Le remord, c'est l'enfer, le Salut c'est la Grâce
Genèse 50:15-26 , Matthieu 20:1-10 , Luc 23:33-38
Culte du 20 novembre 2022
Prédication de Vincens Hubac
Provisoirement : culte entier
Culte à l'Oratoire du Louvre
20 novembre 2022
270ème jour de la guerre en Ukraine
« Le remord, c'est l'enfer, le Salut c'est la Grâce »
Culte présidé par le Pasteur Vincens Hubac, pasteur émérite de l'Eglise Protestante Unie de France
A l'orgue : Sarah Kim, organiste co-titulaire
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Confession de foi
Je crois en Dieu, notre père, il est amour.
Je crois en Jésus, Christ, notre seigneur. Il a souffert, il est mort, il nous pardonne. Il est la vie et la lumière du monde. Son règne dépasse le temps. Malgré notre faiblesse je crois qu’en Jésus-Christ, Dieu est l’espérance des hommes et l’homme est l’espérance de Dieu.
Je crois en l’esprit, présent au monde et au cœur des hommes. L’esprit donne la paix aux hommes de bonne volonté. L’esprit de Dieu crée et recréer le monde, le dynamise et le conduit vers le royaume.
Je crois à la communion de tous dans la foi, l’espérance et l’amour. Je crois à l’amour plus fort que la mort. Je crois à la vie éternelle.
Amen.
Prédication : Le remord, c'est l'enfer, le Salut c'est la Grâce
La Bible n’est pas un livre pour enfants de chœur ; elle parle de l’humain à travers l’expérience du peuple hébreu. Le sublime y côtoie le sordide : mensonge, crime, apostasie, guerre, violences de toutes sortes. Mais aussi, les Hébreux affirment la Torah, la promesse d’un Dieu unique, la grâce et l’amour…
Alors, pourquoi le mal (et pourquoi le bien aussi…) ?
Pourquoi Joseph jeune est-il si orgueilleux et Jacob affectivement injuste vis-à-vis des frères de Joseph ? Fallait-il que ces derniers vendent Joseph comme esclave aux Madianites ?
Pourquoi ces ricanements, moqueries, dégradations de l’humain, tortures envers Jésus-Christ le juste ? Pourquoi Judas trahit-il au final ? Pourquoi y a-t-il une intentionnalité dans le mal qui le différencie des souffrances infligées par erreur ou par maladresse ?
Le mystère peut un peu s’éclaircir.
La jalousie est une faiblesse liée au paraître, au désir frustré, à la recherche de puissance, surtout quand le sentiment de frustration est exacerbé comme c’est le cas pour Joseph et Jacob.
Judas, quant à lui, est une figure complexe : proche de Jésus, dont il est le trésorier, il apparaît comme voleur, menteur, rusé, traître, vénal, même pour peu d’argent : 30 deniers (le prix d’un esclave).
Est-il déçu par la politique de Jésus dont il attendait la royauté ?
Veut-il précipiter les choses en le trahissant ?
Mais les choses lui échappent. Est-il nécessaire d’agir ainsi pour que s’accomplisse le plan de Dieu, si plan il y a (ce que je ne crois pas) ? Le mal autour de Jésus est une sorte d’absolu. Peut-être est-ce pour des intérêts politiques : un seul meurt pour tous les autres, Pilate veut la tranquillité…
Au total, la cause première nous échappe… Pourquoi ?
Nous restons face au mystère, mais les conséquences nous accablent.
Quand le mal a été porté, reste, outre l’abattement, bien souvent un désir de vengeance d’un côté, de peur et de remords de l’autre.
Porte ouverte à toutes les violences et vendettas. Le mal crée des ruptures graves, des non-communications, des fuites qui empoisonnent les relations.
Ici le péché, qui est par définition la rupture avec Dieu, prend toute sa dimension entre les hommes. La conscience de la faute qui n’exclut pas la peur reste, malgré tout, le signe de l’humain. Mais cette conscience ouvre la porte au remords et à la culpabilité : qu’ai-je fait ?
Le remords est angoisse, il étouffe, empêche de dormir, isole, obsède. Déjà, très tôt, dans la Bible, le problème est posé : Caïn, Moïse, David, témoignent de la conscience et de la culpabilité, du remords de ces criminels (et oui !). Comment sortir de cet enfer ? Comment rétablir la situation ?
Judas essaie de revenir en arrière et rend les 30 deniers. Mais il est renvoyé seul, désespéré, face à la monstruosité de son acte. Il s’échappe de l’enfer par le suicide.
En fait, ici, la question est de savoir si l’homme seul peut rétablir la situation compromise par le mal. Judas n’y arrive pas. Caïn, Moïse, David, n’y arrivent pas non plus. Il leur faut l’aide de Dieu pour remettre les choses en place, effacer les effets du mal et recevoir le pardon de Dieu. Pas si facile à recevoir, comme le montre l’épisode du recensement opéré par David et la peste à Jérusalem.
Accorder le pardon à l’offenseur semble humainement impossible. Mais le philosophe juif Jankélévich le souligne, lui qui a vu sa famille être exterminée par les nazis.
Plus sereinement, le petit bonhomme de Sempé affirme qu’il pardonne… Mais qu’il garde les noms et les adresses !
Il reste toujours des cicatrices même si on « passe l’éponge », même si on trouve des explications au geste du mal. Du reste, les récits de Joseph et de Jésus sont éclairants et parallèles. À la fois humains et sublimes : face à leurs tourmenteurs, ils ne pardonnent pas et renvoient le pardon à Dieu. Ils ne maudissent pas non plus. Qui peut pardonner à Judas et à tous les Judas du monde ? C’est Dieu, et Dieu seul, qui nous sort de l’enfer du mal, des culpabilités, des peurs, des angoisses. Le pardon de Dieu n’est pas lié aux contingences, il dépasse le pardon humain par sa plénitude, sa gratuité, son universalité ; il ne laisse personne de côté : pas même Judas. Le pardon de Dieu est ainsi car il est bien le signe de l’amour de Dieu. Non pas de l’amour des humains : l’ἔρως, l'éros, aussi sublime soit-il. Mais l’ἀγάπη, l'agapé; qui est un absolu, échappe au désir, il est gratuit, illogique, voire absurde. Il est folie pour les hommes, écrit Paul. L’Agapé est promesse du royaume. Le pardon de Dieu, signe de l’amour Agapé, a un nom : c’est la grâce. La grâce qui nous libère de la culpabilité et du remords et nous dit la proximité de Dieu et non pas son éloignement. Dieu n’est pas le « Tout-Autre », il est le « Tout-Proche » ; il est parole de paix.
Si le remords et le mal sont l’enfer, la grâce, c’est le salut et notre libération pour vivre de l’Esprit de vie et aller sur des chemins d’espérance.
Amen.
Prière d'intercession
Père, toi qui nous accueilles avec une tendresse maternelle entre tes mains bienveillantes, nous remettons nos vies, nos peines, nos faiblesses et nos espoirs. Voici ce monde qui nous oppresse et nous questionne avec ses violences et ses injustices. Voici nos idéaux : paix, justice, amour… Souvent bafoués. Et nos espoirs déçus.
Voici nos voisins, parents, amis, tous ceux ici présents et tous les autres aussi, aussi loin soient-ils. Seigneur, qu’ils puissent ressentir ta présence bienfaisante qui fait vivre et apporte la lumière dans les ténèbres. Vois aussi ceux qui sont dans la joie : naissance, fête, projet, rencontre.
Bénis-les pour que leur joie grandisse sous ton regard.
En ce jour de synode nous te prions pour nos communautés ecclésiales avec leurs forces et leurs faiblesses qu’elle soient fidèles à ta parole, au message d’espérance et d’amour de Jésus-Christ.
Prière du Notre Père par Vincens Hubac
Notre Père, toi qui es au cœur de nos vies,
Ton nom est au-dessus de tout nom.
Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la Terre comme au ciel.
Que le pain soit ton partage sur toutes les tables du monde et que ta parole nourrisse chaque être humain.
Donne-nous la force de pardonner comme tu nous pardonnes.
Toi qui ne nous laisses jamais seuls face aux tentations et aux forces du mal. À toi notre père : le règne de l’amour, la force de l’esprit, la lumière de ta parole aux siècles des siècles. Amen.
