Le Libéralisme (3/4) : La Foi

Marc 9:14-29

Culte du 7 août 2022
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

7 août 2022
165e jour de la guerre en Ukraine

« Le libéralisme : quand la foi fait son autocritique (3/4) »
La Foi

Culte présidé par la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
A l'orgue : Aurélien Peter, organiste suppléant

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Orgue

Annonce de la grâce
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus le ressuscité .

Accueil :

Lui : Qu’est-ce que c’était pour toi, Hiroshima en France ?

Elle : La fin de la guerre, je veux dire, complètement. La stupeur…à l’idée qu’on ait osé… la stupeur à l’idée qu’on ait réussi. Et aussi, pour nous, le commencement d’une peur inconnue. Et puis, l’indifférence, la peur de l’indifférence aussi…
[Marguerite Duras, Hiroschima mon amour, éd. La Pléiade]

Cher(e)s ami(e)s, Ce que vous venez d’entendre est un extrait du script du film Hiroshima, mon amour, de Marguerite Duras. Le 6 août 1945, pendant que beaucoup se réjouissaient de la fin de la guerre, d’autres subissaient l’abomination de la bombe atomique. N’oublions pas jusqu’où l’homme est capable d’aller pour ne jamais laisser faire le pire.

Nous allons vivre ce temps de culte, temps de paix dans nos vies, temps mis à part pour mieux nourrir nos actions dans ce monde. Soyez toutes et tous les bienvenus dans cet espace temps offert à la prière et à la méditation.

Chant spontané : Bénissons Dieu le seul Seigneur [cliquer ici]

Louange :
Éternel, c’est de toi que vient toute vie.
Tu es présent dans chaque créature.
Tu es caché et présent comme la vie au fond de chaque être.
Éternel, si tu te retires, nous périssons !
Si tu retires ton Esprit, nous ne sommes plus que des cymbales retentissantes et des coques vides !
Si tu te retires, notre vie n’est plus qu’une somme de devoirs, et ça, ce n’est plus vivre !
Mais si tu renouvelles ton amour, nous pouvons aimer à nouveau !
Si tu envoies ton Esprit, nous pouvons te reconnaître en tous nos frères et nos sœurs !
Si, par le Christ, tu es vivant en nous, nous sommes vivants en toi !
Que l’Éternel se réjouisse de ses œuvres !
Je me réjouirai dans le Seigneur !

Psaume de Louange : Psautier Français n°24 « La terre au Seigneur appartient », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Prière de Mère Térésa. « Fais le quand même »

Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes,
     Pardonne-leur quand même…
Si tu es gentil, les gens peuvent t’accuser d’être égoïste et d’avoir des arrières-pensées,
     Sois gentil quand même…
Si tu réussis, tu trouveras des faux amis et des vrais ennemis,
     Réussis quand même…
Si tu es honnête et franc, il se peut que les gens abusent de toi,
     Sois honnête quand même…
Ce que tu as mis des années à construire, quelqu’un pourrait le détruire en une nuit,
      Construis quand même …
Si tu trouves la sérénité et la joie, ils pourraient être jaloux,
     Sois heureux quand même…
Le bien que tu fais aujourd’hui, les gens l’auront souvent oublié demain,
     Fais le bien quand même…
Donne au monde le meilleur que tu as, et il se pourrait que cela ne sois jamais assez,
Donne au monde le meilleur que tu as quand…
Tu vois, en faisant une analyse finale, c’est une histoire entre toi et Dieu
Cela n’a jamais été entre eux et toi.

Chant spontané : Parle Parle Seigneur [cliquer ici]

Repentance
De tout, il resta trois choses : la certitude que tout était en train de commencer, la certitude qu’il fallait continuer, la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé. Faire de l’interruption, un nouveau chemin, faire de la chute, un pas de danse, faire de la peur, un escalier, du rêve un pont, de la recherche… une rencontre. Fernando Pessoa

Chant spontané : J’aime mon Dieu car il entend ma voix [cliquer ici]

Annonce de la grâce
Le Seigneur nous redit sans cesse : « va, ta foi t’a sauvé ».

Chant spontané : Combien grande est ta gloire [cliquer ici]

Confession de foi
Nous croyons en Dieu. Malgré son silence et son secret, nous croyons qu’Il est vivant. Malgré le mal et la souffrance, nous croyons qu’Il a fait le monde pour le bonheur de la vie. Malgré les limites de notre raison et les révoltes de notre cœur, nous croyons en Dieu.
Nous croyons en Jésus-Christ. Malgré les siècles qui nous séparent du temps où il est venu, nous croyons en sa Parole. Malgré nos incompréhensions et nos refus, nous croyons en sa résurrection. Malgré sa faiblesse et sa pauvreté, nous croyons en son règne.
Nous croyons en l’Esprit saint. Malgré les apparences, nous croyons qu’il conduit l’Église. Malgré la mort, nous croyons à la vie éternelle. Malgré l’ignorance et l’incrédulité, nous croyons que le Royaume de Dieu est promis à tous.
Amen.

Chant spontané : Grand Dieu nous te bénissons [cliquer ici]

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

Lecture du passage de la Bible Marc 9, 14-29 [cliquer ici]

14Lorsqu'ils furent arrivés près des disciples, ils virent autour d'eux une grande foule de gens, et des scribes qui débattaient avec eux. 15Sitôt que la foule le vit, elle fut en émoi ; on accourait pour le saluer. 16Il leur demanda : De quoi débattez-vous avec eux ? 17De la foule, quelqu'un lui répondit : Maître, je t'ai amené mon fils, qui a un esprit muet. 18Où qu'il le saisisse, il le jette à terre ; l'enfant écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser cet esprit, et ils n'en ont pas été capables. 19Il leur dit : Génération sans foi, jusqu'à quand serai-je avec vous ? Jusqu'à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi. 20On le lui amena. Aussitôt que l'enfant le vit, l'esprit le secoua violemment ; il tomba par terre et se roulait en écumant. 21Jésus demanda au père : Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? — Depuis son enfance, répondit-il ; 22souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais si tu peux faire quelque chose, laisse-toi émouvoir et viens à notre secours ! 23Jésus lui dit : « Si tu peux ! » Tout est possible pour celui qui croit. 24Aussitôt le père de l'enfant s'écria : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! 25Jésus, voyant accourir la foule, rabroua l'esprit impur en lui disant : Esprit muet et sourd, c'est moi qui te l'ordonne, sors de cet enfant et n'y rentre plus ! 26Il sortit en poussant des cris et en le secouant très violemment. L'enfant devint comme mort, de sorte que la multitude le disait mort. 27Mais Jésus, le saisissant par la main, le réveilla, et il se releva.
28Quand il fut rentré à la maison, ses disciples, en privé, se mirent à lui demander : Pourquoi n'avons-nous pas pu le chasser nous-mêmes ? 29Il leur dit : Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.

Psaume : Psautier Français n°118 « Célébrez Dieu, rendez-lui grâce », strophes 1 & 2 [cliquer ici]

Prière d'illumination

Père aux cieux ! Inconcevable es-tu dans ta créature, toi qui demeures au loin dans une lumière où nul n’accède ! Même si tu te laisses connaître dans ta Providence, notre connaissance n’est cependant que faible et elle obscurcit ta clarté, toi qui est incompréhensible par ta clarté même. Mais plus encore l’es-tu dans ta grâce et ta miséricorde.
Car qu’est-ce qu’un homme pour toi, qui dans ton infinité pourtant te souviens de lui ? Mais plus encore, que te sont les fils de l’homme déchu, toi, la Sainteté, qui pourtant veut les visiter ? Oui, qu’est-ce qu’un pécheur pour qui pourtant ton fils a voulu venir au monde , non pour juger, mais pour sauver ; non pour divulguer sa demeure afin que l’homme perdu puisse recourir à lui, mais pour chercher ce perdu, sans même ce repos qu’a pourtant l’animal, sans une pierre où poser sa tête, mourant de faim au désert et de soif sur la croix. Dieu de miséricorde et notre Père ! qu’est-ce qu’un homme peut bien faire en retour ? Même te remercier, il en est incapable sans toi. Enseigne-nous donc l’humble reconnaissance de la vraie compréhension ! et comme l’homme qu’écrase le remords soupire sous sa faute et dit son chagrin : impossible, impossible que Dieu puisse avoir tant de miséricorde !
De même celui, qui, dans la foi, parvient à tout s'assimiler devrait dire dans la joie : c’est impossible !
Si la mort seule semblait devoir séparer deux êtres qui s’aiment et qu’alors ils fussent rendus l’un l’autre, leur premier cri à l’instant de leur infaillible réunion ne serait-il pas : c’est impossible ! Et la joyeuse, l’ineffable nouvelle de ta miséricorde, Père céleste, même si un homme, dès sa première enfance, l’avait entendue, en serait-ce moins incompréhensible ? Même si un homme la méditait chaque jour, en serait-ce moins incompréhensible ? L’incompréhensibilité de ta grâce, serait-elle donc comme celle d’un homme qui vous a d’abord été proche, mais qui a ensuite disparu quand on l’a mieux connu ? Serait-elle comme le bonheur de ceux qui s’aiment : autrefois incompréhensible, mais maintenant qui ne l’est plus !
Ô reconnaissance inerte des hommes ! Ô fallacieuse sagesse du monde ! Ô pensée languissante de la foi endormie ! Ô piètre force d’oubli d’un cœur sans flamme ! Non Seigneur ! maintiens tous ceux qui croisent en toi dans l’humble reconnaissance de la vraie compréhension et délivre-nous du mal !
[Soren Kierkegaard Journal VII A 142]

Orgue

Prédication : Le libéralisme : quand la foi fait son autocritique (3/4) - La Foi

« Stavroguine, s’il croit, ne croit pas qu’il croit. Et s’il ne croit pas, il ne croit pas qu’il ne croit pas ». Cette phrase du roman Les Possédés de Fiodor Dostoïeski nous plonge dans l’insaisissable même de la foi. La question de savoir de quoi l’on parle quand on parle de foi peut paraître très secondaire par rapport aux problèmes qui semblent plus criants dans nos sociétés actuelles : comme l’escalade de la menace nucléaire, la montée des extrémismes politiques ou l’avenir écologique de notre planète.

Pourtant, la critique de la foi est au cœur de notre actualité quant à nos comportements envers ce que nous tenons pour vrai ou ce que nous voudrions qui le soit. La confusion entre la foi et les croyances de toutes sortes, est à l’origine de paroles et de comportements qui ruinent ce que notre intelligence pourrait produire de meilleur si nous acceptions d’être critiques même avec les convictions qui nous semblent intuitivement les plus dignes de confiance.

La démarche qui vise à couper le fait religieux des activités humaines profanes, est très souvent admise comme signe de sagesse pour vivre en paix et sans violence les uns les autres. Mais la foi peut-elle se contenter d’un tel usage ?

N’est-ce pas l’absence de débat sur des contradictions entre les religions et les règles d’existence que se donnent les sociétés qui provoque les pires malentendus et laisse penser que toute religion est forcément irrationnelle ? Comme s’il n’y avait de croyance qu’en religion et que la foi était l’une d’entre elles.

Si la foi est plus que quelques croyances qui sont abandonnées les unes après les autres à mesure que le savoir progresse, si la foi est un véritable mode d’existence, alors n’est-il pas essentiel d’en faire la critique pour la dégager de la gangue d’illusions et de doctrines qui l’empêchent trop souvent d’émerger comme une énergie positive de nos sociétés ?

Dans le texte de l’Évangile selon Marc que nous avons lu, il n’y a pas de coupure entre la vie en société et le problème de ce que croient les uns et les autres. Voilà un groupe d’hommes, les apôtres, qui sont identifiés avec une fonction particulière dans la société de leur temps : on attend d’eux qu’ils guérissent et exorcisent les malades et les possédés.

Bien sûr, aujourd’hui, en voyant de tels symptômes accabler un enfant, on courrait à la Pitié Salpêtrière pour un examen neurologique. Mais dans le contexte du premier siècle, les symptômes de ce qu’on appelait le « mal sacré », restent énigmatiques pour beaucoup, et les moyens de les calmer sont inconnus. Devant l’ignorance, le champ de l’imaginaire reste ouvert et l'explication par la possession devient plausible. D’ailleurs, Jésus ne va pas contrer cette croyance mais déplacer le problème vers la foi. Même si la superstition demeure, il est possible d’avoir foi en une autre vie pour l’enfant. Mais voilà que les apôtres ne réussissent pas à libérer cet enfant du mal qui l’atteint, alors même que son père et la foule avec lui, avaient placés leur confiance en eux.

On pourrait interpréter ce texte comme une mise en cause de Jésus suivie, immédiatement après, l’apologie de ses talents divins. Mais on peut aussi comprendre la mauvaise humeur de Jésus vis-à-vis des apôtres ou de la foule (on ne sait pas très bien) comme un déplacement salutaire de notre conception de la foi.

Voilà un père dont l’enfant souffre et qui ne trouve personne pour le débarrasser de son mal. On pourrait pleurer sur son sort, regretter que la médecine ne soit pas encore assez avancée pour régler le problème. Mais Jésus ne désespère pas ici à cause de l’existence de ce mal ; il désespère de ses contemporains en faisant le constat amer d’une « génération sans foi ».

Le mal a changé de place. Il n’est plus dans la maladie faisant partie des multiples formes de fragilités humaines ; ce qui n’a rien d’extraordinaire, le mal est dans ce manque de foi de toute une génération qui ne croit pas en elle-même pour changer la fatalité en espoir.

Combien de fois faisons-nous le constat qu’un autre monde est possible pour nous et que notre génération semble incapable de réagir avec la foi nécessaire au changement ? N’est-ce pas notre lot quotidien de constater que, faute d’espérance, de confiance et d’intelligence, les maux qui affligent l’humanité continuent à proliférer sans que, collectivement, une réelle volonté de changer les choses n’émerge ?

 La foi, on le voit ici, n’est pas l’affaire des seuls croyants, la foi, si elle vaut quelque chose pour ce monde, doit devenir un levier pour changer le monde. Et beaucoup l’ont déjà montré en réussissant à mener des combats sociaux pour lesquels seule la fatalité l’avait jusque-là emporté.

 « Rien n’est impossible à celui qui croit. »

 Mais que veut dire croire ? Entre le père de l’enfant qui cherche un secours à son manque de foi et Jésus qui affirme que rien n’est impossible à celui qui croit, lequel croire ? Le père de l’enfant ne s’abuse-t-il pas en disant : je crois, comme s’il pouvait le décider ? Et quand il évoque son manque de foi, peut-il espérer qu’un autre que lui supplée à son manque de foi ? Et quand Jésus est ainsi affirmatif sur la foi, est-il en train de provoquer l’homme qui doute, ou bien déclare-t-il une vérité dont il a fait l’expérience ?

Ces versets sont extraordinaires parce qu’ils posent de la façon la plus synthétique qui soit les problèmes inhérents à la foi. On y retrouve le doute du père, pour qui l’essentiel est la guérison de son fils. Il est prêt à faire confiance à Jésus s’il peut sauver son fils. Mais il admet lui-même que ce qu’il ressent n’est pas la foi. « Viens au secours de mon manque de foi ».

On trouve aussi dans ces versets la foi de Jésus qui agit sans douter qu’il soit possible de changer les choses. On ne dit rien du contenu de la foi de Jésus. On pourrait imaginer qu’il prie Dieu pour qu’il sauve l’enfant, mais il ne délègue pas son action : il dit à ce qui divise l’enfant de sortir et de partir et il parvient, comme dans un acte magique, à faire fuir le mal. Il n’a pas douté, il n’a pas hésité, il a cru que cela était possible et le mal s’est séparé de l’enfant. La foi apparait ici comme puissance et pas comme doctrine.

On trouve aussi dans ces versets une critique très dure de la foi des disciples et de la foule : « génération sans foi, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous supporterai-je ? » On peut même se demander si le père lui-même n’est pas visé ici, puisque Jésus reprend ses propos : « si tu peux ? » En affirmant contre ses doutes : « tout est possible à celui qui croit ».

On a coutume de dire que : Là où est la foi est toujours aussi le doute. Car il n’est pas possible de savoir là où on ne peut que croire. Si l’on ne peut rien savoir de Dieu à cause de sa divinité même, alors, la foi en Dieu peut toujours être mise en doute. Et même les religions révélées ne peuvent prouver la révélation qu’elles tiennent pour vraie. Mais si l’on peut douter de l’existence de Dieu, est-il possible, pour un croyant, de douter de sa propre foi ?

La plupart des témoignages de croyants que j’ai pu entendre, contiennent une part de doute quant au fait que ce qu’ils tiennent pour la foi soit bien la foi. Souvent, ils acceptent certaines affirmations des témoignages bibliques ou de la tradition chrétienne, mais en rejettent d’autres.

Mais, tout ce travail critique ne vient jamais à bout de l’intuition d’être en relation avec ce qu’ils nomment : Dieu, ou le divin, ou quelque chose de plus grand et qui les dépasse. Quel que soit le langage, quelle que soit la religion, quelle que soit la tradition, et quand bien même il n’y aurait pas de tradition religieuse avant qu’il y ait une expérience de foi, le constat est le même : le croyant expérimente la foi et elle résiste à toutes les contingences des traditions révélées. Ce n’est donc pas dans la foi qu’il y a du doute, mais dans la façon d’en rendre compte. La foi semble être alors une forme d’existence plus profonde encore. Une forme a priori de notre existence.

Les théologies dialectiques prétendent qu’il faut une révélation extérieure pour que naisse la foi ; les théologies du sentiment religieux imaginent que la foi est en nous de toute éternité ; et les théologies rationalistes interprètent la foi comme une projection de notre propre existence dans la transcendance de Dieu. Quant à la mystique, elle se présente comme une fusion du divin et de l’humain qui ne se laisse que difficilement décrire.

Alors que nous dit ce récit à propos de la foi ? Qu’elle rend tout possible et que si ceux qui sont là avec Jésus étaient des hommes de foi, ils n’auraient pas besoin de lui pour résoudre le problème qui se pose à eux. Mais à la fin du récit, la guérison de l’enfant est décrite avec des mots qui nous déplacent dans une nouvelle perspective face au mal.

L’enfant tombe comme mort, et la multitude le croit mort. L’auteur insiste sur l’apparente mort. Jésus en lui tendant la main le réveille, et lui se relève, lisez ici en grec ανάσταση, anastasis : ressuscite. Les mots qui sont employés ici sont ceux de la mort et de la résurrection. Par ce récit, cherche-t-on à révéler le contenu de la foi chrétienne, à savoir la résurrection promise après toute mort ? Ou bien est-on en train de faire de la résurrection la forme de toute foi ? C’est-à-dire la possibilité d’outrepasser des limites humaines comprises entre naissance et mort ?

Durant tout le récit, Jésus a refusé les limites d’une humanité blessée, empêchée, possédée par des forces contraires à la vie. Il a voulu le salut de cet enfant sans se demander s’il était pécheur ou non, si le péché venait du père ou s’il y avait quelque bonne raison pour que l’enfant soit ainsi malmené par un mal odieux qui le coupait du reste de l’humanité. Il a voulu de toute sa foi que cela cesse et que cet enfant soit libéré du mal qui le stigmatisait et l’empêchait de vivre.

Contre la superstition, les croyances culpabilisantes et les incapacités à espérer une autre vie pour cet enfant, Jésus s’est engagé, a engagé sa foi, sa parole et ses actes en disant au mal : « c’est moi qui te l’ordonne ». Cette autorité, cette parole engagée pour l’autre au nom du salut toujours possible, cette main tendue pour recommencer une autre vie, est ce qui a permis de susciter de nouveau l’enfant dans une nouvelle identité. Par analogie, l’Évangile fait de la résurrection le paradigme de la foi.

On peut objecter que la foi n’existe pas seulement pour les chrétiens. Dans les autres religions, la résurrection ne peut servir d’analogie à cette transgression des limites humaines pour passer dans le domaine de la transcendance. En revanche, la vie au-delà de toute mort et la pensée de l’infini et de l’éternité sont communes à toutes les religions et le paradigme de l’espérance devient universel.

Vivre selon la foi, on le voit, n’est pas une adhésion à un contenu doctrinal donné, mais un état de vie, une forme d’existence qui a pour mesure l’éternité et l’infini.

Il n’y a donc pas de contenu de la foi dans cette histoire, mais c’est la foi qui contient le croyant, qui donne forme à son existence. Cette terre promise infinie et cette éternité effacent les murs de la finitude humaine pour transformer le désespoir en espoir infini. Dans la foi, le croyant existe selon d’autres catégories a priori qui ne sont plus l’espace et le temps mais l’infini et l’éternité.

L’échelle n’est plus la même et rien n’est impossible à celui qui croit. Non pas que celui qui croit obtient tout ce qu’il espère, mais il espère tout, même le plus incroyable et sa vie en est transfigurée. Il ne s’agit pas là d’un enthousiasme ou d’un optimisme, mais d’un état qui s’apparente à la prière. Une relation à l’infini qui transcende les limites d’ordinaires admises.

Contre toute attente, Jésus explique l’efficacité de son geste par la prière alors qu’à aucun moment dans cette histoire, Jésus ne se met prier. A moins que, lorsque Jésus parle et agit, il ne soit en fait en train de prier. Pas à genoux, pas en récitant les mots qu’on lui a appris, mais il se fait lui-même prière, désir de salut pour cet enfant qu’il aime de l’amour du prochain que sa foi lui a fait découvrir. Et devant lui, alors que l’enfant était l’objet du désespoir de tous, il devient le ressuscité, celui qui se relève.

Là où l’on attendait peut-être la foi comme conformité à une doctrine, elle apparait comme une forme de l’existence. Alors, au lieu de nous demander si nous croyons correctement en Dieu, peut-être faudrait-il davantage envisager la foi comme ce qui fait de nos existences des prières, adressées à l’infini et à l’éternité pour changer la fatalité en espoir.

AMEN.


Orgue

Cantique : Louange et Prière n°278 « La foi renverse devant nous », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Annonces et Collecte
Orgue

Prière d’intercession
(prière spontanée par la pasteure)

Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas dans la tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Bénédiction finale
Recevons la bénédiction de Dieu:
Le Seigneur qui fait grâce nous bénit et nous garde.

Cantique : Confie à Dieu ta route [cliquer ici]

Jeu d’orgue

Paroles des chants du dimanche 7 août 2022

Psaume : Psautier Français n°24 « La terre au Seigneur appartient », strophes 1 à 3.

Strophe 1
La terre au Seigneur appartient,
Dans l'univers son bras soutient
Tout ce qui foisonne et respire.
Sur les abîmes du néant
Il a posé les fondements
Et donné vie à son empire.

Strophe 2
Mais qui pourra dans ta cité,
Seigneur, devant ta sainteté,
Se lever pour te rendre grâce ?
C'est l'homme droit qui sans détour
Sert la vérité chaque jour
Et dont les mains restent sans tache.
Strophe 3
La main de Dieu le bénira,
L'esprit de Dieu l'affermira,
Dans sa justice et dans sa grâce,
Avec tous ceux dont le désir,
O Dieu d'amour, est de servir,
De chercher tous les jours ta face.

Strophe 4
Élevez-vous jusques aux cieux,
Portes de la cité de Dieu,
Laissez entrer le roi de gloire !
Quel est ce roi si glorieux ?
C'est le Messie, le Fils de Dieu ;
Il tient dans ses mains la victoire.

Psaume : Psautier Français n°118 « Célébrez Dieu, rendez-lui grâce », strophes 1 & 2.

1 - Célébrez Dieu, rendez lui grâce,
Car éternel est son amour.
Inclinez-vous devant sa face,
Car éternel est son amour.
Avec ardeur que tous s'accordent
Pour discerner de jour en jour
Les dons de sa miséricorde,
Car éternel est son amour.
2 - Je l'ai prié dans ma détresse
Et le Seigneur m'a exaucé,
Mettant sa force en ma faiblesse,
Sa paix dans mon cœur angoissé.
À mes côtés le Seigneur veille,
Comment de l'homme aurai-je peur ?
Jamais le Seigneur ne sommeille,
J'avancerai d'un pas vainqueur.

Cantique : Louange et Prière n°278 « La foi renverse devant nous », Strophes 1 à 3

Strophe 1
La foi renverse devant nous
Les plus fortes murailles.
La foi triomphe des verrous
Et gagne les batailles.
La foi nous ouvre les trésors
De la toute-puissance ;
Les plus faibles deviennent forts
Sous sa sainte influence.

Strophe 2
Que n’ont pas souffert les héros
Dont nous suivons la trace ?
Que de dangers, que de travaux,
Mais quelle sainte audace !
Jésus lui-même, notre Roi,
N’a-t-il pas sur la terre
Suivi le sentier de la foi
Jusque sur le Calvaire ?

Strophe 3
Que leur victoire et leurs combats
Enflamment notre zèle !
Croyons et courons sur leurs pas :
Notre chef nous appelle.
Quand on le suit, tout est bonheur
Et jamais les tempêtes,
Sans la volonté du Sauveur,
N’éclatent sur nos têtes.

Strophe 4
La foi, c’est l’arme du chrétien
Pour vaincre l’adversaire.
C’est la force qui le soutient
Pour gravir son calvaire.
La foi qui vit au fond du cœur
Et l’emplit d’espérance
Le rend, pour l’amour du Sauveur,
Joyeux dans la souffrance.

Paroles des répons du temps de l'Église

Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)

Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.

Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)

Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)

J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)

Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !

Après la confession de foi 
Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)

Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Après la bénédiction

Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)

Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.

Lecture de la Bible

Évangile selon Marc, chapitre 9, versets 14 à 29

[Traduction Louis Segond]

La guérison d’un enfant

14 Lorsqu'ils furent arrivés près des disciples, ils virent autour d'eux une grande foule, et des scribes qui discutaient avec eux.
15 Dès que la foule vit Jésus, elle fut surprise, et accourut pour le saluer.
16 Il leur demanda : Sur quoi discutez-vous avec eux?
17 Et un homme de la foule lui répondit : Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui est possédé d'un esprit muet.
18 En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre ; l'enfant écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit, et ils n'ont pas pu.
19 Race incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi. On le lui amena.
20 Et aussitôt que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec violence ; il tomba par terre, et se roulait en écumant.
21 Jésus demanda au père : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Depuis son enfance, répondit-il.
 22 Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais, si tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous.
23 Jésus lui dit : Si tu peux !... Tout est possible à celui qui croit.
24 Aussitôt le père de l'enfant s'écria : Je crois ! viens au secours de mon incrédulité !
25 Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit impur, et lui dit : Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus.
26 Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort.
27 Mais Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever. Et il se tint debout.
28 Quand Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit ?
29 Il leur dit : Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.

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