Le petit déjeuner de la réconciliation

Jean 21:1-14

Culte du 3 mai 2020
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo du culte entier

Dimanche 3 mai 2020
48ème jour du confinement

3ème dimanche après Pâques

Culte à destination du site internet  

Le petit déjeuner de la réconciliation
ou
Le jour d'après : un monde renouvelé

Liturgie par le Pasteur Béatrice Cléro-Mazire
Prédication par le Pasteur Agnès Adeline-Schaeffer
Musique par David Cassan, organiste titulaire 

Accès direct au texte de la prédication, cliquer ici
Affichage de la prédication pour impression, cliquer ici

Musique 

Salutation


Amis, frères et sœurs, où que vous soyez confinés,

La grâce et la paix vous sont données, ici et maintenant, de la part de Dieu notre Père, en Jésus-Christ, son fils, notre frère, mort et ressuscité pour nous donner la vie. Accueil

Bienvenue pour ce temps de culte, en ce 48ème jour du confinement. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes en communion les uns avec les autres, par la musique, le chant,  le partage de la Bible et la prière. Nous avons appris qu’un nouvel horizon se dessine, à partir du 11 mai, celui de la sortie progressive du confinement, mais il nous faut encore redoubler de prudence,  alors que nous bouillons d’impatience !  Il nous faut encore tenir dans la durée en maintenant nos liens à distance, que ce soit en famille ou en église.  Nous pensons aux personnes touchées par cette pandémie, dans l’épreuve de la mort de leurs proches, de leurs amis. Nous pensons aux soignants et aux personnes de l’ombre qui aident à maintenir notre quotidien, malgré la fatigue et le découragement.

Pour manifester cette communion, je vous invite à louer  le Dieu de la vie, avec cette prière :
 
Louange 

Nous te rendons grâces, Seigneur, nous te louons
Pour tout ce qui se dit, tout ce qui se fait, mais qui ne se voit pas.

Nous te louons pour les petites choses de la vie,
Celles que personne ne remarque,
Celles que l’on soupçonne à peine.

Nous te rendons grâces  pour cette lueur de joie, dans les yeux d’un malade,
Pour la complicité d’un enfant, et le passant d’un instant.
Pour le geste gratuit, un sourire, un regard.

Nous te rendons grâces  pour le silence gardé aux portes de la révolte,
Pour le pardon donné au lieu de la vengeance,
Pour la parole d’amour à la place de l’insulte,
Pour la prière muette au cœur du drame de l’autre.

Nous te louons pour l’humble qui se tient à l’ombre du puissant,
Pour  l’inutile en apparence,
Pour le bien qui jamais n’a pu se dire,
Et pour les joies secrètes, au milieu des tourments.  Amen, Alléluia !
(d’après Robert Riber  « Fenêtres Ouvertes »)

Dans le psautier français : psaume 84, strophes 1, 2, 3 et 4 « Dans ta maison je suis heureux »

Dans ta maison je suis heureux,
Elle est le désir de mes yeux,
Ici, je cherche ta présence
Longtemps mon cœur t’a réclamé,
Sa joie est de te retrouver,
Il crie à toi, plein d’espérance.
Ainsi revient en la saison
Le passereau vers la maison.

Heureux qui grave dans son cœur
Le chemin qui mène au Seigneur,
Le chemin de l’humble service.
Pour lui la source jaillira,
Et l’eau du ciel l’arrosera,
Dans la vallée la plus aride.
Dieu guidera jusqu’à la fin,
Au long des jours, le pèlerin.

Seigneur, qui règne dans les cieux
Et nous écoutes dans ce lieu,
Exauce-nous, sois notre garde.
A toi nos cœurs ne cachent rien ;
Tu regardes vers les tiens,
A ton Messie d’abord regarde :
Vois son visage couronné,
Vers lui notre espoir est tourné.

Qui veut sur ton bras s’appuyer,
A pour soleil, pour bouclier,
Le rayonnement de ta grâce.
Le dernier de tes serviteurs
Enfin découvre son bonheur
A se tenir devant ta face.
Dans ta maison, un jour vaut mieux
Que mille jours en d’autres lieux.

