Culte à l'Oratoire du Louvre

12 mars 2023
381^ème jour de la guerre en Ukraine
Culte d'éducation biblique
« Le serviteur souffrant : signe de salut ? »

Culte présidé par les Pasteures Agnès Adeline-Schaeffer et Béatrice Cléro-Mazire
Prédication par le pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
Avec David Cassan, organiste co-titulaire, à l'orgue

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Entrée – Orgue

Salutation
Amis, frères et sœurs,
La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ, son fils, notre frère.
Nous avons la ferme assurance, que rien ne peut nous séparer de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ (Romains 8, 38).

Accueil 

Bienvenue à l’Oratoire du Louvre, pour ce culte qui rassemble aujourd’hui les enfants de l’éducation biblique, leurs parents, leurs moniteurs et monitrices.
Bienvenue à celles et ceux qui, peut-être, franchissent le seuil de ce temple pour la première fois.
Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le biais d’internet ou des réseaux sociaux.
Que nous soyons proches ou lointains, nous sommes en communion les uns avec les autres.
Le culte est ce moment privilégié où nous sommes unis par le même Esprit. C’est lui qui nous guide sur les chemins de la fraternité, malgré l’humanité déchirée, et nous procure la paix intérieure dont nous avons besoin pour rester à la fois confiants, lucides et toujours dans le discernement.
Le culte qui nous réunit est accompagné ce matin par David Cassan, à l’orgue.
Puissions-nous vivre ce moment, l’esprit au repos et le cœur apaisé.
 
Prions ensemble :
Seigneur,
Tu es le port tranquille de tous ceux que les flots de la vie agitent ;
Tu donnes l’espérance à ceux qui désespèrent,
Tu es le salut des malades, le soutien des éprouvés, le guide des aveugles ;
Tu es l’appui des épuisés.
Que j’obtienne le repos avec ceux qui mettent leur confiance en toi. Amen.
[Sévère de Thrace, vers 304]
 
Nous ouvrons le culte avec le premier répons

Répons : psaume 8/1 :
Ton nom Seigneur est un nom magnifique
Sans fin la terre en reprend le cantique
Elle répond de toute sa beauté
A la splendeur du ciel illuminé.
 
Louange :
Louons Dieu avec le Psaume 77

1  Au chef de chœur. D'après Yedoutoûn. Psaume d'Asaph.
2  Ma voix (s'élève) à Dieu, et je crie ;
    Ma voix (s'élève) à Dieu, et il tend l'oreille vers moi.
3  Au jour de ma détresse, je cherche le Seigneur ;
    La nuit, ma main se tend sans se lasser ;
    Mon âme refuse d'être consolée.
4  Je me souviens de Dieu et je gémis ;
    Je réfléchis, et mon esprit est abattu
                                                               Pause.
5  Tu tiens mes paupières en éveil ;
    Je suis troublé ; je ne parle pas.
6  Je réfléchis aux jours d'autrefois,
    Aux années du lointain passé.
7  Je me rappelle mon cantique pendant la nuit,
    Je médite au-dedans de mon cœur,
    Et mon esprit fait des recherches.
8  Le Seigneur rejettera-t-il pour l'éternité ?
    Ne sera-t-il plus à nouveau favorable ?
9  Sa bienveillance est-elle à jamais épuisée ?
    Ce qu'il dit est-il anéanti de génération en génération ?
10  Dieu a-t-il oublié de faire grâce ?
     A-t-il, dans sa colère, retiré ses compassions ?
                                                                               Pause.
11  Je dis : Ce qui fait ma souffrance,
      C'est que la droite du Très-Haut n'est plus la même...
12  Je me rappellerai les actes de l'Éternel,
     Car je me rappelle surtout ton miracle d'autrefois ;
13 Je méditerai sur toute ton action.
     Je réfléchirai sur tes hauts faits.
14  Dieu ! ton chemin est dans la sainteté ;
     Quel dieu est grand comme Dieu ?

Psaume : Le Psautier Français N° 77 B, « L’âme de douleur atteinte », strophes 1, 2, 3 et 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu :
Écoutons ce que Dieu veut pour nous et nous donne la force de faire, avec les paroles du prophète Ésaïe :

Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme d'iniquité ses pensées ;
Qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui,
A notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner.
Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
Et vos voies ne sont pas mes voies, dit l'Éternel.
Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,
Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies,
Et mes pensées au-dessus de vos pensées.
Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n'y retournent pas
Sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes,
Sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange,
Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche :
Elle ne retourne point à moi sans effet,
Sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins.
(Ésaïe 55:7-9)

Répons : Revêts, Seigneur, de ta justice (Psaume 72/1)
Revêts, Seigneur, de ta justice, le prince de la paix
Et parmi nous qu’il établisse son royaume à jamais.
En lui les plus humbles de peuple
Trouvent un défenseur,
Délivrant les fils de la veuve et brisant l’oppresseur.
 
Confession du péché (Psaume 130)
(Chant des montées).
Depuis les profondeurs je t'invoque, Éternel !
Entends-moi ! Que tes oreilles soient attentives à mes supplications !
Si tu prenais garde aux fautes, Éternel, qui pourrait tenir debout ?
Mais c'est auprès de toi que se trouve le pardon, afin qu'on te craigne.
J'espère en l’Éternel, j’espère vraiment ; j'attends sa parole.
Je compte sur l’Éternel plus que les gardes sur le matin, oui, plus que les gardes sur le matin.
Israël, attends le SEIGNEUR ! Car c'est auprès du SEIGNEUR qu'est la fidélité, et la libération abonde auprès de lui.
C'est lui qui libérera Israël de toutes ses fautes.

Répons : Tel que je suis, bien vacillant (L&P 630)
Tel que je suis, bien vacillant,
En proie au doute à chaque instant,
Lutte au dehors, crainte au-dedans
Agneau de Dieu, je viens, je viens.

Annonce de la grâce
Pour recevoir la grâce que Dieu renouvelle chaque jour, je vous invite à vous lever :

« Quand les montagnes s’effondreraient, dit Dieu, quand les collines chancelleraient, ma bonté pour toi ne faiblira pas, et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, je t’aime d’un amour éternel et je te garde ma miséricorde ».

Répons : Frappez dans vos mains (Ps 47)
Frappez dans vos mains…
Vous tous les humains,
A cris redoublés, peuples assemblés,
Exultez de joie car voici le roi
Redoutable et doux Dieu veille sur vous ;
Son bras souverain, sa puissante main,
Etend à jamais son règne de paix.
 
Confession de foi
Avec les mots de Mylène et Nicolas, texte rédigé à l’occasion du baptême de leurs enfants :

Nous croyons que Dieu est le Père de tous les hommes, de tous les peuples, de toutes les races. Personne n'est exclu de son amour.
Nous sommes tous créés à son image et à sa ressemblance. C'est ce qui fonde la dignité et l'égalité de tous les hommes.
Dieu, le Père, a donné la terre à tous et pour tous. C'est ce qui fonde la solidarité. Les biens de la création doivent affluer dans les mains de tous. C'est le plus sûr chemin de la paix, car la paix est le fruit de la justice.

Nous croyons que Jésus est le frère de tous les hommes, et spécialement des pauvres. C'est lui que nous voyons avoir faim, être nu, étranger, prisonnier ou malade.
Nous croyons que celui qui juge, humilie ou calomnie tout homme, juge, humilie, calomnie Jésus-Christ, car tout homme a le visage du Christ. Nous croyons que Jésus-Christ, par sa vie et ses paroles, nous dit qui est l'homme. Jésus-Christ ressuscité nous donne l'Esprit de Dieu.

Nous croyons que l'Esprit est esprit de liberté, esprit de tolérance, esprit de justice, esprit de paix.
Il accueille au lieu d'exclure. Il respecte au lieu de condamner.
Il ouvre les portes et ne les ferme jamais.
Nous croyons que son espérance est plus forte que tous les désespoirs. Amen

[Confession de foi écrite à l'occasion du baptême d'Arthur et d'Ulysse à l'Oratoire du Louvre le 12 septembre 2021]

Répons : Hosanna,  Hosanna (L&P 115) :
Hosanna,  Hosanna,
Chantons d’un cœur fidèle,
Le plus grand des amours et la joie éternelle !
Jésus le crucifié, le Roi plein de douceur,
Dans son humilité, devient notre Seigneur !
 
Doxologie : Gloire à Dieu, dans les cieux et sur la terre et d’éternité en éternité.
 
Lecture de la Bible : Actes des Apôtres chapitre 8, versets 26 à 40 (La Colombe)

²⁶ Un ange du Seigneur adressa la parole à Philippe : Lève-toi et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celui qui est désert. Il se leva et partit. 
²⁷ Et voici, un Éthiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d'Éthiopie, et le surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer, 
²⁸ et il s'en retournait, assis sur son char, en lisant le prophète Ésaïe. 
²⁹ L'Esprit dit à Philippe : Avance, et rejoins ce char. 
³⁰ Philippe accourut et entendit l'Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ? 
³¹ Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu'un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter s'asseoir avec lui.
³² Le passage de l'Écriture qu'il lisait était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à l'abattoir ; Et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, Il n'ouvre pas la bouche.
³³ Dans son humiliation, son droit a été supprimé, Et sa génération, qui la racontera ? Car sa vie est supprimée de la terre.
³⁴ L'eunuque prit la parole et dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même, ou de quelque autre ? 
³⁵ Alors Philippe ouvrit la bouche et, commençant par ce texte, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus.
³⁶ Comme ils continuaient leur chemin, ils arrivèrent à un point d'eau. Et l'eunuque dit : Voici de l'eau ; qu'est-ce qui m'empêche d'être baptisé ? 
³⁷ [Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L'eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.] 
₃₈ Il ordonna d'arrêter le char ; tous deux descendirent dans l'eau, Philippe ainsi que l'eunuque, et il le baptisa. 
³⁹ Quand ils furent remontés hors de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus, alors que, joyeux, il poursuivait son chemin. 
⁴⁰ Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, puis il évangélisa toutes les villes par lesquelles il passait jusqu'à son arrivée à Césarée.
[Le verset 37 entre crochets ne se trouve pas dans plusieurs anciens manuscrits]

Cantique : Louange et Prière n° 179 « Nous t’invoquons ô grand Dieu », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination

Dieu de la vie, tu dépasses toujours ce que nous savons,
Ce que nous devinons de toi.
Avant que nous te cherchions,
Tu es auprès de nous.
Avant que nous sachions te nommer,
Tu es déjà notre Dieu.
Nous ne pouvons te cerner de nos mots,
Et nos yeux sont incapables de voir ton visage. 
Pourtant il arrive que des hommes et des femmes se comprennent
Si tu répands sur eux ton Esprit.
Fais-le descendre sur nous, sur toute ton Église aujourd’hui,
Remplis de sa force nos paroles impuissantes.
Mets dans notre bouche un langage nouveau :
Que le monde s’y reconnaisse.
Donne-le-nous pour qu’à notre tour,
Nous en soyons les témoins et les messagers, ici comme au loin.
Permets que nous recevions de cette parole
Ce que la vie a de plus beau et de plus généreux,
Le mouvement, l’élan qui nous portent vers toi, toi le Dieu de la vie. Amen.
[Warnery/Liturgie/Illumination/8] 

Orgue

Prédication : Le serviteur souffrant ; signe de salut ?

En ce dimanche de l’Éducation Biblique, nous continuons notre découverte des différents titres donnés à Jésus de Nazareth, découverte que nous avons appelée « Jésus dans tous ses états ». Cette année, nous essayons de comprendre, à travers les textes bibliques, combien la figure de Jésus-Christ est une construction toujours en mouvement, entre le personnage historique Jésus, dont la majorité des archéologues ne doute plus de l’existence, selon Kristin Rome, dans un article paru récemment dans la version internet de la revue « National Geographic » et le Messie attendu, reçu par l’Église primitive, décrit et raconté dans les récits évangéliques.

Parmi les titres donnés à Jésus, certains nous conviennent bien, comme le fils de l’Homme, ou le fils de Dieu, ou Emmanuel, Dieu avec nous, au moment de Noël, ou encore Jésus le maître, ou l’enseignant, ou encore le « nouveau Moïse », qui rappelle le libérateur du peuple de toute forme d’esclavage.   Oui tout cela nous convient bien parce que ce sont des titres plutôt gratifiants, qui contiennent en leur sein, un projet positif pour l’être humain, une promesse d’un futur ouvert et serein, d’un avenir restauré.  Mais aujourd’hui un des titres donnés à Jésus est celui du serviteur souffrant. A quoi cela fait-il allusion ? A deux choses. Tout d’abord aux souffrances de Jésus subies lors de son procès, suivi de sa condamnation à mort et sa crucifixion. C’est ce que nous appelons la Passion de Jésus, cette passion que nous lisons au moment du jeudi et du vendredi de la semaine sainte, quelques jours avant Pâques. La deuxième chose : cette souffrance supportée par Jésus, alors qu’il est considéré comme innocent, renvoie à une autre référence biblique, que l’on trouve dans le livre du prophète Ésaïe. Et là, le contexte n’est pas du tout le même. Au moment du prophète Ésaïe, environ 800 ans avant la venue de Jésus, le peuple d’Israël est maltraité. Il est envoyé en exil à Babylone, Jérusalem tombe aux mains de l’ennemi assyrien et le temple est détruit. Le prophète Ésaïe est celui qui apporte les paroles de réconfort et de consolation au peuple d’Israël. C’est un livre important, un livre de référence pour la foi juive. Et au moment où l’on s’y attend le moins, à quatre endroits différents du livre, voilà qu’une figure énigmatique apparaît, que l’on ne peut rapprocher d’aucun personnage historique ni d’aucun roi de cette époque.  Ce personnage mystérieux est injustement persécuté. Sa mission est d’accepter pour lui-même, la souffrance imméritée et démesurée, pour sauver d’autres êtres humains des fautes qu’ils ont commises. Souffrir et mourir à la place de tous les autres, cela rappelle le rite du « bouc émissaire » présent dès le début de la religion d’Israël. C’était un rite pour laver le peuple de tous ses péchés. Le prêtre sélectionnait deux boucs. Un était désigné pour être emmené dans un lieu désertique, appelé Azazel.  On le chargeait des fautes et des violences de tous les autres et il mourrait dans le désert.  L’autre bouc était sacrifié au temple, en offrande à Dieu, comme nous pouvons l’institution dans le livre du Lévitique (16,8).  Pourquoi ce rite étrange ? A l’époque, personne n'existait seul, dans la communauté. Si quelque commettait une faute, elle rejaillissait sur tout le monde, tout le monde était fautif et la suprême punition était le bannissement de la communauté. Le rituel du bouc émissaire permettait l’expiation collective. Le bouc « paye » pour tous les autres si j’ose dire.  Dans les sociétés antiques, on retrouve aussi l’idée d’un membre qui paye pour tous les autres. Ainsi, la collectivité est purifiée par le sacrifice d’un individu. C’est cette notion que l’on retrouve dans le livre d’Ésaïe, au moment où le prophète essaie d’instruire le peuple d’Israël, infidèle aux commandements de Dieu. Cet individu est appelé dans le livre d’Ésaïe : « le serviteur de l’Éternel ». Et dans ce livre, il y a quatre chants concernant le choix et la mission de ce serviteur. C’est Dieu qui choisit ce serviteur en mettant son propre esprit en lui. Cet homme révélera le droit selon la vérité. Il sera la lumière des nations, il ouvrira les yeux des aveugles, il fera sortir de prison le captif (Es 42/1, 3, 6 et 7). Très vite, le serviteur se rend compte que sa mission n'est pas comprise, ni même reçue. Il reconnaît qu’il s’est engagé, fatigué pour rien, et qu’il a consumé ses propres forces contre la vanité des hommes (Es 49, 1 à 4). Mais quand ce serviteur est maltraité à cause de sa mission, alors, il ne dérobe pas son visage aux crachats, ni son dos à ceux qui le frappent ou lui arrachent la barbe ; (Es 52/13 et 14). Et voici maintenant les versets qui sont au cœur de notre réflexion : « Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? À qui le bras de l'Éternel s'est-il révélé ? Il s'est élevé devant lui comme un rejeton, comme une racine qui sort d'une terre assoiffée ; il n'avait ni apparence, ni éclat pour que nous le regardions, et son aspect n'avait rien pour nous attirer. Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui devant qui l'on se voile la face, il était méprisé, nous ne l'avons pas considéré. Certes, ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé ; et nous, nous l'avons considéré comme atteint d'une plaie ; comme frappé par Dieu et humilié. Mais il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l'Éternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous. Il a été maltraité, il s'est humilié et n'a pas ouvert la bouche, semblable à l’agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n'a pas ouvert la bouche » (Es 53, 1 à 7). C’est exactement ce passage qui nous rattache au texte d’aujourd’hui, que nous venons de lire dans le livre des Actes des Apôtres. Là aussi, une étrange histoire nous est racontée, avec cette rencontre entre Philippe et l’eunuque éthiopien. Cette histoire se situe après la résurrection de Jésus, après le don de l’Esprit saint aux apôtres, à Pentecôte. Philippe fait partie des sept diacres choisis pour servir l’Église de Jérusalem et aider les apôtres dans leur mission toute nouvelle (Ac 6, 5). Il quitte Jérusalem pour aller évangéliser la Samarie (Ac 8, 5 à 12). Et c’est à ce moment qu’il rencontre l’eunuque éthiopien sur sa route.  Cet homme n’a pas de nom, mais on le connaît par sa fonction : c’est un haut fonctionnaire, au service de Candace, reine d’Éthiopie et comme il est responsable de tous ses trésors, on dirait aujourd’hui qu’il est son ministre des finances. On connait aussi cet homme par sa particularité physique. Il est eunuque c’est-à-dire qu’il a subi une opération importante qui l’empêche d’avoir des enfants, qui le rend moins viril qu’un autre homme, mais qui lui permet en revanche d’avoir cette place de haut-fonctionnaire auprès de la reine car en effet, les eunuques sont les gardiens de la reine.  Si cet homme rentre chez lui, alors qu’il venait de Jérusalem, certainement qu’il était en chemin pour devenir juif. Il était un « craignant-Dieu » Mais il ne pourra jamais devenir juif, car, puisque cet homme ne peut pas faire d’enfants, il est donc stérile, il n’est pas « complet ». Comme il ne peut pas avoir de descendance, il ne peut pas être béni de Dieu. Il rejoint donc les autres catégories de personnes, qui sont privées de la bénédiction de Dieu, selon le judaïsme, à savoir les personnes handicapées, les personnes malades et les femmes stériles. C’est pourquoi il y avait de nombreux rituels qui servaient à la réconciliation entre Dieu et les fidèles qui avaient des problèmes d’imperfection, d’incomplétude. Et pendant son ministère, Jésus ne cessera pas de guérir les infirmes, les malades, physiques et psychiques, hommes et femmes, et il restaurera chacun et chacune dans sa relation à Dieu. Il dira que la maladie ou l’infirmité n’a rien à voir avec les péchés, et il guérira au nom de Dieu. Mais Jésus sera victime d’une erreur importante, celle de ne pas avoir été reconnu comme venant de Dieu, comme agissant au nom de Dieu. Sa mission ressemblera pour ceux qui en seront témoins, à celle du serviteur souffrant cité dans le livre d’Ésaïe. La grande nouveauté de l’Évangile, c’est de découvrir que tous les bannis, celles et ceux qui se sentaient maudits, rejetés, exclus, se trouvent rassemblés grâce à l’exemple de Jésus, dans la relation à Dieu. Et c’est que Philippe est en train d’expliquer à l’eunuque éthiopien, qui, à cause de sa mutilation, ne pouvait pas faire partie entièrement de la société humaine et religieuse. Philippe est en train de dire à cet homme blessé dans sa chair, et sans doute aussi dans son cœur qu’il y a de l’espace pour lui, même s’il n’a pas tous les attributs. C’est la grande révolution de l’Évangile, mais aussi le grand chamboulement pour l’église primitive qui est en train de voir le jour : il y a de l’espace et une place pour chacun, chacune, même sans avoir tous les attributs. Et l’eunuque éthiopien comprend grâce à Philippe, que cette parole est pour lui. Il découvre avec Philippe, qu’en Jésus, il y a un homme qui a donné sa vie afin que lui, l’eunuque éthiopien, ne craigne pas de vivre la sienne tel qu’il est. Quelqu’un l’a déjà précédé sur sa route de détresse. Ce serviteur souffrant, c’est à la foi l’eunuque éthiopien dans son infirmité, c’est en même temps Jésus dans sa passion, et c’est tout un chacun qui se trouve dans une situation de douleur, physique, psychique, morale, affective, sentimentale. Les tragédies humaines sont innombrables. Et lorsque nous disons que les mots écrits dans la Bible, en particulier, deviennent une Parole vivante, c’est possible, quand chacun, chacune de nous peut dire au minimum une fois dans sa vie : ce que j’entends, ou ce que je lis, en cet instant précis, je le relie(relier) à ma propre vie, à ma propre existence à ma propre histoire. Quand chacun peut dire « ici c’est moi, » ou  « ici c’est pour moi », alors c’est là que la Parole nous rejoint là où nous sommes, là où nous en sommes. Exactement comme ce fut le cas pour l’eunuque éthiopien.

0Le serviteur souffrant de la Bible n’est certes pas le thème le plus porteur et le plus rassurant, mais c’est hélas la situation de tant d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde, et dans notre entourage le plus proche. Jésus a été le serviteur souffrant, au nom de l’amour qui animait chacune de ses paroles, chacun de ses gestes, en particulier envers les laissés pour compte, les petits, les exclus, les moins que rien. Pendant ce temps préparatoire à la semaine sainte et à la fête de Pâques, les chrétiens toutes confessions confondues sont appelés à se souvenir des paroles et des gestes de Jésus, et à les décoder pour leur vie personnelle, grâce à la présence de celles et ceux qui comme Philippe, sont là pour expliquer et donner leur témoignage de vie et de foi.  Ils sont appelés à comprendre, qu’avant d’être le Christ ressuscité qu’ils ont la joie de célébrer, Jésus a d’abord été mis au rang des malfaiteurs et des exclus, afin que personne ne soit oublié. Et c’est en ce sens là que le serviteur souffrant devient un signe du salut. Mais loin d’être quelque chose d’accablant pour celui ou celle qui le comprend et le reçoit dans sa vie, au contraire, cette personne devient un être nouveau, libre et joyeux, tout comme notre eunuque éthiopien de ce matin, qui choisit de demander le baptême en réponse à cette libération opérée en lui e en signe de reconnaissance à cette grâce qui lui a été offerte, contre toute attente. Et de continuer sa route libre et joyeux.  Remarquons au passage que Philippe ne s’attarde pas auprès de l’eunuque éthiopien. Il ne s’impose pas, il s’en va, laissant cet homme à sa liberté et son autonomie de vivre sa foi comme il le souhaite.  C’est Luc l’évangéliste qui a écrit les Actes des Apôtres. Avec ce récit en particulier, il prend position pour un christianisme qui n’exclut personne. Sans doute avait-il en mémoire une autre prophétie d’Ésaïe et pas la moindre :  Que l'étranger qui s'attache à l'Éternel ne dise pas : L'Éternel me séparera sûrement de son peuple ! Et que l'eunuque ne dise pas : Je ne suis qu'un arbre sec !.../… Je les amènerai sur ma montagne sainte. Et je les réjouirai dans ma Maison de prière ; car ma Maison sera appelée une Maison de prière pour tous les peuples.  (Ésaïe 56:4-7). Avec le serviteur souffrant, aujourd’hui, nous découvrons ou nous redécouvrons que Dieu se tient au creux des souffrances des hommes, et que c’est là qu’on peut le chercher et le trouver.  Et en Christ, si cela est notre foi, Dieu nous a rejoint et continue de nous rejoindre au fond de nos enfers, quel qu’ils soient pour nous prendre par la main et nous tirer vers sa vie pour que nous n’ayons plus peur de vivre la nôtre. Amen.

Cantique : Louange et Prière n°138 « Le Fils de Dieu, ce bon berger », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

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Prière d’intercession : ...

Et nous rassemblons notre prière dans celle que Jésus a enseignée à ses disciples :

Notre Père :
Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal,
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles, amen.

Exhortation 
Amis, frères et sœurs, voici l’exhortation et la bénédiction de la part du Seigneur, pour chacun et chacune de nous, avec les mots de l’apôtre Paul dans la lettre aux Philippiens (4, 6-7) :
Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. 

Bénédiction
Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées, en Jésus-Christ. Amen.
 
Répons : Que tout mon cœur soit dans mon chant (PS 138/1)
Que tout mon cœur soit dans mon chant….
Qu’il soit brûlant de tes louanges !
Je te rends grâces en ta maison,
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J’adore ta fidélité,
Et ta bonté qui me console.                              

Sortie – Orgue

Paroles des chants du dimanche 12 mars 2023

Psaume : Psautier Français n° 77 B « L’âme de douleur atteinte », strophes 1 à 4

Cantique : Louange et Prière n°179 « Nous t’invoquons ô grand Dieu », Strophes 1 à 3

Cantique : Louange et Prière n°138 « Le Fils de Dieu, ce bon berger », Strophes 1 à 3

Paroles des répons des cultes d'éducation biblique

Après la salutation
Ton nom, Seigneur (Psaume 8, str. 1)

Ton nom, Seigneur, est un nom magnifique,
Sans fin la terre en reprend le cantique ;
Elle répond de toute sa beauté
A la splendeur du ciel illuminé.

Après la volonté de Dieu
Revêts, Seigneur, de ta justice (Psaume 72, str. 1)

Revêts, Seigneur, de ta justice
Le Prince de la paix
Et parmi nous qu'il établisse
Son royaume à jamais.
En lui, les plus humbles du peuple
Trouvent un défenseur,
Délivrant les fils de la veuve
Et brisant l'oppresseur.

Après la prière de repentance
Tel que je suis (L&P n°630)

Tel que je suis bien vacillant
En proie au doute à chaque instant,
Lutte au dehors, crainte au dedans,
Agneau de Dieu, je viens, je viens !

Après l’annonce de la grâce
Frappez dans vos mains (Psaume 47, str. 1)

Frappez dans vos mains, Vous, tous les humains !
A cris redoublés, Peuples assemblés,
Exultez de joie Car voici le roi.
Redoutable et doux, Dieu veille sur vous ;
Son bras souverain, Sa puissante main,
Étend à jamais Son règne de paix.

Après la confession de foi
Hosanna, hosanna ! (Arc-en-Ciel 441/3)

Hosanna, hosanna !
Chantons d'un cœur fidèle
Le plus grand des amours
Et la joie éternelle !
Jésus le crucifié,
Le roi plein de douceur,
Dans son humilité
Devient notre Seigneur.

Après la bénédiction
Que tout mon cœur (Psaume 138, str.1)

Que tout mon cœur soit dans mon chant,
Qu'il soit brûlant de tes louanges !
Je te rends grâce en ta maison,
Je loue ton nom devant les anges.
Tu es venu pour exalter
La renommée de ta parole.
J'adore ta fidélité 
Et ta bonté qui me console.