Une parole plus tranchante qu’un glaive

1 Rois 3:16-28

Culte du 3 décembre 2017
Prédication de Richard Cadoux

Vidéo de la partie centrale du culte

Si vous allez au musée du Louvre, vous pourrez contempler une toile de Poussin inspirée de cet épisode de la vie de Salomon. Poussin insiste sur l’aspect tragique de cette histoire, en représentant l’un des gardes qui s’apprête à frapper l’enfant avec l’épée qu’il vient de dégainer sous le regard stupéfait de l’assistance, tant le spectacle est insoutenable. Il se trouve que l'histoire de deux femmes qui revendiquent le même enfant possède tous les traits d'un conte populaire. On en trouve une bonne vingtaine de versions dans la littérature folklorique universelle, en Europe, en Chine, en Inde. Et ce récit, bien sûr, comme tous les contes, est porteur d’une leçon de sagesse, d’une leçon de vie. Il n’est pas donc pas étonnant de retrouver cette histoire dans la Bible.

Elle met en scène Salomon, qui vient de succéder à son père David. Le jeune roi est encore inexpérimenté, c’est un petit jeune homme comme il le reconnaît lui-même. Et il vient de prier l’Eternel de lui accorder un cœur attentif pour gouverner le peuple, pour discerner le bien du mal. Peut-être déjà sage entre les sages, le jeune roi n’a rien demandé d’autre au roi des rois. Sa prière va d’ailleurs être exaucée. C’est dans ce contexte d’un début de règne béni par Dieu que s’inscrit ce que nous appelons le jugement de Salomon. À sa place actuelle, le récit confirme le don de la sagesse que le roi vient de recevoir de Dieu. C’est une des prérogatives régaliennes que de rendre la justice : souvenez de saint Louis sous son chêne à Vincennes. Le souverain possède droit de vie et de mort sur ses sujets.

Deux femmes viennent solliciter son arbitrage, comme elles iraient devant le juge de paix pour régler un litige qui les oppose. Que sait-on d’elles ? Les deux plaignantes sont des prostituées, deux femmes de « mauvaise vie », marginalisées, pointées du doigt par la société. Deux femmes qui vivent ensemble dans la même maison, sous le même toit, dans une situation de confusion. Tout est mélangé, ce qui n’est jamais très bon. Ce sont deux personnages complètement indifférenciés. On parle de l’une des femmes et de l’autre. Ce sont deux innommées, deux innommables. Il n’y a pas d’hommes à l’horizon. Ou plutôt il y en a beaucoup. Elles ne peuvent d’ailleurs avoir qu’une piètre image du monde masculin : des mâles de passage, des clients, pour qui elles ne sont que des objets sexuels, consommables et tarifés.

Ni l’une ni l’autre n’ont donc de conjoint. Le père ou les pères de l’enfant, des enfants est un inconnu. Cette absence pointe sans doute un des enjeux de l'histoire, un enjeu d’actualité d’ailleurs : comment un enfant peut-t-il arriver à vivre, s’il n’y a pas de figure et de référence paternelle ? Sujet sur lequel je me garderai bien de trancher, mais sur lequel j’attire votre attention. En tout cas l’absence de père ne permet pas de différencier l’enfant vivant de l’enfant mort quant à leur généalogie. Il en résulte l’impossibilité de statuer sur l’identité de l’enfant et de déterminer qui est la mère de l’enfant vivant. Bref le survivant est entre les mains d’un couple de femmes qui portent sur ce petit un regard de possession, au sens littéral du terme.

Ce bébé, c’est une chose dont on se dispute la propriété. C’est pour cela que les femmes font appel au roi. Mais quel crédit accorder à leur parole ? On comprend que Salomon se trouve plongé dans l’indécision et le doute. Car le récit, sans prendre parti, nous donne à entendre les discours contradictoires des deux femmes. Le lecteur ignorant de la suite du récit peut se rendre compte par lui-même de la nature et de la portée de ce qui les oppose. Et tout comme le roi, il se trouve placé devant un problème aussi épineux que confus et apparemment sans issue. La première des femmes se présente au roi comme une victime : son bébé lui a été enlevé par l’autre qui a provoqué par inadvertance la mort de son propre nourrisson.

Sa déclaration est astucieuse : Elle, c’est une bonne mère, qui se lève de bon matin pour allaiter son petit et s’occuper de lui avec attention. L’autre est non seulement une voleuse, mais aussi une infanticide, une mère dénaturée qui, par inadvertance et incurie sans doute, a étouffé son enfant dans son sommeil. De la sorte, le récit n'est plus un simple rapport des faits. Il est déjà un plaidoyer visant à capter la bienveillance du juge. C’est de surcroît une mise en accusation. Cependant, dès que l'autre femme contredit cette interprétation des faits, en affirmant simplement que l'enfant vivant est le sien, elle jette le soupçon sur la crédibilité des dires de sa comparse. Cette dernière ne peut bien évidemment produire aucune preuve de ce qu'elle avance. Aussi la question se pose de savoir dans quelle mesure la plaignante est digne de foi.

L'assurance de son discours et l'image positive qu'elle y donne d'elle-même ne doivent donc pas abuser l'auditeur (ou le lecteur). Car si la femme veut s'attirer la sympathie de celui qui l'écoute, c'est une bien mauvaise justice que celle qui se fie aux apparences et aux belles paroles. Esaïe l’a écrit au sujet du messie : il ne jugera pas sur l’apparence. Il n’arbitrera pas sur un ouï-dire. Or il se trouve que la reconstitution des faits survenus pendant la nuit ne peut être qu'hypothétique. La femme ne reconnaît-elle-t-elle pas qu'elle dormait profondément, au point de ne pas réaliser qu'on prenait l’enfant qui reposait en son giron ? Elle raconte des faits qu'elle ne peut connaître, s'il est vrai qu'elle dormait.

Dans ces conditions, de deux choses l'une. Ou elle dormait. Et dans ce cas elle a échafaudé une partie de ce qu’elle raconte. Elle a imaginé un scénario pour expliquer qu’au matin elle ait trouvé le fils de l'autre femme mort à côté d'elle. Mais rien ne garantit la véracité de ce récit. Ou alors elle raconte ce qui s'est passé effectivement et qu'elle connaît pour l'avoir fait elle-même. Si c’était elle qui avait accidentellement étouffé son enfant et était allé récupérer le bébé de l’autre dans son sommeil. Dans ce cas, tout en disant quelque chose de vrai, elle ment effrontément, car après avoir interverti les enfants dans la réalité, elle intervertit les mères dans le discours, sans changer le scénario. Si c’était-elle l’infanticide ?  Pour garder un enfant, elle ferait porter à l'autre la responsabilité de son propre méfait.

J’ajouterai volontiers une troisième possibilité. Car l'enfant de la femme qui parle a pu mourir tandis qu'il dormait auprès d'elle. Au réveil, en constatant sa mort, elle aurait été incapable de reconnaître la cruelle vérité et d’assumer la responsabilité de son acte, de sa négligence. Alors, aveuglée par son tourment et peut-être pour se libérer d'une culpabilité insoutenable, elle aurait fantasmé cette histoire en toute bonne foi, projetant sur l'autre la responsabilité de la mort du bébé. De toute manière, quoi qu'il en soit de ce qui motive la femme, son discours se donne à croire sans fournir aucun élément qui permettrait de conclure à la réalité des faits.

Personne d’autre n'était dans la maison avec ces femmes durant la nuit. La seule chose qu’on sait c’est que de deux enfants, l’un est mort.

Le roi se trouve ainsi confronté à une ténébreuse affaire. C’est là qu’il faut de la sagesse. D’autant qu’en cet instant, la parole de l'autre femme, en effet, loin de contribuer à faire la lumière, jette plutôt le trouble. Elle ne donne pas sa version des faits. Elle ne récuse pas celle de l'autre. Elle revendique seulement comme sien l'enfant vivant. Avec détermination et conviction. L’opposition entre les deux femmes est donc absolue. Toutes les deux réclament l’enfant vivant, et c'est parole contre parole. Bien sûr, l'une des deux ment. Aussi la question se pose : pourquoi un tel mensonge ?

J’avance comme explication la convoitise. Le malheur de la perte de l'enfant pousse l’une des deux à vouloir s'accaparer l'autre bébé. Mais me direz-vous, cette convoitise ne concerne qu’une seule femme ? Mais à dire vrai, les deux femmes se ressemblent. Elles sont le reflet l’une de l’autre. Toutes deux laissent parler en elles le seul instinct de possession. Cet enfant, il est à moi ! Leurs déclarations sont absolument symétriques.

On comprend que le roi soit plongé dans un abîme de perplexité. Il lui incombe pourtant de faire la vérité. C'est alors que le jeune souverain demande une épée, manifestant ainsi sa volonté de trancher. Il décide de faire couper l’enfant en deux (décider vient du latin decidere). En ordonnant de couper l'enfant en deux et d’en remettre une moitié à chacune, le roi se met à l’écoute le désir des deux femmes, et, plutôt que de résister, il accueille la toute-puissance qui se manifeste dans ce désir. Il les reconnaît dans leur vérité. Et puis ce geste est révélateur : il montre ce que signifie concrètement pour l'enfant l'attitude revendicatrice des deux femmes. Du fait du mensonge de l’une et de l’avidité des deux, le bébé est soumis à un déchirement mortel que l'épée symbolise. Écartelé entre ces deux femmes qui se l'arrachent, l'enfant est victime d'une violence inouïe. Et c'est ce que l'ordre du roi donne à voir. Cela saute aux yeux. Et la parole du roi dévoile l'enjeu réel de la situation : ce qui compte ce n’est pas le désir de ces deux femmes, c’est la vie de l'enfant.

