Fatigués, chargés, quel repos ?

Matthieu 11:28-30

Culte du 1 novembre 2020
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo du culte entier

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 1er novembre 2020
Culte du Souvenir
Fatigués, chargés, quel repos ?
Matthieu 11 verset 28

Culte par la pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
Musique : Aurélien Peter, organiste suppléant

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Orgue

Annonce de la grâce

La grâce et la paix nous sont données, ici et maintenant,  de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus, le Christ, son fils et notre frère.
Bienvenue à chacun et chacune pour ce temps de culte, marqué par le temps du reconfinement. Aujourd’hui, c’est notre dernier culte en « présentiel ». Merci de respecter scrupuleusement les gestes barrières et la distanciation physique.
En ce 1er novembre, le dimanche le plus proche du 31 octobre, nous  fêtons la   « Réformation », dont le culte régional a été célébré hier soir, en visioconférence. Une fête très modeste, où l’on se souvient du jour où le moine Martin Luther a affiché le 31 octobre 1517, 95 thèses pour faire réfléchir l’église de son époque. C’était le coup d’envoi de la Réforme, qui a donné naissance au protestantisme. La Réforme remettait la lecture de la Bible au centre de la foi chrétienne .
Mais en ce 1er novembre, ce culte sera dédié aux familles endeuillées, ayant perdu un proche, pendant cette année.
« Nous sommes ensemble pour recevoir la Parole afin qu’elle nous réconforte aux jours d’épuisement et qu’elle nous remette en route, les jours de lassitude, afin qu’elle nous rende audacieux dans les jours où il faut combattre et très reconnaissants lorsque nous sommes heureux ». (Marianne Seckel, pasteure).

Et pour commencer ce culte, voici un texte que je voudrais partager avec vous, en ces temps incertains et sombres :

Je continuerai à croire même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si  les autres piétinent la récolte.

Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie, là où il n’y a que tristesse.

J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter.
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent  épuisés.

(Abbé Pierre)

Réunissons-nous dans la communion fraternelle avec le 1er chant du livret inséré au début du psautier

Répons : Bénissons Dieu le seul sauveur (Psaume 134).

Bénissons Dieu le seul Seigneur, nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison, pour bénir et louer son nom.

Louange
Louons Dieu !

Eternel !
Que tout ce qui est en moi bénisse ton saint nom.
Que mes mains te louent par leurs gestes,
Que mes pas te louent par leurs chemins.
Que mes lèvres te bénissent à travers leurs chants,
Que mes yeux te célèbrent en reflétant ta lumière,
Que mes oreilles te répondent en écoutant ta voix.
Que ma mémoire te rende grâces
      En rappelant tes délivrances,
Que mon intelligence te loue
      En cherchant la voie de ta sagesse,
Que ma volonté t’honore
      En se faisant servante de la tienne.
Que mon coeur te loue en aimant de ton amour,
Que ma force te loue en s’offrant à toi,
Que mon corps, demeure de ton Esprit, te loue sans cesse.
Que tout en moi te rende gloire.

Chant d'assemblée : Dans le Psautier Français, Psaume 42, « Comme un cerf altéré brame », strophes 1, 2 et 8.

1 - Comme un cerf altéré brame,
Pourchassant le frais des eaux,
O Seigneur, ainsi mon âme,
Soupire après tes ruisseaux.
Elle a soif du Dieu vivant,
Et s’écrie en le cherchant :
O mon Dieu, quand donc sera-ce,
Que mes yeux verront ta face ?

2 - Mon seul pain ce sont mes larmes,
Nuit et jour en tous les lieux ;
On se rit de mes alarmes,
On me dit : « Où est ton Dieu ? »
Mon cœur songe aux temps passés :
Vers ton temple, j’avançais,
Aux accents de la trompette,
Au milieu du peuple en fête.

8 - Dans ma nuit mets ta lumière,
Dans mon cœur ta vérité,
Pour guider jusqu’à son père,
Le retour de l’exilé.
A nouveau, Dieu de ma joie,
Je ferai monter vers toi
Avec tous ceux qui te chantent
Ma ferveur reconnaissante.