Confession du péché :

Seigneur Dieu, 
J’ai besoin de déposer devant toi le poids lassant de mon péché.

J’ai besoin que cessent les alibis et les excuses 
qui ne trompent personne et surtout pas moi.

J’ai besoin que cessent les regrets et les tourments 
qui ne délivrent personne et surtout pas moi.

J’ai besoin de déposer entre tes mains 
ce sac de nœuds où je m’étouffe en vain.

J’ai besoin de quelqu’un auprès de qui
je puisse confesser mon trouble et mon secret.

J’ai besoin d’en finir avec les soucis 
qui m’assaillent du dehors et avec les tourments qui me rongent du dedans.

J’ai besoin de la tranquillité de ta bonté. 
Oh Dieu, j’ai besoin de toi.

André Dumas

Annonce de la grâce :

Dans le livre du prophète Jérémie il est écrit : « Moi, le Seigneur, je sais bien quels projets je forme pour vous ; et je vous l’affirme : ce ne sont pas des projets de malheur mais des projets de bonheur. » (Jér 29, 11)
Que notre esprit trouve la paix dans la foi.

Confession de foi :

Je crois en Dieu qui rejoint l’homme dans les plis de sa vie,
qui se fait connaître de lui par une présence aimante.
Je crois en un Dieu qui ne comble aucun vide,
mais qui vient habiter avec moi les vides de ma vie.

Je crois au Christ, humain comme nous, et fidèle au-delà de nous,
Je crois au Fils de Dieu, qui m’aide à devenir enfant de Dieu,

Je crois à l’esprit d’adoption qui me donne Dieu pour père
et les humains comme frères et sœurs.
Je crois en l’Esprit de Dieu qui anime notre foi et nous révèle le règne de Dieu.
Je crois en Dieu qui rejoint l’homme dans les plis de sa vie.

                                                           Béatrice Cléro-Mazire

Doxologie : Gloire à Dieu, dans les cieux et sur la Terre et d’éternité en éternité !

Prière d’illumination 

Eternel, Dieu de la vie, au moment d’ouvrir la Bible pour y entendre la Parole que tu nous adresses, viens nous rejoindre, là où nous en sommes.
Si tu ne viens pas toi-même ouvrir les Écritures, notre lecture sera pauvre et notre compréhension limitée.
Mais si ton Esprit nous éclaire, ta Parole prendra tout son sens, notre marche s’orientera et notre chemin se précisera.

Par ton Esprit, Eternel, Dieu de la vie, viens ouvrir notre cœur et notre compréhension à l’intelligence de ta Parole, permets qu’elle naisse en nous et qu’elle soit pour nous non seulement une force qui fait vivre, mais aussi le moteur de nos engagements et la source de nos inspirations. Amen.

Lecture biblique : Evangile de Jean, chapitre 21, versets 1 à 4  

Prédication 

Amis, frères et sœurs,
 
Cela fait maintenant 7 semaines que nous sommes  retranchés chacun chez soi, et que notre vie sociale, et aussi  paroissiale, est réduite à son strict minimum. Les édifices religieux de toutes dénominations sont fermés au public, et notre temple, ainsi que notre maison presbytérale ne dérogent pas aux règles sanitaires préconisées.
Cela veut-il dire que les activités n’existent plus ?  D’une certaine manière, oui, puisque les rassemblements ne peuvent plus avoir lieu, mais grâce aux outils internet, ils se font autrement.
Est-ce que ça veut dire que les associations d’entraide ne remplissent plus leur mission auprès des plus démunis ? D’une certaine manière, non,  mais elles agissent autrement.
Les baptêmes et  les mariages sont-ils annulés ? Pour le moment, oui, mais ils sont différés dans le temps.
Les familles en deuil sont-elles accompagnées ? Alors, oui, mais les célébrations d’obsèques se font en comité restreint, en plein air,  ou par téléphone en cas de crémation. Les cultes d’actions de grâce se feront ultérieurement.
Voilà donc des questions extrêmement concrètes qui rejoignent non seulement tous les ministres actuellement dans un poste pastoral, mais également les familles concernées et l’ensemble des conseils presbytéraux,  qui veillent au meilleur fonctionnement possible de l’église locale dans une situation inédite.