Paroles des chants du dimanche 20 novembre 2022
Psaume : Psautier Français n° 84 « Dans ta maison je suis heureux », strophes 1 à 4
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Strophe 1 |
Strophe 3 |
Cantique : Louange et Prière n°213 « Gloire à ton nom, ô Dieu de paix », Strophes 1 à 3
Strophe 1
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Fais-nous chanter ton grand amour, |
Cantique : Louange et Prière n°390 « Consacre à ton service », strophes 1 à 4.
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1 - Consacre à ton service
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3 - Qu’un feu nouveau s’allume
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Lecture de la Bible
Livre de la Genèse, chapitre 50, versets 15 à 26 [NBS]
Fin de la vie de Joseph
15 Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent : Et si Joseph devenait notre adversaire et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait !
16 Alors ils firent dire à Joseph : Ton père a donné cet ordre avant de mourir :
17 « Vous parlerez ainsi à Joseph : “S'il te plaît, pardonne la transgression de tes frères et leur péché, car ils t'ont fait du mal ! Je t'en prie, pardonne maintenant la transgression des serviteurs du Dieu de ton père !” » Joseph se mit à pleurer quand on lui dit cela.
18 Ses frères eux-mêmes vinrent ; ils tombèrent à ses pieds et dirent : Nous sommes tes serviteurs.
19 Joseph leur dit : N'ayez pas peur : suis-je à la place de Dieu ?
20 Le mal que vous comptiez me faire, Dieu comptait en faire du bien, afin de faire ce qui arrive en ce jour, pour sauver la vie d'un peuple nombreux.
21 N'ayez donc pas peur maintenant ; je vais pourvoir à tous vos besoins et à ceux de toutes vos familles. Il les consola et parla à leur cœur.
22 Joseph habita en Egypte, lui et toute la maison de son père. Il vécut cent dix ans.
23 Joseph vit les fils d'Ephraïm jusqu'à la troisième génération ; les fils de Makir, fils de Manassé, naquirent sur les genoux de Joseph.
24 Joseph dit à ses frères : Je vais mourir. Mais Dieu interviendra en votre faveur ; il vous fera monter de ce pays-ci vers le pays qu'il a promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob.
25 Joseph fit prêter serment aux fils d'Israël, en disant : Quand Dieu interviendra en votre faveur, vous emporterez d'ici mes ossements.
26 Joseph mourut à l'âge de cent dix ans. On l'embauma et on le mit dans un cercueil en Egypte.
Évangile selon Matthieu, chapitre 20, versets 1 à 10 [NBS]
Les ouvriers de la dernière heure
1 Voici en effet à quoi le règne des cieux est semblable : un maître de maison qui était sorti de bon matin embaucher des ouvriers pour sa vigne.
2 Il se mit d'accord avec les ouvriers pour un denier par jour et les envoya dans sa vigne.
3 Il sortit vers la troisième heure, en vit d'autres qui étaient sur la place sans rien faire
4 et leur dit : « Allez dans la vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste. »
5 Ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième, puis vers la neuvième heure, et il fit de même.
6 Vers la onzième heure il sortit encore, en trouva d'autres qui se tenaient là et leur dit : « Pourquoi êtes-vous restés ici toute la journée sans rien faire ? »
7 Ils lui répondirent : « C'est que personne ne nous a embauchés. – Allez dans la vigne, vous aussi », leur dit-il.
8 Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : « Appelle les ouvriers et paie-leur leur salaire, en allant des derniers aux premiers. »
9 Ceux de la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier.
10 Les premiers vinrent ensuite, pensant recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier.
Évangile selon Luc, chapitre 23, versets 33 à 38 [NBS]
Jésus est crucifié
33 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé le Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche.
34 [Jésus disait : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.] Ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort.
35 Le peuple se tenait là et regardait. Quant aux chefs, ils le tournaient en dérision en disant : Il en a sauvé d'autres ; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu, celui qui a été choisi !
36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; ils venaient lui présenter du vin aigre
37 en disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !
38 Il y avait aussi au-dessus de lui cette inscription : « Cet homme est le roi des Juifs. »
Vidéo du culte entier
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