Christ est mort pour tous
2 Corinthiens 5
Culte du 7 mai 1939
Prédication de Wilfred Monod
Prédication du pasteur Wilfred Monod
prononcée à la chapelle du Luxembourg le 7 mai 1939
« Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes,
mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux ».
2 Cor. V/15.
Mes frères,
À cette époque de l'année, l'Église navigue entre deux falaises, la fête de Pâques et la fête de Pentecôte ; les feux tournants des phares érigés sur l'une et l'autre hauteur balayent le même navire : celui de la Pentecôte, en avant, prend de l'éclat ; celui de Pâques, en arrière, pâlit. Je vous convie à fixer encore un long regard sur la Semaine Sainte qui s'éloigne. Oh ! qu'elle ne disparaisse pas sans nous avoir légué tout son mystérieux secret.
D'ailleurs, plus que jamais, nous éprouvons le besoin d'en extraire avec ferveur le message total ; si un souffle de tempête secoue les flots, nous résistons à l'angoisse ; nous ne sommes pas réunis dans un sanctuaire chrétien pour écouter les menaces diaboliques de la Puissance des ténèbres.
Avec ferveur et avec foi, méditons la prodigieuse proclamation apostolique. Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité « pour eux ».
Mes frères, posons-nous d'abord la question élémentaire : Est-ce que j'accepte, moi-même, l'affirmation millénaire : « Le Christ est mort pour tous ? Il ne suffit point de répondre : « Elle est émouvante, sublime. » Je demande : Admettez-vous que le langage de l'apôtre corresponde à une réalité ?
Si la pensée de Paul est profonde, insondable peut-être, au moins le vocabulaire est limpide. Même un enfant comprendra chaque mot de la déclaration inouïe : « Le Christ est mort pour tous. »
D'autre part, pour s'épargner la peine de répondre à ma question gênante, inutile de recourir à cette échappatoire : « L'apôtre énonçait une idée secondaire, dépourvue d'importance. » Au contraire, il s'agit d'un passage significatif, essentiel, nouveau dans la littérature universelle. Jamais encore l'humanité n'avait formulé cette proposition.
Un silex taillé révèle, au fond d'une caverne, le séjour pathétique de l'homme ; de même cette humble phrase : « Le Christ est mort pour tous » — inscrite pour la première fois sur un parchemin, voilà vingt siècles à peine, — situe l'apparition ici-bas de l'ère chrétienne.
Vous sentez bien que l'affirmation apostolique inaugura un monde inconnu. Pour inonder de lumière une chambre obscure, il suffit de tourner un commutateur électrique ; ainsi, quand l'apôtre déclara : « Le Christ est mort pour tous », la dictature du paganisme prit fin ; il s'éteignit dans l'ombre, et la clarté de l'Évangile jaillit.
Examinons ces calmes et graves paroles, qui apportaient un univers moral. D'abord : « Le Christ est mort pour tous. » Quel est donc l'énigmatique personnage capable, ici-bas, d'un pareil labeur ? On ne meurt pas « pour tous », à moins d'en posséder la capacité ; de plus, il faut être digne de tenter une semblable entreprise ; surtout, il faut y consentir. Ainsi, le seul titre de Christ, ou de Messie, rassemble toutes vos énergies de réflexion et de sentiment sur Jésus de Nazareth, et nous oblige à méditer longuement.
Et ce n'est pas tout. Si la déclaration apostolique renferme un credo sur le Christ, elle contient un credo sur le genre humain : c'est la condamnation absolue de tout système raciste, esclavagiste, ou « à la Paria ». C'est la sonore proclamation de l'unité essentielle de l'humanité, créée une et indivisible, faite pour l'universalisme supranational, formée pour la catholicité. « Christ est mort pour tous. »
Continuons à creuser. Un Christ qui meurt pour tous, qui consent à s'immoler pour la collectivité, par un sacrifice à la fois subi et choisi, accomplit un acte décisif, valable dans l'espace pour la terre entière et pour l'ensemble des générations successives dans le temps. Un acte d'un tel poids et d'un tel rayonnement m'émeut directement, puisque j'appartiens à l'ensemble des planétaires. Bref, en présence du Christ, le Fils de l'homme, je sens retentir en moi à des profondeurs insoupçonnées, sans résistance religieuse de ma part, l'écho de l'immense parole de l'ancien pharisien juif, ex-persécuteur acharné des premiers chrétiens : « Je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé, et qui s'est livré lui-même pour moi. »
Comprenez mon raisonnement ; je ne prétends pas que la brève et merveilleuse formule : « Le Christ est mort pour tous » oblige nécessairement tout croyant à posséder le secret doctrinal de la personnalité du Sauveur, ou encore à choisir entre les diverses interprétations théologiques de la valeur unique, et universelle, attribuées à son libre sacrifice ; je me borne à la conclusion suivante, sans hésitation : si le Christ s'immola pour tous, alors je suis un bénéficiaire de sa mort. Logiquement et moralement il me faut répéter avec saint Paul : « II m'a aimé ! Il s'est livré lui-même pour moi. » Oui, et je suis contraint d'appliquer à ma propre personne une autre formule fameuse de l'apôtre : « Le frère pour lequel Christ est mort. » Ô mon Dieu, notre Père ! est-ce bien possible ? Alors ma photographie sur une carte d'identité, alors mon reflet dans le miroir, c'est l'image d'un « frère pour lequel Christ est mort » !
Et le chômeur, et l'exilé, et la victime du camp de concentration, et le Juif qu'on méprise parce qu'il appartient à la race d'Abraham, de Moïse ou d'Ésaïe, et l'asiatique jaune, et le nègre africain : c'est aussi le frère pour lequel Christ est mort. Que dis-je ! si la victime que l'on plaint est marquée d'un tel signalement, il s'applique aussi à un bourreau que l'on maudit… Ô toi qui humilies ton prochain, toi qui le calomnies, qui l'injuries et le violentes, arrête ! Dans le méchant que tu es, je vois aussi le « frère pour lequel Christ est mort » ; et tu n'as pas le droit — étant cela (malgré ta méchanceté)— de défigurer en toi-même et de dégrader le Christ sauveur qui t'a cherché, qui s'est donné pour toi.
Moi-même, indigne — que puis-je balbutier d'autre, devant la mystérieuse croix profilée à l'horizon sinon « Il est mort pour tous », et encore : « Il s'est livré pour moi » ?
Ô subtils philosophes, ô savants théologiens, n'exigez rien de plus d'un croyant passionnément gagné au Sauveur. Ne compliquez pas le Credo vital et vivifiant : « Il s'est donné pour tous ! »
Cependant il faut que ce credo, (complet dans sa brièveté, substantiel et surnaturel), corresponde à une foi authentique. Alors je vous pose à nouveau la question solennelle : Oui ou non, croyez-vous que le Christ est mort pour tous ? Vous admettez bien qu'avant de « mourir » pour tous, il commença par « vivre » pour tous ? Il se trouvait ici-bas pour cela même. Il naquit pour tous, puisqu'il fut « envoyé » pour tous : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son fils unique ». Tel est le langage de l'Évangile. Ainsi, la formule « pour tous » doit s'ajouter à chaque parole, à chaque action, à chaque geste et à chaque regard de l'Envoyé par excellence. Saisissez donc cette bouée de sauvetage : en Lui tout est pour moi. En ouvrant les yeux, le matin, en les fermant le soir, osez répéter : « Il est mort pour les hommes ». Trop souvent, dans nos églises, il s'agit là d'une phrase convenue, quasi rituelle. Précisément parce qu'elle demeure liée en notre esprit à des formules obtuses ou périmées, nous n'osons plus l'employer dans sa force massive, dans sa candeur héroïque. Nous hésitons à redire, chaque vendredi de chaque semaine, au réveil « Voici la journée commémorative : "Il m'a aimé, Il s'est livré Lui-même pour moi." »
Alors notre piété perd vigueur et joie, comme un feuillage qui pâlit sous l'influence des parasites. Or c'est par sincérité que nous sommes atteints d'un tel mal de langueur. Diverses formules des cantiques ou des liturgies nous paraissent, avec raison, caduques ; ne pouvant plus, sur tous les points, réciter le catéchisme traditionnel, nous approprier la théologie de nos pères, nous éprouvons parfois un malaise intellectuel ou moral pendant le culte : le langage religieux nous paraît à double sens, à double-fond, et nous restons perplexes entre des interprétations variées du sacrifice rédempteur… Vous savez que dans le massif alpestre, sur la ligne de partage des eaux, quand la pluie tombe, telle goutte liquide suit la pente qui l'entraîne vers la Méditerranée, et telle autre goutte glisse dans la direction contraire, vers la mer du Nord : de même, souvent, nous oscillons entre des théologies divergentes ; nous finissons par nous résigner à rester dans le vague, immobiles, imprégnés de brume. Hélas ! de chères et nobles âmes en arrivent à ne plus déclarer avec fermeté, lumineusement : « Le Christ est mort pour tous ».