D’une église humaine, nous sommes passés  à une église virtuelle, une église à distance, sans contact physique.  Les relations humaines sont réduites à un minimum contraint et organisé, qui peut atteindre le moral et la patience.

Même si nous avons appris, il y a quelques jours, qu’un nouvel horizon se dessine, avec ce retour progressif à la vie sociale et économique de notre pays, et peut-être un retour culturel et ecclésial qui ne pourra s’effectuer que sous certaines conditions et dans la plus grande prudence, pour éviter une nouvelle vague de l’épidémie, la nature ayant horreur du vide pousse chacun dans ses retranchements, en le faisant retourner à son organisation personnelle, à ce qu’il sait faire de mieux. Nous sommes dans un entre-deux.

Et c’est dans cet entre-deux que le texte de l’Evangile de Jean nous est proposé. Ce morceau d’Evangile nous présente les disciples de Jésus,  eux aussi, dans un entre-deux : après la mort de Jésus et avant de partir en mission. C’est une histoire, à la fois insolite, merveilleuse et troublante,  qui s’inscrit dans un ensemble de récits d’apparitions du Christ ressuscité.

  • Insolite, parce que ce récit de l’Evangile de Jean fait penser à deux autres récits présents dans l’Evangile de Luc, la pêche miraculeuse et l’appel des premiers disciples, (Lc 5, 1-11)  et au récit des pèlerins d’Emmaüs, (Lc 24). Ces deux récits sont combinés pour former le récit d’aujourd’hui.
  • Merveilleuse,  parce qu’après avoir pêché toute la nuit, sans rien prendre, ce qui est une situation classique d’échec, voilà que,  sur une seule petite indication de rien du tout, à savoir jeter le filet du côté droit du bateau,  la pêche est devient surabondante, comme par magie.
  • Troublante, parce que si nous nous attardons sur les détails du texte, on y remarque assez vite des incohérences. A la question de Jésus : « N’avez-vous rien à manger ? », ce qui entraine la réponse négative des disciples, puisqu’ils n’ont rien, effectivement, voilà que Jésus les invite à déjeuner sur la plage avec du pain et des poissons sur la braise, sans qu’on nous dise d’où ils proviennent et tout en leur demandant d’apporter leurs poissons.

C’est donc un récit mélangé, qu’il faut prendre le temps de déchiffrer afin d’en reconnaître la valeur hautement symbolique.

Qui sont-ils ces disciples : il y a Simon-Pierre, qui a renié Jésus (Jean 18/25-27), Thomas, celui qui a besoin de preuves (Jean 20/24-29), Nathanaël, originaire de Cana et qui consacre sa vie à l’étude des Ecritures, (Jean 1/48),  les deux fils de Zébédée, dont l’épouse rêvait pour eux d’une ascension sociale (Mt 20/20-23),  et deux disciples anonymes, dont le disciple bien-aimé qui était au pied de la croix (Jean 19/26-27). Chacun est là avec son histoire et sa personnalité, comme Simon Pierre, qui garde sa détermination.  Le disciple qui reste anonyme peut symboliser chacun d’entre nous, écoutant  cette histoire.

Ces hommes sont retournés en Galilée, selon l’exhortation du Ressuscité, dans les évangiles synoptiques. Ils sont revenus au point de départ, en se demandant sûrement comment continuer. Ils sont dans un entre-deux.  Sur le bord du lac, ils ont repris l’activité qu’ils connaissent le mieux, à savoir la pêche. On ne nous dit rien de leurs états d’âme, mais ils pêchent « de nuit », symbolisant les ténèbres, « sur la mer », symbolisant le danger, les difficultés ou  la mort, et  « sans rien prendre », symbolisant le désastre absolu.
Même au bord du lac, leur vie est confinée, parce qu’elle habitée par l’échec de toutes les facettes de l’abandon, de la fuite et de la démission. Ils expérimentent aussi  le vide que représente la mort d’un être cher qui les plonge dans une vie qui n’a plus le même goût.

Le matin vient, celui d’une aube nouvelle. Jésus se tient sur le rivage, mais, nous dit le texte,  « ils ne savaient pas que c’était lui ». Cette phrase fait écho à celle de la rencontre de Jésus avec Marie-Madeleine : « Tout en parlant, elle se retourne et voit Jésus, qui se tenait debout, mais elle ne savait pas que c’était lui » (Jean 20/14).  
Les textes qui parlent de la présence du Ressuscité disent tous la difficulté de le reconnaître ou d’identifier concrètement cette présence, comme signifier que Dieu peut venir également à notre rencontre, sous une forme inattendue, à laquelle nous ne sommes pas préparés, et qu’il nous faudra reconnaître dans un «après-coup ».

C’est la troisième fois que Jésus se montre, se manifeste, après la résurrection.

  • La première fois, c’est en rencontrant Marie-Madeleine, le matin de Pâques et en rencontrant les disciples, calfeutrés,  sans Thomas, le soir même.
  • La seconde fois, c’est une semaine plus tard, avec les disciples, en présence de Thomas. Tout cela ne semble pas suffisant.

Les disciples sont toujours dans l’entre-deux, dans cette troisième manifestation.
Mais quelque chose est en train de bouger. A la question que pose Jésus à ses disciples : « N’avez-vous rien à manger ? », les disciples répondent « Non » et ils accèdent simplement  à la vérité qui est en eux. Alors, deux signes vont être posés pour sortir de cette situation : la pêche miraculeuse et le partage du pain et du poisson. Sur l’indication de Jésus, les disciples jettent leur filet sur le côté droit de la barque, autrement dit, ils jettent le filet du bon côté, au sens propre, mais qui, au sens figuré, est un synonyme d’optimisme, et peut vouloir dire « prendre les choses du bon côté », « regarder les choses positivement ». Tout échec peut être surmonté, qu’il s’agisse d’une pêche bredouille, d’un reniement ou d’une désertion.
Le filet est si rempli que les disciples peinent à le ramener sur la berge.

C’est à ce moment-là que le récit bascule. Comme au matin de la résurrection (Jean 20:2-10),  le disciple bien aimé, qui est aussi la figure du disciple véritable,  est le premier à reconnaître Jésus, et il alerte Pierre, qui, fidèle à lui-même, se précipite. Cette annonce provoque en lui une sorte d’électrochoc : il s’habille, car il était nu, nous dit le texte, il met son vêtement autour de sa taille comme une ceinture, et il plonge dans la mer. Etre nu, dans la Bible, c’est se reconnaître imparfait, faible et vulnérable. La nudité de Simon Pierre nous rappelle d’autres nudités, comme la honte d’Adam et Eve, dans le livre de la Genèse, après leur transgression, (Gn 3/10),  ou encore, cet homme nu  de l’Evangile de Marc, qui s’enfuit au moment de l’arrestation de Jésus, (Marc 14/50-52), qui est un clin d’œil à la citation du livre du prophète Amos: « Le plus courageux d’entre les braves s’enfuira, nu ». (Am 2/16).

En mettant son vêtement autour des reins, comme une ceinture,  Simon Pierre dit quelque chose d’autre de lui-même. Il revêt l’habit du serviteur. Ceindre ses reins,  dans la Bible, signifie : contenir ses passions pour le service de Dieu. Simon-Pierre devient le serviteur du Ressuscité. Et il s’immerge dans l’eau, pour le rejoindre sur la rive. On peut voir, en filigrane,  dans cette immersion, le symbole du baptême.  La mission  de Pierre est ainsi  inaugurée. Il rejoint Jésus près du feu sur lequel cuisent du pain et des petits poissons. En effet le mot grec utilisé pour désigner ce petit poisson, est un mot qui se traduit par « fretin », le poisson qui passe par les mailles du filet. Jésus demande qu’on apporte les gros poissons, désignés en grec par le mot « ichtus » qui deviendra le symbole des premiers chrétiens clandestins. Il y a un va-et-vient incessant dans un jeu de mots, entre les gros poissons et le menu fretin. Si la pêche symbolise la mission des disciples, les gros poissons sont au nombre de 153, chiffre énigmatique, s’il en est, qui parlent certainement aux contemporains de l’Evangéliste Jean, mais sans doute moins à nous aujourd’hui, mais qui peuvent tout de même signaler l’universalité de l’Eglise.

Et c’est là toute la richesse de ce texte chargé en symboles. Cela permet de faire notre propre supposition. On peut tout à fait imaginer que les gros poissons, désignent, au moment de la rédaction de cet évangile, les responsables des premières communautés chrétiennes. Quand Jésus dit : « Apportez quelques-uns des poissons que vous avez pris », c’est le mot fretin qui est employé dans le texte grec. C’est comme s’il était dit que les « gros poissons » doivent être rassemblés avec le « menu fretin ».

Mais qu’est-ce que le fretin, sinon le symbole du plus petit, du plus insignifiant, du plus dérisoire, du plus fragile ? Et aussi le symbole de ce qui n’est ni dans les règles, ni dans la légalité, ni dans les habitudes ? Il désigne tout ce qui est issu d’une autre réflexion, d’un autre système de pensée ou de principes. Il représente, me semble-t-il,  celles et ceux qui sont sur le seuil, qui attendent d’être intégrés d’une façon ou d’une autre, dans  l’Eglise naissante, et qui ont une origine différente de celles des disciples.  Le filet est alors une symbolique de l’Eglise : les disciples agissant sur la parole du Christ ressuscité se mettent à l’œuvre, et rassemblent des êtres humains de partout, dans  l’unité d’une unique communauté solide, stable, persévérante,  à la fois souple, flexible et résistante, autrement dit, adaptable à la nouveauté, parce qu’enracinée dans la personne du Ressuscité.  La mission peut alors être féconde, et il n’y aucune peur à la mener à bien, jusqu’au bout,  parce qu’il n’y a pour cette Eglise naissante qu’une conviction fondatrice : il n’est aucun échec, pour l’être humain  comme pour le monde, que Dieu ne puisse surmonter.

Une autre condition est de mise, en dehors de celle de faire confiance : c’est de  faire la paix avec le passé. Et c’est ce qu’inaugure le petit déjeuner sur la plage, après la pêche miraculeuse : le partage du  repas préparé par le Christ ressuscité pour ses disciples. Personne n’ose poser la question : « Qui es-tu ? »,  car ils savent maintenant que c’est Lui. C’est ici et maintenant que pour eux, tout s’éclaire. Le Dieu de Jésus-Christ ne se confond ni avec la malchance, ni avec le malheur. Au contraire, celles et ceux qui placent leur foi en lui, et qui se mettent à son école, ne seront ni des résignés, ni des courbés de la vie, mais des hommes et des femmes debout. Etre debout, c’est justement être ressuscité, suscité à nouveau. Cela ne va pas de soi, mais c’est possible. C’est cette expérience que les disciples sont en train de faire sur la plage.  Jean et la communauté johannique peuvent à leur tour témoigner de la résurrection, qu’ils n’avaient peut-être pas comprise jusque-là. Il fallait une rencontre qui ouvre à d’autres compréhensions, à d’autres expressions, à une autre théologie.

La mission de l’Eglise est née, ce matin-là, sur une plage du Lac de Tibériade, avec une pêche miraculeuse et  le partage du pain et du poisson grillé, deux  signes de réconciliation entre les disciples et le Ressuscité. Pour avancer vers l’avenir, il leur fallait faire la paix avec le passé.

Avec cette épidémie,  qui ravage le monde des grands comme celui des petits, qui révèle un nombre incalculable de dysfonctionnements à tous les niveaux, ces mêmes dysfonctionnements qui avant le virus, nous faisaient dire, chacun à notre manière : « ça ne peut plus durer, nous allons dans le mur », nous voici plongés dans un entre-deux. C’est sans aucun doute le moment de reconnaître que notre façon actuelle de régir le monde est en train de prendre fin.
Voici ce qu’écrit Tomas Halik, un prêtre de l’Eglise catholique, professeur de sociologie, à la faculté de Prague : « Lors de grandes calamités, il est naturel de se préoccuper d’abord des besoins matériels pour survivre. Mais on ne vit pas que de pain. Le temps est venu d’examiner les implications plus profondes de ce coup porté à la sécurité de notre monde. L’inéluctable mondialisation semble avoir atteint son apogée. La vulnérabilité générale d’un monde global saute maintenant aux yeux. Quel genre de défi cette situation représente-t-elle pour le christianisme, pour l’Église et pour la théologie ? »

L’Eglise universelle, elle aussi, est plongée dans un entre-deux. Une grande partie des institutions, toutes dénominations confondues, a failli à sa mission de protéger les plus petits et les plus vulnérables, en s’octroyant un surplus de pouvoir, ce qui a entrainé et entraîne encore une désertion des lieux de culte, de la part des fidèles.
Aujourd’hui, l’Eglise universelle est invitée à repenser, non seulement sa mission mais aussi sa théologie. Quels signes de réconciliation avec le passé va-t-elle poser pour construire le monde d’après le coronavirus ?
Pour commencer :

  • faire la paix avec le passé,
  • se reconnaître dans une foi commune,
  • s’asseoir à la même table de la fraternité et du partage réciproques
  • trouver ensemble de nouvelles façons de dire « Dieu » et de témoigner de notre foi, dans la richesse de notre diversité.

Amen

Ouvrages consultés :

  • Daniel Marguerat, « Résurrection, une histoire de vie », Editions du Moulin, 2001
  • François Vouga, « Le christianisme à l’école de la diversité », Editions du Moulin, 2005
  • Tomas Halik, « Les églises fermées, un signe de Dieu ? » article de La Vie, 27 avril 2020
  • Notes bibliques de la TOB.

Musique 

Nous nous unissons par le chant du
Cantique Louange et Prière n°265   « Ne laisse pas ma foi », strophes 1, 2 et 3

Ne laisse pas ma foi,  défaillir loin de toi ;
Viens en mon âme ; et daigne chaque jour,
Seigneur, de ton amour, nourrir la flamme.

Sois vraiment mon Sauveur, déploie en ma faveur
Ta grâce immense : La foi, l’amour, l’espoir,
Je dois tout recevoir de ta clémence.

Mets en moi ton Esprit qui relève et guérit ;
Fais-moi revivre. Nul ne t’invoque en vain ;
À toi, jusqu’à la fin, mon cœur se livre.

Annonces

L’Oratoire du Louvre reste en contact avec vous.

N’hésitez pas à consulter régulièrement notre site internet : oratoiredulouvre.fr
Vous y trouverez des méditations, des prières, des contenus pour les enfants et chaque semaine, le culte en version audio  ou vidéo et en texte imprimable.

Vous pouvez aussi envoyer un message sur l’adresse mail suivante : accueil@oratoiredulouvre.fr et demander à être abonnés à la Newsletter.
Le temple et la maison presbytérale sont fermés au public jusqu’à nouvel ordre.

Collecte :
En ce dimanche, je vous invite à faire donner offrande à votre église, comme si vous étiez au temple, en cliquant sur « faire un don »,  en bas de la page du site oratoiredulouvre.fr
Car le confinement ne doit pas nous priver de la joie de donner et de faire communauté.
Pour terminer ce culte, je vous invite à la prière.

Prière d’intercession 

Eternel, Dieu de la vie,
Ta parole nous a redit ton amour pour ce monde.
Merci de nous permettre maintenant de te dire
Ce que nous ne comprenons pas et que nous avons du mal à accepter :

Toutes les souffrances dont nous sommes témoins ou celles que nous portons,
les deuils, les maladies incurables, les détresses affectives, les violences, les angoisses, les injustices.

Dans le même temps, nous comprenons que si nous vivons, c’est parce que tu nous as donné la vie.
Alors dans cette même prière, nous te disons aussi merci pour la vie, pour nos vies, pour ce qu’elles ont de belles, de joyeuses et pour l’avenir que tu leur donnes

Eternel, Dieu de la vie,
Inspire-nous encore, nous te le demandons
Inspire nous d'aimer, de devenir et d’être avec, pour parler, marcher, soutenir, encourager, accueillir, pleurer, partager la joie, écouter et connaître toutes celles et ceux que tu nous donnes de rencontrer
Et s’il nous arrive de faiblir, de douter, que nous puissions être accueillis, soutenus, relevés, réconfortés
Nous croyons en ta présence dans nos vies et dans celles de nos proches
Que par nos vies nous te glorifions et que nous bénissions
Renouvelle en nous la joie de notre mission : porter ta Parole et ton Amour, pour le service des plus petits d’entre nous.

Eternel, Dieu de la vie,
Nous te remercions du fond du cœur, de permettre de nous rejoindre par l’ensemble des réseaux sociaux et par le site internet, en particulier pour ce culte.

Nous te rendons grâces pour toutes les initiatives artistiques, ludiques, pédagogiques, humoristiques, qui nous permettent de garder bon moral, malgré les circonstances, qui révèlent notre créativité en imaginant de nouvelles formes d’activités, de fraternité et de solidarité.

Nous te rendons grâce pour la prière, à la mesure de nos moyens, qui nous fait tenir debout, jour après jour. 

(Georges Lettelier)

Ensemble, liés les uns aux autres, malgré les distances qui nous séparent, nous te disons d’un même cœur la prière que Jésus nous a enseignée :

Notre Père, qui es aux cieux
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons aussi
A ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la  tentation,
Mais délivre-nous du mal
Car c’est à toi qu’appartiennent
Le Règne, la Puissance et la Gloire,
Pour les siècles des siècles,
Amen.

Bénédiction :
Amis, frères et sœurs,
Recevez la bénédiction de la part de Dieu :

Le Père vivifie en vous la grâce de sa présence,
Le Christ ressuscité accompagne toute votre vie.
L’Esprit vous fait participer dès maintenant au monde nouveau.

Allez avec la force qui vous est donnée.

Que le Dieu de l’Espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix, dans la foi, afin que vous aussi, vous débordiez d’espérance, par la puissance de l’Esprit.

Amen.

Musique 

Lecture de la Bible

Jean 21/1-14

1 Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples, sur (les bords de) la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta.
2 Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples étaient ensemble.
3 Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous allons, nous aussi, avec toi. Ils sortirent et montèrent dans la barque ; cette nuit-là, ils ne prirent rien.
4 Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus.
5 Jésus leur dit : Enfants, n'avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non.
6 Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc ; et ils n'étaient plus capables de le retirer, à cause de la grande quantité de poissons.
7 Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C'est le Seigneur ! Dès que Simon Pierre eut entendu que c'était le Seigneur, il mit son vêtement, car il était nu, et se jeta dans la mer.
8 Les autres disciples vinrent avec la barque, en traînant le filet (plein) de poissons, car ils n'étaient éloignés de terre que d'environ deux cents coudées.
9 Lorsqu'ils furent descendus à terre, ils virent là un brasier, du poisson posé dessus, et du pain.
10 Jésus leur dit : Apportez des poissons que vous venez de prendre.
11 Simon Pierre monta (dans la barque) et tira à terre le filet plein de cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas.
12 Jésus leur dit : Venez manger. Et aucun des disciples n'osait lui demander : Qui es-tu ? car ils savaient que c'était le Seigneur.
13 Jésus s'approcha, prit le pain et le leur donna, ainsi que le poisson.
14 C'était déjà la troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples, depuis qu'il était ressuscité d'entre les morts.

Audio

Écouter le culte entier (Télécharger au format MP3)