Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir…
Matthieu 25:31-46
Culte du 27 novembre 2011
Prédication de pasteur Gilles Castelnau
( Matthieu 9:1-11 )
(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo)
Culte du dimanche 27 novembre 2011 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Gilles Castelnau
La nuit tombe tôt, la fatigue se fait sentir mais les Fêtes approchent : le marché de Noël est sur les Champs Elysées, on achète nos cadeaux. Les vitrines du Printemps et des Galeries Lafayette sont animées... On a toujours fêté le solstice d’hiver et déjà du temps de Jésus on célébrait les Fêtes de fin d’année dans tout l’Empire, à Bethléem et à Capernaüm aussi certainement. Jésus et sa famille vivaient dans cette ambiance qui ressemblait à la nôtre.
- On célébrait la fête de la lumière, le soleil « invaincu » (il allait recommencer à croître après avoir tant décliné). Le peuple se répandait dans les rues avec des torches et des chandelles et on échangeait des cadeaux. - On y ajoutait les Saturnales. A partir du 17 décembre et cela plaisait tant qu’au lieu de deux ou trois jours au début, on faisait durer la fête jusqu’au 23. C’était l’âge heureux du règne de Saturne, plein de douceur et de justice. On pratiquait l’inversion sociale : on servait les esclaves, on leur reconnaissait une certaine liberté de parole. Les maris servaient leur femme. On ne croyait plus vraiment au Dieu Saturne, mais cela n’empêchait pas de rêver : que ce règne de Saturne vienne ! Je pense que Jésus partageait l’idéal de ses contemporains mais qu’il pensait à Yahvé, le Dieu vivant lorsqu’il disait : « que ton Règne vienne ! »
- On célébrait le 25 décembre l’anniversaire de Mitra. Jésus ne devait pas être son adorateur mais on peut participer à une fête sans adhérer vraiment à tout son sens : aujourd’hui bien des juifs et des musulmans, bien des athées célèbrent Noël, sa lumière et sa Semaine de Bonté sans s’attacher particulièrement à la naissance du Christ.
Mitra était loin d’être antipathique. Il était le Dieu sauveur qui permettait la victoire de la vie sur les forces de mort. Il avait tué le taureau que l’on mangeait avec du pain et du vin et dont le « sang éternel » faisait vivre. Il était « invincible » et soutenait ses fidèles dans leur lutte contre le mal et ses démons. Il était monté sur le char du soleil. Il était le Soleil de Justice.
Jésus devait aimer ces fêtes du solstice d’hiver et il se serait certainement senti véritablement compris en apprenant qu’on célébrait ce jour-là son anniversaire. Il aurait été sans doute heureux parmi nous à cette occasion (et il aurait certainement apporté son offrande aux marmites de l’Armée du Salut, aux Restaurants du Cœur de Coluche, au Secours Populaire, au Secours catholique ou au Centre d’Action Sociale Protestant.
Noël que nous fêtons prolonge tout cela. Mais le texte que je viens de lire nous donne des jalons qui dépassent la paix et la bonne volonté des Saturnales, du soleil invaincu et du culte de Mitra. Des jalons qui contournant les exigences doctrinales et morales de pharisiens conservateurs et fondamentalistes.
- Jésus annonce son pardon au paralysé alors qu’il n’a manifesté aucune repentance et que de toutes façons ce n’était pas le Yom Kippour. Il récupère aussi ses jambes et toute sa vigueur et Jésus, loin de lui demander de demeurer ici auprès de lui, l’envoie « dans sa maison » pour une nouvelle vie, la vie réhabilitée et dynamisée qui convient aux enfants de Dieu.
- Jésus appelle Matthieu (que les autres évangiles nomment Lévy), alors qu’il n’était qu’un collecteur d’impôts travaillant pour les Romains. L’homme de l’Empire haï de César au lieu d’être l’homme du Royaume du Dieu d’Israël.
- Puis Jésus rejoint tout ce monde dans « la » maison (Marc et Luc disent qu’il était invité dans la maison de Lévy. Ici, Matthieu nous laisse dans le vague : « la » maison. Celle où l’on est en compagnie de Jésus et dans son ambiance. Peut-être la vôtre ou la mienne. Dans cette maison où il y a Matthieu et d’autres « pécheurs ». Peut-être aussi le centurion romain (adorateur de Mitra sans doute, les militaires l’étaient volontiers) dont Jésus venait de guérir son jeune serviteur auquel il était si attaché. La femme syrienne adoratrice de Baal comme on l’était couramment dans ce pays. A aucun Jésus ne pose de question indiscrète. A aucun il ne demande de croire en lui ou au Dieu d’Israël. Il en était ainsi dans sa famille : rappelez-vous que Joseph et Marie avaient accepté les hommages et les cadeaux des mages sans leur faire la moindre remarque alors qu’il étaient astrologues - ce que la Loi de Moïse récusait radicalement - et qu’ils venaient d’Orient, d’Irak ou d’Iran... Jésus ne disait rien.
