La vie en abondance : rêve ou réalité

Jean 10:9-10

Culte du 9 juillet 2023
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

 9 juillet 2023
500ème jour de la guerre en Ukraine

« La vie en abondance : rêve ou réalité ? »


Culte présidé par la Pasteure Agnès ADELINE SCHAEFFER
avec Arthur Nicolas-Nauche, organiste invité, à l'orgue

Accès direct aux textes des chants, cliquer ici
Accès direct à la lecture biblique, cliquer ici
Accès direct au texte de la prédication, cliquer ici
Affichage de la prédication pour impression, cliquer ici

Salutation
Mon frère, ma sœur, mon ami,
Toi qui es venu ce matin, prendre le temps d’écouter la Parole de Dieu, renouveler tes forces physiques et spirituelles, par le chant et la prière, rencontrer ton prochain au milieu de ton activité familiale ou de ton travail, sois sans crainte !
Le Seigneur est là, il t’appelle, il t’invite à l’écouter et à le recevoir ici et maintenant.
La grâce et la paix vous sont données, ici et maintenant, de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ, son fis, notre sauveur et notre frère.

Accueil
Bienvenue à chacun, chacune pour ce temps de culte. Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le site internet et qui sont en communion avec nous. Bienvenue à celles et ceux qui nous regardent de l’étranger.
Bienvenue à tous les paroissiens fidèles, et aux personnes de passage qui sont là peut-être pour la première fois. Pour nous accompagner à l’orgue aujourd’hui, bienvenue à Arthur-Nicolas Nauche.

Prière
Prions ensemble :

Éternel, Dieu de la vie,
Nous voici rassemblés à ton invitation.
Il y a parmi nous des autochtones et des étrangers,
des croyants et des peu croyants,
des fidèles et des occasionnels,
des habitués et des invités.
Mais tous,
Nous sommes des mendiants qui cherchons le pain,
Nous sommes des assoiffés qui cherchons la source.
Nous sommes tous des enfants qui tendons les mains
Nous sommes tous des guetteurs d’amour en quête de chemin.
Grâce te soit rendue, de nous accepter tels que nous sommes
et de nous accompagner tous les jours.  Amen.

Répons : Bénissons Dieu le seul Seigneur
Bénissons Dieu le seul Seigneur
Nous qu’il choisit pour serviteurs
Levons nos mains dans sa maison, 
Pour bénir et louer son nom.

Prière de louange
Louons Dieu :

Loué sois-tu mon Dieu, pour tous ces autres
Qui peuplent la terre avec moi.
Pour ces prochains et ces lointains
Sans qui je ne serais qu’un Robinson
Prisonnier de son orgueil solitaire.
Loué sois-tu pour tout ce qui nous est commun,
Au long des siècles et des continents,
Tissant la longue tapisserie de l’humanité.
Loué sois-tu aussi pour tout ce qui nous fait différents
Et dont les couleurs font chanter le tissu de la vie.
Donne-moi d’accueillir la richesse de ces diversités
Et d’y saisir la dimension de ton amour.
Pour ceux qui me sont les plus proches,
Famille, amis, voisins, camarades, collègues,
Qui cheminent à mes côtés au long des jours,
M’apportant chaleur, réconfort, ou souci,
Pour eux tous, je veux te louer. Te louer aussi simplement
Pour la vie qui continue,
Parce que le monde n’a pas commencé
Ni se terminera avec moi.
Loué sois-tu, quand tu ouvres mes yeux
Quand je m’enferme ou m’isole,
Loué sois-tu quand tu m’envoies des compagnons fraternels
Quand je déprime ou désespère.
Loué sois-tu, ô mon Dieu,
Quand tu me donnes d’être ce petit chaînon JOYEUX
De la grande caravane humaine
En marche vers cet avenir que ton Fils nous a dépeint
Aux couleurs de l’espérance.
Amen, alléluia !
(d’après un texte de Michel Wagner)

Psaume : Psautier Français n° 84 « Dans ta maison je suis heureux », strophes 1, 2 & 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu

Écoutons ce que Dieu veut pour nous et nous donne la force de faire :
Dans l’Évangile selon Marc, nous lisons : « Un scribe demanda à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? » 
Jésus répondit : « Le premier, c’est : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; 
tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. 
Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » (Marc 12, 28 à 31)

Répons : Parle, parle Seigneur
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute,
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis,
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Prière de repentance
Prions ensemble :

