Entre César et Dieu, a-t-on toujours le choix ?

Matthieu 22:15-22

Culte du 22 octobre 2023
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

22 octobre 2023
« Entre César et Dieu, a-t-on toujours le choix ? »

Culte présidé par la Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
avec Aurélien Peter, organiste suppléant, à l'orgue

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Proclamation de la Grâce 
Amis, frères et sœurs,
« Accueillez avec douceur la parole plantée en vous et capable de vous sauver la vie. Devenez des artisans de la parole, et pas seulement des auditeurs qui se berceraient d’illusions. »
Tels sont les mots de l’épître de Jacques, qui nous engagent à nous tenir dans une présence vigilante, une veille de chaque instant pour sortir du prêt à penser, du prêt à croire, d’un langage qui dispense de porter soi-même le travail de la Parole.
Amis, frères et sœurs,
Recevez la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père, de Jésus-Christ, son fils, notre Sauveur et notre frère.

Accueil 
Bienvenue à chacune et chacun pour ce temps de culte.
Que vous veniez pour la première fois, ou que vous veniez régulièrement, soyez ici chez vous, dans cette maison où nous sommes rassemblés pour nous ouvrir à la présence de Dieu.
Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent pour le biais du site internet ou celui des réseaux sociaux. Nous sommes en communion les uns avec les autres, en particulier avec celles et ceux qui traversent un temps de deuil, de souffrances, de révoltes, d’anéantissement, d’épreuves, d’incertitudes et de solitude.
Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le biais d’Internet et des réseaux sociaux. Nous sommes en communion les uns avec les autres.
Bienvenue à Aurélien Peter et merci son accompagnement musical à l’orgue ce matin.
 
Prions : 
Dieu notre Père, nous te remercions pour ce jour et cette heure, mis à part dans notre vie. Tu nous invites à faire maintenant une pause sous ton regard, au milieu de l’agitation de nos vies.
Tu nous proposes de vivre ici et maintenant un temps d’écoute et de partage, un temps de prière et de louange, un temps où nous pouvons nous ressourcer à ta grâce et à ton amour.
Tu nous invites tout simplement à vivre un temps, où par ton Esprit, nous apprenons à nous retrouver les uns avec les autres, en communion avec Jésus-Christ. 
Louange à toi Dieu notre Père !
 
Répons : Bénissons Dieu le seul sauveur. (Ps 134).
Bénissons Dieu le seul Seigneur, nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison, pour bénir et louer son nom.

 
Louange (Extrait du psaume 86)
1 Prière de David.
   Éternel, tends l'oreille, réponds-moi !
   Car je suis malheureux et pauvre.
2 Garde mon âme, car je suis fidèle !
   Toi, mon Dieu, sauve ton serviteur qui se confie en toi !
3 Fais-moi grâce, Seigneur !
   Car je crie à toi tout le jour.
4 Réjouis l'âme de ton serviteur ;
   Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme ;
5 Car toi, Seigneur, tu es bon et clément,
   Riche en bienveillance pour tous ceux qui t'invoquent.
6 Éternel, prête l'oreille à ma prière,
   Sois attentif à ma voix suppliante !
7 Au jour de ma détresse, je t'invoque,
   Car tu me réponds.
8 Nul n'est comme toi parmi les dieux, Seigneur,
   Et rien ne ressemble à tes œuvres.
9 Toutes les nations que tu as faites viendront
   Se prosterner devant ta face, Seigneur,
   Et rendre gloire à ton nom.
10 Car toi, tu es grand et tu opères des miracles ;
    Toi seul, tu es Dieu.
11 Enseigne-moi tes voies, Éternel !
    Je marcherai dans ta vérité.
    Donne-moi un cœur tout simple, que je craigne ton nom.

Nous poursuivons notre louange, par le chant du 

Psaume : Le Psautier Français n°86, strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu 

Ecoutons ce que Dieu veut pour nous et nous donne la force de faire :

28
Un des scribes demanda à Jésus : Quel est le premier de tous les commandements ? 
29 Jésus répondit : Voici le premier : Écoute Israël, le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un, 
30 et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là. (Marc 12:28-30)
 
Répons : Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute….
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

 
Confession du péché 
Prions ensemble :

Éternel, nous voici devant toi et nous te confions tout ce qui nous fait souffrir.
Nous essayons de faire le bien que nous aimons,
Et nous faisons le mal que nous n’aimons pas.
Nous essayons de vivre une vie honnête
Et nous sommes pris en défaut
Parce que nous ne savons pas réellement aimer.

