La Parole divulguée

Marc 1:40-45

Culte du 11 février 2024
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

11 février 2024
717ème jour de la guerre en Ukraine
« La guérison d'un lépreux ou la Parole divulguée »

Culte présidé par la pasteure Agnès Adeline Schaeffer.
Culte accompagné à l'orgue par Aurélien Peter, organiste suppléant

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Orgue

Salutation 

Mon frère, ma sœur, mon ami,
Toi qui es venu ce matin, prendre le temps d’écouter la Parole de Dieu, renouveler tes forces physiques et spirituelles, par le chant, la prière, rencontrer ton prochain au milieu de ton activité familiale ou de ton travail, sois sans crainte !
Le Seigneur est là, il t’appelle, il t’invite à l’écouter et à le recevoir ici et maintenant.

Amis, frères et sœurs,
La grâce et la paix vous sont données, ici et maintenant, de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ, son fis, notre sauveur et notre frère.

Accueil
Bienvenue à chacune et chacun pour ce temps de culte.
Soyez ici chez vous, dans cette maison où nous sommes rassemblés pour nous ouvrir à la présence de Dieu, à sa Parole par la lecture de la Bible et pour le célébrer par le chant et la prière.
Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le biais du site internet ou celui des réseaux sociaux. Nous sommes en communion les uns avec les autres, en particulier avec celles et ceux qui traversent un temps d’épreuves et d’incertitudes, un temps de peine et de solitude. Bienvenue et merci à Aurélien Peter, pour son accompagnement musical, à l’orgue ce matin.
 
Prière : 
Je vous invite à la prière :

Éternel, Dieu et Père,
Nous voici rassemblés à ton invitation.
Il y a parmi nous des autochtones et des étrangers,
des croyants et des peu croyants,
des fidèles et des occasionnels,
des habitués et des invités.
Mais tous,
Nous sommes des mendiants qui cherchons le pain.
Nous sommes des assoiffés qui cherchons la source. Nous sommes tous des enfants qui tendons les mains.
Nous sommes tous des guetteurs d’amour en quête de chemin.
Grâce te soit rendue, de nous accepter tels que nous sommes
et de nous accompagner tous les jours.  Amen.

Répons : Bénissons Dieu le seul Seigneur
Bénissons Dieu le seul Seigneur
Nous qu’il choisit pour serviteurs,
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

 
Louange
Psaume N°25 

1 De David.
   Vers toi, Éternel, j'élève mon âme.
2 Mon Dieu ! en toi je me confie : que je ne sois pas couvert de honte !
   Que mes ennemis n'exultent pas à mon sujet !
3 Tous ceux qui espèrent en toi ne seront pas dans la honte ;
   Ils seront dans la honte ceux qui, sans raison, sont des traîtres.
4 Éternel ! Fais-moi connaître tes chemins,
   Enseigne-moi tes voies.
5 Fais-moi cheminer dans ta vérité, et instruis-moi ;
   Car tu es le Dieu de mon salut,
   En toi, j'espère tous les jours.
6 Éternel ! Souviens-toi de tes compassions et de ta bienveillance,
   Car elles sont depuis toujours.
7 Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, ni de mes révoltes ;
   Souviens-toi de moi selon ta bienveillance,
   A cause de ta bonté, Éternel !

Psaume : Psautier français N°25 « A toi mon Dieu mon cœur monte  », strophes 1 à 4 [cliquer ici]
 
Volonté de Dieu

43 « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 
44 Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 
45 afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes 
[Matthieu 5:44]
 
Répons : Parle, parle Seigneur
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être
Et marcher dans ta route, et les jours et les nuits.

 
Confession du péché
Prions ensemble :

Dieu notre Père,
Par ta Parole, tu nous parles de nous-mêmes.
Comme un miroir, ta Parole révèle nos faiblesses. Nous désirons te suivre, marcher avec toi, mais nous cédons si vite au découragement, quand le vent nous est contraire.
Nous souhaitons t’écouter, mais nous ne te laissons pas parler. Bien vite, nous étouffons ta voix, sous la voix de nos interprétations, de nos certitudes, de nos évidences.
Nous voulons témoigner de ton amour, de ton accueil, mais nous montrons les dents, dès qu’on nous prend à parti, ou dès qu’on nous remet en cause.
Pourtant, tu es et tu restes celui qui nous parle, toujours et encore, celui qui nous nourrit, et nous soutient, même quand nous vacillons sous le poids de nos fragilités.
Viens encore nous relever, et nous manifester ta tendresse. Amen.
[Pasteure Nadine Py].
 
Répons : J’aime mon Dieu
J’aime mon Dieu, car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté il s’est tourné vers moi.

 
Déclaration du pardon
Pour accueillir le pardon que Dieu nous donne, je vous invite à vous lever :

Quand notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur.
Quand notre intelligence nous fait déraisonner, Dieu est plus grand que notre intelligence.
Écoutons la parole de l’apôtre :
« Elle est certainement digne de confiance, cette parole,
et mérite d’être pleinement accueillie par tous :
Christ Jésus est venu dans le monde
pour accueillir les pécheurs dont je suis le premier. » 
[1 Jean 3 : 20 à 23]
À chacun de nous
elle redit explicitement le pardon de Dieu
et ouvre le chemin d’une vie libre et responsable.
Allons dans la paix du Christ.
Amen.

Répons : Combien grande est ta gloire
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles.

 
Confession de foi

Pour le monde et pour moi, j’ai confiance en Jésus de Nazareth.
Il est le seul Sauveur et Maître.
Il a été l’homme véritable
Comme nul homme ne peut l’être par lui-même.
Il est mort sur une croix, pour les autres et pour le monde,
Comme pour moi.
Il est ressuscité.
Il est présent dans tous les hommes,
Et pour les servir il recrute son Église
Sans tenir compte de nos distinctions.
Il agit par les hommes dans l’histoire pour la mener à son but,
Un univers réconcilié dans l’amour.
Ainsi, je ne crois à la fatalité
Ni de la guerre,
Ni de la haine,
Ni de la catastrophe,
Ni de la mort,
Parce que je crois que Jésus libère l’homme
Pour des décisions libres.
Grâce à lui, ma vie a un sens. L’univers aussi.
Pour le monde et pour moi, j’espère en Jésus de Nazareth :
Il vient. 
[Michel Bouttier]
 
Répons : Grand Dieu, nous te bénissons
Grand Dieu, nous te bénissons,
Nous célébrons tes louanges,
Éternel nous t’exaltons
De concert avec les anges,
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi,
Nous t’adorons ô grand Roi !

 
Doxologie : Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, d’éternité en éternité !
 
Lecture biblique [cliquer ici]
Évangile selon Marc 1, versets 40 à 46 (traduction la Colombe)

40 Un lépreux vint à lui et, se jetant à genoux, il lui dit d'un ton suppliant : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. 
41 Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur. 
42 Aussitôt la lèpre le quitta, et il fut purifié. 
43 Jésus le renvoya aussitôt avec de sévères recommandations, 
44 et lui dit : Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au sacrificateur, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit, 
45 afin que cela leur serve de témoignage. 
46 Mais cet homme, une fois parti, se mit à publier hautement la nouvelle et à la colporter, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville. Il se tenait dehors, dans les lieux déserts, et l'on venait à lui de toutes parts.

Choral n°33 / Alléluia n° 41/03 « Dieu des louanges », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d’illumination

Éternel, Dieu de la vie,
Merci pour ta Parole, qui nous rejoins exactement là où nous sommes,
Avec nos interrogations,
Avec nos angoisses,
Avec tout ce qui nous enferme, d’une façon ou d’une autre.
Merci pour ta Parole qui nous porte, quand nous nous découvrons démunis,
Qui nous accompagne, quand nous nous sentons seuls,
Qui nous console quand nous sommes dans le chagrin,
Qui nous relève, quand nous sommes tombés à terre.
Donne ton souffle, ici et maintenant, à celles et ceux qui parlent,
Comme à celles et ceux qui écoutent.
Que ta Parole trace son chemin, en chacun et chacune de nous. Amen. 
[Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer]
 
Orgue

Prédication : La guérison d'un lépreux ou la Parole divulguée

Amis, frères et sœurs,

C’est un récit proprement renversant que nous venons d’entendre, et qui est proposé à notre méditation, ce dimanche. Et c’est de contagion dont il est question dans notre texte de ce matin. Et pour bien le comprendre, et surtout exprimer le sentiment de malaise qui s’en dégage, il faut juste se rappeler ce que veulent dire les mots pur et impur dans le contexte de Jésus.

Dans le livre du Lévitique, les chapitres 11 à 15 sont consacrés aux usages fixés par le code de pureté, concernant les maladies contagieuses et tout ce qui a un rapport avec le sang. Une personne atteinte d’une maladie contagieuse est déclarée impure. Son impureté est non seulement une réalité médicale, mais aussi, et surtout, une réalité sociale et religieuse. La personne est coupée de sa relation avec les autres membres de sa famille et exclue de la vie sociale et de la pratique religieuse. Cette personne est mise en quarantaine jusqu’à sa guérison, si toutefois elle guérissait.  Et toute personne qui touche un lépreux devient impure et doit se mettre à l’écart à son tour.  C’est pourquoi les personnes lépreuses avaient le devoir de prévenir de leur maladie, afin de ne mettre personne en danger d’exclusion.  Si la personne constate une amélioration, voire une guérison, il y a alors un rituel avec divers sacrifices pour signifier la fin de l’impureté. Le prêtre constate que les signes de l’impureté ont disparu et ratifie rituellement la réintégration de la personne dans la communauté sociale et religieuse.  Ce n’est donc pas seulement une guérison, au sens médical du terme, mais une réhabilitation de la personne qui retrouve ainsi toutes ses prérogatives de membre du peuple.
 

En sachant cela, on voit maintenant combien le récit que nous venons d’entendre est placé sous le signe du malaise !  Un lépreux s’approche de Jésus sans prendre de précaution, il transgresse le code de pureté alors en vigueur à l’époque de Jésus. Là, il se met à genoux devant Jésus et l’implore. Ensuite, remarquons comment il formule sa demande à Jésus. Il lui dit : « si tu le veux, tu peux me rendre pur ». Non seulement le lépreux transgresse la loi, en ne maintenant pas la distance physique requise entre Jésus et lui, et dans ce cas, il fait courir à Jésus le risque de devenir impur à son tour, et en plus, il lui laisse le choix : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur », lui conférant ainsi une toute-puissance qui rappelle une parole de la tentation de Jésus au désert, lorsque le tentateur lui dit « si tu veux, tu peux transformer ces pierres en pain, puisque tu as faim ». (Matthieu 4 : 1-4). Dilemme ! Si Jésus accède à sa demande, alors, lui, Jésus, en le touchant, deviendra impur, par choix, et non pas par accident. C’est un renversement de situation, propre à l’Évangile, dans laquelle l’impur devient pur et le pur devient impur.

Tout de suite, le texte nous dit que Jésus fut pris de pitié, avec ce mot si particulier, qui n’est employé que dans le grec biblique pour désigner combien Jésus est saisi aux tripes, aux entrailles. Jésus réagit avec sa chair, avec ce qu’il y a de plus intime humainement, puisque ce mot en grec désigne aussi la matrice, l’utérus de la femme. Il s’agit des entrailles ou du cœur, et par extension, de la tendresse et de la compassion. Mais ce n’est pas une compassion de pacotille ou de bonne conscience. On se souvient que, déjà en hébreu, les entrailles, le cœur, ce sont non seulement la source des sentiments mais aussi le siège de la volonté et de la décision. C’est aussi l’endroit de la miséricorde de Dieu, le lieu de sa tendresse, ce que nous appelons aussi le sein maternel. La miséricorde de Dieu c’est aussi son amour sans restriction, père et mère à la fois. Alors tout irait bien dans ce texte s’il n’y avait pas une incertitude qui plane. En effet, le texte de ce matin a posé et continue de poser un problème aux exégètes de notre temps. Il a été trouvé plusieurs manuscrits de ce récit, et dans quelques-uns d’entre eux, ce n’est pas la compassion de Jésus qui est mise en avant, mais au contraire sa colère, au verset 41. Et cela change tout si on lit : « Jésus fut rempli de colère envers lui, il étendit la main, le toucha et lui déclara : je le veux, sois pur ! Et c’est la même chose pour le verset 43 : le verbe employé est traduit gentiment par « Jésus lui fit de sévères recommandations », alors que le verbe utilisé signifie l’irritation, la violence d’une émotion négative.

Et dans ce cas, on est face à une attitude de Jésus qui surprend et qui dérange. Si on imagine que Jésus a guéri en étant en colère, et non pas dans un élan de compassion généreuse envers son prochain, on s’éloigne d’une certaine conformité que l’on se fait du Christ. On veut toujours un Jésus tout lisse, tout beau, sans aspérité négative, alors qu’il nous faut sûrement faire avec une réalité encore plus proche de l’humanité de Jésus, avec, pourquoi pas, ses zones d’ombres ?  Nous savons bien pourtant que Jésus n’est pas forcément quelqu’un de commode. Sa colère existe. Reste à savoir contre qui ? Contre quoi ? Est-ce que cette colère est justifiée ? Reste à savoir aussi, comment nous, nous voulons la justifier. Rappelons-nous au passage que la colère est une des caractéristiques du Dieu du premier Testament et que ce n’est pas ce qui nous enchante le plus…

Ici Jésus est en colère, selon certains manuscrits, mais il accepte la demande du malade. On peut donc imaginer qu’il guérit le lépreux à contre cœur, ne serait-ce que parce qu’à son tour, Jésus sera contaminé et deviendra impur ensuite. C’est le paradoxe de notre texte.  Mais Jésus guérissant quelqu’un j’allais dire, en râlant, en renâclant, ce n’est pas très glamour, ou satisfaisant. Alors, peut-être la colère de Jésus n’est-elle pas dirigée contre la personne mais plutôt contre la maladie, ou alors, plutôt contre le rituel de la Loi de Moïse, incontournable, selon le Lévitique, qui a fait de cette personne un sous-homme, qui n’a pas même le droit d’aller au temple pour prier. Alors dans ce cas, la colère de Jésus peut mieux se comprendre, comme une indignation contre la dureté de la Loi, et la guérison qu’il opère permet vraiment à cet homme non seulement d’être guéri mais d’être réintégré dans la société et dans la vie religieuse. Ce faisant, Jésus lève une autre malédiction, celle que la maladie était une punition de Dieu, en conséquence d’un péché.  En le guérissant, Jésus lève une sorte de punition en agissant en quelque sorte à la place de Dieu lui-même.  On retrouvera cette même problématique juste au chapitre suivant, avec la guérison de l’homme paralysé où Jésus lui dira : « Tes péchés sont pardonnés », et aussi : lève-toi, prends ton lit et marche.  Jésus a-t-il le droit de pardonner les péchés ? Il n’y a que Dieu qui le puisse…La question est ouverte ! Et ce n’est qu’un début.

La dernière contradiction du texte réside dans les paroles même de Jésus au lépreux guéri. « Ne parle de cela à personne ».  Dans l’Évangile de Marc, c’est une constante. Ne rien dire, ne pas parler. C’est ce qu’on appelle le secret messianique. Et ce secret sera maintenu jusqu’à la croix. C’est à la croix que sera dévoilée la mission de Jésus, comme Christ, comme Messie. Jésus ne veut pas qu’on se méprenne sur lui. Il n’est pas seulement un guérisseur ou un exorciste. Il n’est pas là pour faire de la publicité…pour un produit miracle. Il est là pour changer les mentalités, et aussi changer le rapport de l’homme à Dieu…Cela ne peut pas se réduire à une guérison, fut-elle miraculeuse. « Va te montrer au prêtre pour faire attester ta guérison… Offre le sacrifice prescrit par la loi de Moïse comme preuve de ta guérison ». C’est à ce prix que l’homme, guéri, sera réintégré dans la société et dans la vie religieuse. Jésus ne veut pas qu’il se dérobe à la procédure de la loi sacerdotale décrite dans les chapitres du Lévitique. Ici, c’est la Loi qui aide l’homme à se réintégrer, il n’y a pas lieu de s’y opposer, bien au contraire. En même temps l’homme sera obligé de dire d’où provient cette guérison et Jésus devra assumer deux choses : d’avoir guéri un lépreux, et c’est le début des signes des temps messianiques, et aussi d’avoir touché un lépreux, et ainsi, d’être obligé de vivre à l’écart comme un lépreux, puisqu’il a lui-même transgressé le code de pureté.
 

La fin du récit est très intéressante. On apprend que le lépreux guéri ne tient pas sa langue !  Mais qui le pourrait à sa place ! On peut le comprendre !  Et on apprend que Jésus ne peut plus se montrer dans une ville, et qu’il reste en dehors dans les endroits isolés. La situation est ainsi totalement renversée. L’homme guéri devient celui qui proclame la Bonne Nouvelle, c’est le terme employé dans le texte grec. Il fait beaucoup mieux qu’une simple indiscrétion, ou qu’un simple bavardage. Il devient en quelque sorte prédicateur de cette bonne nouvelle de la guérison. On devrait pouvoir se réjouir, parce que finalement, c’est ce qui compte, que la Parole soit annoncée, proclamée.  Pourtant le texte grec emploie un verbe très spécial « diaphêmizô » : que l’on peut traduire par « divulguer ».  Ce qui créée un malaise. Ce terme est peu utilisé dans le nouveau Testament, et plutôt de manière ambigüe. Dans l’Évangile de Matthieu (Matthieu 9:31) deux aveugles divulguent ce que Jésus a fait malgré l’interdiction de ce dernier, et toujours en Matthieu (Matthieu 28:15) c’est la fausse nouvelle divulguée parmi les juifs au sujet de l’enlèvement du corps de Jésus par ses disciples. Alors que divulgue-t-il ce lépreux ? Parce que le lépreux fait tout de même exactement l’opposé de ce que Jésus lui avait demandé. Jésus a exaucé le lépreux en le purifiant ; en revanche, le lépreux n’a pas pris en compte la volonté de Jésus.  Il ne va pas se montrer au prêtre, et il divulgue le secret messianique, peut-être sous la forme d’une toute-puissance divine émanant de Jésus.  En fait les deux hommes sont en décalage.  

Jésus, le guérisseur, est obligé de se tenir à l’écart, dans des endroits isolés. Il ne peut plus aller vers les autres pour annoncer la Parole, enseigner ses contemporains, mais ce sont les autres qui viennent vers lui.  Mais que cherchent-ils ? Le désert, dans lequel Jésus aime se retirer pour retrouver sa proximité avec Dieu, devient un lieu de rassemblement où chacun ayant un désir comme celui du lépreux vient rencontrer une toute puissance susceptible de satisfaire tous les besoins.
Et ce n’est pas ce que Jésus veut. C’est le début du ministère de Jésus. Jésus ne veut pas que l’annonce de la Parole soit confondue ou remplacée par les signes opérés, par les guérisons produites. Et c’est en ce sens-là que la colère de Jésus m’intéresse. Bien sûr c’est important que le lépreux soit guéri, et que toutes les guérisons dont il est question dans les Évangiles soient importantes. Mais qu’en est-il pour celles et ceux qui n’auront pas été guéris, quelle qu’en soit la raison ? Est-ce qu’ils seraient privés de l’annonce de l’Évangile ? Un lépreux non guéri peut et même est appelé à se sentir purifié à l’intérieur de lui, par la Parole qui sauve ? Pour quoi Jésus est-il venu sinon pour nous sauver ? Certes, mais de quoi avons-nous besoin d’être sauvés ? De toutes les idées fausses et verrouillées que nous pouvons-nous faire sur Dieu. Car, que veut dire être sauvé, sinon « être en Dieu » ? Ainsi que Paul le dira  comme une intuition divine, pourquoi pas : Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, rien, y compris la mort. (Romains 8 : 38-39).