Or cette parole de Salomon va se révéler plus tranchante que l'épée. Et cette histoire, je ne peux pas ne pas la lire à la lumière de ce qui est écrit dans l’Epitre aux Hébreux : vivante en effet est la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur. En séparant ce que l'épée ne peut séparer, le mensonge et la vérité, le vrai du faux, la parole du roi fait en sorte que vienne au grand jour la vérité des deux femmes par rapport au discours prétendument maternel qu'elles tiennent. Toutes deux prennent la parole. L'une est pour la vie de l’enfant et l'autre pour sa mort. La seule chose qui compte pour la seconde femme, c'est de déposséder l'autre de ce qu'elle possède ou d'en être privée, à condition que l'autre en soit privée elle aussi. L'enfant vivant ne compte plus, seule compte la fascination haineuse pour la rivale.

C'est la politique du pire que nous connaissons bien et qui menace constamment les rapports humains. Mais l’autre femme parle sous le coup d’une émotion tout aussi intense : elle brûlait de compassion pour son fils, littéralement ses entrailles étaient chaudes au sujet de son fils. Quand elle voit que le roi va mettre à mort l’enfant, son enfant, l’émoi la saisit au lieu même où la personne humaine prend vie et celles d’entre vous qui ont fait l’expérience de la grossesse savent de quoi nous parle ce texte. C’est ce qui détermine sa volte-face et la décide à mettre fin au conflit, au risque de se voir déposséder de l’enfant. Pour la première fois, une des deux femmes délaisse le langage de la convoitise et de la possession exclusive pour adopter le langage du don. Plutôt que de revendiquer l'enfant pour elle-même, elle préfère le donner à l'autre, si c’est la condition nécessaire pour qu’il vive. Elle qui a donné la vie à ce bébé, comment pourrait-elle maintenant se rendre complice de sa mort ?

L'ordre du roi amène ainsi chacune des deux femmes à se révéler. La première préfère donner l’enfant plutôt que de le voir mourir. L'autre réclame sa mort plutôt que de devoir le céder à sa rivale. La vérité apparaît quand le miroir des apparences vole en éclats. Alors de qui faut-il faire l’éloge ?

De la mère, tout d’abord. Parce qu'elle se montre viscéralement attachée à la vie de son enfant, la mère permet que l'ordre du roi à première vue si cruel libère ce qu'il contenait de sagesse. Cette manière de tromper la mort par amour de la vie fait de cette femme une maîtresse de sagesse, une sage femme. En prenant résolument la défense de la vie, envers et contre tout, elle a donné au roi une grande leçon.

Il faut ensuite faire l’éloge de Salomon bien sûr. Dans la croyance populaire, le jugement de Salomon est celui qui partage les torts entre les deux parties, faute de pouvoir établir la vérité du litige. Une décision nuancée, empreinte de sagesse et d’équité. Destinée à ne mécontenter aucune des parties en cause, au risque de ne satisfaire complètement aucune d'entre elles. Pour le plus grand nombre, c’est la justice qui départage, et comme l’écrivait le doyen Carbonnier « non pas la justice ingénieuse, mais la justice ingénue ». En fait, en élaborant son stratagème (René Girard qui a commenté ce texte dans Des choses cachées depuis la fondation du monde parle de « ruse géniale »), le roi énonce une décision préparatoire dont la nature transitoire n’est connue que de lui.

Ce jugement de Salomon n’est pas un jugement. Le stratagème consiste à faire croire que cette décision prononcée est un jugement définitif et irrévocable. Cette ruse amène les femmes à se dévoiler. Salomon a pu alors résoudre l’énigme et accomplir sa mission : dire le droit pour que la vie soit sauve. La vie est sauve, en effet, ainsi que la justice et la vérité. « C’est elle qui est sa mère ». C’est sur ces mots que se conclut la sentence royale. Ce n'est sans doute pas un hasard. Le roi définit par le fait même ce qu'est une mère : une femme qui laisse toute forme de convoitise envers son enfant pour ne pas l'étouffer et le laisser vivre.

