Déclaration de principes de Jarnac, 1906

Cette déclaration de principe a été adopté à la suite de l’assemblée de Jarnac de 1906, qui a formé l’Union des Églises réformées de France. Elle visait à unir des Églises locales orthodoxes modérées (de « centre-droit » selon la terminologie de l’époque) aux Églises libérales (« de gauche »). Elles n’y parviendront finalement qu’après le Synode national de Paris, à l’Oratoire, le 26 juin 1912. Cette déclaration est alors adoptée pour la nouvelle union d’Églises, avec quelques retouches, données en note. Les « circonstances présences » du texte renvoie à la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905.

Déclaration de principes

Les représentants des Églises réformées de France réunis à Jarnac du 24 au 26 octobre 1906, s'inspirant des décisions prises à Rouen les 11 et 12 juillet, convaincus que, dans les circonstances présentes1, l'Esprit Saint leur impose des responsabilités auxquelles ils ne peuvent plus se soustraire ; 

Après avoir, dans le sentiment de leur indignité personnelle, imploré la grâce de Dieu et délibéré entre eux dans une paix fraternelle ;

Considérant qu'il existe dans les Églises un besoin absolu de sincérité intellectuelle, et une aspiration toujours plus consciente vers une unité fraternelle fondée sur de communes expériences religieuses, maintenue par une volonté commune de repentance morale, de réveil spirituel, de rénovation théologique et de réforme sociale ;

Décidés, en ce qui les concerne et autant qu'il dépend d'eux, à conserver intactes la foi et la liberté qui firent la grandeur et la force des Églises réformées de France ;

Résolus à clore l'ère des polémiques inutiles2 pour appeler tous les disciples du Maître à l'Action bonne, au réveil des Églises, à l'évangélisation de la Patrie, à l'œuvre missionnaire, à la libération des âmes qui se perdent, à la lutte contre toutes les citadelles du péché, pour le triomphe, sur la terre, du Royaume de Dieu, dans la justice, l'amour et la sainteté :

En communion spirituelle avec les Églises réformées de France qui ont exprimé leur foi, au XVIe siècle, dans la Confession de la Rochelle, et, au XIXe, dans la Déclaration de 1872, et avec toutes les Églises issues de la Réforme ;

Proclament joyeusement, et de tout leur cœur :

  1. Leur foi en Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant », don suprême du Père à l'humanité souffrante et pécheresse, le Sauveur, qui, par sa vie sainte, son enseignement, sa mort sur la croix, sa résurrection et son action permanente sur les âmes et dans le monde, sauve parfaitement tous ceux qui, par lui, s'unissent à Dieu, et leur impose le devoir de travailler à l'édification de la Cité de justice et de fraternité ;
  2. La valeur religieuse unique de la Bible, document des révélations progressives de Dieu ;
  3. Le droit et le devoir, pour les croyants et pour les Églises, de pratiquer le libre examen en harmonie avec les règles de la méthode scientifique, et de travailler à la réconciliation de la pensée moderne avec l'Évangile ;
  4. Le caractère nettement laïque et populaire des groupements religieux, la coopération fraternelle de tous, pasteurs et fidèles, dans la paroisse, chacun mettant au service des autres les dons qu'il a reçus ;
  5. Le maintien du régime presbytérien synodal, qui implique l'autonomie religieuse, administrative et financière des paroisses, et leur solidarité sous la forme d'une confédération des Églises.

En conséquence, préoccupés avant tout de réaliser l'union des cœurs et des volontés, ils appellent à eux les croyants et les Églises qui veulent maintenir et propager ces principes essentiels de l'Évangile et de la Réforme.


Parties remplacées en 1912

  1. « Les représentants des Églises affiliées à l’Union nationale des Églises réformées de France, après avoir, dans le sentiment… »
  2. Le début de la phrase sur les polémiques inutiles est supprimé et remplacé par « Désireux de convier tous les disciples du Maître… »
  3. La « déclaration de foi de 1872 » est qualifiée de « confession de foi », et est complétée par « et au XXe siècle par celle de Sainte-Foy... »

Le reste est identique.

Pour aller plus loin