Dieu d’amour,
Par ton immense miséricorde,
Je te supplie de m’accorder
La grâce d’aimer de tout mon cœur,
Au-dessus de tous les hommes, au-dessus de toutes choses.
Accorde-moi d’estimer toutes les manières de vivre,
De respecter tous les êtres humains,
De ne juger ni de mépriser personne,
Aide-moi à savoir me tenir à l’écoute,
A ne plus chercher à plaire à qui que ce soit,
En dehors de toi, Seigneur,
Et à n’avoir peur de déplaire à personne, sinon à toi.
Qu’en tout, je veuille seulement poursuivre ta volonté et vivre selon ta promesse.
Amen.
(d’après un texte de Jan van Ruysbroeck)

Répons : J’aime mon Dieu
J’aime mon Dieu, car il entend ma voix.
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Annonce de la grâce
Pour accueillir la grâce renouvelée de Dieu, je vous invite à vous lever :

Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils, afin qu’en lui, nous ayons la vie. Il nous offre la grâce de vivre autrement. Sa grâce renouvelle nos vies et transfigure nos relations. Car le Seigneur nous dit : « Mon enfant, relève-toi ! Ne laisse pas le soir descendre sur toi. N’aie pas peur, crois seulement. Va, ta foi t’a sauvé ». Chantons à Dieu notre reconnaissance !

Répons : Combien grande est ta gloire
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles, ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles.

Confession de foi :

Nous croyons que Dieu est le Père de tous les hommes, de tous les peuples, de toutes les races. Personne n'est exclu de son amour.
Nous sommes tous créés à son image et à sa ressemblance.
C'est ce qui fonde la dignité et l'égalité de tous les hommes.

Dieu, le Père, a donné la terre à tous et pour tous.
C'est ce qui fonde la solidarité.
Les biens de la création doivent affluer dans les mains de tous.
C'est le plus sûr chemin de la paix, car la paix est le fruit de la justice.
Nous croyons que Jésus est le frère de tous les hommes, et spécialement des pauvres.
C'est lui que nous voyons avoir faim, être nu, étranger, prisonnier ou malade.

Nous croyons que celui qui juge, humilie ou calomnie tout homme, juge, humilie, calomnie Jésus-Christ, car tout homme a le visage du Christ.
Nous croyons que Jésus-Christ, par sa vie et ses paroles, nous dit qui est l'homme.
Jésus-Christ ressuscité nous donne l'Esprit de Dieu.
Nous croyons que l'Esprit est esprit de liberté, esprit de tolérance, esprit de justice, esprit de paix.
Il accueille au lieu de d'exclure.
Il respecte au lieu de condamner.
Il ouvre les portes et ne les ferme jamais.
Nous croyons que son espérance est plus forte que tous les désespoirs. Amen
[Confession de foi écrite par Milène et Nicolas à l'occasion du baptême d'Arthur et d'Ulysse à l'Oratoire du Louvre le 12 septembre 2021]

Répons : Grand Dieu, nous te bénissons
Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !

Doxologie : Doxologie : Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, d’éternité en éternité !

Lecture biblique
Évangile selon Jean, chapitre 10, versets 9 et 10 (traduction TOB)

9 Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il ira et viendra et trouvera de quoi se nourrir. 
10 Le voleur ne se présente que pour voler, pour tuer et pour perdre ; moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.

Cantique : Louange et Prière n°216 « Seigneur que ton règne adorable », Strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination : 

« Dieu notre Père, quand les mots se font rares, quand le pardon ne vient pas aux lèvres, quand l’amour bâillonné n’a plus rien à dire, quand mensonges et demi-vérités brouillent toutes les pistes, nous venons nous reposer en toi, en ta Parole sainte, crédible, fiable, et ta Parole apaise notre infinie soif de vérité.

Dieu notre Père, quand les mots nous lâchent, quand la solitude du dedans interdit toute parole, quand la jalousie inexprimable ravage la paix intérieure, quand amertume et colère font des autres un enfer, nous venons nous reposer en toi, en ta Parole, sainte, crédible, fiable et ta Parole apaise notre infinie soif de vérité.

Dieu notre Père, quand les mots, soudain s’embrasent, quand la compassion se propage de proche en proche, quand ta grâce enfin triomphe de la surdité, quand aimé et être aimé ne se discutent plus, nous te louons, Père, pour ta Parole sainte, crédible, fiable, et avec Simon-Pierre, nous confessons : « Seigneur, à qui irions-nous ? O Christ, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! »
Amen.
(Lytta Basset, Traces vives)

Orgue

Prédication : La vie en abondance : rêve ou réalité ?

