La conversion du cœur

Psaume 131 , Romains 2:25-29

Culte du 23 juin 2024
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

23 juin 2024
850ème jour de la guerre en Ukraine
« La conversion du cœur »

Culte présidé par la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Baptêmes de Evan et Stéphane
Culte accompagné à l'orgue par David Cassan, organiste co-titulaire

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Orgue

Annonce de la grâce
la grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus notre frère.

Accueil
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue ce matin au temple de l’Oratoire du Louvre pour la fête des Rameaux. Vous toutes et tous qui êtes ici, mais aussi vous tous qui êtes au loin et qui partagez ce culte avec nous sur internet.

Réunissons-nous dans la communion fraternelle avec le 1er répons.

Chant spontané : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » [cliquer ici]

Louange
Louons Dieu avec le Psaume 19

1 Au chef de chœur. Psaume de David.
2 Les cieux racontent la gloire de Dieu,
   Et l'étendue céleste annonce l'œuvre de ses mains.
3 Le jour en donne instruction au jour,
   La nuit en donne connaissance à la nuit.
4 Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles,
   Leur voix n'est pas entendue. 
5 Leur trace apparaît sur toute la terre,
   Leurs accents vont aux extrémités du monde,
   Où il a placé une tente pour le soleil.
6 Et celui-ci, semblable à un époux qui sort de sa chambre,
   Se réjouit, comme un héros, de parcourir sa route ;
7 Il s'élance d'une extrémité du ciel
   Et achève sa course à l'autre extrémité,
   Rien ne se dérobe à sa chaleur.
8 La loi de l'Éternel est parfaite, elle restaure l'âme ;
   Le témoignage de l'Éternel est véridique, il rend sage le simple. 
9 Les ordres de l'Éternel sont droits, ils réjouissent le cœur ;
   Le commandement de l'Éternel est limpide, il éclaire les yeux.
10 La crainte de l'Éternel est pure, elle subsiste à toujours ;
    Les ordonnances de l'Éternel sont vraies, elles sont toutes justes,
11 Plus précieuses que l'or, même que beaucoup d'or fin ;
    Plus douces que le miel, même que le miel qui coule des rayons.
12 Ton serviteur aussi en est averti,
    Pour qui les observe l'avantage est grand. 
13 Qui connaît ses fautes involontaires ?
    Pardonne-moi ce qui m'est caché.
14 Préserve aussi ton serviteur des présomptueux ;
    Qu'ils ne dominent pas sur moi !
    Alors je serai intègre, innocent de péché grave.
15 Reçois favorablement les paroles de ma bouche
    Et la méditation de mon cœur en ta présence,
    O Éternel, mon rocher et mon rédempteur !

Cantique de Louange : Le Psautier Français n°8 « Ton nom Seigneur est un nom magnifique », strophes 1 à 4 [cliquer ici]

Voici la volonté de Jésus-Christ pour son Église :
« Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre.
Allez de toutes les nations faites des disciples.
Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai enseigné.
Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Chant spontané : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » [cliquer ici]
 
Repentance :
Heureux l’homme qui ne suit pas les projets des méchants, qui ne s’arrête pas sur le chemin des pêcheurs, et qui ne s’assied pas parmi les insolents, mais qui trouve son plaisir dans la loi du Seigneur, et qui relit sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre planté près des canaux d’eau vive qui donne du fruit en son temps. (Psaume 1:1)

Chant spontané : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix » [cliquer ici]

Annonce du pardon :
L’Éternel nous aime et nous dit : « Tu es ma fille et mon fils bien aimé, en toi j’ai mis ma joie »

Chant spontané : « Combien grande est ta gloire » [cliquer ici]

Liturgie du Baptême

Instruction

Chers amis, vous allez être baptisés au nom du Père qui vous donne le souffle de vie.
au nom du Fils, Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous et qui, dans la foi, vous appelle à son service.
Vous allez être baptisés au nom du Saint-Esprit qui a fait naître en votre coeur, la foi, l’espérance et l’amour.
L’eau qui est ici est de l’eau ordinaire, qui aurait pu servir à donner à boire à un ami, à laver les mains d’un enfant, à faire pousser une plante, mais avec la Parole de Dieu, cette eau devient l’eau du sacrement du baptême, eau d’une nouvelle naissance avec Dieu.
Chaque jour notre baptême nous rappelle que nous dépendons de Dieu seul et qu’ensemble nous vivons de son amour.

Accueil d’Evan :
Evan tu as demandé le baptême.
Avec tes témoins, merci de t’approcher..
Evan, est-ce par une démarche de foi que tu demandes le baptême ?
     Oui.
Alors je t’invite à confesser ta foi devant Dieu et devant cette assemblée :
 
Confession de foi d’Evan

Je ne saurais pas bien dire comment je crois en Dieu.
J'ai longtemps ressenti le manque de Dieu, un Désir très fort de croire, de lire sa Parole, sans jamais parvenir à combler ce désir. J'avais envie de croire en Dieu sans y parvenir. Je regardais et écoutais ceux qui semblaient vivre cette relation au divin avec envie, avec peut-être même jalousie...
Et puis je suis arrivé ici, à l'Oratoire . Je suis arrivé ici avec cette frustration de ne pas réussir à « bien croire » et les premiers mots que j'ai entendus ont été : « Peu importe comment les autres croient en Dieu. L'important est ce que tu comprends, toi, de sa parole, de comment tu la questionnes et de comment tu la vis ».

Votre accueil et votre écoute m'ont converti comme aucun dogme, aucun discours n'auraient pu le faire. Ils m'ont converti en m'incitant à m'interroger sur mon rapport à la Parole de Dieu.
Cette parole qui petit à petit s'infiltre en moi me fait réaliser tous les jours un peu plus que le lien à l'autre est au centre de ma vie. Qu'il soit facile, évident, ou au contraire laborieux, c'est par ce lien que ma vie se construit jour après jour, qu'elle prend sens.

Je crois donc en celui qui a prêché ce souci de l'autre avec tant d'insistance, de Nazareth à Jérusalem.
Cet homme qui a su mettre en lumière nos incohérences mais toujours avec douceur et intelligence. Je crois en cet Homme et j'aime cet Homme, profondément.
Je crois aussi en son Esprit.
Je me rends compte que ma vie n'a cessé de me montrer son existence, son influence.
J'ai eu des chances incroyables : cette famille, cette compagne, ces amis, cet enfant à venir, ce métier que j'aime tellement.
Des échecs aussi, nombreux mais qui, mis bout à bout, m'ont montré la voix à suivre en m'évitant les chemins qui ne me correspondaient pas. Pas des échecs donc, mais des aides précieuses.
Si je ne sais pas bien expliquer aujourd'hui comment je crois en Dieu je sais pourtant qu'il est là, avec moi, avec nous. Qu'il nous parle et nous conseille à chaque instant.
Je frappe donc aujourd'hui une nouvelle fois à votre porte, vous m'ouvrez et je sais que je suis à la maison.
Amen

Baptême :
J’invite l’assemblée à ce lever pour être témoin du baptême d’Evan.
Evan. Je te baptise au nom du père, du fils et du saint-esprit.
 
Imposition des mains :
Pour toi aussi Evan cette parole est vraie : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».
 
Accueil de Stéphane :
Stéphane tu as demandé le baptême.
Avec tes témoins, merci de t’approcher..
Stéphane, est-ce par une démarche de foi que tu demandes le baptême ?
     Oui.
Alors je t’invite à confesser ta foi devant Dieu et devant cette assemblée :

Confession de foi de Stéphane Bomel

Si je fais un retour sur ces 49 dernières années, je pourrais dire que :
• J’ai toujours beaucoup douté, je crois même que c’est une seconde nature chez moi,
• J’ai surtout douté de l’utilité de croire, savoir c’était bien mieux !!
• Et puis j’ai finalement aussi commencé à douter de la pertinence de cette affirmation
Je pourrais rajouter aussi que :
• N’étant pas baptisé j’ai très peu fréquenté de lieux de culte mais que j’ai toujours et en tout lieu visité églises, cathédrales et temples divers et variés,
• J’ai toujours été allergique aux dogmes et farouchement attaché à ma liberté.
Si je fais un retour sur ces 49 dernières années enfin, je dois impérativement m’arrêter sur le Mercredi 17 avril 2019 à 10h30 en l’église réformée de Neuilly-sur-Seine. Nous y avons accompagné notre ami Matthieu dans son dernier voyage. Bien triste cérémonie (le mot est faible) mais discours lumineux du Pasteur.
Ce discours a nettoyé la vitre qui existait entre la foi et moi.
Je crois que ce jour-là j’en ai eu assez de ne plus croire ou plus exactement j’ai eu envie de croire, de continuer à essayer de savoir certes mais que cela allait être cela désormais ma liberté.
Et dans cette belle liberté de conscience qui m’est donnée : j’affirme devant vous que mon choix est fait.

Je souhaite que Jésus-Christ devienne mon Seigneur et je vous le dis parce que je le ressens : il est déjà mon frère. Ce frère que je souhaite désormais trouver sur mon chemin.
Je reçois aujourd’hui la bonne nouvelle de Jésus Christ.
Je reçois cette bonne nouvelle de l’amour inconditionnel. Cet amour sans conditions je le ressens : il me rend fort, il me rend confiant.
Je reçois cette bonne nouvelle de l’amour donné à tous. Cet amour, il est exemplaire et il rend libre. Il rend libre de faire le pari de l’amour de son prochain quel qu’il soit et d’accomplir ainsi notre premier devoir envers l’humanité.
Aujourd’hui, je suis prêt à commencer ce long voyage avec vous à l’Oratoire du Louvre et je pense que vous n’imaginez pas à quel point cela me remplit de joie.
Amen.

Baptême de Stéphane
Stéphane, Je te baptise au nom du père, du fils et du saint-esprit.

Imposition des mains
Pour toi aussi Stéphane cette parole est vraie : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».
 
Mots de Stéphane
Quelques mots en guise de remerciements :

Un grand merci à notre Pasteure Béatrice pour la simplicité, la chaleur et l’intelligence de nos échanges au cours de ces derniers mois.
Un grand merci à l’Oratoire pour m’avoir permis de m’y sentir si à l’aise, si vite. Merci de m’avoir permis de quitter si rapidement ce dernier rang où je me cachais de peur d’être interrogé devant tout le monde. Merci aussi de m’avoir donné envie de me présenter devant vous aujourd’hui: au premier rang donc.
Un grand merci Hadrien, Mandy, Victor, Jocelyne, Charles, Samantha, Paula et Vincent de m’accompagner en ce jour.
Un très grand merci à mes deux témoins Laurent et Billy (le correspondant allemand de mes 13 ans). On se connait depuis toujours maintenant et je suis tellement heureux de vous voir tous les deux à mes côtés aujourd’hui. Les allemands ont un terme que j’adore pour décrire ce qui va au-delà de l’amitié, ils parlent de frères de vie / Lebensbrüder. Vous êtes mes frères de vie et c’est une très grande chance.
Une pensée enfin pour ma grand-mère Hélène adorée, catholique à sa façon, une pensée pour sa folie, son amour et son sens de la formule. Dieu vomit les tièdes nous répétait-elle sans cesse. Avec toi grand-mère nous aurons été servis.

Exhortation à l’assemblée

Frères et sœurs, voici Evan et Stéphane
Par ce baptême, nous attestons qu’ils sont enfants de Dieu.
Ils sont ici chez eux vous êtes leur famille spirituelle.
Vous leur accorderez, ainsi qu’à leur famille, le soutien de votre prière.
Aucune contrainte ne les retiendra dans la communauté chrétienne mais si ils venaient à s’en séparer, vous affirmerez qu’ils peuvent toujours y retrouver leur place. Vous serez ainsi pour eux, des témoins de l’amour inconditionnel de Dieu.

Cantique : Louange et Prière n°204 « Seigneur dirige et sanctifie », strophes 1 et 2 [cliquer ici]

Lecture de la Bible :
 
Psaume 131
1 Cantique des montées. De David.
   Éternel ! je n'ai ni un cœur arrogant, ni des regards hautains ;
   Je ne m'engage pas dans des questions
   Trop grandes et trop merveilleuses pour moi.
2 Loin de là, j'ai imposé le calme et le silence à mon âme,
   Comme un enfant sevré auprès de sa mère ;
  Mon âme est en moi comme un enfant sevré.
3 Israël, attends-toi à l'Éternel,
   Dès maintenant et à toujours !

Lettre de Paul aux Romains 2 : 25-29
25 Sans doute, la circoncision est utile si tu pratiques la Loi ; mais si tu transgresses la Loi, malgré ta circoncision tu es devenu non-circoncis.
26 À l’inverse si le non-circoncis garde les préceptes de la Loi, ne sera-t-il pas considéré comme s’il était circoncis ?
27 Celui qui n’est pas circoncis dans son corps mais qui accomplit la Loi te jugera, toi qui transgresses la Loi tout en ayant la lettre de la Loi et la circoncision.
28 Ce n’est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ce n’est pas la marque visible dans la chair qui fait la circoncision ;
29 mais c’est ce qui est caché qui fait le Juif : sa circoncision est celle du cœur, selon l’Esprit et non selon la lettre, et sa louange ne vient pas des hommes, mais de Dieu.

Psaume : Le Psautier Français n°23 « Dieu mon berger me conduit et me garde », strophes 1 à 3 [cliquer ici}
 
Prière d'illumination : ...

Jeu d’orgue

Prédication : La conversion du cœur

            Les deux baptêmes de ce matin nous conduisent dans l’univers du judaïsme et de ses rites.
         La circoncision d’abord, dont Paul parle en abondance comme si elle devenait le lieu de cristallisation de tous les problèmes que pose la conversion dans les nouvelles communautés chrétiennes ; le pèlerinage ensuite, qui nous a donné, parmi les plus beaux Psaumes, ceux qu’on appelle les Psaumes des montées et qui marquent le moment où les pèlerins, revenus vers Jérusalem, gravissaient les degrés des grands escaliers du temple pour aller offrir des sacrifices.
            Dans le Livre de l’Exode (23 : 14-17), on trouve le commandement suivant : « Trois fois par année, tu célébreras des fêtes en Mon honneur. (…) Trois fois par année, tous les mâles se présenteront devant le Seigneur, l’Éternel. ». Les trois fêtes qui sont l’occasion de revenir en pèlerinage à Jérusalem sont : Pessa’h, la Pâque, fête de la libération du peuple ; Chavouot (fête de la Moisson et du don de la Loi) et Soukkot (fête des Cabanes) qui rappelle une étape de l’Exode.
            Ces pèlerinages ont eu lieu jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem en 70 par l’Empereur Titus. Après la destruction, c’est en diaspora, dans cet exil forcé, que le souvenir de ces pèlerinages sera évoqué et la pratique du culte dans la synagogue va faire de la lecture des textes relatifs aux fêtes, le point d’orgue des liturgies. Nous avons hérité de cette pratique de nos frères et sœurs juives, puisque nous faisons de la lecture de la Bible et son commentaire le point central de notre liturgie chaque dimanche. D’ailleurs, nous avons aussi hérité d’eux la pratique du pèlerinage puisque, dès la deuxième moitié du second siècle de notre ère, les disciples du Christ qu’on appelle déjà les chrétiens, vont commencer à se rendre sur les lieux où les événements importants de la vie de Jésus ont eu lieu.
            Tout cela est donc affaire de chemin, de cheminement même. Entre exil primordial et retour vers le lieu de la foi, le pèlerin parcourt les lieux de sa propre vie, les lieux de la vie d’une communauté tout entière, les lieux de la vie de ses inspirateurs, pour exercer un effort réflexif qui l’oblige à réinterpréter son itinéraire spirituel et existentiel. Vous me direz, sans doute que, chez les protestants, il n’est point de pratiques ainsi superstitieuses. Pourtant, cette pratique, à l’origine, ne s’appuie pas sur une superstition, mais bien sur une expérience de la foi vécue comme un voyage : l’expérience d’un déracinement, d’un exil, qui nécessite de revenir, de refaire le chemin pour retrouver et réinterpréter les événements et leur signification.
            Toutes les grandes religions ont des pèlerinages qui donnent lieu à des déplacements massifs vers des lieux identifiés symboliquement ou historiquement comme des lieux fondateurs pour la foi.
            Et le protestant lui-même n’y échappe pas, quand, un dimanche de septembre, le même chaque année, il vient en un certain lieu des Cévennes, près d’un mas typique d’une époque de son histoire, pour retrouver ses coreligionnaires de l’Europe entière et chanter des cantiques sous les chênes qui deviennent symboliquement des châtaigniers dans l’imaginaire collectif. Le rassemblement du premier dimanche de septembre à Mialet dans les Cévennes n’est pas un meeting pour que les protestants se retrouvent. Dans ce rassemblement, les Huguenots d’Europe se comptent aussi comme des rescapés des guerres de religions, et revisitent leur histoire pour réinterpréter leur foi actuelle. C’est là aussi l’histoire d’un exil et d’un retour sur les lieux d’une histoire commune.
            Le pèlerinage fait récit. Et il est troublant de constater que le nombre des protestants qui ont véritablement un ancêtre huguenot n’est sans doute pas plus élevé dans ce rassemblement protestant, que dans nos communautés composées de personnes ayant une ascendance protestante ou pas, et sans doute majoritairement aujourd’hui de personnes ne venant pas du protestantisme.  Le pèlerinage est aussi retour vers celui ou celle qu’on devient. Une sorte de « retour vers le futur ». Le pèlerinage fait aussi conversion.
            Mais alors, qu’en est-il de cet autre rite qu’est la circoncision ?
            Rite de passage et rite d’appartenance, cette coupure est symbole d’alliance dans le judaïsme et la Genèse raconte la circoncision du pèlerin le plus connu de la Bible, sans doute : Abraham. La circoncision est donc liée à la foi du père de tous les croyants, qui, alors qu’il offre son prépuce à Dieu, reçoit une nouvelle identité et une vocation universaliste en changeant de nom : Abram devient Abraham, père des croyants. On comprend que Paul se trouve particulièrement confronté à ce rite dans la constitution de ses nouvelles communautés de foi. Alors que le pèlerinage est chemin vers soi, à travers le chemin vers Dieu, la circoncision est une sotte d’abandon de soi et de don d’une identité. Il ne s’agit pas ici de faire, d’effectuer un rite pour Dieu, pour soi ou pour une communauté ; il s’agit d’être "de Dieu" ou de la communauté et de renoncer à une individualité qui ne se comprendrait pas comme partie d’un tout.
            La circoncision ne fait pas conversion, elle fait alliance. Elle s’inscrit dans un registre d’allégeance envers Dieu qui ne place pas le fidèle dans la même situation que le pèlerin qui retrace symboliquement une histoire, une tradition. Si le pèlerinage convertit, la circoncision transforme substantiellement le croyant qui appartient alors à Dieu.
            Paul explique alors, devant les Juifs des communautés chrétiennes naissantes, que le rite identitaire, inscrit dans la chair et voulu par Dieu pour qu’Abram fasse alliance avec Dieu et devienne Abraham, n’est plus accordé avec le désir universaliste que la foi en Christ suscite.
            C’est une véritable révolution qui nécessite une vraie conversion. Non pas que l’alliance soit moins importante que la conversion, mais il s’agit là d’un changement profond de culture. Il faut que les circoncis deviennent pèlerins de leur propre chemin vers Dieu, comme des Abram avant Abraham ? Comme des chercheurs toujours en chemin et qui continueraient à retrouver ce que le Christ est venu semer sur le chemin.
            Aujourd’hui, nous avons eu le bonheur de marcher ensemble avec deux pèlerins qui ont rejoint une route sur laquelle nous faisons communauté : celle d’une foi libre, inclusive, c’est-à-dire qui ne demande pas au pèlerin de changer d’identité pour avoir le droit d’être de Dieu, mais qui inclut dans sa communauté spirituelle toutes celles et ceux qui veulent faire un bout de chemin ensemble au nom de Dieu.
            Le point d’étape qu’est le baptême sur ce chemin est essentiel et pourtant il n’est pas obligatoire pour rejoindre ce peuple qui refait le chemin de l’exil en sens inverse.
            Peut-être est-ce dû à son origine purificatrice et temporaire comme le pratiquait Jean le Baptiste au Jourdain ; peut-être est-ce dû aussi à son symbole, celui de l’eau, qui ne peut-être absolu, puisque nous aurons chaque jour de notre vie besoin d’eau et qu’il ne s’agit pas d’une chose qu’on donne une fois pour toutes. Matière vitale de l’être humain, l’eau est à redonner sans cesse.
            Pourtant, c’est aujourd’hui que Evan et Stéphane ont été baptisés. C’est un jour unique. Et ces baptêmes ne se referont plus.
            Entre éternité et événement, le baptême marque à la fois un moment inaugural et une sorte d’installation dans l’éternité. Peut-être est-ce parce un jour vaut mille ans et que mille ans valent un jour aux yeux de Dieu, comme le dit la Bible.
            Entre le Psaume 131 qui évoque le repos de l’âme trouvé dans la foi (« Mon âme est en moi comme un enfant sevré ») et la circoncision du coeur « selon l’Esprit et non selon la lettre » dont parle Paul, se dessine un même chemin qui a conduit deux vies à se relire elles-mêmes et à trouver, chacune, sa propre demeure.
Aller et demeurer.
            Tels sont les deux mouvements des pèlerins de la foi qui s’aventurent à la suite d’un maître qui leur enseigne comment retourner à son origine divine et comment la faire exister au fil des jours profanes de l’existence.
            C’est une décision difficile à prendre : comment savoir que c’est maintenant, et pas il y a dix ans avant ou dix ans après ? Pourquoi, sur la route, est-ce à ce point du temps que se fait ce rite ? Peut-être que seul le cœur sait quand il est arrivé chez lui ?
            Comme le disent si souvent les nouveaux convertis : « j’ai eu le sentiment d’être arrivé à la maison ».
            Alors que j’étais gentiment invitée aux assises catholiques du catéchuménat, on m’a demandé ce que nous avions comme parcours pour arriver jusqu’au baptême, bref, quel était le catéchuménat protestant ?
            Alors, je me suis aperçue que, lorsque de nouvelles personnes arrivent et cheminent vers un baptême, c’est la communauté tout entière qui fait son catéchuménat, en accueillant, en écoutant de nouvelles façons de croire et de dire sa foi. Aujourd’hui, notre communauté tout entière a changé, parce que la confiance de deux nouveaux baptisés est venue lui redire le sens de son chemin, l’obliger à refaire récit commun : nos églises ont besoin de se convertir constamment, et, aujourd’hui encore, la foi de ces pèlerins qui nous ont rejoints sur la route, comme Jésus vint rejoindre les deux hommes qui marchaient vers Emmaüs, est venue nous redire comment l’amour de Dieu est à l’œuvre dans le cœur des hommes. Toujours en exil, aujourd’hui grâce à vous deux, nos cœurs reviennent là où notre foi demeure.      AMEN.


Jeu d’orgue
 
Psaume : Le Psautier Français n°72 Revêts Seigneur de ta justice, strophes 1 à 3 [cliquer ici]

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Collecte
Musique : Orgue
 
Prière d’intercession : ...
 
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse  pas entrer en  tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. AMEN

Bénédiction
Frères et sœurs, allez annoncer l’Évangile dans ce monde, allez proclamer sa grâce.

Recevons la bénédiction de Dieu :
Le Seigneur nous bénit et nous dit : « tu es ma fille et mon fils bien aimé, en toi j’ai mis ma joie »

Chant spontané : « Confie à Dieu ta route » [cliquer ici]

Jeu d’orgue.
Sortie

Paroles des chants du Culte du 23 juin 2024

Psaume : Psautier Français n°8 « Ton nom Seigneur est un nom magnifique », strophes 1 à 4


Strophe 1
Ton nom, Seigneur, est un nom magnifique,
Sans fin la terre en reprend le cantique ;
Elle répond de toute sa beauté
A la splendeur du ciel illuminé.

Strophe 2.
Mais tu choisis la louange parfaite,
Des plus petits, des enfants qu’on allaite
Pour révéler le secret de ton nom ;
Ainsi leur voix à l’orgueilleux répond.

Strophe 3
J’ai vu ta main peupler le ciel immense
De tant de feux qui tournent en silence
Et j’ai pensé : cet homme si petit,
Qu’est-il, grand Dieu, que tu en aies souci ?

Strophe 4
Presque élevé à la grandeur divine,
Puisque sur terre il gouverne et domine,
Tu l'as de gloire et d'honneur couronné,
Tu as placé toutes choses à ses pieds.

Strophe 5
Tous les troupeaux qui vont aux pâturages,
Dans la forêt les animaux sauvages,
Tous les oiseaux qui volent dans les airs,
Tous les poissons sur les chemins des mers.


Strophe 6
Ton nom, Seigneur, est un nom magnifique,
Sans fin la terre en reprend le cantique.
Le Fils de l'homme en son humilité
En fait partout resplendir la beauté.

Cantique : Louange et Prière n°204 « Seigneur, dirige et sanctifie », Strophes 1 et 2

Écouter l'enregistrement en cliquant ici

Strophe 1
Seigneur, dirige et sanctifie
Toute la vie
De ces enfants.
Que ta lumière
Sur leur carrière
Brille en tout temps !
Que, sous ta garde et sous tes ailes,
Ils soient fidèles,
Forts et constants !

Strophe 2
Soumets leur âme à l’Évangile,
Au joug facile,
Plein de douceur.
Fais-leur entendre
L’appel si tendre
De leur Sauveur.
Que, pour répondre à sa promesse,
Ils aient sans cesse
Le même cœur !

Psaume : Le Psautier français n°23 « Dieu, mon berger, me conduit et me garde », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Dieu mon berger me conduit et me garde,
J’entends sa voix et vers lui je regarde ;
Il me fait paitre en de verts pâturages,
Au long des eaux sous la paix des ombrages ;
Et pour qu’en moi son amour s’accomplisse,
Il me conduit aux sentiers de justice.

Strophe 2
Quand il faudra marcher dans la nuit sombre,
Quand de la mort je traverserai l’ombre,
Je n’aurai  point de peur en ma détresse
Car tu te tiens auprès de moi sans cesse ;
Même au travers de la vallée obscure
C‘est ton bâton mon Dieu qui me rassure.



Strophe 3
Tu viens dresser la table de la fête,
L’huile odorante a parfumé ma tête,
Un vin de joie en ma coupe déborde,
Nul n’ôtera ces biens que tu m’accordes.
Accompagné chaque jour,  d’heure en heure
Dans ta maison je ferai ma demeure.

Psaume : Le Psautier Français n°72 « Revêts Seigneur de ta justice », Strophes 1 à 3.

1 - Revêts, Seigneur, de ta justice
Le Prince de la paix
Et parmi nous qu’il établisse
Son royaume à jamais.
En lui, les plus humbles du peuple
Trouvent un défenseur,
Délivrant les fils de la veuve
Et brisant l’oppresseur.

2 - Qu’il règne sur toute la terre,
Sur tous les océans,
Tant que le soleil les éclaire
Jusqu’à la fin des temps.
Des sommets qu’il fasse descendre
La paix et la bonté,
Sur les coteaux qu’il vienne étendre
Le droit et l’équité.

3 - Comme l’ondée il renouvelle,
Il reverdit nos prés.
Il donne au droit vigueur nouvelle ;
Le monde en est paré.
Dans son royaume sans frontières
Les grands s‘inclineront ;
Et tous les peuples qu’il libère
En paix le serviront.

4 - Il est l’appui dans leur détresse
Des plus abandonnés.
Sa main guérit, son bras redresse
Le faible méprisé.
Il vient sauver dans son épreuve
L’esprit du malheureux ;
Plus que le sien, le sang du pauvre
A du prix à ses yeux.

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi 
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction 
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Lecture de la Bible

Psaume 131
1 Cantique des montées. De David.
   Éternel ! je n'ai ni un cœur arrogant, ni des regards hautains ;
   Je ne m'engage pas dans des questions
   Trop grandes et trop merveilleuses pour moi.
2 Loin de là, j'ai imposé le calme et le silence à mon âme,
   Comme un enfant sevré auprès de sa mère ;
  Mon âme est en moi comme un enfant sevré.
3 Israël, attends-toi à l'Éternel,
   Dès maintenant et à toujours !

Lettre de Paul aux Romains 2 : 25-29

25 Sans doute, la circoncision est utile si tu pratiques la Loi ; mais si tu transgresses la Loi, malgré ta circoncision tu es devenu non-circoncis.
26 À l’inverse si le non-circoncis garde les préceptes de la Loi, ne sera-t-il pas considéré comme s’il était circoncis ?
27 Celui qui n’est pas circoncis dans son corps mais qui accomplit la Loi te jugera, toi qui transgresses la Loi tout en ayant la lettre de la Loi et la circoncision.
28 Ce n’est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ce n’est pas la marque visible dans la chair qui fait la circoncision ;
29 mais c’est ce qui est caché qui fait le Juif : sa circoncision est celle du cœur, selon l’Esprit et non selon la lettre, et sa louange ne vient pas des hommes, mais de Dieu.

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