Volonté de Dieu

Dans l’Evangile de Marc il est écrit :
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, 
de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.
C'est là le grand et le premier commandement,
et voici le second, qui lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.

Répons : Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute….

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,,
Et les jours et les nuits.

Repentance
Présentons-nous devant Dieu,  avec une prière de Martin Luther :

Mon Dieu,
Permets que je demeure ferme dans la foi
Et que je ne cède pas au doute.
Non pas parce que ma prière est bonne,
Mais parce que toi, tu es la vérité.
Ô Père, encourage et fortifie par ta sainte Parole l’homme faible que je suis.
J’ai souvent de la peine à accepter ta volonté pour moi.
Donne-moi la force, Père, d’être obéissant pour ne pas succomber à la tristesse.
Enseigne-moi, ô Père,
A ne pas me confier en moi-même
Ou en mes belles entreprises,
Mais à tout attendre de ton infatigable bonté.
Que la tristesse de vivre,
Souvent en désaccord avec ta volonté,
Ne me submerge pas,
Mais plutôt que ta miséricorde
S’étende à toute ma vie et la fertilise.
Père céleste, nous te recommandons tous ceux qui s’efforcent
de triompher de leurs angoisses.
Affermis ceux qui résistent encore, et viens à nouveau en aide à ceux
qui sont tentés.
Bon Père céleste, je viens à toi et je te supplie de me
pardonner, non parce que je puis étaler devant toi mes
propres mérites, mais parce que tu l’as promis par serment,
en sorte que je n’ai pas le moindre doute quant
à ta volonté de me pardonner et de m’accueillir.
Amen.
Martin Luther: Ferme dans la foi

Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ».

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Annonce du pardon

Pour accueillir le pardon que Dieu nous donne, je vous invite à vous lever :
Quand les montagnes s’effondreraient, dit Dieu,
Quand les collines chancelleraient,
Ma bonté pour toi ne faiblira pas,
Et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée,
Je t’aime d’un amour éternel dit le Seigneur,
Et je te garde ma miséricorde.
AMEN

Chantons à Dieu notre reconnaissance, par le

Répons « Combien grande est ta gloire (psaume 92).

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais, 
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles  ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Confession de foi
Nous partageons maintenant une confession de foi, en provenance de l’Eglise luthérienne du Canada :

Confession de foi de l’Église luthérienne du Canada
Nous croyons en Dieu, qui a créé le monde, l'aime et lui sourit.
Nous croyons en Jésus-Christ, qui nous a révélé l’humanité de Dieu et un amour illimité, et nous appelle à une vie épanouie que même la mort ne peut éteindre.
Nous  croyons au Saint-Esprit grâce auquel Dieu nous rejoint, nous surprend, nous remet en question et nous envoie ; cet Esprit Saint, souffle de vie créatrice et d’humour, nous nourrit et nous remplit d’espérance.
Nous croyons en nous-mêmes en tant que communauté créée à l’image de Dieu, capable de créativité et de destruction, mais appelée à choisir entre les deux.
Nous croyons qu’aujourd’hui, Christ nous conduit sur un chemin de vie qui peut sembler absurde à vues humaines.
Nous croyons qu’il nous appelle à résister au mal, quel qu’il soit, y compris tout ce qui peut dégrader ou détruire autrui et le monde autour de nous. 
Nous croyons que nous sommes appelés à l’amour, la justice, la liberté et la paix.
Amen

Répons : Grand Dieu, nous te bénissons…

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Eternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
 
Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité »

Lecture du passage de la Bible médité
Evangile de Matthieu, chapitre 11, versets 28 à 30 :
 
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge, moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug, et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Mon joug est bon et ma charge légère ». (Nouvelle Bible Segond).
 
Chant d'assemblée : dans Louange et Prière, Cantique n°297, « ô Dieu des grâces éternelles », strophes 1, 2 et 4.