Dans « la » maison, l’ambiance était nouvelle, apaisante, dynamisante, fraternelle, sans culpabilité ni étroitesse d’esprit. Quel que soit son horizon spirituel, on y était comme chez soi, on était les hôtes de Dieu. Les hôtes de Dieu, tel que Jésus le comprend. Dieu qui pardonne le paralysé coupable sans qu’il se soit repenti, sans que ce soit le Yom Kippour. Dieu qui invite le collecteur d’impôts et s’assied avec les « pécheurs ». Dieu qui fait ce que les hommes avaient pressenti en célébrant le règne de Saturne, la fête de Mitra et le soleil invaincu. Mais qui, comme disait Paul, va « infiniment au-delà de ce que nous demandons ou pensons. » Matthieu disait : « Dieu qui donne aux hommes un tel pouvoir ».
- Et voici que Saturne et Mitra sont dépassés en profondeur, en force, en imagination, en « inversion » réelle, en soleil qui se lève, en joie de vivre.
- Et voici que les pharisiens conservateurs sont dépassés en ouverture d’esprit : Dieu qui libère l’esprit de nos tabous religieux ou sociaux. Qui nous permet de franchir les limites de nos représentations habituelles, de notre éducation et ouvre des champs nouveaux à notre esprit d’investigation. nos habitudes, notre religion.
Ce ne sont pas les règles de pureté, de morale stricte des pharisiens intégristes qui peuvent nous aider à vivre. Ce n’est pas notre appartenance à une religion, à une idéologie qui peut nous rendre humains, sympathiques et souriants. C’est le pouvoir de nous sentir pardonnés, déculpabilisés, de nous lever et de vivre une vie nouvelle dans notre maison et dans « la » maison des autres avec « le pouvoir de vie que Dieu donne aux hommes ». L’Esprit qui anime les enfants de Dieu. Un Esprit de force et de guérison et donc un Esprit d’ouverture sans crainte. Les lois de Moïse étaient excellentes mais le raidissement des pharisiens les rendent inhumaines. Les dogmes, les traditions religieuses sont des conclusions, les clés de voûte des réflexions de ceux qui ont aimé le Christ avant nous. Mais ils nous enferment en nous-mêmes et excluent les autres si on les identifie à la Vérité divine.
Jésus est allé dans des maisons où il n’aurait pas dû aller. Il nous en donne l’exemple. La Présence spirituelle de Dieu nous ouvre au monde, nous libère de nos principes étroits et de nos peurs. Jésus montre que Dieu est Père de tous les hommes et qu’un seul commandement compte : Aimer Dieu ainsi que son grand dessein de créativité et aimer son prochain objet de ce grand dessein de créativité. Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir. La fête de Noël ne se célèbre pas enfermés derrière les murs de l’église mais dehors avec les gens : « va dans ta maison... »
Pour pratiquer l’amour que Jésus nous fait connaître, méfions-nous de ce mot qui est trop galvaudé aujourd'hui et sent souvent la guimauve molle et sucrée. Un théologien proposait d’observer un moratoire sur de mot amour. Disons plutôt respect, fraternité, empathie. L’empathie se distingue de la sympathie en ce qu’elle n’est pas sentimentale, émotionnelle. Elle fait ressentir ce que vit le paralysé, le collecteur d’impôts, notre prochain, même si nous ne le trouvons pas sympathique. L’empathie à niveau zéro nous rend psychopathes, psychorigides, narcissiques. Au niveau 6 elle nous ouvre à l’Esprit de Dieu que Jésus nous révélait..
Nous célébrerons Noël dans un monde dont nous savons qu’il est animé, travaillé, libéré, apaisé, rendu fraternel et humain par la présence de Dieu.
« Va dans la maison », même si elle est mal fréquentée et rayonne ce « pouvoir que Dieu a donné aux hommes »
Lecture de la Bible
Marc 7 :1-23
Jésus, étant monté dans une barque, traversa la mer, et alla dans sa ville.
2 Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Prends courage, mon enfant, tes péchés sont pardonnés.
3 Alors, quelques scribes dirent au-dedans d’eux: Cet homme blasphème.
4 Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit: Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos coeurs?
5 Car, lequel est le plus aisé, de dire: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, et marche?
6 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison.
7 Et il se leva, et s’en alla dans sa maison.
8 Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.
9 De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages et qui s’appelait Matthieu. Il lui dit: Suis-moi. Cet homme se leva, et le suivit.
10 Comme Jésus était à table dans la maison, voici, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples.
11 Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples: Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie?