Accueillir le Christ avec Jean-Baptiste

Matthieu 3:1-8 , I Corinthiens 15:42-49

Culte du 10 décembre 2023
Prédication de Louis Pernot

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

10 décembre 2023
654ème jour de la guerre en Ukraine
2ème dimanche de l'Avent
Liturgie du temps de l’Avent et de Noël

« Accueillir le Christ avec Jean-Baptiste »

Culte présidé par le pasteur Louis Pernot, du temple de l’Étoile
avec David Cassan, organiste co-titulaire, à l'orgue

Accès direct aux textes des chants, cliquer ici
Accès direct à la lecture biblique, cliquer ici
Accès direct au texte de la prédication, cliquer ici
Affichage de la prédication pour impression, cliquer ici

Liturgie

Prédication : Accueillir le Christ avec Jean-Baptiste

L'Évangile nous présente donc Jean-Baptiste comme le précurseur de Jésus-Christ, Jean-Baptiste qui dit : « Voilà il vient après moi, celui qui est plus grand que moi. Je ne suis même pas digne de délier les lanières de ces sandales. » Historiquement, si on s'intéresse à l'histoire, les mauvaises langues de théologiens disent que c’est en fait très simple. Il y avait effectivement avant Jésus un personnage nommé Jean-Baptiste, qui a eu pas mal de disciples. Et il y a eu, un peu après la mort de Jésus, un peu de concurrence entre Jean-Baptiste, avec sa notoriété, et Jésus. Et les Évangiles, écrits un peu après la mort du Christ, ont essayé de rameuter les disciples de Jean-Baptiste en disant : « si vous aimiez Jean-Baptiste, vous devriez adorer Jésus-Christ ». Et d’ailleurs Jean-Baptiste lui-même a dit qu'il ne fallait pas rester centré sur lui, mais se tourner vers Jésus. Il n’est donc pas certain que les paroles de l'Évangile soient tout à fait honnêtes d'un point de vue historique. Mais ce n'est pas l'histoire qui m'intéresse parce que, si on devait s'intéresser à l'histoire dans l’Écriture, on croirait à la création en sept jours, aux serpents qui parlent, aux gens qui font des choses tout à fait étonnantes, voire irrationnelles, et ça ne nous avancerait pas tellement. Je pense que nous devons lire tous ces récits comme des récits théologiques. Et par conséquent, quand on nous dit que Jean-Baptiste est le précurseur de Jésus, quand avant le temps de Noël nous nous préparons à Noël par la méditation de cette histoire de Jean-Baptiste, c'est parce que Noël n'est pas simplement un anniversaire, fût-il sympathique. La naissance de Jésus, c'est quand même un bon événement à fêter. Pourquoi pas. Mais à Noël, nous ne commémorons pas une naissance. À Noël, nous reposons la question de savoir comment est-ce que Jésus peut naître aujourd'hui encore dans nos cœurs. Qu'est-ce que cela peut faire que Jésus soit né il y a 2023 ans, ou quelque chose comme ça, si aujourd'hui il n'est pas dans notre cœur.

Autrement dit, à Noël, nous devons nous reposer cette question de savoir comment est-ce que nous pouvons nous-mêmes accueillir dans nos vies, dans nos existences, cette présence du Christ afin qu'il naisse en nous. Ça c'est la foi, en quelque sorte. Mais ça n'est pas si simple. Parce que, en effet, on ne peut pas se donner la foi de force. On ne peut pas non plus vouloir se donner la foi, de même que je ne peux pas la transmettre. Et mes collègues savent aussi que j'aimerais être capable de dire à nos catéchumènes : voilà je vous donne la foi. Mais non, on ne peut pas la donner et on ne peut pas non plus se forcer à avoir la foi. C'est pourquoi ce moment de l'Avent est si beau parce qu’il dit que si on ne peut pas se donner la foi à soi-même, on peut essayer de préparer le chemin du Seigneur. C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas simplement d'attendre en disant : écoutez, la foi, on ne peut pas se la donner, donc j'attends. Si Dieu veut me donner la foi, il me la donnera.

Mais nous devons, nous pouvons nous préparer. Nous pouvons nous ouvrir à une réalité qui nous dépasse, pour que, effectivement, le Seigneur puisse lui-même venir dans nos cœurs. Moi je crois que Dieu n'arrête pas d'essayer de venir vers nous ; qu’il ne cesse pas de vouloir nous parler, de vouloir faire sa demeure en nous et que si on ne peut pas contraindre les choses, on peut apprendre à s'ouvrir à cela et à être capable de donner les meilleures conditions possibles pour que Dieu puisse nous toucher. Et c'est là que Jean-Baptiste apparaît. Je crois effectivement que si l'Évangile nous présente Jean-Baptiste comme le précurseur du Christ, c'est que, en fait, il représente effectivement le chemin qui nous permet de s'ouvrir à la venue de Dieu dans nos vies. Vous savez que Jean-Baptiste, quand il dit préparer les chemins du Seigneur, c'est exactement cela que nous voulons faire. Et il cite à ce moment-là Ésaïe 40 qui dit que toute colline soit abaissée, que toute vallée soit exhaussée. C'est-à-dire qu’il faut enlever tous les obstacles entre Dieu et vous et là vous verrez que Dieu pourra venir en vous.

Et donc il faut arriver à décoder un petit peu tout ce que l'on nous dit de Jean-Baptiste, pour comprendre de quelle manière nous pouvons ouvrir justement ce chemin. Il est d'abord dit que Jean-Baptiste prêchait dans le désert. Mais ça ne veut pas dire qu'il n’y avait personne pour l'écouter. D'ailleurs on voit qu'il y avait plein de gens qui venaient. Donc le désert n’était pas du tout vide. Quiconque est un peu habitué au sens des textes bibliques comprend que le désert a une importance considérable dans l'histoire du peuple hébreu. Le désert, c'est tout ce lieu de pérégrinations dans lequel le peuple a erré pendant 40 ans, nous dit-on, lorsqu'il était sorti d'Égypte et avant qu'il n’entre dans la terre promise. Et la terre promise, ça nous parle encore. Et le désert aussi peut nous parler. Parce que la terre promise représente le lieu spirituel que nous voudrions atteindre. La terre promise, c'est le lieu où on est en paix, où coulent le lait et le miel, le lieu où on a là enfin l'intimité avec Dieu. On a le salut. Enfin c'est l'image du Paradis en quelque sorte. La terre promise, ce Paradis que l'on aime, dans lequel on aimerait tant revenir. Et le désert, c'est parfois l'expérience de ce que nous vivons lorsque nous cheminons dans notre vie et que notre vie peut sembler aride. Et nous disons « j'aimerais bien justement arriver à la plénitude de cette présence ».

Jean-Baptiste donc est l'image de celui qui prêche dans le désert, c'est-à-dire qu’il prêche pour ceux qui ne sont pas encore dans la plénitude de la foi. Donc probablement pour vous, en tout cas pour moi. Et il nous prêche à nous dans le désert ; et il nous dit : « voilà, moi je peux vous aider à ouvrir ce chemin qui mène à la terre promise ». Vous savez que, historiquement, le peuple était dans le désert et pour entrer dans la terre promise, vous savez qu'il a dû traverser le Jourdain. Et, comme par hasard, qu'est-ce que fait Jean-Baptiste ? Il plonge les gens dans le Jourdain. C'est-à-dire que justement, il est ce passage qui permet d'entrer dans le Jourdain. Et ce n'est pas une simple coïncidence quand celui qui historiquement a fait entrer le peuple dans la terre promise dans l'Ancien Testament, s'appelait Josué. Car comment s'appelle celui qu'annonce Jean-Baptiste et qui nous fera entrer dans la plénitude de la présence de Dieu : Jésus. Mais vous êtes trompés par les traductions car en fait Josué et Jésus, c'est le même nom en hébreu. Et donc, là encore, on est vraiment dans cette idée que Jésus est celui qui va prendre la succession de Jean-Baptiste.

Jean-Baptiste nous amène jusqu'au Jourdain et nous fait traverser le Jourdain. Et alors Jésus peut nous prendre par la main et nous amener dans la plénitude de la présence du père. Et si on regarde d’un peu plus près ce qui nous est dit de Jean-Baptiste, on trouve beaucoup de choses qui me semblent intéressantes et qui justement confirment cette idée que Jean-Baptiste est celui qui est à la frontière entre le désert et la terre promise. Celui qui est à la frontière entre l'extérieur et l'intérieur du Paradis. Pourquoi ? Eh bien, regardez tout ce que l'on nous dit de lui. A priori cela peut sembler sans intérêt : on nous explique le menu de Jean-Baptiste ; on nous explique sa garde-robe. Est-ce que vous pensez vraiment que c'est très important de savoir ce que Jean-Baptiste a mangé, ce que le roi Dagobert a mangé le jour de son 30ème anniversaire ou quel est le menu que j'ai eu moi hier ou avant-hier ? Quant à l'habillement, est-ce que c'est important aussi ? A priori non ! À moins que justement cela signifie quelque chose.

On nous dit que le menu de Jean-Baptiste, c'étaient des sauterelles et du miel sauvage. Alors beaucoup de nos commentateurs pour enfants disent : c'est qu'il avait une nourriture très humble, qu’il mangeait des choses très simples, que ce n'était pas gargantuesque ; ce n'étaient pas des tournedos Rossini, du caviar ou je ne sais quoi. Mais je ne crois pas que ce soit cela que veut nous dire le texte. En effet il aurait pu manger des choses très simples en mangeant du pain sec, en mangeant des baies récoltées sur des genévriers ou je ne sais quoi. Mais ce qui est remarquable dans les sauterelles et le miel sauvage, c'est que c'est une nourriture purement animale. En effet les sauterelles, c'est animal ; et le miel sauvage, c'est la façon par laquelle la Bible parle du miel qui coulait dans la terre promise. Terre Promise où coulaient le lait et le miel ; le miel de la Terre Promise, c'était a priori une sorte de suc qui coulait des arbres, un peu comme le sirop d'érable. En tout cas, miel sauvage, c'est pour insister sur le fait que c'est du miel fait par des abeilles, c'est-à-dire que c'était du miel animal. En quelque sorte donc, Jean-Baptiste mange une nourriture d'origine animale et ça le distingue radicalement de l'homme dans le Paradis. Parce que dans le Paradis, l'homme ne vivait que de cueillette et les animaux ne se mangeaient pas entre eux. Autrement dit dans le paradis, il n'y avait apparemment pas de nourriture animale. Et Jean-Baptiste n'est donc pas dans le Paradis. Il est à la limite du Paradis. Il n'est pas dans le Paradis, parce que seul le Christ pourra faire entrer les gens dans le Paradis, c'est-à-dire dans la plénitude de la présence de Dieu.

Et pour Jésus, quel était son menu ? Continuons dans la gastronomie. Eh bien, lors de son dernier repas, Jésus réunit ses disciples et que leur sert-il ? Du pain et du vin. C'est-à-dire une nourriture seulement végétale. Donc vous voyez ce qu'on a accompli entre le début et la fin de l'Évangile, les deux endroits où on parle de ce que l'on mange : on passe d'une nourriture animale à une nourriture végétale. C'est bien dire que Jean-Baptiste n'est pas dans le Paradis. Et, dans l'accomplissement des choses, Jésus, lui, arrive à nous amener dans le Paradis. Bien sûr en cours de route il aura un peu mélangé : Jésus a mangé des poissons et des pains, lors de la multiplication des pains. Mais à ce moment-là le parcours n'était pas accompli. C'est seulement à la fin que le parcours est accompli, lorsque Jésus donne sa vie, lorsqu'il a donné la totalité de l'Évangile. Et cette nourriture de vie, cette nourriture du Paradis que nous avons à la fin, nous ne pouvons que la recevoir, que nous préparer à la recevoir. Et la façon dont laquelle nous devons nous préparer à la recevoir, c'est en nous mettant justement « dans la peau » de Jean-Baptiste.

Et c'est là qu'arrive l'autre élément qui me semble aussi essentiel, peut-être encore plus, c'est son vêtement. Parce que si nous voulons aller vers le Christ, nous devons nous mettre dans la peau de Jean-Baptiste. Mais en fait, ce que nous pouvons faire essentiellement, c'est de nous vêtir comme Jean-Baptiste, parce qu’on ne peut pas changer sa nature. Je ne peux pas être autrement que ce que je suis. Mais, par contre, je peux essayer d'agir sur le vêtement, c'est-à-dire sur la façon avec laquelle je me présente en particulier à Dieu et aux hommes. C'est-à-dire justement sur mon interface avec les autres et avec Dieu. Et là je crois que Jean-Baptiste nous donne une leçon. Et si vous voulez être des fidèles vous préparant à accueillir le Christ dans votre vie, vous devez d'abord vous vêtir comme Jean-Baptiste. Alors comment était-il vêtu ? On nous dit d'abord qu'il avait une ceinture de cuir. Là, la référence est assez simple parce que c'est comme ça qu'étaient habillés Adam et Ève au sortir du Paradis. Voyez, en Genèse 3 verset 21, Adam et Ève qui reconnaissent qu'ils sont pêcheurs et qui commencent par vouloir masquer l'imperfection de leur nudité en se mettant des feuilles de vignes ou de je ne sais quoi d'autre. Et ensuite Dieu sait et ça ne va pas du tout. Il leur fait enlever tout ça et il leur fait des pagnes de cuir pour masquer leur nudité. Et ça c'est déjà un élément important. C'est dire une fois de plus que Jean-Baptiste est encore à la frontière du Paradis. Mais, en même temps, se mettre un pagne de cuir, c'est deux choses : c'est reconnaître d'abord que l'on est imparfait, c’est reconnaître son imperfection, son péché comme on dit dans les églises, et c’est accepter que Dieu le recouvre. C'est-à-dire que c'est reconnaître sa faute et accepter le pardon de Dieu.

Et c'est exactement ce que faisait Jean-Baptiste : il disait « venez, reconnaissez votre faute », ce qui en langage d'église se dit « confessez votre péché ». Puis il les plongeait dans l'eau en signe de pardon, en signe de grâce. Et donc Jean-Baptiste est bien ça. Il nous invite ainsi : « reconnaissez d'abord que vous n'êtes pas parfait, parce que, si vous vous croyez parfait, vous n'avez besoin de personne, ni de Dieu, ni du Christ ; mais si vous savez qu'il y a en vous de l'imperfection, de la faiblesse, du manque, de l'échec, une aspiration à avoir quelque chose de plus dans votre vie, alors vous pouvez arriver à accueillir quelque chose. Mais à condition que ce sentiment d'imperfection ne vous écrase pas dans la culpabilité. D'où cette nécessité de passer par la prédication de Jean-Baptiste : reconnaissez que vous êtes à la fois coupable et pardonné, pécheur et sous la grâce. Et donc voilà la chose essentielle : cette prédication de Jean-Baptiste qui est ce que nous avons vécu tout à l'heure dans la liturgie et qui passe par la confession des péchés et par l'annonce de la grâce.

