4

Strophe 1
Qu’il fait bon à ton service
Jésus mon Sauveur !
Qu’il m’est doux en sacrifice
De t’offrir mon cœur.
Refrain :
Prends, ô Jésus! prends ma vie
Elle est toute à toi !
Et dans ta grâce infinie,
Du mal sauve-moi.

Strophe 2
Pour me posséder toi-même,
Tu m’as racheté;
Fais que désormais je n’aime
Que ta volonté
Refrain :
Prends, ô Jésus! prends ma vie
Elle est toute à toi!
Et dans ta grâce infinie,
Du mal sauve-moi.

Strophe 3
Comme l’ange au vol rapide,
Je veux te servir;
Je veux te suivre, ô mon guide !
Toujours t’obéir.
Refrain :
Prends, ô Jésus! prends ma vie
Elle est toute à toi !
Et dans ta grâce infinie,
Du mal sauve-moi.

Strophe 4
Travaux, luttes et souffrances,
Que craindrais-je encor?
En Christ est mon espérance,
Au ciel mon trésor.
Refrain :
Prends, ô Jésus! prends ma vie
Elle est toute à toi !
Et dans ta grâce infinie,
Du mal sauve-moi.

Cantique : Louange et Prière n°400 « Prends ma main dans la tienne », strophes 1 à 3

1 - J'ai soif de ta présence,
Divin chef de ma foi.
Dans ma faiblesse immense,
Que ferais-je sans toi ?
Chaque jour, à chaque heure,
Oh ! j'ai besoin de toi.
Viens, Jésus, et demeure
Auprès de moi.

- Des ennemis dans l'ombre,
Rôdent autour de moi.
Accablé par le nombre,
Que ferais-je sans toi ?
Chaque jour, à chaque heure,
Oh ! j'ai besoin de toi.
Viens, Jésus, et demeure
Auprès de moi.

2 - Pendant les jours d'orage,
D'obscurité, d'effroi,
Quand faiblit mon courage,
Que ferais-je sans toi ?
Chaque jour, à chaque heure,
Oh ! j'ai besoin de toi.
Viens, Jésus, et demeure
Auprès de moi.

3 - O Jésus, ta présence,
C'est la vie et la paix,
La paix dans la souffrance
Et la vie à jamais.
Chaque jour, à chaque heure,
Oh ! j'ai besoin de toi.
Viens, Jésus, et demeure
Auprès de moi.

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi 
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction 
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Evangile selon Marc, chapitre 2, versets 13 à 17 [NBS]

Lévi, le collecteur des taxes

13 Il sortit encore du côté de la mer ; toute la foule venait à lui, et il les instruisait. 
14 En passant, il vit Lévi, fils d'Alphée, assis au bureau des taxes. Il lui dit : Suis-moi. Celui-ci se leva et le suivit.
15 Comme il était à table chez lui, beaucoup de collecteurs des taxes et de pécheurs avaient pris place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre. 
16 Les scribes des pharisiens, le voyant manger avec les collecteurs des taxes et les pécheurs, disaient à ses disciples : Pourquoi mange-t-il avec les collecteurs des taxes et les pécheurs ? 
17 Jésus, qui avait entendu, leur dit : Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.

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