1 - O Dieu des grâces éternelles !
Le temps est proche où ton amour
Fera toutes choses nouvelles,
Prépare-nous pour ce grand jour.
Au vrai bonheur tu nous appelles,
O Dieu des grâces éternelles !

2 - Auprès des sources de la vie,
Jésus fait paitre ses troupeaux,
Du berger la voix est suivie,
Par les brebis et les agneaux ;
Allons à lui nous qu’il convie,
Auprès des sources de la vie.

4 - La foi doit se changer en vue,
Une autre aurore suit le soir :
Ainsi la grâce est attendue,
Ainsi la gloire est notre espoir.
Regardons plus haut que la nue,
Et que la foi se change en vue !

Prière
 
Dieu, notre Père,
Ta parole traverse le temps, traverse l’histoire, traverse nos vies,
Traçant des chemins de lumière.
Par elle, nous ne sommes plus perdus au gré du vent,
Ballottés dans les agitations et les incertitudes du présent.
Car nous croyons que nos racines profondes et notre destination dernière sont en Toi,
En ton Esprit qui souffle sur le monde, du commencement jusqu’à la fin des temps.
La grande souffrance des hommes, notre grande souffrance,
Est de t’avoir perdu ou de te perdre encore,
ou de fermer à ta voix nos portes intérieures,
de sorte que nous sommes privés de mémoire et d’espoir.
Mais ta parole, si nous savons l’entendre ou la garder,
Nous enracine dans les profondeurs du passé,
Et lance vers l’avenir des passerelles d’espérance.
Elle élargit nos cœurs et nos pensées,
En ouvrant nos vies à leur vraie dimension,
Leur vraie grandeur,     
Leur vraie durée,           
Celles de l’infini et de l’éternité.
Dieu, notre Père, ouvre nos portes intérieures,
Pour que passe au profond de nous,
Ton souffle créateur.
Amen
(Jacques Julliard, Ouvre nos portes intérieures) 

Orgue

Prédication

Amis, frères et sœurs, 

Depuis quelques semaines, le monde s’emballe,  avec l’assassinat de ce professeur, à Conflans Sainte Honorine,  puis celui de ces trois personnes à la Basilique de Nice, jeudi, et la tentative d’assassinat de ce prêtre orthodoxe à Lyon, hier.  Il y a les agressions verbales d’un président à un autre, d’une nation à l’autre, il y a  ces guerres et ces séismes, tant humains que géologiques, et  la surenchère de chacun, prenant position, sur les événements actuels,  amplifiés par les réseaux sociaux. Il y a les polémiques sur tous les sujets de société, sans oublier la politique étrangère. Il y a cette violence omniprésente sur nos écrans et autour de nous. Il y a ces relations avec autrui, contaminées par des réactions épidermiques, gangrenées par des egos surdimensionnés. Le tout  sur fond de pandémie de Covid, dont la deuxième vague semble être plus meurtrière que la première, fragilisant particulièrement le personnel soignant et qui nécessite ce re-confinement, obligé, qui génère une inquiétude économique justifiée.  

Mais au fond, la liste est beaucoup plus longue que cette énumération des derniers événements. Il y a tout ce dont les médias ne parlent pas, à savoir notre vie quotidienne, avec ses pesanteurs personnelles, conjugales, familiales et  professionnelles.  Il y a ces soucis de santé, ces inquiétudes médicales, ces incertitudes quant à une décision à prendre. Et puis, il y a cette solitude, causée par ce chagrin d’avoir perdu  ces derniers temps, un temps qui ne se mesure pas,  un être cher, et la douleur est là,  à l’intérieur, lancinante, dont on sait qu’il va falloir vivre avec, mais on ne sait pas vraiment comment. Il y a toutes ces tracasseries administratives, consécutives à ces décès,  dont on peine à se sortir. 