Quant à Jésus, comment était-il vêtu ? Eh bien, il n'avait pas de ceinture de cuir. Et ce qu’on sait c’est qu'il avait une robe de lin. C'est ce qui est dit à la fin de la vie du Christ, au moment de la crucifixion. Effectivement Jésus était habillé d'une tunique végétale, mais ça ne convient pas tout à fait, parce que moi je pensais de Jésus qu'il pouvait rentrer jusque dans le paradis. S'il a une robe végétale, c'est qu'il a déjà fait un pas de plus vers l'origine puisqu'il n'a pas le pagne de cuir. Mais il a encore quelque chose de trop et c'est là où je crois que Jésus, lui, nous fait vraiment entrer jusque dans le Paradis. Parce qu'il y a une question qui a déchiré les théologiens au Moyen-âge et que je vais pouvoir régler pour vous une fois pour toutes. Cette question, c'était de savoir de quoi Jésus était vêtu quand il était sur la croix ? Parce qu'en effet il avait sa très, très belle tunique ; on lui enlève ; on lui met un manteau de pourpre ; après quoi j'imagine qu'on enlève le manteau de pourpre avant de le crucifier. Et donc certains théologiens disaient que, puisqu'on avait retiré tous les manteaux, Jésus était certainement tout nu sur la croix. Et d'autres disaient non, que c'était indécent. Et donc on représente souvent, mais pas toujours, Jésus avec un slip, qu’on n’appelle pas comme ça : on appelle ça un périzonium ; c'est une sorte de pagne qui masque le milieu de son corps. Eh bien, une fois de plus historiquement je n'en sais rien, mais théologi­quement c'est une évidence que Jésus était nécessairement nu sur la croix. Ça ne peut pas être autrement, parce qu’on a justement tout ce chemin de Jean-Baptiste qui a la ceinture de cuir, de Jésus vivant qui a l'habillement végétal de lin, et on arrive à l'accomplissement du retour vers le Paradis, vers la terre promise ; et Jésus arrive nu sur la croix comme étaient Adam et Ève, c'est-à-dire comme était l'homme primitif qui vivait dans l'innocence, c'est-à-dire dans l'absence totale de faute, et dans la plénitude de la présence de Dieu.

Alors pour nous évidemment tout cela est impossible, parce que nous ne sommes pas aussi parfaits que Jésus. Et donc bien sûr nous gardons toutes les ceintures de cuir et les autres choses dont nous avons besoin. Mais pour l'instant, nous ne sommes pas dans le Paradis. Jésus lui nous fait entrer dans le Paradis et nous pouvons effectivement aller vers Dieu et demander qu'il nous donne justement ce pardon. Et cette ceinture de cuir de Jean-Baptiste est ce que nous pouvons avoir par nous-mêmes et nous pouvons ainsi veiller, prier, nous préparer, en suivant ce chemin de Jean-Baptiste jusqu'à ce que nous puissions arriver symboliquement vers le Christ en n’ayant plus besoin d'aucun vêtement.  Comme d'ailleurs aussi le jeune homme, au moment de l'arrestation de Jésus à Gethsémané, dont les soldats arrachent le drap et qui se retrouve tout nu.

Jean-Baptiste avait un autre vêtement qui m'intéresse également. On nous dit qu'il avait un vêtement de poil de chameau. Là aussi c'est un vêtement animal. Donc, on est tout à fait là dans cette logique. Mais ce vêtement nous renvoie à deux choses : d'abord ça nous renvoie au prophète Élie, puisque on nous dit qu’Élie était habillé comme ça (2 Rois 1 : 8). Élie avait une ceinture de cuir et un vêtement de poil. Autrement dit Jean-Baptiste était déguisé comme Élie. Et là c'est simple : on comprend pourquoi. Vous le savez, dans la tradition juive, on disait que le prophète Élie devait revenir avant le Messie et qu'il annoncerait la venue du Messie. Donc Jean-Baptiste est habillé comme Élie et c'est le signe que le Messie va venir. Tout est dans l'ordre. Mais ce n'est pas que ça. Pour moi cette histoire de vêtement de poil renvoie à quelque chose d'essentiel, à savoir à l'homme, je dirais, le plus poilu de l'histoire de la Bible : c'est Ésaü. Comme vous le savez, il y avait Jacob et Esaü, les deux frères. Ésaü est né avant Jacob et pourtant Jacob sera premier. Ésaü était poilu, Jacob ne l'était pas. Ésaü venant avant doit laisser la place à Jacob qui vient après. C'est exactement l'histoire de Jean-Baptiste où Jean-Baptiste dit : « il vient après moi celui qui est plus grand que moi et auquel je dois laisser la première place ». C'est compliqué : c’est l'histoire de Jacob et d'Ésaü. Esaü est celui qui vient avant : il est l'image de l'homme naturel, de l'homme un peu animal, si vous voulez, et Jacob est l'image de l'homme spirituel et qui vient après, mais qui prendra finalement le premier plan sur Esaü, l'homme naturel. Et s'habiller comme Esaü, c'est faire preuve d'une grande humilité, là encore, parce que c'est reconnaître justement que nous sommes des êtres naturels et que cette dimension naturelle doit à un moment donné s'effacer pour laisser le premier plan au spirituel. Et si j'ai dit tout à l'heure que Jean-Baptiste était humble, ce n'est pas juste au sens que sa nourriture était humble, mais au sens que Jean-Baptiste est celui qui doit s'effacer lui-même pour laisser la première place au Christ.

Et si nous voulons nous préparer à la venue du Seigneur, c'est justement ça que rentrer dans la peau de Jean-Baptiste. Et dans cette dimension animale qui est la nôtre, de dire qu’il faut que cette dimension humaine et terrestre qui est la mienne, il faut que moi-même, mon ego, ma personne s'effacent pour laisser la première place au Christ dans ma vie. Alors du coup, vous allez me dire que je continue dans les supputations : je ne crois pas que les théologiens du Moyen-Âge se soient posé la question. Mais si je vous ai dit que Jésus était nu sur la croix vous pourriez me demander : est-ce que Jésus était poilu ? La réponse c'est évidemment non. Jésus est l'image de Jacob : donc il était tout nu et il n’était pas poilu. Voilà vous rappellerez ça, si ça vous intéresse. Mais en tout cas, d'un point de vue théologique, ça me semble tellement évident. Et d'ailleurs sur tous les tableaux, c'est une preuve absolue : on ne voit aucun tableau de Jésus avec des poils partout ; donc Jésus n'était pas poilu, c'est évident.
Et en même temps, cette grande humilité cette humilité extraordinaire d'Esaü qui laisse la place à Jacob, du matériel qui laisse la place au spirituel, c'est également tout ce que dit Paul en 1 Corinthiens 15 où, effectivement, il parle de l'ancien Adam et du nouvel Adam qui est Jésus-Christ. Vous voyez, on est encore dans cette logique de l'homme chassé du paradis et Jésus qui nous y fait revenir. Et Paul dit : vous savez, dans la vie, il y a du naturel et il y a du spirituel. Il dit le naturel est premier. C'est vrai que j'ai dit que j'avais été baptisé ici dans ce temple, quand je suis né ; quand j'ai été baptisé, à quelques mois je crois, je ne faisais pas de grandes prières ; je n'avais sans doute pas une vie spirituelle très intense. Au début, un être, même un être humain, a une dimension qui est essentiellement matérielle et le spirituel vient petit à petit. Il y a quelque chose qui émerge et la spiritualité vient dans une vie soit à l'âge où on en prend conscience, soit même encore plus tard pour certains qui découvrent la foi, la spiritualité, la profondeur de l'être alors qu'ils ont déjà un âge avancé. Et Paul dit ce n'est pas le spirituel qui est le premier, c'est le naturel, le corporel. Le spirituel vient après, mais c'est lui qui doit prendre la première place. Et je pense que c'est tout à fait vrai. Et donc voilà : il n'y a pas à nier cette dimension animale. Il n'y a pas à tuer Esaü et Jésus n'a pas besoin de tuer Jean-Baptiste pour émerger.

Mais Jean-Baptiste, c'est celui qui justement nous prépare à pouvoir accéder au Christ et ce que nous pouvons faire de mieux, c'est nous mettre dans la peau de Jean-Baptiste et, comme lui, être celui qui prépare les chemins du Seigneur. Et pour ça, comme Jean-Baptiste, nous ne pouvons pas entrer de force dans le Paradis et nous ne pouvons pas non plus traverser le Jourdain nous-mêmes. Nous pouvons simplement nous mettre à la porte du Paradis, à la porte du Royaume, au seuil de cette présence de Dieu ; et là attendre simplement qu'on nous ouvre cette porte et attendre de pouvoir entrer. Et pour ça nous préparons ce chemin du Seigneur et comme Jean-Baptiste, portant cette ceinture de cuir qui est cette façon de reconnaître notre besoin d'un plus grand que nous, nous efforcer de reconnaître la présence de Dieu, de reconnaître son aide et son esprit, de reconnaître notre péché et notre besoin fondamental de la grâce et enfin de se dévêtir de ce vêtement de poil, ce qui consiste à renoncer à son orgueil, renoncer à croire que, par notre force physique et notre capacité humaine, nous pourrions gagner quelque chose d'important, mais dire que non, cette force physique, ma puissance, mes réalisations terrestres sont peu de choses, et renoncer à l'orgueil pour laisser la première place au Christ dans notre vie ; et alors, c'est lui qui pourra nous prendre par la main et qui pourra nous faire entrer avec lui dans la plénitude de cette présence de Dieu. Et c'est ce que je nous souhaite à tous afin que nous puissions ainsi cheminer dans ce temps de l'Avent, et tout au long de l'année d'ailleurs, pour apprendre à accueillir dans nos cœurs cette réalité nouvelle et éternelle qu'est le Christ lui-même.

AMEN


Liturgie

Paroles des chants du dimanche 10 décembre 2023

Psaume : Psautier Français n°42 « Comme un cerf altéré brame», strophes 1, 3 & 8.

1 - Comme un cerf altéré brame,
Pourchassant le frais des eaux,
O Seigneur, ainsi mon âme,
Soupire après tes ruisseaux.
Elle a soif du Dieu vivant,
Et s’écrie en le cherchant :
O mon Dieu, quand donc sera-ce,
Que mes yeux verront ta face ?

2 - Mon seul pain ce sont mes larmes,
Nuit et jour en tous les lieux ;
On se rit de mes alarmes,
On me dit : « Où est ton Dieu ? »
Mon cœur songe aux temps passés :
Vers ton temple, j’avançais,
Aux accents de la trompette,
Au milieu du peuple en fête.

3 - Mais pourquoi pleurer, mon âme,
Et frémir d'un tel effroi,
Quand celui que tu réclames
Est toujours auprès de toi ?
Tourne-toi vers ton Sauveur,
Il apaisera ton cœur,
Et tes chants loueront encore,
Le Seigneur que tu implores.

8 - Dans ma nuit mets ta lumière,
Dans mon cœur ta vérité,
Pour guider jusqu’à son père,
Le retour de l’exilé.
A nouveau, Dieu de ma joie,
Je ferai monter vers toi
Avec tous ceux qui te chantent
Ma ferveur reconnaissante.

Cantique : Louange et Prière n°250 « Mon Dieu, mon Père, écoute-moi », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Mon Dieu, mon Père, Écoute-moi,
Car ma prière S'élève à toi.
En Jésus-Christ, Tu nous l'as dit,
Je puis, Seigneur, T'ouvrir mon cœur.
Ah ! fais-moi grâce, Dieu tout-puissant !
Tourne ta face Vers ton enfant.

Strophe 2
Viens, je te prie, Change mon cœur ;
Guide ma vie Loin de l'erreur.
Mon seul désir Est de choisir
La bonne part Sous ton regard.
Que mon offense Ne lasse plus
Ta patience, Seigneur Jésus !
Strophe 3
Fais-moi comprendre Ta charité
Et bien entendre Ta vérité.
Oui, que ta main, Sur mon chemin,
Soit, ô Dieu fort, Mon seul support !
Que ta puissance Soit chaque jour
Ma délivrance, O Dieu d'amour !

Strophe 4
Rends-moi fidèle Par ton secours,
Et sous ton aile Tiens-moi toujours ;
Loin du danger, O bon Berger !
Conduis mes pas Jusqu'au trépas.
Vois ma faiblesse Et me soutiens
 Par ta tendresse : Je t'appartiens.

Cantique : Louange et Prière n°94 « Dieu se montre propice », Strophes 1 à 3

Strophe 1
Dieu se montre propice
Aux malheureux pécheurs ;
Son soleil de justice, 
Se lève sur nos cœurs.
Jésus Christ nous appelle
Aux sentiers de la paix ;
Et sa bonté fidèle
Accomplit nos souhaits

Strophe 2
Si nos pêchés remplissent
Nos âmes de terreur,
Si nos cœurs en gémissent
Recourrons au Sauveur.

Il accorde sa grâce
A l'humble repentir,
Et jamais ne se lasse,
D'aimer et de bénir !

Strophe 3
Dans ce temps salutaire,
Viens donc divin Sauveur,
D'une ferveur sincère
Embraser notre cœur.
Ranime notre zèle,
Règne en nous par la foi :
C'est la vie éternelle
Seigneur que d'être à toi !

Lecture de la Bible

Évangile selon Matthieu, chapitre 3, versets 1 à 8 [NBS]

Jean le Baptiseur

1 En ces jours-là parut Jean le Baptiseur ; il proclamait dans le désert de Judée : 
2 Changez radicalement, car le règne des cieux s'est approché !
3 C'est de lui qu'il a été dit, par l'entremise du prophète Ésaïe :
C'est celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers !
4 Jean avait un vêtement de poil de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de criquets et de miel sauvage.
5 Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui 
6 et recevaient de lui le baptême dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.

Le message de Jean le Baptiseur

7 Comme il voyait beaucoup de pharisiens et de sadducéens venir au baptême, il leur dit : Vipères, qui vous a montré comment fuir la colère à venir ? 
8 Produisez donc un fruit digne du changement radical ;

1ère lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 15, versets 42-49 [NBS]

Des chrétiens encore tout petits
1 Quant à moi, mes frères, ce n'est pas comme à des êtres spirituels que j'ai pu vous parler, mais comme à des êtres charnels, comme à des tout-petits dans le Christ. 
2 Je vous ai donné du lait ; non pas de la nourriture solide, car vous n'auriez pas pu la supporter ; d'ailleurs, maintenant même vous ne le pourriez pas, 
3 parce que vous êtes encore charnels. En effet, pour autant qu'il y a parmi vous des passions jalouses et des disputes, n'êtes-vous pas charnels ? Ne vous comportez-vous pas d'une manière tout humaine ? 
4 Quand l'un dit : « Moi, j'appartiens à Paul ! » et un autre : « Moi, à Apollos ! », êtes-vous autre chose que des humains ?

Serviteurs de Dieu
5 Qu'est-ce donc qu'Apollos ? Qu'est-ce que Paul ? Des serviteurs, par l'entremise desquels vous êtes venus à la foi, selon ce que le Seigneur a accordé à chacun. 
6 Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé, mais c'est Dieu qui faisait croître. 
7 Ainsi, ce n'est pas celui qui plante qui importe, ni celui qui arrose, mais Dieu, qui fait croître. 
8 Celui qui plante et celui qui arrose ne sont qu'un, mais chacun recevra son propre salaire selon son propre travail.

Vidéo du culte entier

Audio

Écouter la prédication (Télécharger au format MP3)

Écouter le culte entier (Télécharger au format MP3)

À Voir également