Dans la vraie vie, il y a tant de mères castratrices, possessives et étouffantes : lisez ou relisez Genitrix de François Mauriac. En désignant ainsi d'une parole celle qui est la mère, le roi assume une fonction paternelle. Il donne à une femme d'être mère en vérité, et à un enfant de pouvoir véritablement accéder au statut de fils ou de fille. Mais il a fallu pour cela une parole tranchante qui sépare l’enfant de sa mère. Sans une telle parole, sans une telle coupure, l'amour maternel serait resté convoitise, étreinte, étouffement, asphyxie. Enfanter, donner la vie, mettre au monde, c’est consentir à la séparation et au départ. C’est renoncer aux fantasmes de la fusion. Vos enfants ne sont pas vos enfants : c’est bien connu !

Je voudrais enfin faire l’éloge de Dieu. Car c'est bien la sagesse divine qui transparaît dans la justice dont fait preuve le cœur de ce roi. Cette sagesse de Dieu consiste essentiellement à transformer un lieu de mort en un lieu de vie, à l'image de ce qui se passe dans le récit inaugural de la Création. Pour permettre la vie, l’Eternel commence par séparer les éléments du chaos en mettant chaque chose à sa place et en donnant un nom à ce qu'il a ainsi distingué. En son tribunal le roi n’a fait rien d'autre, en vérité. Dans ces conditions, la sagesse se révèle précisément comme un savoir-faire, un art de mettre un terme au chaos qu'engendrent l'envie et le mensonge, tout en maniant ceux-ci avec à-propos ; un art aussi de déchirer le voile des apparences pour que le vrai puisse venir au jour.

Il s'agit donc, pour nous aussi, d’être sages. La vie est faite du mélange de la parole et du glaive. En symbolisant la violence, en prenant le glaive, Salomon a permis à la vérité de se manifester. En prenant la parole, Salomon peut énoncer le sens de que la violence a révélé : Donnez l’enfant à la première, ne le tuez pas, c’est elle la mère ! Car la parole n’est pas seulement un discours, elle est remise en ordre. Elle fait ce qu’elle dit. Elle accomplit ce qu’elle énonce. Le rôle de ce processus, de ce procès, c’est bien de transformer la violence en parole pour que justice soit rendue.

C’est là, à n'en pas douter, l’un des enjeux fondamentaux de cette histoire qui nous enseigne le bon usage de la parole : elle nous montre combien au quotidien la vie et la mort s'entrecroisent avec la vérité et le mensonge, tant il est vrai qu’on reconnaît la vérité ou la fausseté de nos paroles aux effets qu'elles produisent, des effets de mort ou des effets de vie. L’auteur du livre des proverbes a bien raison d’affirmer que l’enseignement du sage détourne des pièges de la mort, que l’enseignement du sage est source de vie.  

AMEN

Lecture de la Bible

16 Alors deux femmes prostituées vinrent chez le roi et se présentèrent devant lui.

17 L'une des femmes dit : Pardon ! mon seigneur, cette femme et moi nous habitons dans la même maison, et j'ai accouché près d'elle dans la maison.
18 Or, le troisième jour après mon accouchement, cette femme a aussi accouché. Nous étions ensemble, personne d'autre n'était avec nous dans la maison, il n'y avait que nous deux dans la maison.
19 Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu'elle s'était couché sur lui.
20 Elle s'est levée au milieu de la nuit, elle a pris mon fils à mes côtés tandis que ta servante dormait, et elle l'a couché dans son sein ; et son fils qui était mort, elle l'a couché dans mon sein.
21 Le matin, je me suis levée pour allaiter mon fils ; et voici qu'il était mort. Je l'ai regardé attentivement le matin ; et voici que ce n'était pas mon fils que j'avais enfanté.
22 L'autre femme dit : Au contraire ! C'est mon fils que est vivant, et c'est ton fils qui est mort. Mais la première femme répliqua : Nullement ! c'est ton fils qui est mort, et c'est mon fils qui est vivant. C'est ainsi qu'elles parlèrent devant le roi.

23 Le roi dit : L'une dit : C'est ici mon fils qui est vivant, et c'est ton fils qui est mort ; et l'autre dit : Nullement ! C'est ton fils qui est mort, et c'est mon fils qui est vivant.
24 Le roi ajouta : Cherchez-moi une épée. On apporta une épée devant le roi ;
25 et le roi dit : Coupez en deux l'enfant vivant, et donnez-en la moitié à l'une et la moitié à l'autre.
26 Alors la femme dont le fils était vivant dit au roi, car elle brûlait de compassion pour son fils : Je vous en prie, mon seigneur, donnez-lui l'enfant vivant, et ne le faites surtout pas mourir. Mais l'autre dit : Il ne sera ni à moi ni à toi ; coupez !
27 Alors le roi prit la parole et dit : Donnez à la première l'enfant vivant, et ne le faites surtout pas mourir. C'est elle qui est sa mère.

28 Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé ; et l'on craignit le roi, car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour exercer le droit.

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