Alors, je vous propose de prendre le temps de reposer nos vies, avec cette parole contenue dans l’Evangile de Matthieu : « Venez à moi qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai le repos ».
C’est une parole, en quelque sorte, à contre courant, qui ressemble à un coup d’arrêt, qui oblige à agir autrement, une parole à recevoir, pourquoi pas, comme un cadeau, une petite surprise inattendue. 
« Venez à moi qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai le repos ».
Dans une autre traduction,  on peut lire aussi : « Et je vous soulagerai ».

Ce qui est extraordinaire avec les mots de la Bible, c’est qu’on peut toujours les prendre au sens propre comme au sens figuré. Lorsque nous entendons ces parole, nous pouvons repérer déjà comment elles résonnent en nous et quelles images elles font surgir en cet instant. Et de là, nous pouvons personnellement identifier le ou les  fardeaux que nous portons

Lorsqu’il prononce ces paroles, Jésus vient d'envoyer ses disciples en mission : "Allez vers les brebis perdues de la maison d'Israël, prêchez, guérissez, purifiez les lépreux, chassez les démons ». Un peu plus loin, Jésus ajoute : "Prenez mon joug, recevez mes instructions". Le repos dont parle Jésus semble bien étrange ! 

Si nous entrons dans le détail du texte, nous trouvons cette formulation, avec deux verbes à l’impératif : « Venez à moi » …et un peu plus loin : « Prenez mon joug  ! »
Nous n’aimons pas forcément ces impératifs qui  renvoient à l’incontournable et à l’urgence d’une situation.
Ces impératifs, avant d’être un ordre, sont d’abord une invitation. « Venez à moi… » dit Jésus. Il s’agit ici d’un mouvement à faire, d’un déplacement à effectuer. Ce déplacement oblige, par conséquent,  à se décentrer. C’est une invitation à se décentrer de nous-mêmes, à ne plus porter le regard seulement sur nous-mêmes, c’est à dire, sur un espace plus ou moins restreint, mais au contraire, à porter notre regard au loin, élargir notre ligne d’horizon et porter notre attention, dans la foi qui est la nôtre,  sur un homme nommé Jésus.

Lorsque nous sommes plongés au cœur du quotidien, agressés par les soucis de tous ordres, nous n’avons pas forcément la possibilité de prendre le recul nécessaire pour analyser la situation qui nous préoccupe. 
Au cœur des événements douloureux de notre existence, il arrive que la relation avec autrui soit mise à mal, abîmée,  brisée,  et il arrive que l’on ne sache plus comment la rétablir. 
Il en est de même avec Dieu, lorsque nous ne savons plus  quelle place il tient dans nos existences. Et retentit alors à nos oreilles cette phrase oubliée : venez à moi, qui êtes fatigués et chargés et je vous soulagerai, je vous donnerai du repos.
Cette invitation à tout déposer est un véritable réconfort, dans notre contexte où il n’y a plus guère de répit pour personne. Et peut-être encore plus, en ce moment, dans ce contexte de pandémie, qui brouille les perspectives d’avenir et où les informations, les plus effroyables les unes que les autres, peuvent nous faire agir de façon désordonnée. 

Le second impératif est celui-ci : « Prenez mon joug », ce qui pourrait faire penser que nous allons ployer davantage. 
Prenez mon joug sur vous, laissez-vous instruire par moi,  littéralement, apprenez de moi.
Mettez-vous à mon école, pouvons-nous lire dans une autre traduction.
Alors que nous avons invité à déposer notre fardeau, voilà qu’il faut prendre le joug. Et si nous entendons ce mot d’une façon négative, nous avons bien raison !  Le joug n’est-il pas  justement synonyme d’esclavage et de servitude ? Car tout de même, le joug est la pièce de bois qui sert à l’attelage des bœufs, et cela n’a rien de très réjouissant ! 

Et si j’insiste un peu, on retrouve la racine du mot « joug », dans le mot…conjugal…littéralement, la vie conjugale…cela veut dire « porter le joug ensemble » … Si on s’arrête à cette compréhension des choses, j’ai peur que cela ne soit pas plus épanouissant !  Dans les textes que nous travaillons, que nous méditions, Il y a toujours des problèmes de traduction. Comment rester fidèle au texte original ? C’est si facile de se tromper. Et pourtant, il faut se lancer, se risquer.
Le mot joug, en grec, désigne une relation en vérité,  qui existe entre un maître et un serviteur, autrement dit, entre deux personnes de classe sociale différente. Cette relation se noue dans une sagesse et une réflexion authentique, du moins en théorie, car c’est souvent plus difficile à vivre concrètement. 

Mais ce qui vaut pour deux personnes de classe sociale différente vaut aussi pour deux personnes de culture différente, de race différente, de sexualité différente, de religions différentes, de positions théologiques différentes. Porter le joug ensemble, c’est avoir une relation vraie avec l’autre, tout en prenant en compte les difficultés qu’il éprouve dans le moment présent. 
C’est parler, discuter, s’affronter peut-être aussi,  mais aussi réconforter, éclaircir, prendre du recul pour une meilleure décision, une meilleure orientation. 
Il me semble que dans le contexte brouillé, trouble, c’est garder à la fois la tête froide et  le cœur chaud. 

Ce que Jésus cherche à dire à ses disciples, à ceux qui l’entourent et à nous aujourd’hui, c’est ceci : déposez à mes pieds vos propres fardeaux et portez à la place quelque chose d’autre qui vient de moi, quelque chose qui sera plus léger que ce que vous êtes en train de porter. C’est un nouvel enseignement de vie qui laisse la place à la réflexion, au recul, au discernement. 

Mais en même temps, il ne s’agirait pas de faire un contre sens, dans une compréhension complaisante de ces versets. Il ne faudrait pas les sortir du contexte dans lequel ils ont été écrits. A l’époque de Jésus, il s’agit du contexte de la Palestine du premier siècle, cette époque où la loi de Moïse était analysée, interprétée méticuleusement par quelques spécialistes, scribes, prêtres, docteurs de la Loi. Ceux-ci en imposaient les nombreux préceptes au peuple,  dans un souci de fidélité intègre et identitaire, dans un pays occupé par les Romains.  

La foi juive ne consistait pas uniquement dans cette observance et dans ces prescriptions légales. Jésus, qui est proche du peuple, de ces "petits enfants" qu'il oppose aux "sages et aux savants" de la religion, savait combien cela pesait  sur les gens.  En fait, ce que Jésus  dénoncera tout au long de son ministère, ce n'est pas la Loi, mais c'est le légalisme, le fait de juger chaque personne et chaque situation uniquement en fonction de la loi religieuse au premier degré, le fait d'imposer aux gens de lourds fardeaux sans avoir l'intention de les appliquer à soi-même, bref le fait de faire de la loi une idole. Tout cela nous le savons bien. Nous y sommes même particulièrement sensibles en tant qu’enfants de la Réforme protestante. La loi ne précède pas l'amour de Dieu. Il n'est plus question de faire des choses pour gagner l'amour de Dieu ou  l'honneur des hommes, il s'agit d'abord de s'ouvrir à l'amour de Dieu, d'en vivre pleinement, librement, et dans cet esprit de joie, de plénitude et de liberté, trouver le chemin qui répond à la volonté de Dieu. Trouver ce chemin passe par des périodes de tâtonnements.  Le repos dont parle Jésus, c’est alors la grâce de Dieu promise à tous ceux qui s'approchent de lui en confiance, gratuitement, comme des enfants. Aux yeux de Dieu, si je puis dire, il n’y a rien à faire, rien à prouver, seulement à être de ce que nous avons compris de ses commandements. 

« Mettez vous à mon école » dit Jésus. Littéralement, laissez-vous instruire par moi. 
C’est l’image de l’enseignant qui apparaît ici.   Et je voudrais vous rendre attentif à cette formulation particulière. Il ne dit pas : Laissez-moi vous instruire. Comme quelqu’un qui détiendrait un savoir. Mais il dit « Laissez-vous instruire par moi. L’enseignant ici, est aussi un pédagogue. C’est un partage d’expériences. 
Jésus ne se contente pas de transmettre son savoir. Il se place en exemple de ce qu’il enseigne. En même temps qu’il enseigne, Jésus apprend tout autant sur lui. Bien souvent il sera poussé dans ses retranchements, et il devra adapter son enseignement aux personnes qu’il rencontre. 

Au fond, nous ne cessons d’apprendre. Et dans la foi qui est la nôtre,  nous avons encore et toujours à apprendre de Jésus, dans notre vie de foi et nos engagements, dans notre construction personnelle, notre maturité et aussi dans notre témoignage. Nous avons tout à apprendre sur la relation authentique avec l’autre et la Bible nous en fournit des exemples multiples : Jésus ne cesse d’alléger les relations avec l’autre et de l’autre avec Dieu : je pense, entre autre, à la femme adultère, libérée de sa faute, à Lazare, libéré des liens de la mort, à Jaïrus, libéré du chagrin de la mort de sa fille, à la femme hémorragique,  libérée du poids de la honte. 

Si finalement, nous avons tout à apprendre de Jésus pour notre vie chrétienne, cela nous nous renvoie à nous-mêmes, et force est de constater que, ce que nous savons, humainement parlant, n’est pas suffisant. Et si nous prenons le temps de reconnaître que nous ne pouvons pas nous suffire à nous-mêmes, cela nous place dans la même situation que les enfants qui attendent tout de leurs parents.
Mais cette constatation ne doit pas nous effrayer, car elle nous renvoie en toute sérénité au début du texte de l’Evangile : « Père je te loue de que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants ».

Amis, frères et sœurs, tout au long de son ministère, Jésus n’aura de cesse de s’adresser aux « enfants ». Il se tournera vers les petits, dans tous les domaines, il s’approchera de ceux qui souffrent, quelque soit le nom de leur souffrance, de ceux épris de liberté, de ceux qui ont faim et soif de justice, de paix et de douceur,  il n’aura de cesse de rencontrer les estropiés de la vie, les aveugles et les paralysés de l’existence, les malades d’amour et d’affection, les humiliés et les offensés, mis au ban de la société. Chacun à notre manière, nous faisons partie de ces petits. 

Jésus est apparu pour témoigner en paroles et en actes qu’une relation plus simple est possible entre Dieu et l’être humain. Il est venu apporter une parole libératrice qui rétablit l’être humain dans sa dignité, qui l’aide à se relever, s’il est à terre, à avancer s’il ne peut plus marcher, à aimer de nouveau, si la haine le ronge, à pardonner, si la rancune est tenace. C’est une école difficile, exigeante mais constructive. 

C’est sûrement dans les derniers mots  que nous trouvons la nouveauté de la Parole, Bonne Nouvelle : « Mon joug est facile et mon fardeau léger ». En quoi le joug du Christ est-il facile ? En quoi son fardeau est-il léger ? Son exemple ne le conduira-t-il pas à la mort ? Ceci est une autre question, mais une question quand même. 
Mais c’est notre vocation humaine de mourir. C’est ce à quoi on reconnaît notre humanité. Ce qui va être important, c’est la façon dont nous allons vivre avant notre mort. 

Et une proposition nous est faite avec le texte d’aujourd’hui. Dans la démarche de foi qui est la nôtre, chacun est invité à s’abandonner en confiance, qui est d’ailleurs une des définitions de la foi, tout en reconnaissant sa propre vulnérabilité, sans pour autant en avoir peur. Nous ne pourrons faire face à ce qui nous entoure que si nous acceptons à la fois d’être consolé et consolidé. « Venez à moi, les fatigués de ce monde, les déçus de la vie, les écrasés de chagrin, les accablés de culpabilité, les vidés de tout espoir, les infirmes de la foi et de l’amour, et je vous donnerai le repos ».