Pareille attitude est douloureuse : en tous les cas elle nous affaiblit, elle refroidit l'enthousiasme, elle freine l'élan religieux et le courage indomptable dans l'action. Oh ! mes frères, combien je voudrais — par la grâce du Saint Esprit — vous rendre l'allégresse inépuisable du salut, ou même vous la communiquer si vous ne l'avez jamais éprouvée !
⁂
Voilà donc la première conclusion à dégager de notre méditation : À partir d'aujourd'hui, j'affirmerai dans mon cœur, je chanterai, j'écrirai, je propagerai : « Le Christ est mort pour tous. » Et si l'on vous invite à préciser les raisons du sacrifice accompli au Calvaire, bornez-vous d'abord à réciter la formule sublime de l'apôtre : « Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes. »
N'objectez pas que cette formule est trop simple, trop étroite et familière. Ce programme d'apparence naïve est, au contraire, si vaste, que les nations réputées chrétiennes, en Europe, n'ont jamais fait le tour de cet océan grandiose : l'océan de la charité. Pour avoir méconnu le devoir primordial de l'entr'aide et de la coopération politique et sociale, pour avoir vécu dans la défiance, l'hypocrisie, la haine, les peuples de l'ancien continent, blêmes d'angoisse, titubent sur un sol qui ruisselle de larmes et découle de sang.
« Il est mort pour tous » — voilà le Dogme chrétien— « afin que les disciples du Christ ne vivent plus pour eux-mêmes », c'est la Morale chrétienne.
Rappelez-vous les divisions du catéchisme de l'Église romaine. Ie Partie Ce qu'il faut admettre, Vérités à croire. IIe partie : Ce qu'il faut faire. Devoirs à pratiquer. Sous un autre angle, on pourrait dire : d'un côté, le christianisme spirituel et mystique, de l'autre, le christianisme pratique et social.
... Tout cela, opine quelqu'un, nous le savons. — Tant mieux ! mais vous ne le sauriez nullement si le Christ n'était pas mort pour tous. Les vérités qui apparaissent banales, aujourd'hui, flamboyaient comme des paradoxes à l'époque de Tibère César, contemporain du Messie Jésus, et de Néron César, contemporain de l'apôtre Paul. J'affirme que depuis l'origine des temps historiques, l'humanité n'avait jamais entendu un message plus bouleversant que celui-ci : « Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes ».
D'abord, au point de vue du développement de l'idéal religieux ici-bas, c'est le splendide épanouissement du Prophétisme israélite, avec sa thèse fondamentale, intransigeante, à la fois réformatrice et révolutionnaire : le service du Père et le service des frères forment un seul et même service. D'autre part, sous l'angle de la nouveauté révélatrice d'un Évangile venu du ciel vers la terre, on demeure transi de stupeur et d'admiration devant la connexion imprévisible qui attacha par un nœud serré, impossible à défaire, la mort d'un Sauveur divin et la mort de l'égoïsme humain. « Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes. »
Énorme catastrophe pour l'homme naturel ! Dans les naufrages en pleine mer, quand un puissant navire disparaît sous les flots, malheur aux barques voisines, entraînées par le tourbillon ; devant elles, se creuse un gouffre liquide qui engloutit gens et choses. Il en va de même pour l'attirance exercée par le drame de Golgotha ; depuis que le Capitaine prédestiné de l'humanité, rivé au grand mât du Calvaire, a disparu dans l'abîme de la Crucifixion, il s'est produit un remous surnaturel, inapaisé depuis vingt siècles, où l'égoïsme humain — encensé, adoré se débat, étouffe et périra.
Cela est vrai, étrangement, même dans l'Église chrétienne ; elle ne gravite pas, elle ne doit pas graviter, elle ne peut pas graviter, autour de l'âme individuelle, isolée, concentrée sur l'anxieuse et obsédante préoccupation de son propre salut, ramassée toute sur la vision du Paradis qui surplombe les tortures indéfinies d'une multitude infinie. Sans doute, l'apôtre s'écria : « Je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé, qui s'est livré pour moi » ; mais ce moi lui-même cesse d'être un pivot, ou un axe ; car l'apôtre ajoute « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. » Ainsi l'écrivain sacré semble exalter le moi ; puis aussitôt il semble l'effacer. Voilà, en apparence, une contradiction théorique ; mais elle est pratiquement féconde, et d'une richesse inépuisable. Pour la découvrir, méditons la fin de notre passage ; il nous réserve une incroyable surprise.
⁂
Relisons-le d'un trait. « Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais… » Va-t-il dire pour le prochain ? Écoutez : « Mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux. »
Vous savez quelle est la signification courante attribuée à la formule : « vivre pour soi-même ; elle définit l'égoïsme. Tout à l'heure, en l'examinant à part du contexte je l'ai étudiée comme si l'apôtre Paul, en condamnant une vie gravitant sur elle-même, nous exhortait à ne pas oublier le prochain, à servir les frères. Mais l'écrivain sacré est placé en réalité sur un autre plan que celui de l'idéal de la bienfaisance ou de la bienveillance ; il ne songe pas ici à recommander la morale dit « altruiste » ou « sociale ». Ce qu'il appelle ne pas vivre pour soi-même, c'est vivre pour celui qui est mort et ressuscité en notre faveur.
Assurément, si nous vivons dans la communion de Jésus-Christ, nous vivrons inévitablement dans le service du Père qui est aux cieux et des frères ici-bas. Mais ayons la sincérité de reconnaître que saint Paul, dans notre passage, nous transporte dans un climat différent. Il respire une autre atmosphère que celle du christianisme traditionnel ; pour tout résumer d'un mot, il ignore le « christianisme », (formule abstraite), il ne veut connaître qu'une chrétienté.
Comprenez bien la différence. En lisant l'Évangile, avez-vous l'impression que Jésus voulut fonder le Christianisme officiel, une institution ecclésiastique, un conservatoire des dogmes et des rites, un dépôt de traditions intangibles confiées à des conciles ou à des synodes ? Non, Jésus ne se proposa point le Christianisme, il visa la formation d'une Chrétienté, c'est-à-dire d'un groupement moral et spirituel, d'une communauté fraternelle animée d'un certain esprit, celui des Béatitudes et des Paraboles, celui du « Notre » Père et du « Notre » Pain, celui de la Table communautaire, ce repas de la Communion présidé par celui qui perpétue parmi ses disciples, ses initiés, ses inspirés, une réelle Présence. « Quand deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là. » (On nous accuse parfois de nier cette Présence ? Pareille négation ne serait qu'un reniement.)
Hélas ! le Christianisme fut souvent le fléau de la Chrétienté ! Le Christianisme historique, divisé en confessions rivales, a prolongé durement, d'âge en âge, l'atroce schisme religieux qui empêcha la chrétienté de s'affirmer ici-bas et de sauver le monde moderne. La génération actuelle, sur notre globe, c'est l'assassiné entre Jérusalem et Jéricho ; le prêtre et le lévite représenteraient peut-être assez bien le « Christianisme » actuel ; quant au bon Samaritain, étranger, hérétique, et compatissant, il incarnerait la « Chrétienté ».
Bref, ce que Jésus le Révélateur, Jésus le Libérateur, voulut apporter ici-bas, ce n'est point une religion de plus, c'est un monde nouveau, une autre manière de sentir et de penser, une autre vie. Voilà ce que signifie en réalité la parole énigmatique de l'apôtre : « Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants vivent pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. »
Ni le Christianisme doctrinal, ni le Christianisme ritualiste, ni le Christianisme mystique, ne peuvent remplacer le Christianisme épanoui dans une Chrétienté ; celle-ci est le corps dont le Christ est la tête, une Église invisible, un organisme spirituel, le Cep unificateur dont les chrétiens sont les sarments divers et rassemblés, nourris de la même sève. « Nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit » s'écriait l'apôtre. Ils forment donc une Famille, une société.