Nous ne volons pas,
Nous ne tuons pas,
Nous ne disons pas de faux témoignage.
Mais au dedans de nous, ce ne sont que sentiments négatifs, mensonges, médisances, préjugés et désirs de mort.
Chacun connaît ses torts,
Chacun connaît ses faiblesses.
Tous ensemble, nos torts et nos faiblesses sont des montagnes.

Éternel, viens à notre secours !
Soulève ces montagnes et fais-les basculer dans la mer !
Que nous soyons enfin délivrés de cette pesanteur !
Que nous puissions aimer à notre tour
Et libérer celles et ceux que tu places dans notre vie.
Amen. 
(Agnès Adeline)

Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ».
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

 
Déclaration du pardon
Pour accueillir le pardon de Dieu, je vous invite à vous lever :

Mon frère, ma sœur, mon ami,
à celui qui croit que Dieu peut tout, que rien ne lui est impossible,
à celui-là, Dieu accorde le pardon total et définitif, la paix et la joie.
Parce que tu t’es reconnu devant Dieu comme incapable d’aimer, tu es maintenant sur le chemin de l’amour.
Parce que tu t’es reconnu faible, tu es maintenant plus fort que les puissants de ce monde.
Parce que tu t’es reconnu solitaire, il t’est donné une communauté d’hommes et de femmes, tes semblables.
Alors relève-toi, et va dans la joie que Dieu te donne.
Chantons notre reconnaissance ! 
(Agnès Adeline) 

Répons : « Combien grande est ta gloire (Ps 92).
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

 
Confession de foi 

Je crois en Dieu.
Je crois qu’il nous a aimé le premier ; avant que nous existions, avant nos pères, avant les débuts obscurs dont sortit l’humanité, il nous a aimés.

Mieux qu’une mère en espérance d’enfant qui pense à l’inconnu qui sommeille en elle, je crois que Dieu nous a aimés d’avance et portés. Car nous sommes son espérance et nous sommes sa crainte, sa joie et sa douleur.

Je crois que malgré l’immense peine qu’il subit par nous, Dieu nous a voulus et nous veut encore, toujours. A travers les obstacles, les chemins perdus, les gouffres, les ombres de mort, je crois que Dieu nous veut, nous mène et communie avec nous.

Je crois que Dieu en Jésus-Christ nous aime victorieusement, avec une puissance devant laquelle tout cèdera. Il boira avec tous les calices, il combattra tous les combats, il descendra dans toutes les tombes, jusqu’à la fin et à la fin sera bonne.

Oui, je crois que Dieu est amour et que son Esprit nous anime et nous porte.
Amen.
(D’après une prière de Charles Wagner - Évangile et liberté n° 239. Mai 2010)
 
Répons : Grand Dieu, nous te bénissons…
Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité »

Lecture de la Bible
Évangile selon Matthieu chapitre 22, versets 15 à 22
 
15 Alors les Pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de prendre Jésus au piège de ses propres paroles.
16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les Hérodiens : Maître, lui dirent-ils, nous savons que tu es véridique, et que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans redouter personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes. 
17 Dis-nous donc ce que tu en penses : Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? 
18 Mais Jésus qui connaissait leur malice répondit : Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve, hypocrites ? 
19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. 
20 Il leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ? 
21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. 
22 Étonnés de ce qu'ils entendaient, ils le quittèrent et s'en allèrent.

Choral n°45 (Alléluia 45-01) « Ta volonté, Seigneur mon Dieu », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d’illumination 

Ta Parole est comme l’eau.
Rafraichis-nous à sa source,
Plonge-nous dans son courant,
Entraine-nous vers sa mer.

Ta Parole est comme le feu.
Qu’elle nous éclaire sans nous éblouir.
Qu’elle nous réchauffe sans nous brûler.
Qu’elle nous embrase sans nous dévorer.

Ta Parole est comme le ciel.
Élargis-nous en elle, pour que nous connaissions
La hauteur et la profondeur de tout ce qui est.

Ta Parole est comme la terre.
Enracine-nous-en elle,
Pour que nous éprouvions la solidité et la constance
De tout ce que tu nous donnes, exiges et promets.
Amen.
(Pasteur André Dumas)

Orgue

Prédication : Entre César et Dieu, a-t-on toujours le choix ?


Amis, Sœurs et Frères,

Plusieurs expressions bibliques se retrouvent aisément dans notre langage commun, de tous les jours, et celle-ci : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », est sûrement la plus connue. 

Le passage que nous venons d’entendre est le premier épisode d'une série de quatre discussions entre Jésus et ses opposants juifs, les Pharisiens et les Sadducéens (22, 15-46). Les Pharisiens, dont l’étymologie du nom veut dire « les séparés », sont un groupe juif se conformant à une observance rigoureuse de la Loi de Moïse, en privilégiant la tradition orale appelée le Talmud. Ils comptent sur leurs propres forces pour être vertueux et leur légalisme est si ostentatoire que Jésus les traite d’hypocrites. Les Sadducéens sont un autre groupe juif, opposés aux Pharisiens, issus de la classe sacerdotale, celle des prêtres, essentiellement attachés à la Loi écrite appelée la Torah.  Les Sadducéens sont également d’une rigueur absolue et siègent au Sanhédrin. C’est devant eux que Jésus comparaîtra lors de son procès. Il y a encore deux autres catégories de personnes qui s’opposent à Jésus, les Zélotes, qui ne sont pas nommés dans ce passage, et les Hérodiens. Les Zélotes ont choisi la lutte armée pour combattre les Romains, et croient à l’avènement du Royaume de Dieu par la force ; ils se font un devoir religieux de ne pas se soumettre aux lois romaines, donc ils ne paient pas le tribut à César, tandis que les Hérodiens, considérés comme les collaborateurs de l’époque, appuient le pouvoir occupant. Donc, les Pharisiens accompagnés des Hérodiens, interrogent Jésus à propos de la légitimité pour un Juif pieux de donner sa participation au tribut que les provinces conquises payaient à l’empereur romain. Et c’est bien une question difficile qu’ils posent à Jésus. Plus difficile encore est la réponse que Jésus va donner, car sa réponse risque bien de le positionner dans un camp, au profit des uns et au détriment des autres. En fait, c’est exactement là où l’attendent ses opposants. Tout le monde est d’accord pour tendre un piège à Jésus.  Tout le monde a le sens inné de la discussion. C’est pourquoi les responsables des différents mouvements prennent soin de placer la discussion sous le regard de Dieu. Alors sans doute le ton est-il à la foi ironique et flatteur : « Maître, lui dirent-ils, nous savons que tu es véridique, et que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans redouter personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes ». (v.16). D’ailleurs, si nous faisons bien attention, ce verset 16 est extraordinaire.  Les Pharisiens disent la vérité sur Jésus : Jésus regarde le visage de celui ou celle qu’il a en face de lui, mais il ne se laisse influencer par personne parce qu’il regarde aussi au fond des cœurs, au-delà des apparences. Ce qui fait que Jésus les traite d’hypocrites, c’est parce qu’il connaît justement l’écart qu’il y a entre le visage qu’ils offrent, les paroles qu’ils prononcent et le véritable intérieur qui les anime. Et ici, ce qui compte c’est d’abord de tendre un piège à Jésus en espérant qu’il y tombe.

Avec cette phrase introductive, ils obligent Jésus à répondre en toute sincérité, et ils le placent avec eux, sous le jugement de Dieu. On devine très vite combien la situation est complexe et ambigüe, puisque la question croise plusieurs domaines relatifs à la défiance des Juifs à l’égard des Romains : la divinisation de l’empereur ; la collaboration avec l’occupant païen, ce qui est normalement détesté, et l’appartenance à un courant juif contre un autre.
À côté d’une question de droit se pose le sentiment de mépris que les Juifs avaient à l'égard de tout ce qui se rapportait à la divinisation des empereurs romains, en particulier leur effigie et le texte imprimés sur les monnaies. La question est grave : Jésus va-t-il cautionner un homme qui se prend pour un dieu ?
L’épisode est habituellement interprété comme plaçant Jésus en face de la possibilité de coopérer avec l’occupant romain, ennemi de la nation. Donner l’impôt, c’est renforcer la puissance de l’occupant et s’avouer vaincus ; c’est conforter le découragement au lieu de susciter la résistance.
Mais en même temps, ils espèrent « coincer » Jésus entre leurs divergences religieuses.  En effet, quelle que soit sa réponse, Jésus ne peut que s’attirer à coup sûr la fureur d’une partie des assistants. Jésus est sans nul doute attentif aux dangers qui le menacent. Il est à Jérusalem. L’étau se resserre.
Et que répond Jésus ?
« Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est Dieu. » Que veut-il dire ?

On peut comprendre que Jésus sépare le pouvoir politique, temporel, du pouvoir religieux, spirituel. D’un côté, il y a César, et de l’autre, Dieu. Il ne faut pas les confondre. Mais peut-être faut-il définir ce qui appartient à César, qui est l’occupant. En faisant cette séparation, Jésus rappelle que César n’est qu’un homme, et rien d’autre, même si son effigie se trouve sur la pièce de monnaie. Jésus dit aussi que Dieu est Dieu, autrement dit qu’il n’y a pas d’autre Dieu que celui d’Israël.  Si César veut se prendre pour un dieu, comme c’était le cas, c’est le problème de César, et non celui des Juifs. En revanche, les Juifs ne doivent pas oublier Dieu, au profit de César. Finalement, Jésus situe le domaine du politique et de l’économie, dans le monde profane, et demande à ses interlocuteurs de faire de même.

Pour bien comprendre cette discussion, il nous faut faire quelques minutes d’histoire….
Rappelons-nous que les Romains ont généralement respecté les religions ou les coutumes locales, si diverses fussent-elles, des peuples qu'ils avaient conquis. En raison de cette conviction, les Romains se sont accommodés particulièrement en Judée de la religion juive. Pour certains historiens, cette attitude relève plus du calcul politique que d'une volonté religieuse de tolérance. Mais elle impliquait une reconnaissance de la valeur juridique de la Torah pour les fautes ne mettant pas en cause la suprématie politique romaine. On retrouvera d’ailleurs ce dilemme au moment du procès de Jésus où les autorités juives voudront se retrancher derrière la loi romaine, et Ponce Pilate les renverra vers la loi juive.
Progressivement, la monnaie juive est remplacée par la monnaie émise par les gouverneurs romains, qui d'ordinaire est frappée à l'effigie de l'empereur. Sans doute, en Judée, les Romains évitent de frapper monnaie à l'effigie de l'empereur pour ne pas choquer les Juifs qui refusaient toute représentation humaine. Pourtant des pièces frappées à l'effigie de l'empereur durent circuler si l'on en croit la discussion entre Jésus et les Juifs de notre passage d’aujourd’hui.
Donc nous pouvons recevoir ce passage comme un débat qui peut être lu au niveau purement économique. Si les interlocuteurs de Jésus sont en mesure de lui montrer un denier à l’effigie de l’empereur romain, c’est qu’ils font du commerce avec les Romains. Il faut bien vivre, me direz-vous !  

Alors… ne pas payer l’impôt à César, serait prêcher la désobéissance aux Romains, et ça, Jésus s’y refuse. Parce que ne pas payer l’impôt entraînerait alors l’obligation de refuser tout commerce avec les Romains.  Ce n’est la mission de Jésus que d’annoncer une telle chose. Jésus n’a pas d’idéologie, il n’a pas de fanatisme, il n’a pas d’intolérance non plus. Ici, Jésus veut prouver autre chose. 
A ce moment précis, il veut faire prendre conscience à ses interlocuteurs de leur propre contradiction. En privé, les Pharisiens condamnent le paiement de l’impôt et la collaboration avec Rome. En public, ils se déclarent « séparés », opposés au paganisme des Romains. Ce sont eux les vrais Juifs pieux. Jésus les amène à tirer de leur bourse une pièce d’argent, et c’est bien une pièce romaine qu’ils sortent. La présence de cette pièce démontre le hiatus entre ce qu’ils pensent et ce qu’ils vivent. Jésus est un prophète comme ceux de l’Ancien Testament, il ne se perd pas dans des considérations théoriques abstraites. Il dénonce les états d’âme, les pratiques religieuses des Pharisiens qui contredisent leur attitude à l’égard des frères. Il dira toujours aux Pharisiens : vous négligez dans la Loi de Moïse ce qui est le plus important : la justice, la miséricorde et la fidélité. Les Pharisiens peuvent se soumettre aux devoirs imposés par l’occupant, mais ils ne doivent pas pour autant, oublier leurs devoirs à l’égard de leurs frères. S’il y a l’image de l’empereur sur la pièce de monnaie, c’est une chose qui rappelle la difficulté du temps présent, à savoir l’occupation romaine, mais ils ne doivent pas oublier une autre image, celle de l’homme, image de Dieu, qui n’est sur aucune pièce de monnaie, mais inscrites sur le visage de tous leurs prochains, crées à l’image de Dieu, selon le livre de la Genèse. Cela nous concerne aussi aujourd’hui. Dans la foi qui est la nôtre, nous disons que l’être humain est créé à l’image de Dieu.  C’est une parole de foi que nous confirmons par le respect et la dignité de tout être humain, le respect aussi de la nature, de la terre qui nous est confiée. En tant que croyants, nous véhiculons l’image de Dieu. Et la Parole de Jésus ce matin nous rappelle que c’est sa revendication en faveur ce toutes celles et tous ceux, qui, aujourd’hui, à travers le monde, sont avilis par le pouvoir de l’argent. Si nous croyons que tout être humain est créé à l’image de Dieu, alors, personne ne doit être oublié, dans notre amour du prochain. On peut voir beaucoup de choses dans ce texte, comme par exemple, une sorte d’anticipation de la loi de séparation des Églises et de l’État, ou la fameuse théologie des deux règnes visant à séparer les domaines :  le règne « de la Religion » est du domaine privé de la spiritualité qui s’interdit toute vigilance critique de l’État, et le règne « de l’État » qui est souverain pour tout ce qui est gouvernement de la Cité, l’Economie, la Morale. Luther, le Réformateur, reprendra cette théologie attribuée à Augustin d’Hippone, ou Saint-Augustin, en particulier dans son commentaire de la lettre aux Romains. Luther veut encourager la réflexion critique au sujet des deux Règnes, le règne temporel, celui du monde régi par la Loi, à laquelle il se soumet, et le règne spirituel, en particulier celui de l’Évangile, régi par la grâce. D’un côté l’être humain, en tant qu’être humain, présent dans une société régie par des lois naturelles ou sociales, qui gouvernent, et de l’autre, l’être humain en tant que croyant, accueillant dans sa vie la grâce de Dieu, au moyen de la foi, permettant la transformation de son être intérieur, sans y être contraint.

Alors ? Avons-nous le choix entre Dieu et César ?
Dans sa réponse, Jésus ne s’oppose pas à César et il ne privilégie pas Dieu pour autant. Au fond, dans la foi, les deux s’imbriquent. Si nous voulons aimer Dieu, il nous faut aimer aussi, ou peut-être même d’abord, notre prochain. Nous vivons dans le monde dans lequel nous sommes, non pour le détester d’emblée parce qu’il serait de toutes les façons, mais pour l’aider à le transformer, si besoin est. Nous avons notre part de responsabilité, à prendre dans la société et dans la politique ne serait-ce que pour défendre le droit du plus petit, du plus pauvre, du laissé pour compte, de celui ou de celle qui n’aura jamais la force, ou la vaillance de prendre la parole par lui-même, pour lui-même. Pour illustrer mon propos, pensons seulement aux aumôniers de prisons, pour ne parler que d’eux, qui, en vertu de la loi de 1905, loi de séparation des Églises et de l’État, interviennent régulièrement dans les prisons de la République. Un jour on m’a posé cette question : que viennent faire les représentants de l’Église, au sens large du terme, dans les prisons de la République ? par la loi de 1905, l’État s’est engagé à ce que chaque personne privée de se rendre librement sur un lieu de culte, puisse être accompagnée sur place par un représentant de son culte afin que soit préservée sa liberté de culte. Lorsqu’un aumônier accompagne quelqu’un en prison, il ne se substitue pas à « César », en ce sens qu’il n’entrave en rien le fonctionnement carcéral ni le fonctionnement judiciaire. Un procès aura lieu, et un verdict sera prononcé et respecté. Ce qui doit être rendu à César sera rendu à César. Mais la présence de l’aumônier, voulue par la Loi des hommes, permettra que ce qui doit être rendu à Dieu, le soit. L’aumônier pourra le cas échéant suggérer aux représentants de la justice, ce qui peut être changé ou amélioré, en détention. Et dans son accompagnement, l’aumônier annoncera ou rappellera à la personne détenue que Dieu l’aime, indépendamment ce qu’elle a fait, qu’il ne la confond pas avec ses actes, quels qu’ils soient. C’est une mission délicate, parfois inaudible, à l’intérieur comme à l’extérieur de la prison.  Mais c’est une parole d’espérance et de liberté que de dire à cette personne qu’elle n’est pas réduite à ses actes. C’est un réconfort non seulement pour elle,  mais aussi pour chacun et chacune de nous. Nous valons tous beaucoup plus que ce que nous faisons. C’est une très belle leçon de liberté que Jésus offre à ceux qui voulaient lui tendre un piège. C’est aussi une belle leçon de liberté pour nous-mêmes. Par cette parole, le Christ rejoint chacun et chacune dans notre « humus », à la fois l’humanité et l’humilité de notre vie. Ne rien absolutiser, ni Dieu, ni César, pour garder toujours le discernement à l’esprit de ce qu’il faut faire et dire en direction de notre prochain.

Amen.


Orgue

Cantique : Louange et Prière n° 216 – Seigneur que ton règne adorable, strophes 1 à 3 [cliquer ici]

 
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Offrande 

Orgue
 
Prière d’intercession

Je vous invite à la prière les uns pour les autres :

Eternel Dieu de la vie, nous te prions pour celles et ceux qui sont dans la nuit du doute, qui te cherchent désespérément, pour celles et ceux que l’avenir paralyse et dont l’espérance est blessée, pour celles et ceux qui ont perdu un être aimé, et qui luttent contre le vertige du silence et de l’absence.
Nous te prions pour celles et ceux qui réparent, qui soignent, qui réparent, qui opèrent, parfois dans des conditions inimaginables, qui tiennent la main, qui réconfortent, qui redonnent confiance, tout simplement.
Nous te prions pour celles et ceux qui reprennent inlassablement le chemin de la diplomatie, qui s’assoient à la table du dialogue, et travaillent à l’apaisement par le discernement.
 
Eternel Dieu de la vie, tu regardes nos visages et tu sondes nos cœurs. Nous te les présentons nos visages, et nous t’ouvrons aussi la vérité de nos cœurs, celle que personne ne voit, mais que toi, tu connais. Tu sais combien il peut y comme distance, entre ce que nous montrons et ce qui nous anime, à l’intérieur.   Viens par ton amour et ton esprit transformer tout ce qui à l’intérieur de notre être, a besoin d’être changé, éclairé, sauvé.
Au milieu de notre monde en souffrance, à quelque niveau que ce soit, nous te prions de faire de nous, là où nous sommes, des artisans de paix, et que l’amour du plus petit de nos prochains demeure la motivation de  nos actions et de nos engagements.
Nous te prions pour celles et ceux qui demandent le secours de notre prière et réclament la chaleur de notre présence, même à distance.
Donne-nous le courage de dénoncer ce qui nous semble injuste quand la loi du monde déraille, pour redire ce qui est juste par rapport à ton amour, même quand le plus grand nombre dit l’inverse.
Donne-nous d’aimer encore et toujours ce monde qui est le nôtre, si violent, afin que nous apportions, si peu que ce soit, la douceur de ta paix. (Agnès Adeline)

Et nous rassemblons toutes nos prières dans celle que Jésus a enseigné à ses disciples :
 
Notre Père
Notre Père, qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles, amen.

Bénédiction 
Recevons la bénédiction de la part du Seigneur :
Mon frère, ma sœur, mon ami,
Que l’Eternel te bénisse et te garde !
Que l’Eternel fasse rayonner sur toi son regard et t'accorde sa grâce !
Que l’Eternel porte sur toi son regard et te donne la paix !
Amen

Répons : bénis Ô Dieu nos routes
Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi. 

Orgue

Paroles des chants du dimanche 22 octobre 2023

Psaume : Psautier français n°86 « A mon cri prête l’oreille », strophes 1 à 4

[Cliquer ici pour l'écouter par Jean-Dominique Pasquet à l'orgue de l'Oratoire du Louvre]

Strophe 1
A mon cri prête l’oreille
Dans ta bonté sans pareille.
Je suis faible et malheureux :
Viens à mon aide ô mon Dieu !
Que ta grâce renouvelle,
Dans l’esprit de ton fidèle,
Le désir de te chercher,
Et la joie de te trouver.

Strophe 2
Ton pardon et ta patience,
Ton amour en abondance,
Qui t’invoque les reçoit :
Nul ne donne comme toi.
Les nations que tu as faites,
Verront les œuvres parfaites
Toutes se rassembleront
Et leurs mains te serviront.

Strophe 3
Sur la route où tu me guides,
Rends mon esprit plus avide,
De savoir ta vérité
De marcher dans sa clarté.
Seigneur, quel amour t’anime,
Que du plus profond abîme
Tu sois venu me tirer !
O mon Dieu, je te louerai !

Strophe 4
Vois l’orgueil et la violence
Contre moi faire alliance
Et redoubler leurs efforts
Pour montrer que tu es mort.
Viens donc, Seigneur admirable,
Bienveillant et secourable,
Et qu’un signe en ma faveur
Révèle ton bras sauveur !

Choral n°45 (Alléluia 45-01) « Ta volonté, Seigneur mon Dieu », Strophes 1 à 3.

Strophe 1
Ta volonté, Seigneur mon Dieu,
Deviendra ma sagesse.
Fais-moi vouloir ce que tu veux
Pour y voir ta promesse.
Je chercherai ta volonté.
Si ton regard m’éclaire,
Je verrai, Dieu de vérité,
L’ombre de ton mystère.

Strophe 2
Enseigne-moi à discerner
Dans la joie et la peine
Le chemin où tu veux mener
Tout homme que tu aimes.

Comme tu viens me rencontrer
Et comme tu m’écoutes,
Que je sache aussi m’approcher
Des autres sur leur route.

Strophe 3
C’est mon bonheur que de chanter
Que ta joie est profonde
Quand je comprends ta volonté
Pour moi et pour le monde.
Jésus demeure parmi nous,
Il a notre visage ;
Je vois en chacun d’entre nous
L’attente de sa grâce.

Cantique : Louange et Prière n°216 « Seigneur que ton règne adorable », Strophes 1 à 3

1 - Seigneur que ton règne adorable
S’affermisse enfin parmi nous,
Ce règne à nul autre semblable
Qu’on ne peut hâter qu’à genoux,
Règne auquel ton Esprit incline
Par l’attrait puissant de ta voix,
Règne où la force qui domine,
C’est ton amour, ô Roi des Rois !

2 - S’il est d’abord sans apparence,
S’il ne grandit que lentement,
Telle à nos yeux est la semence
Qu’apporte ou que chasse le vent.

Mais, ô Dieu ! Tu la vivifies :
Voici l’arbre aux puissants rameaux ;
Et sous ses branches agrandies
S’abritent les nids des oiseaux.

3 - Ô Roi que le monde désire,
Qu’il désire et ne connaît pas,
Étends au loin l’heureux empire,
Que tu veux fonder ici-bas !
Qu’il soit vaste autant que la terre,
Qu’il soit pur autant que les cieux,
Et que partout, ô notre Père,
Il rende ton nom glorieux !

Lecture de la Bible

Évangile selon Matthieu, chapitre 22, versets 15 à 22 [NBS]

L'impôt dû à César

15 Alors les pharisiens allèrent tenir conseil sur les moyens de le prendre au piège en parole. 
16 Ils envoient leurs disciples, avec les Hérodiens, pour lui dire : Maître, nous savons que tu es franc et que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans te soucier de personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des gens. 
17 Dis-nous donc ce que tu en penses : est-il permis ou non de payer la capitation à César ? 
18 Mais Jésus, qui connaissait leurs mauvaises intentions, répondit : Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve, hypocrites ? 
19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie la capitation. Ils lui présentèrent un denier. 
20 Il leur demande : De qui sont cette image et cette inscription ? 
21  De César, lui répondent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. 
22 Étonnés de ce qu'ils avaient entendu, ils le laissèrent et s'en allèrent.


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