Alors aujourd’hui, la colère de Jésus m’intéresse, parce qu’elle est humaine, son indignation m’intéresse, parce qu’elle m’interpelle, mais pas moi seulement ! Sa colère, son indignation, mais aussi sa compassion sont là pour nous interpeller dans nos engagements, en nous rappelant que,  même si, à notre époque actuelle, il existe toujours le principe de précaution, lorsqu’il y a un risque de contamination bactérienne, qui préconise encore de mettre des personnes en quarantaine,  nous sommes invités à ne pas considérer ces personnes comme des parias ou des sous-humains, mais à les assurer de notre prière, de notre amour fraternel, de notre compassion, mais aussi de notre lutte solidaire, de notre engagement  à notre niveau pour faire reculer la ou les  maladies.
Mais posons-nous aussi la question par rapport à nous-mêmes, en prenant conscience, plus largement, de nos comportements envers les autres, indépendamment des maladies.  De quelles lèpres intérieures avons-nous besoin d’être guéris pour devenir les témoins que le Dieu de Jésus-Christ attend ? Sommes-nous seulement conscients que nous sommes porteurs ensemble d’une confiance contagieuse et guérisseuse ?  En fait l’Évangile nous invite tout le temps à regarder notre vie quotidienne sous un nouveau jour. Chacun de nos gestes ordinaires n’est méprisable, et peut devenir un signe de la présence de Dieu. C’est, me semble-t-il extrêmement libérateur pour devenir enfin ce que nous sommes.

Dans une semaine va commencer le temps de la Passion qui va nous conduire jusqu’à Pâques. C’est un temps pour préparer notre personne tout entière, à cet événement fondateur de la foi chrétienne, bouleversant pour notre vie personnelle, renouvelant pour notre témoignage.  La guérison que Jésus opère n’a rien de magique. Elle ouvre toute notre personne à une transformation en profondeur pour essayer de répondre à cette question : Quel est le Dieu que Jésus incarne ? En Jésus, en l’homme, Dieu compose avec l’humanité et agit à travers elle. Comment Dieu nous sauve-t-il ? Non pas en nous projetant dans une vie sans fin, mais en redonnant sans cesse à cette vie-ci, celle que nous vivons ici et maintenant, un souffle d’éternité. Celui par lequel nous découvrons que nous sommes capables de merveilles. 
 

Raphaël Picon posait cette question il y a quelques années : peut-on encore croire en un Dieu créateur et en un Dieu sauveur ? Et il répondait de cette manière : « OUI ASSURÉMENT » ! Et voilà ses définitions : le Dieu créateur est le Dieu qui éternellement redonne du goût à la vie et rend le monde plus lumineux. Dieu est ce poète du monde qui sans relâche lutte pour rendre nos existences intenses et créatrices. Le Dieu sauveur est le Dieu qui éternellement nous inclut en lui et se laisse transformer par nous. Notre participation à Dieu, voilà notre véritable salut ! Car être sauvé, c’est être en Dieu, savoir que pour lui, nous comptons, nous existons ».  « Jésus ne nous invite pas à croire que Dieu existe, mais à croire que, pour Dieu, nous existons ». (Un Dieu insoumis, pages 89 et 90). Amen.

Orgue

Cantique : Louange et Prière n° 216 « Seigneur que ton règne adorable », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Annonces

Offrande pour l’église
Que chacun donne ce qu’il a décidé en son cœur, sans regrets ni contraintes.
Nous recueillerons votre offrande pour la vie de l’église, afin qu’elle puisse continuer de rendre témoignage en manifestant sa solidarité avec les plus petits.
 
Orgue 

Prière d’intercession : ...
 
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux,
que ton Nom soit sanctifié,
que ton Règne vienne,
que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles, amen.
 
Bénédiction
« L’Éternel nous bénit et nous garde.
L’Éternel fait resplendir sur nous sa lumière et nous accorde sa grâce.
L’Éternel tourne sa face vers nous et nous donne la paix ! » [Nombres 6:24]
Amen.

Répons : Bénis ô Dieu nos routes
Bénis ô Dieu nos routes,
Nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes,
Tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres,
J’y marche par la foi :
Même au travers des ombres,
Ils conduisent à toi.

 
Sortie - Orgue

Paroles des chants du Culte du 11 février 2024

Psaume : Le Psautier français n° 25 « A toi mon Dieu mon cœur monte  », strophes 1 à 4.

Écouter l'enregistrement en cliquant ici

1 - A toi, mon Dieu, mon cœur monte,
Ton amour est mon appui.
Serais-je couvert de honte
Au gré de mes ennemis ?
Jamais ne sera déçu
Qui te prend pour espérance ;
Mais que tous soient confondus
Qui rompent ton alliance

2 - Montre moi, Seigneur, la route,
Guide moi dans la clarté ;
Ouvre à celui qui t'écoute
Un chemin de vérité.
Je regarde à ton amour,
Au salut qu'en toi j'espère ;
Je le verrai chaque jour
S'étendre sur cette terre.

3 - Mon Dieu, dans ta grâce immense
Qui dure éternellement,
Regarde en ta bienveillance
Et pardonne à ton enfant.
Mets loin de ton souvenir
Les pêchés de ma jeunesse ;
Chaque jour viens m'affermir,
Seigneur, selon ta promesse.

 4 - Dieu d'amour, tu fais connaître
Au plus humble tes secrets ;
Et pour lui tu es un maître
Qui te plais à l'enseigner.
Ta parole est son appui,
Le bonheur son héritage,
Et ses enfants comme lui
Auront la terre en partage.

Choral n°33 / Alléluia n° 41/03 « Dieu des louanges », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Dieu des louanges, sois béni
Tu es la source de l’amour
Et tu es le même aujourd’hui,
Hier et demain et pour toujours
O Dieu de gloire et de grandeur,
Tu peux tenir en un seul cœur.

Strophe 2
Nous avons tous besoin de Toi
Tu mets ta force en notre vie
Tu es l’espoir, tu es la joie,
Même en silence ou dans la nuit
Donne le pain, donne la paix
L’amour de ce que tu promets.

Strophe 3
Dans la douleur et la beauté
Dans toute vie et tout destin
Fais rayonner ta vérité
Comme un soleil sur un jardin
Garde nos corps et nos esprits
Au nom du Seigneur Jésus-Christ.

Martin Luther 1539
Vater unser im Himmelreich
(Notre père qui es aux cieux)
Harmonisation : d'après
Félix Mendelssohn

Cantique : Louange et Prière n°216 « Seigneur que ton règne adorable », Strophes 1 à 3

1 - Seigneur que ton règne adorable
S’affermisse enfin parmi nous,
Ce règne à nul autre semblable
Qu’on ne peut hâter qu’à genoux,
Règne auquel ton Esprit incline
Par l’attrait puissant de ta voix,
Règne où la force qui domine,
C’est ton amour, ô Roi des Rois !

2 - S’il est d’abord sans apparence,
S’il ne grandit que lentement,
Telle à nos yeux est la semence
Qu’apporte ou que chasse le vent.

Mais, ô Dieu ! Tu la vivifies :
Voici l’arbre aux puissants rameaux ;
Et sous ses branches agrandies
S’abritent les nids des oiseaux.

3 - Ô Roi que le monde désire,
Qu’il désire et ne connaît pas,
Étends au loin l’heureux empire,
Que tu veux fonder ici-bas !
Qu’il soit vaste autant que la terre,
Qu’il soit pur autant que les cieux,
Et que partout, ô notre Père,
Il rende ton nom glorieux !

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi 
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction 
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Évangile selon Marc, chapitre 1, versets 40 à 45 [NBS]

Guérison d'un lépreux

40 Un lépreux vient à lui et, se mettant à genoux, il le supplie : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. 
41 Ému, il tendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur. 
42 Aussitôt la lèpre le quitta ; il était pur. 
43 Jésus, s'emportant contre lui, le chassa aussitôt en disant :
44 Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au prêtre, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour eux un témoignage.
45 Mais lui, une fois parti, se mit à proclamer la chose haut et fort et à répandre la Parole, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville. Il se tenait dehors, dans les lieux déserts, et on venait à lui de toutes parts.

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