Nous sommes invités à faire ce mouvement vers lui, en nous souvenant que notre intégrité est préservée. Celui qui nous appelle est doux et humble de cœur. Son joug est facile et son fardeau léger, parce qu’il est avant tout respectueux de nos manières d’avancer, puisqu’il a choisi d’avancer au même pas que nous. Il est d’une patience infinie. Il sait que cela prendra du temps, peut-être toute une vie, mais il veut que nous croyons que cela est possible, il veut qu’aucun cheveu de notre tête ne soit perdu.

Amen

Orgue

Chant d'assemblée : dans Louange et Prière, Cantique n° 318,  « C’est moi, c’est moi qui vous console », strophes 1, 2 et 4.

1 - C’est moi, c’est moi qui vous console,
A dit l’Eternel aux pécheurs.
Frères, croyons à la parole
Qu’il adresse à nos tristes cœurs.
Il veut verser sur nos blessures
L’huile et le vin de son amour,
Et sur ses pauvres créatures,
Faire lever un nouveau jour.

2 - La paix dont le Seigneur inonde
Les âmes de ses serviteurs,
N’est pas la paix d’un triste monde,
Dont le rire est mêlé de pleurs ;
La paix, dont il dit : « Je la donne »,
Subsiste dans les jours mauvais ;
C’est une immortelle couronne
Que rien ne flétrit : c’est sa paix !

4 - Que la paix coule comme un fleuve
Qui porte au loin ses grandes eaux ;
Et que mon âme s’en abreuve,
Comme un agneau près des ruisseaux.
Du haut de ta sainte montagne,
Répands-la selon nos souhaits,
Et que ton Esprit l’accompagne
Consolateur, Prince de paix !

Annonces

Offrande pour l’Entraide
C’est le moment de l’offrande : en ce premier dimanche du mois, l’offrande est affectée à l’entraide de la paroisse. Elle a besoin de votre solidarité pour remplir sa mission auprès des plus démunis. La situation est difficile, en ce contexte de reconfinement.
Que chacun donne avec joie, sans regrets ni contrainte.

Orgue

Prière

Merci, Père, pour tout ce que tu nous donnes
et merci pour la joie d’offrir.
Accepte ce que nous t’apportons
comme signe de notre engagement à ton service.
Amen.

Prière d'intercession

Ô Dieu de toute consolation, béni sois-tu !

Tu nous consoles dans nos afflictions ; par cette consolation, tu nous rends capables de consoler à notre tour.
Nous te confions les personnes en détresse, vulnérables, démunies, victimes de violence en tous genres.
Entoure-les de ta bienveillance, mets sur leur chemin des frères et des sœurs en humanité, disponibles et capables de leur apporter un encouragement pour les aider à traverser les épreuves.
Nous te confions les puissants, et les responsables politiques ; rends-les attentifs et efficaces pour soulager la misère humaine. Conduis chaque chrétien, chaque citoyen, à exercer sa responsabilité pour sauvegarder les libertés de nos fragiles démocraties. (Douglas Nelson, pasteur).
Nous te confions maintenant toutes les familles endeuillées cette année, par la mort d’un proche.
En particulier les familles de <Lecture des noms des défunts>.
Sans oublier la famille de Samuel Paty, et les lycéens de Conflans Sainte Honorine, des trois victimes tuées dans la basilique de Nice, et les familles endeuillées au Liban, en Arménie, au Cameroun, en Turquie, ou sur tout autre lieu de guerres, d’attentats, de catastrophes et d’intempéries.

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen. 

Bénédiction 
Recevons la bénédiction de la part du Seigneur :

Mon frère, ma sœur, mon ami,
Que l’Eternel  te bénisse et te garde !
Que l’Eternel fasse rayonner sur toi son regard et t'accorde sa grâce !
Que l’Eternel porte sur toi son regard et te donne la paix !   Amen.

Répons : Bénis ô Dieu nos routes

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.  

Orgue


Matthieu 11 : 28-30

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Lecture de la Bible

28  Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai.

29  Chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ;

30  car mon joug est aisé, et mon fardeau léger.

Audio

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