Prenez courage, mes frères ! le christianisme commence à se repentir ; comme Adam et Eve après la Chute, il découvre sa nudité. Le Christianisme protestant, honteux de son individualisme sectaire, multiplie les Conférences œcuméniques ; d'autre part, le Christianisme romain, humilié des souvenirs de son « totalitarisme » clérical et persécuteur, proclame aujourd'hui contre la tyrannie « totalitaire » : « Vive la personnalité humaine, vive l'âme libre !... »
Comprenez-vous ? C'est la « Chrétienté » qui se réveille enfin.
Il en est temps, Seigneur ! Sur l'ancien emplacement d'une Europe dite christianisée, les gouvernements actuels distribuent à des millions d'hommes et de femmes les masques protecteurs contre les gaz asphyxiants ; il y en a pour la mère qui allaite son enfant, et pour le nourrisson lui-même qui poussera des cris d'effroi devant le sinistre groin de sa nourrice méconnaissable.
Écoutez, frères et sœurs ! Toutes les églises actuelles, groupées chacune autour de la Table sacrée, toutes les familles actuelles qui ont fait baptiser un enfant « au nom du Père, du Fils et du saint Esprit », tous les croyants actuels qui n'ont pas renié l'oraison dominicale, tous, en vérité, doivent considérer comme un devoir urgent quotidien, l'humble témoignage personnel, le témoignage obstiné, en faveur de Jésus-Christ.
La guerre perpétuelle, sur notre planète, n'est pas une fatalité ; secouons des préjugés séculaires, et cette morne résignation à l'inévitable qui est une forme de l'incrédulité. Notre Dieu s'appelle : Quand même ! C'est le Dieu de l'impossible et de la délivrance. Voilà pourquoi nous avons célébré la Semaine Sainte, malgré nos secrètes larmes de détresse avec des « pleurs de joie ». Alléluia ! notre Christ est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort — (le « Vendredi-Saint ») — et ressuscité en notre faveur — (le « dimanche de Pâques »)
Et maintenant, ô Esprit de la Pentecôte ! ouvre nos yeux pour qu'ils voient, ouvre nos cœurs pour qu'ils reçoivent, ouvre nos lèvres pour qu'elles témoignent, ouvre nos mains pour qu'elles distribuent.
Amen.
Pour aller plus loin
- Wilfred Monod, "L’appel aux moissonneurs", 8 février 1915 (lire sur notre site)
- Wilfred Monod, recueil In Memoriam, "Souvenez-vous de vos conducteurs", 1948, 5 prédications (lire sur notre site)
Lecture de la Bible
Psaume CXLII
De ma voix je crie à l'Éternel,
De ma voix j'implore l'Éternel.
Je répands ma plainte devant lui,
Je lui raconte ma détresse.
Quand mon esprit est abattu au dedans de moi,
Toi, tu connais mon sentier.
Sur la route où je marche
Ils m'ont tendu un piège.
Jette les yeux à droite, et regarde !
Personne ne me reconnaît,
Tout refuge est perdu pour moi,
Nul ne prend souci de mon âme.
Éternel ! c'est à toi que je crie.
Je dis : tu es mon refuge,
Mon partage sur la terre des vivants.
Sois attentif à mes cris !
Car je suis bien malheureux.
Délivre-moi de ceux qui me poursuivent !
Car ils sont plus forts que moi.
Tire mon âme de sa prison,
Afin que je célèbre ton nom !
Les justes viendront m'entourer,
Quand tu m'auras fait du bien.
Matthieu XVI, 13 à 17, 21 à 23
Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'homme ? Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie, ou l'un des prophètes. Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux. [...]
Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât le troisième jour. Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit : A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes.
II Corinthiens V, 14 à 20
Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.
Ainsi, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair ; et si nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière. Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n'imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. 20 Nous faisons donc les fonctions d'ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu !