Service Funèbre (obsèques)

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Le culte d'obsèques

La cérémonie

Obsèques à L'Oratoire du Louvre
Photo Pascal Deloche © GODONG

Les protestants ne prient pas pour les morts, pensant qu'ils sont auprès de Dieu, dans la paix du Christ et que ce n'est pas nous qui allons changer leur condition. Ils considèrent que le corps qui était poussière et qui est retourné à la poussière n'a plus d'importance, la cérémonie qui est faite à l'occasion d'un décès est donc pour ceux qui restent ici-bas.

Cette cérémonie a trois objectifs:

  • Être ensemble, réunir ceux qui ont aimé le disparu pour témoigner du fait que l'on n'est pas seul dans le deuil, mais que la communion humaine et fraternelle est essentielle.
  • Commencer à faire mémoire avec bienveillance et affection de la bénédiction qu'a été pour nous la personne disparue. Et rendre grâce à Dieu pour un existence qui nous a été donnée et au bénéfice de la quelle on a été. Ce point est d'ailleurs essentiel puisque souvent les protestants désignent parfois par "service d'action de grâce" le service funèbre.
  • Et enfin, entendre l'Évangile du Christ, Bonne Nouvelle de la vie plus forte que la mort par l'amour de Dieu manifesté en Christ, et partager l'espérance commune de notre foi dans le deuil pour dire que l'homme n'est pas condamné à mort, mais qu'il est promis à la vie.

Le déroulement d'obsèques

Sortie du corps après des obsèques à l'Oratoire du Louvre 
Photo Pascal Deloche © GODON

La cérémonie elle-même dure entre une demi-heure et une heure, selon le désir de la famille. Elle peut se faire avec ou sans le corps, dans l'Oratoire ou au cimetière.

Il arrive souvent que l'inhumation ou la crémation du corps peut ait lieu dans un premier temps, dans l'intimité très proche, puis que soit organisé, quelques instants ou quelques jours après une cérémonie d'action de grâces pour la vie de la personne pleurée.

Si la personne disparue avait choisi des textes bibliques comme témoignage de sa foi, ou si l'on sait qu'elle avait certains passages bibliques préférés, ils seront retenus comme élément central de cette cérémonie, et marqués sur le faire-part. Sinon, des textes peuvent être choisis par la famille en lien avec le pasteur.

Un intervenant autre que le pasteur peut éventuellement prendre la parole pour évoquer la personne disparue, et la musique sera choisie avec l'organiste.

Le service funèbre peut se dérouler de la façon suivante :

  • Orgue ou musique
  • Accueil et louange
  • (Cantique, si la famille est très pratiquante et qu'un organiste a été demandé)
  • Annonce de l'Évangile de la vie
  • (Confession de foi : Confession de foi de la liturgie de l'EPUdF-ERF)
  • (Témoignages d'une ou deux personnes de la famille, de préférence sans s'adresser à la personne disparue, mais parlant d'elle aux personnes présentes)
  • Lectures dans la Bible
  • (Orgue, musique ou cantique)
  • Prédication
  • Orgue, musique ou cantique
  • Prière et "Notre Père"
  • Annonces
  • (Offrande pour l'église ou pour l'entraide de l'Oratoire)
  • (Cantique)
  • Bénédiction de l'assemblée
  • Orgue ou musique

Si l'on pense qu'il y aura peu de personnes présentes capable de chanter un cantique, il est préférable de ne pas mettre du tout de cantique et de les remplacer par de la musique (orgue, disque, ou musicien contacté par la famille).

En pratique

Comment organiser des obsèques ?

Inhumation

Les cultes à l'occasion d'obsèques sont toujours une annonce de l'Évangile aux vivants. Ils peuvent se dérouler de deux façons différentes :

  • soit un culte dans les jours qui suivent le décès avec un transport du corps du défunt dans le temple. Cela implique la présence des pompes funèbres et le respect des jours et des heures de fonctionnement de ces entreprises. Surtout, contactez un pasteur avant de fixer une date avec les pompes funèbres. Vous risqueriez sans cela que le temple soit déjà occupé.
  • soit un culte commémoratif d'action de grâces, sans la présence du corps du défunt. Cela signifie que l'enterrement ou l'incinération ont déjà eu lieu dans le cadre de l'intimité familiale, mais que la famille souhaite un culte d'annonce de l'Évangile, destiné à un cercle plus large que les proches et où la mémoire du défunt sera évoquée. Dans ce cas, les pompes funèbres n'ont aucun rôle à jouer et il y a un plus grand choix de dates possibles dans les semaines qui suivent le décès. Mais là aussi, il est impératif de contacter un pasteur avant de fixer une date.

Ces deux formes de culte sont également pratiquées à l'Oratoire : le choix de l'une ou l'autre relève uniquement de la famille ou des volontés du défunt. La forme et le contenu du culte sont exactement les mêmes, quelle que soit la solution retenue.

Comment demander à un pasteur d'une autre paroisse ou à un pasteur à la retraite de présider un culte d'obsèques ?

Tout pasteur autre que les pasteurs titulaires de l'Oratoire doit demander l'autorisation au Conseil Presbytéral par l'intermédiaire des pasteurs, avant de présider un acte liturgique dans l'Oratoire. Il en est ainsi dans toutes les paroisses de l'Église Protestante de France, conformément au règles de vie de notre église.

La première démarche à faire, avant de fixer la moindre date, est donc de prendre contact avec l'un des pasteurs de l'Oratoire pour lui exposer votre demande. Si la réponse est positive, vous devrez alors rappeler au pasteur de votre choix qu'il doit prendre personnellement contact avec le pasteur de l'Oratoire qui est votre interlocuteur.

La préparation

Pour préciser la façon avec laquelle l'espérance de l'Évangile va être annoncée, pour personnaliser la cérémonie, il faut que ceux qui sont les plus proches du disparu prennent un rendez vous avec le pasteur pour parler de celui qu'ils ont perdu, de sa foi et de la leur. Contactez, le plus tôt possible, les pasteurs.

Méditations sur la mort :

  • Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
    Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
    Noir squelette laissant passer le crépuscule.
    Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
    L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
    Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
    Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
    Le trône en l'échafaud et l'échafaud en trône,
    Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
    L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.
    Et les femmes criaient : -- Rends-nous ce petit être.
    Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? --
    Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
    Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
    Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
    Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre
    Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
    Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
    Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
    Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.
    Mars 1854.
    Victor Hugo, Les Contemplations (1856)
  • CE QUE C’EST QUE LA MORT

    Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.
    On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
    On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
    On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
    On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,
    La sombre égalité du mal et du cercueil ;
    Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;
    Car tous les hommes sont les fils du même père,
    Ils sont la même larme et sortent du même œil.
    On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;
    On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
    On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.
    Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu
    Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,
    Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbres
    De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
    Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini
    Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,
    Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchante
    L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.
    On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
    Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,
    Tout notre être frémit de la défaite étrange
    Du monstre qui devient dans la lumière un ange.
    Victor Hugo
    Au dolmen de la tour Blanche, jour des Morts, novembre 1854

  • Ce que c’est que mourir, je ne sais.
    Aucun homme, d’ailleurs, ne peut vraiment savoir pour lui-même quel est cet instant de bascule de la vie vers la mort. Coincés que nous sommes entre naissance et mort, comment pourrions-nous connaître notre après ? Les mots, comme des bijoux taillés dans l’imagination, nous sauvent parfois de la brutalité du réel. Et nous trouvons en eux, le précieux prix de notre passage sur la terre, qui sans le récit qu’ils tissent de nos vies, ne serait que vapeur et poursuite de vent comme le dit l’Ecclésiaste. Les sertissant ensemble, tels des joaillers de l’âme, les poètes racontent l’indicible racine du désir de vie en nous, les désespoirs sans fin, les aubes après les ténèbres cruelles. Parant ainsi la mort, ils nous la rendent moins sauvage et de pouvoir l’imaginer comme un pays lointain, nous rend le voyage moins pénible, car encore empreint d’espérance. Qu’y a-t-il à l’arrivée, quelle est donc sa destination ? Le Sheol, l’Enfer ou l’Hadès ? À moins que ne s’y trouvent les jardins suspendus de la belle Babylone ? A vrai dire, nous ne savons jamais de la mort que ce qu’elle est pour les autres. Et de ce voyage d’où l’on ne revient pas, nous n’avons que l’image de ces voyageurs chéris ; emportant avec eux une partie de nos vies. Le père qui s’en va, nous plaçant en première ligne sur le front de la vie ; la mère qui s’éteint, nous ravissant l’image d’un visage cent fois contemplé et pourtant impossible à retrouver. L’amour qui nous quitte, nous divisant en deux, tels des animaux du sacrifice. L’enfant qui nous est arraché faisant de ses parents des …. Des quoi d’ailleurs ? Il y a un mot pour dire que l’on perd un parent; il y a un mot pour dire que l’on perd un époux. Mais, pour l’enfant, il n’y a que le silence épais de l’indicible blessure ; les mots alors ne consolent plus. Alors, au milieu du silence, vient la musique, seule aide possible quand le temps se fait gouffre. Linceul blanc jeté sur les ténèbres, seul moyen pudique de dire la misère impudique. Harmonisant le chaos et révélant sa profondeur, elle vient puiser aux sources de nos larmes et rend belle la plus hideuse des peines, elle restaure l’âme, comme dit le psalmiste. Sur les terres arides de l’absence, au milieu du non sens, jaillissent des sources insoupçonnées, et le désert déjà fleurit. Au milieu des ruines du passé, nous remettons pierre sur pierre, infatigables bâtisseurs de vie. « Combleurs de brèches » prophétiques. Alors, de ces voyageurs évanouis dans les brumes du temps, nous retrouvons ce qu’ils nous ont laissé, et leur vie, en nous, est suscitée à nouveau : Le parfum d’une mère, la voix d’un père, la douceur de l’amant, et le rire de l’enfant. Il n’était pas si loin ce pays ignoré.
    Pasteur Béatrice Cléro-Mazire, Concert du choeur de l'Oratoire, 17 janvier 2019

Quelques liens :