Une incongruité féconde

Luc 1:26-38

Culte du 24 décembre 2023
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

24 décembre 2023
668ème jour de la guerre en Ukraine
4ème dimanche de l'Avent
« L’Annonce faite à Marie, une incongruité féconde »

Culte présidé par la pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
Culte accompagné par David Cassan, organiste co-titulaire, à l'orgue

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Orgue

Salutation 

La paix de Dieu notre Père, l’amour de Jésus-Christ et la consolation de l’Esprit Saint nous sont offerts pour que nous vivions ce culte le cœur au repos et l’esprit apaisé. Amen.

Accueil 

En ce quatrième dimanche de l’Avent, marqué symboliquement par quatre bougies allumées sur cette couronne, nous souhaitons la bienvenue à chacun, chacune pour ce temps de culte.
Bienvenue dans ce lieu de prière : que vous soyez des habitués du lieu, ou que vous veniez ce matin pour la première fois, vous êtes ici chez vous.
Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le site internet ou celui des réseaux sociaux. Nous sommes en communion les uns avec les autres.
Merci à David Cassan, organiste cotitulaire, à l’orgue ce matin !

Ils ont vu la lueur ! Ils exultent ! Ils se sont hâtés de retourner dans leur pays de chaque jour. Leur allégresse est si grande qu'elle déborde dans leurs paroles et transparaît sur leurs visages.
Ils racontent ce qu'ils ont vu et tout ce qu'ils ont appris au sujet de la lueur : "Préparez-vous, car elle vient chez vous, la lueur ! Elle brillera jusqu'au fond des sombres impasses de vos existences !"
…/… La joie, qu'ils communiquent, est si grande qu'elle se met à resplendir, toute pareille à un éclat de soleil. La joie a l'étrange pouvoir de faire étinceler la lumière sur la terre humaine...
Quatre lueurs déchirent maintenant la nuit. Sur la quatrième bougie de l'avent brûle la flamme de la joie.
(Charles Singer, Semailles, Editions du Signe, Strasbourg, 1999, page 32).

Répons : Réjouissons-nous au Seigneur
Réjouissons-nous au Seigneur,
Egayons nous en son honneur,
Lui seul est notre délivrance.
D’un même élan venons à lui
Il sera toujours notre appui,
Chantons notre reconnaissance.

 
Louange

Un ange est passé…
Avez-vous le silence entendu ?
Du temple de Jérusalem,
Il regagnait l’univers invisible.
Il venait de rendre visite à Zacharie.

L’ange est revenu…
Avez-vous le silence entendu ?
Des montagnes de Judée il regagnait l’univers invisible.
Dans ses yeux perlait l’émotion
De l’amen recueilli sur les lèvres si jeunes
De celle qui venait d’offrir
Le service de son obéissance,
A l’accomplissement du Verbe
Au tréfonds de son existence.

Des myriades d’anges vont revenir…
Entendrez-vous leur clameur ?
Aux bergers décontenancés,
Ils chanteront que la gloire de Dieu
Sur terre, est venue camper.
Le souffle d’un nouveau-né
Fera doucement remuer la paille
D’une crèche isolée.
Il n’y a pas de doute…la Parole est en train d’être semée
Dans la glèbe de notre humanité !
(d’après un texte de Michel Wagner, pasteur, « Prières qui n’en ont pas l’air, p.85)

Psaume : Psautier Français N°98 « Entonnons un nouveau cantique » strophes 1, 2 et 3 [cliquer ici

Volonté de Dieu
Écoutons ce que Dieu veut pour nous, et nous donne la force de faire :

Vous avez été appelés à être libres,
Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon les désirs de votre propre nature.
Au contraire, laissez-vous guider par l’amour pour vous mettre au service les uns des autres.
Car toute loi se résume dans ce seul commandement : « aime ton prochain comme toi-même ».
 
Répons : Montre-moi Seigneur la route
Montre-moi Seigneur la route,
Guide-moi dans la clarté
Ouvre à celui qui t’écoute
Un chemin de vérité
Je regarde à ton amour,
Au salut qu’en toi j’espère
Je le verrai chaque jour
S’étendre sur cette terre.

 
Confession du péché   
Prions :

Tu es l’hôte annoncé,
O mon Dieu, je t’attends.
Tu es Celui qui doit venir.
Laisse-moi te donner ce nom.
Il est voilé, mais sans fard.
Tu es l’hôte annoncé
Dont chaque jour j’attends l’évidence.
Tu es la joie que ma prière voudrait accueillir.
Je t’attends.
Tu es Celui qui doit venir.
En t’attendant, le temps est long.
Et il a fallu le meubler d’agissements,
J’ai appris la solitude, le rire et la peine,
Et la violence du monde déchu.
J’ai déchiffré les visages et les gestes de mes compagnons de routine,
J’ai construit des machines de rien,
Je me suis affairé à des jeux d’enfants pauvres,
Et je me suis débrouillé, livré à moi-même.
Je t’attends.
Tu es Celui qui doit venir.
Je suis prêt, pour Toi.
En moi la paix descend d’au-delà des collines,
Comme une naissance seconde, qui fait tout éternel.
Je t’attends.
Tu es Celui qui doit venir.
(Pasteur Alain Houziaux)
 
Répons : Viens Rédempteur des païens
Viens Rédempteur des païens
Montre-toi, enfant divin,
Que s’étonne l’univers,
De ta venue dans la chair.


Annonce de la grâce
Pour accueillir la grâce renouvelée de la part, je vous invite à vous lever : 

Mon frère, ma sœur, mon ami, ton attente se termine
Regarde la lumière qui vient.
Cette lumière est celle de l’amour plus fort que la mort.
Alors,
Mes bien-aimés, nous dit l’apôtre Jean,
aimons-nous les uns les autres,
Car l’amour vient de Dieu.
Et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu.
Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour.
Voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin, que par lui, nous vivions.

Chantons à Dieu notre reconnaissance !
 
Répons : D’un arbre séculaire
D’un arbre séculaire,
du vieux tronc d’Isaï,
Durant l’hiver austère,
Un frais rameau jaillit,
Et sur le sol durci,
Dans la nuit calme et claire,
Une rose a fleuri

 
Confession de foi : 

Je crois en Dieu.
Par lui, l’univers et notre existence sont créés toujours à nouveau.
Dans le grand chantier du monde
Son Esprit nous anime, il nous porte,
Il donne à chaque jour, à notre vie, un sens positif, une dignité, une vocation créatrice.
Dieu est l’avenir de l’homme, et sa présence dépasse l’espace et le temps.

Je crois que Jésus nous a fait entendre sa Parole.
Il est celui que nous écoutons, et auquel nous regardons pour savoir qui est Dieu et qui est l’homme.
En Jésus, l’homme et Dieu sont à jamais liés, réunis, inséparables.
Il reste pour nous et pour le monde, une lumière.

Nous reconnaissons une seule Eglise universelle,
Visible et invisible
Connue de Dieu seul.
Et nous croyons à l’amour plus fort que la mort.
Amen. 
(Pasteur Vincent Schmid)

Répons : Il vient sans apparence
Il vient sans apparence
Des pauvres, il est roi,
Il connaît leur souffrance,
Les guérit par la foi ;
La mort n’a plus d’effroi ;
Il me rend l’espérance,
En se donnant pour moi.

 
Doxologie : Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, d’éternité en éternité !

Lecture de l’Evangile de Luc, chapitre 1, versets 26 à 38 (TOB)

26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, 
27 à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David ; cette jeune fille s’appelait Marie. 
28 L’ange entra auprès d’elle et lui dit : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. » 
29 A ces mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 
30 L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 
31 Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. 
32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 
33 il régnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 
34 Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il puisque je n’ai pas de relations conjugales ? » 
35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi
et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ;
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu. 
36 Et voici que Elisabeth, ta parente, est, elle aussi,  enceinte d’un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile, 
37 car rien n’est impossible à Dieu. » 
38 Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » Et l’ange la quitta.

Cantique : Louange et Prière n° 113 « Sur tout peuple assis dans la nuit », strophes 1, 2 et 3 [cliquer ici]

Prière d’illumination
Prions ensemble :

Eternel, Que ta Parole nous atteigne au plus profond de nous-mêmes !
Que ton amour emporte nos volontés rebelles ou défaillantes !
Que ta joie nous attende au terme de nos chemins semés d’obstacles et bordés de merveilles !
Car tu es le Dieu de l’Amour et de la vie. Tu prends soin de chacun de nous.
Esprit Saint remplis nos cœurs, afin qu’il nous rende disponibles et accueillants à ta présence. Amen.

Orgue

Prédication : L’Annonce faite à Marie, une incongruité féconde

Amis, frères et sœurs,
Il y a des textes de la Bible qui dérangent parce qu’on ne sait pas bien quoi en faire. Et celui de ce matin en fait partie.
Cet ange qui vient rendre visite à Marie, c’est tout de même une drôle d’histoire, qui n’a pas fini de faire couler de l’encre et même de la salive.

Finalement, tout aurait été si simple, si Luc l’avait écrit autrement.
Par exemple :
Il aurait pu dire que Marie était une jeune fille entre 16 et 18 ans, qu’elle était fiancée à un garçon qui s’appelait Joseph.
Il aurait pu dire que Joseph était fou amoureux de Marie et que Marie aimait Joseph tout aussi passionnément et on aurait pu nous écrire leur histoire d’amour à la manière du Cantique des Cantiques. 
Alors bien sûr, on ne badine avec les relations sexuelles avant le mariage, en ce temps-là, mais voilà, on aurait pu nous dire que Joseph et Marie avaient tout simplement oublié de rentrer chez leurs parents comme tous les amoureux du monde et qu’ils avaient passé leur première nuit ensemble avant d’être mariés.

On aurait pu nous dire aussi que Marie, découvrant sa grossesse quelques semaines après, avait mis Joseph devant ses responsabilités : « Alors qu’est-ce qu’on fait ? Tu m’épouses quand même oui ou non » ? 
On aurait même pu nous raconter comment Dieu était venu leur parler en leur disant qu’ils pouvaient garder ce bébé sans crainte, car cet enfant était promis à un destin hors du commun. En fait, tout ce qui a été dit séparément à Joseph, dans l’Évangile de Mathieu, comme à Marie, dans l’Évangile de Luc.
Avouez tout de même que cela nous aurait sacrément arrangés !  Et finalement, cela n’aurait pas changé grand-chose au destin de Jésus. L’incarnation de Dieu dans le monde aurait commencé vraiment par le tout début, y compris avec la délicate question de la sexualité qui perturbe tout le monde depuis la fondation du monde ! Mais il n’en est rien.
Connaître ou ne pas connaître ? Telle est la question !
Aimer en esprit c’est magnifique, mais aimer avec la chair, c’est plus douteux. Derrière, subsiste encore et toujours la question délicate de la faute, du péché.
Alors il faut que nous fassions le deuil d’un récit biblique qui nous satisfasse. Il nous faut faire avec le récit de l’ange Gabriel, qui vient rendre visite à Marie, jeune fille pure et vierge, avant son mariage avec Joseph. Donc, si on suit le texte biblique au pied de la lettre, il nous faut faire aussi le deuil que Joseph ne soit pas le père biologique de Jésus, ou en tout cas, qu’on ne nous le dise pas. Et admettre, contre mauvaise fortune bon cœur, que Joseph est invité à accueillir son épouse enceinte de quelqu’un d’autre, même si c’est de Dieu lui-même ! Et que le mystère demeure !
Ce qui s’est passé en vrai, on ne le sait pas, et on ne le saura jamais. Tout ce que nous avons à nous mettre sous la dent, c’est ce récit de Luc, qui raconte, non pas quelque chose d’historique ou de gynécologique, même si Luc est médecin, mais qui vient nous dire autre chose.

On ne sait rien de Marie, sinon qu’elle est fiancée à Joseph. Elle est au seuil de sa vie d’adulte. Toutes les décisions qu’elle prend maintenant vont orienter sa vie future. Est-ce qu’on sait seulement ce à quoi Marie aspirait ?  Non, on ne sait rien.

Sans doute veut-elle faire comme tout le monde, comme ses parents : aller à la synagogue, avoir des amis, se marier, mettre au monde ses enfants, réussir son mariage et sa vie de couple, être une bonne maîtresse de maison et vieillir entre son mari et ses enfants. En tout cas, c’est ce qu’une jeune fille de Palestine en ce temps-là peut rêver tout simplement, parce qu’il n’y a pas vraiment d’autres possibilités. Pas question d’avoir une aventure, pas question de suivre une mode, pas question de « s’éclater ».

Marie est une jeune fille sans doute idéaliste comme toutes les jeunes filles en fleur. Nourrie de la parole de Dieu, elle prend au sérieux l’alliance que Dieu fait avec son peuple de génération en génération. Elle écoute, et elle essaie de comprendre. Elle attend aussi ce Messie annoncé par les prophètes de la première alliance. La seule alliance d’ailleurs. Pour l’instant, il n’y en a qu’une.

Mais peut-être aussi rêve-t-elle d’un monde meilleur, d’un monde différent, débarrassé de la violence, des faux semblants, avec juste un peu plus d’amour, de justice et de paix. Un monde où l’on pourrait pleurer de joie au lieu de verser les larmes du chagrin et de la souffrance.
Nous aussi, nous rêvons à ce monde meilleur.

Mais dans le contexte de Marie, c’est autre chose. Marie n’a pas vraiment son mot à dire. Elle ne peut faire que l’expérience de sa faiblesse et de son impuissance. Elle vit dans un monde d’hommes qui décident de tout, et elle, elle ne décide de rien. Donc Marie a appris à se taire, à écouter, à accueillir.
Elle n’a pas appris à décider, à juger ni à trancher. Elle est toute « attente ».
En éveil à la vie, en éveil à la foi.
Ses attentes rejoignent les nôtres si nous savons écouter l’esprit de Dieu qui chante en nous. Voilà la force de Marie : chanter le monde et l’espérer meilleur du plus profond de sa propre vie, alors que ceux qui sont les décideurs, ceux qui ont le pouvoir, le savoir et même la sagesse ont tant de mal à construire ce monde meilleur. Ce monde que chacun rêve dans le secret de son cœur.

Alors Marie espère en silence. Et c’est justement dans ce silence, que Dieu vient la rencontrer. Elle fait l’expérience de cette présence tangible, de ce choc, de ce coup de poing dans le ventre.  Elle fait l’expérience du divin tout proche d’elle à la manière d’un souffle, à la manière d’une voix, elle fait l’expérience d’une présence invisible mais palpable. Elle découvre que Dieu vient à elle, comme il est venu auprès de celles et ceux qui l’ont précédée. Dieu s’approche du monde en passant à travers elle. Il ne peut faire que cela, Dieu, car Marie ne lui fait pas d’obstacle. Dieu a la première place en Marie. Et l’impossible devient possible, tout simplement parce que Marie ne met aucune barrière pour l’accueillir.

A ce moment-là, Dieu est tout discret. Il s’est presque retiré du monde. Il ne parle plus. Alors les hommes ne savent plus comment faire pour aller vers lui.  Ils bâtissent des sanctuaires, ils sacralisent le Temple, ils font une multitude de sacrifices que cela en devient indigeste.
Ils répètent inlassablement des prières mécaniques qui perdent leur sens, ils s’usent les yeux sur les rouleaux sacrés. Les prêtres et les pharisiens se raidissent dans leur compréhension de la Torah. Ils font passer la lettre du texte avant l’esprit. Ils calculent tout, organisent tout et font place à leur savoir théologique avant de faire confiance. Dieu n’a plus de place dans leur rituel si savamment orchestré. La foi s’amenuise sauf dans le cœur de quelques-uns, dont Marie.

Dieu, qui est bien au-delà de la sagesse des prêtres et des anciens, se révèle totalement présent, et présent totalement gratuitement à cette jeune fille du nom de Marie qui accepte de construire sa vie sur la confiance, sur le service, en s’en remettant sans aucune arrière-pensée ni doute, ni suspicion, au Dieu de ses pères. Et peut-être plus encore au Dieu de ses mères, Sarah, Rébecca, Rachel, Léa, Anne, Ruth, Houlda, Myriam, Bethsabée, Tamar… Elle sait ce que cela veut dire concrètement. A travers Marie, Dieu s’approche des êtres humains. Il vient se mettre à leur niveau pour mieux les élever à lui, en les portant.

Alors tant pis si nous ne comprenons pas tout de ce récit de l’Annonciation. Tant pis s’il heurte nos pensées cartésiennes. Et tant mieux si la virginité de Marie reste toujours une question car c’est à nous tous de chercher ce que cela veut dire pour nous.  Le texte est juste là pour nous dire que Marie a trouvé grâce aux yeux du Seigneur, et qu’à travers elle, c’est à chacun et chacune de nous que Dieu vient dire par l’intermédiaire de l’ange, du messager, que nous aussi, quelques soient nos vies belles ou tumultueuses, organisées ou désordonnées, nous avons trouvé grâce à ses yeux.  Oui, mon frère, ma sœur, mon ami, toi aussi, tu peux vivre de l’Esprit Saint, et à travers toi, l’amour infini et sans conditions de Dieu peut prendre forme dans ta vie et dans le monde. C’est comme cela que le changement s’amorce. 
L’ange Gabriel annonce à Marie sa prochaine maternité et pas la moindre, puisque l’enfant qu’elle mettra au monde sera reconnu plus tard, par certains, comme le « fils de Dieu ». Le texte de Luc nous présente la vie de Marie acceptant sans résistance tout ce qui lui tombe dessus, elle accueille, avec une réelle disponibilité, de voir sa vie personnelle détournée de son projet initial, à savoir un avenir tout tracé avec Joseph et réorientée par Dieu, par l’intermédiaire de la venue de cet ange mystérieux et du don de l’esprit dont Marie va être remplie, pour concevoir. C’est un récit énigmatique. Comment faut-il prendre le prendre ? Au sens propre ? Au sens figuré ? Quoiqu’il en soit, il y aura toujours plusieurs niveaux de lectures à ce récit biblique de l’Annonciation. Si nous voulons savoir ce que ce récit peut nous dire à chacun, chacune, dans notre vie et notre foi, nous ne pouvons pas faire l’économie de l’étudier, de le recevoir, de l’accueillir, comme un témoignage et de voir comment il nous fait vivre.

Par ce récit, l’évangéliste Luc veut simplement nous rappeler, même si c’est une évidence pour certains, que rien n’est impossible à Dieu. Le travail de l’évangéliste Luc, c’est de nous en convaincre. « Dieu peut tout, absolument tout, tout, tout », avons-nous entendu dimanche dernier dans la pièce de Noël « Harry pasteur ».  Selon Luc, c’est Dieu, créateur du ciel et de la terre qui maîtrise aussi la vie dès le commencement et jusqu’à la fin, et que pour lui, ni la vieillesse, ni la stérilité comme pour Élisabeth, la cousine de Marie, ni la jeunesse ni la virginité pour Marie elle-même ne constituent un obstacle au projet unique d’espérance que Dieu a pour l’humanité : donner au monde Jésus-Christ, afin que chacun puisse être aimé en plénitude et sans obstacle.  Cela ne peut pas se faire sans les anges, autrement dit, étymologiquement parlant, sans les « messagers ». Et au fond, on peut reconnaître la présence de Dieu dans nos vies grâce aux anges, grâce aux messagers d’aujourd’hui, ces hommes et ces femmes de l’ombre, qui « sans qu’on le sache, sans qu’ils le sachent parfois eux-mêmes, ont fait dérailler l’enchaînement mécanique de faits qui allaient probablement briser nos vies » (Raphaël Picon, un Dieu insoumis, p.94). C’est sans doute pour cela que l’auteur de la lettre aux Hébreux insistera dans ses deux premiers versets du chapitre 13 : « Que l’amour fraternel demeure.  N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges », faisant allusion au récit biblique de la Genèse, lorsque les anges, les messagers rencontrent Abraham, lui annonçant que sa femme Sarah aurait un fils, Isaac. La présence de Dieu peut faire irruption dans la vie de chacun, comme elle a fait irruption dans l’intimité de Marie. Cette présence ne se distingue pas forcément tout de suite. Elle a besoin de ce temps de gestation pour arriver à son terme et pour être enfantée, en réponse à notre attente muette et secrète. Nous rejoignons alors la prière de celles et ceux qui se tournent en toute confiance vers le Dieu de la Vie, avec ces mots : « Esprit Saint, remplis nos cœurs ! Viens mettre ton espérance et ta vie alors où normalement, et humainement, nous n’attendons plus rien. Viens mettre ton impossible dans notre possible ! » (Francine Carrillo, Traces Vives). Donne-nous de ne pas désespérer du monde, même si le monde nous montre son visage le plus immonde. Notre prière rejoint l’espérance secrète de Marie en nous renvoyant à notre propre espérance. Qu’attendons-nous de la part de Dieu ? Et ce que nous attendons de lui, comment allons-nous l’exprimer ? Que nous manque-t-il réellement dans nos vies ? Est-ce qu’il ne nous manquerait pas la même disponibilité que Marie pour, nous aussi, accueillir le projet de Dieu en nous ? Esprit saint, remplis nos cœurs ! Mais attention, ce n’est pas tout de le dire ! Dieu peut répondre à notre attente d’une façon totalement inattendue. Sommes-nous prêts à cette irruption, souvent incongrue, dont la promesse est de rendre nos vies fécondes ?  Le fils de Marie, Jésus, ne déclarera-t-il pas : « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, et la vie en abondance » ? (Jean 10/10).  En célébrant ce quatrième dimanche de l’Avent, nous célébrons l’irruption de Noël, fête de la vie, non pas en quantité, mais en qualité, dans le sens d’une plénitude de vie. Si Jésus est un grand « Oui » à la vie, cela commence par le Oui dans l’intimité de Marie et se prolonge avec nous, grâce à nous, par notre Oui à nous. Amen.

Orgue

Cantique : Louange et Prière cantique n° 88 « cantique de Marie », strophes 1, 2 4 et 6 [cliquer ici]
 
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Orgue

Prière d'intercession

Notre Père
Comme Jésus l’a enseigné à ses disciples, nous te disons :

NOTRE PERE
qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles.
Amen.

Bénédiction :
Recevons la bénédiction de la part du Seigneur :
Mon frère, ma sœur, mon ami,
Que l’Eternel te bénisse et te garde !
Que l’Eternel fasse rayonner sur toi son regard et t'accorde sa grâce !
Que l’Eternel porte sur toi son regard et te donne la paix !
Amen. 

Répons : Brillante étoile du matin
Brillante étoile du matin
Que fait lever l’amour divin
Pure et sainte lumière
Répands dans nos cœurs ta clarté
Viens dissiper l’obscurité
Qui règne sur la terre.
Seigneur, Sauveur,
Fils du Père, ta lumière salutaire
Nous conduit et nous éclaire.

 
Sortie
Orgue

Paroles des chants du dimanche 24 décembre 2023

Psaume : Psautier Français n° 98 : « Entonnons un nouveau cantique », strophes 1 à 3

Strophe 1
Entonnons un nouveau cantique 
Pour célébrer le Dieu Sauveur :
Ce qu'il a fait est magnifique, 
Tenant pour nous un bras vainqueur.
Le salut de Dieu se révèle
Et tous les yeux l'ont reconnu ;
De proche en proche la nouvelle
Jusqu'au bout du monde a couru.

Strophe 2
Dieu fait à son peuple connaître
Sa grâce et sa fidélité ;
Et sa justice va paraître
Devant les peuples assemblés.
Vous qui comptiez sur sa promesse, 
Voyez : le Seigneur se souvient !
Il nous secourt dans sa tendresse,
Il nous relève et nous soutient.

Strophe 3
Chantez pour lui vos chants de fête, 
Psalmodiez ! Criez de joie ! 
Au son du cor et des trompettes, 
Acclamez tous le Roi des rois ! 
Le Seigneur vient juger la terre, 
Sa vérité va s'imposer.
Que tous les peuples qui espèrent
En l'apprenant soient apaisés !

Strophe 4
Que tous les océans mugissent ;
Fleuves aussi battez des mains ;
Et que les montages bondissent
Pour acclamer le Roi qui vient !
Le Seigneur vient juger le monde
Avec droiture et vérité,
Et partout sa justice fonde
Son éternelle royauté.

Cantique : Louange et Prière n°113 « Sur tout peuple assis dans la nuit », strophes 1 à 4

1. Sur tout peuple assis dans la nuit
    Et l'ombre de la mort,
    Soudaine une clarté reluit,
    Telle une étoile d'or,
    Telle une étoile d'or.

2. L'obscurité touche à sa fin,
    Un enfant nous est né.
    Voici l'approche du matin,
    Le Fils nous est donné,
    Le Fils nous est donné.

3. Il est le Roi, l'Emmanuel,
    L'Admirable à jamais,
    Dieu tout-puissant, Père éternel
    Et Prince de la paix,
    Et Prince de la paix.

Cantique : Louange et Prière n°88 « Cantique de Marie », strophes 1, 2, 4 & 6

1 - Mon cœur, rempli des biens que Dieu m'envoie,
Ne peut cacher les transports de sa joie ;
Mon âme loue et bénit le Seigneur !
Et mon esprit s'égaie en mon Sauveur

2 - Le Dieu vivant, malgré ma petitesse,
Ma pauvreté, mon néant, ma bassesse,
A bien voulu sur moi jeter les yeux,
Et rend mon sort à jamais glorieux.

4 - Les orgueilleux poursuivent leurs pensées,
Mais Dieu les a vite renversées.
Il humilie et dompte leur fierté,
Et les punit de leur impiété.

6 - Son peuple élu, qu'il aime avec tendresse,
Voit du Seigneur s'accomplir la promesse.
Dieu le défend contre ses ennemis,
Et donne enfin le Rédempteur promis.

Paroles des répons du temps de l'Avent et de Noël

Après la salutation
Réjouissons-nous au Seigneur (Psaume 95)

Réjouissons-nous au Seigneur,
Égayons-nous en son honneur,
Lui seul est notre délivrance.
D’un même élan, venons à lui,
Il sera toujours notre appui,
Chantons notre reconnaissance.

Après la volonté de Dieu
A toi mon Dieu, mon cœur monte (Psaume 25, str.2)

Montre-moi Seigneur, la route,
Guide-moi dans la clarté.
Ouvre à celui qui t’écoute,
Un chemin de vérité.
Je regarde à ton amour,
Au salut qu’en toi j’espère.
Je le verrai chaque jour
S’étendre sur cette terre.

Après la prière de repentance
Viens Rédempteur des païens
(Nun komm, der Heiden Heiland, Martin Luther)

Viens Rédempteur des païens
Montre-toi, enfant divin,
Que s’étonne l’univers,
De ta venue dans la chair.

Après l’annonce de la grâce
D’un arbre séculaire (L.P. n°103, str.1)

D’un arbre séculaire,
Du vieux tronc d’Isaïe,
Durant l’hiver austère,
Un frais rameau jaillit.
Et sur le sol durci,
Dans la nuit calme et claire,
Une rose a fleuri.

Après la confession de foi
D’un arbre séculaire (L.P. n°103, str.3)

Il vient sans apparence
Des pauvres, il est roi.
Il connaît leur souffrance
Les guérit par la foi.
La mort n’a plus d’effroi :
Il me rend l’espérance,
En se donnant pour moi.

Après la bénédiction
Brillante étoile du matin (L.P. n°90, str.1)

Brillante étoile du matin,
Que fait lever l’amour divin,
Pure et sainte lumière,
Répands dans nos cœurs ta clarté
Viens dissiper l’obscurité
Qui règne sur la terre.
Seigneur, Sauveur,
Fils du Père, ta lumière, salutaire,
Nous conduit et nous éclaire.

Lecture de la Bible

Evangile selon Luc chapitre 1, versets 26 à 38 [NBS]

Annonce de la naissance de Jésus

26 Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, 

27 chez une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; le nom de la vierge était Marie. 

28 Il entra chez elle et dit : Réjouis-toi, toi qui es comblée par la grâce ; le Seigneur est avec toi. 

29 Très troublée par cette parole, elle se demandait ce que pouvait bien signifier une telle salutation. 

30L'ange lui dit : N'aie pas peur, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

31 Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils et tu l'appelleras du nom de Jésus.

32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.

33 Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob ; son règne n'aura pas de fin.

34 Marie dit à l'ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je n'ai pas de relations avec un homme ? 

35 L'ange lui répondit : L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu.

36 Elisabeth, ta parente, a elle aussi conçu un fils, dans sa vieillesse : celle qu'on appelait femme stérile est dans son sixième mois. 

37 Car rien n'est impossible de la part de Dieu. 

38 Marie dit : Je suis l'esclave du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole. Et l'ange s'éloigna d'elle.

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