Amis, frères et sœurs,

Dans l’un de ses éditoriaux, paru dans Évangile et Liberté, avant son décès prématuré, Raphaël Picon, alors rédacteur en chef de ce mensuel mais aussi doyen de la Faculté de théologie protestante à Paris, écrivait : « À quoi servent les Évangiles ? » Et de répondre immédiatement : « À maintenir vive notre indignation. La prédication du Christ, c’est là sa force et sa vérité, lutte pour un homme (dans le sens d’être humain) debout ».
Maintenir vive notre indignation… Quel programme ! Encore faut-il savoir de quelle indignation on parle. Car ces mots de l’Évangile selon Jean que nous venons d’entendre : « Je suis venu pour que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance », et le texte grec dit même « en surabondance », permettent effectivement de dire une indignation, comme : « Cette parole est irrecevable ! Jésus rêve ! Il n’a qu’à regarder autour de lui à son époque, et nous pouvons regarder autour de nous, à notre époque. Il n’y a pas la vie en abondance, telle qu’il l’a dit. En revanche abondance de biens et pour certains une vie heureuse et facile, il y a ! Mais c’est loin d’être pareil pour tout le monde. De nombreuses personnes sont vouées à la famine et aux malheurs de toutes sortes, alors que d’autres vivent dans la surabondance de biens et de bonheurs. Certains sont dans l’opulence, alors que d’autres sont dans l’indigence. Et il ne s’agit pas seulement de biens matériels, mais aussi de la santé, de l’éducation, du travail ou de la culture.
Alors la vie en abondance, est-ce un rêve ou une réalité ? et de quelle vie Jésus parle-t-il ? parce qu’en français, nous n’employons qu’un mot pour dire « vie », mais en grec, il y en a trois :

  • bios,  βίος, la vie biologique, qui a son origine en Dieu, mais qui dépend aussi de nos parents, qui nous donnent la vie, ainsi de que nos propres soins et celui des médecins. Cette vie biologique est précieuse.
  • psychè, ψυχή, la vie de l’âme, dans laquelle Dieu peut avoir un rôle prépondérant. Cette vie est précieuse également, car elle concerne l’équilibre de notre être.
  • zoè, ζωή, enfin, la vie spirituelle, la dimension divine de l’humain. C’est ce terme que Jésus emploie ici. Ce qui ne l’empêche pas de soigner les corps et d’exercer notre intelligence. C’est cette vie-là en abondance que Jésus promet qui peut aller jusqu’à débordre. en débor­dement.

Pour comprendre cela, il faut s’imprégner des récits bibliques. Les hommes et les femmes de la Bible, et en particulier des Évangiles, témoignent d’un Dieu qui donne la vie, là où bien souvent tout semble impossible qu’elle puisse voir le jour. Ils témoignent d’un Dieu vivant qui se révèle différemment de génération en génération et qui s’évertue à renouveler constamment l’alliance qu’il scelle entre son peuple et lui. Et cette vie, sous toutes ses formes, biologique, morale, spirituelle, est proposée dans des récits très variés, bien souvent hauts en couleurs, qui nous laissent pantois, car ils ne parlent pas forcément d’une humanité en harmonie, loin de là, mais plutôt d’une humanité en dysfonctionnement. Cela n’a rien de surprenant, puisque les récits bibliques sont le miroir de notre humanité, avec ses qualités et ses défauts, ses envies de meurtres et ses désirs de vivre, avec ses doutes et avec sa foi. Malgré les vicissitudes de son peuple, on voit comment Dieu lui reste fidèle, tout en réinjectant patiemment de la vie à tous les niveaux. Par la voix de Moïse, au livre du Deutéronome, le peuple est encouragé sans cesse à choisir la vie, afin de vivre, de génération en génération. Choisir la vie (Deutéronome 30:19) c’est une exhortation surprenante, si on s’en tient au simple fait de naître, de venir au monde. Mais en relisant la fin du chapitre 30 du livre du Deutéronome, le texte insiste sur le fait de choisir la vie afin de vivre ! Il s’agit d’autre chose que de vivre, mais de choisir la vie. Pour autant choisir la vie n’est pas forcément quelque chose de simple. On rêve tous de choisir la vie, de choisir le bonheur au lieu du malheur. Et parfois, on découvre que les choix qui nous semblaient bons au départ, se sont avérés être des mauvais choix ; qui conduisent à des impasses, des mensonges, voire à la mort, en tout cas celle de nos illusions. Et Si le Dieu de Moïse insiste sur le choix de la vie, c’est que l’être humain est appelé à ne pas vivre à moitié, qu’il est poussé à ne pas subir sa vie, mais à en être l’acteur. Mais être acteur de sa vie n’empêche pas de supporter des mauvais choix, les nôtres ou ceux de notre entourage. Le discernement ne se fait pas si facilement. Si nous vivons de nos choix, alors on est libre. Et si on est libre, on est aussi responsable. Et on peut se tromper. Dans le premier Testament, le choix se fait par rapport à la Loi de Dieu donnée au peuple par Moïse. Mais comme nous le disions dans une prédication précédente, la loi est difficile à mettre en pratique, bien souvent, on rate la cible initiale, ce qui est l’étymologie du mot péché : « rater la cible ». Et même si on peut revenir en arrière, ou changer de direction, il n’en reste pas moins un sentiment de culpabilité parfois long à disparaître. C’est un long apprentissage, c’est un chemin de vie à effectuer qui prend son temps parfois. Et c’est par rapport à cet étrange sentiment de culpabilité que l’Évangile retentit comme une véritable bonne nouvelle. Alors que tout semble nous condamner à l’échec, à la médiocrité ou à la tristesse, l’Évangile ose des mots comme « Heureux les pauvres ! » - « Heureux ceux qui pleurent ! » et tout le texte des Béatitudes, qui disent l’arrêt pur et simple de nos démissions ou de nos résignations. Si jamais nous avons fait des choix qui nous ont conduits dans des impasses, et que nous sommes tentés de renoncer à tout projet, l’Évangile nous raconte des guérisons d’aveugles, de paralysés, de femmes hémorragiques, prostituées ou adultères, de personnes possédées par d’étranges démons, ou des larrons, pour dire au monde, et ce, sans condition, que rien n’est perdu, qu’il y a toujours une parole libératrice à prononcer, un geste d’accueil à accomplir, un autre chemin à prendre, une solution à trouver, une vie nouvelle à expérimenter. Et je cite Raphaël Picon : « C’est là que réside la bonne nouvelle du Christ : puisque chacun compte aux yeux de Dieu, chacun se doit d’être reconnu par son frère en humanité ». C’est sans doute cela, la base de la vie en abondance, proclamée par Jésus, en particulier dans l’Évangile de Jean, lequel écrira dans son prologue : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui. En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1 : 1 à 4). Et Jean de continuer : « et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise » (Jean 1:5). Cela rappelle l’immense liberté que le Dieu de la Bible, et celui des Évangiles en particulier, laisse à l’être humain : la possibilité ou non d’accueillir, de recevoir la lumière, mais aussi la parole qui l’incarne. Le choix est toujours possible. Et si nous faisons un choix qui nous éloigne de la vie, ou de la parole de vie, le Dieu de Jésus-Christ prend la même route. Si nous nous trompons, il nous accompagne : il reste Emmanuel « Dieu avec nous », puisque rien ne peut nous séparer de son amour manifesté en Christ. (Rm 8 : 38-39).

Cette vie en abondance n’est pas un rêve, mais une réalité qui peut rejoindre chacune de nos vies personnelles. Cette vie rejoint le chemin de la foi. Personne ne peut le faire à notre place. Cette vie se reçoit, parce qu’elle est donnée. Elle ne se reçoit pas sans notre consentement, sans notre déplacement, non seulement physique, mais aussi psychique, éthique, intellectuel, spirituel. Parfois à la manière de cet homme, Nicodème, qui sort de nuit pour rencontrer Jésus et tenter de le comprendre. (Jean 3). Recevoir la vie en abondance, c’est faire un chemin qui va des ténèbres vers la lumière. Nicodème, à la fin de l’Évangile de Jean, ira chercher, recueillir le corps de Jésus, à la descente de la croix, pour l’ensevelir. Il ne craindra plus de montrer au monde qui il a choisi de suivre et comment il a choisi la vie en abondance. Et si le Verbe s’est fait chair pour le monde, il s’est fait chair aussi pour chacun et chacune d’entre nous. Il nous est aussi proposé « d’incorporer » comme le traduit si joliment Marion Muller-Colard, dans l’une de ses prières :

« T’incorporer, non pas seulement te comprendre, mais t’assimiler à chaque cellule de mon être.
T’incorporer, non pas seulement te savoir, mais te connaître par l’esprit, par le cœur et par le corps.
Tisser chaque pan de ma vie précaire avec le fil solide de ta Parole, jusqu’à ce que ton nom monte à mes lèvres comme une langue maternelle, une musique familière. T’incorporer, t’intégrer au noyau intime de ma vie, Aux heures fluides du jour nouveau À la crue des émotions vives, À la digue des silences Et si je viens à t’oublier, Seigneur, que ce soit dans mes veines que circule l’évidence de ta Présence. »

Et ces mots de la prière de Marion Muller-Colard, me rappellent un film que je trouve pour ma part, magnifique : « Le festin de Babette ». Dans un austère village danois, à la fin du XIXème siècle, dirigé d’une main patriarcale, celle du pasteur doué essentiellement de piété et de privations en tous genres, arrive, de France, une dame, Babette, fuyant la répression de la Commune de 1871. Elle entre comme domestique au service des deux filles du pasteur. Ancienne cuisinière dans un palace parisien, elle reçoit une somme d’argent inespérée, qu’elle va investir dans la confection d’un repas digne du palace dans lequel elle travaillait, et offrir contre toute attente un repas mémorable à ces protestants chrétiens rigoureux et intransigeants qui veulent honorer la mémoire de leur défunt pasteur. Bien décidés à vivre ce repas comme une pénitence, ils se promettent de ne pas dire un mot ni de faire aucune remarque sur ce qu’ils mangeraient et boiraient. Au fur et à mesure que les plats arrivent, les plaisirs procurés par la chair délicieuse réchauffent les corps bridés et ouvrent les esprits verrouillés, et l’indignation aigrie se transforme en joyeuse allégresse. La vie déborde autour de la table et on découvre des personnes qui ne sont pas aussi irréprochables qu’elles le laissent voir. Il y a alors ce convive, ami extérieur à la communauté du village, un officier, qui prend la parole de façon inattendue, dans le cadre de ce dîner exceptionnel, dans ce lieu totalement improbable. Cet homme, qui a une vie de mondanités ennuyeuses et d’amours déçues, partage sa révélation à tout le groupe à la manière d’une parole d’Évangile : « Arrive le moment où nos yeux s’ouvrent et où nous comprenons enfin que la Grâce est infinie. Nous devons seulement l’attendre avec confiance et la reconnaître avec reconnaissance ». Une fois ce festin terminé, chacun reprendra les habitudes étriquées de sa vie, mais avec une paix dans le cœur, jamais éprouvée auparavant, manifestée par une lumière intérieure qui brille dans les yeux tout en faisant sourire les visages, car chacun, chacune a pu accéder à la vérité qui était en lui ou en elle, et que chacun, chacune identifiera à sa manière comme la vie en abondance, promise de toute éternité par le Christ de l’Évangile de Jean. Nous sommes nous aussi bénéficiaires de cette promesse. A nous de prendre le temps de reconnaître, puis de célébrer la plus belle des réalités de l’Évangile : « Je suis venu pour que mes brebis aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance. »
Amen.

Pour aller plus loin :

  • Raphaël Picon, Un Dieu insoumis, recueils de textes publiés à titre posthume, 2017, page 78
  • Marion Muller-Colard, Éclats d’évangile, in Réforme n°3566, 19 juin 2014
  • Gabriel Axel, Le festin de Babette, film danois inspiré de la nouvelle de Karen Blixen. 1987. Consulter le site « Profil » sur le site de la Fédération Protestante de France.

Orgue

Cantique : Louange et Prière n°390 « Consacre à ton service », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Annonces
Offrande
Orgue

Prière d’intercession

Éternel Dieu de vie, toi qui es Père de tous les humains, quelles que soient leur origine, leur culture, leur religion,
Toi qui es source inépuisable de bonté, d’amitié et de générosité,
Toi qui, en Jésus le Christ, relèves et guéris, restaures et ressuscites,
Toi qui, en Jésus le Christ, nous a promis la vie en abondance,
Nous te présentons dans notre prière notre monde déchiré, où retentissent des bruits de guerre, ou celui des émeutes, où s’élèvent aussi des cris de haine et des mensonges.
Nous portons dans la prière celles et ceux qui se terrent dans des abris,
Celles et ceux qui fuient, et qui perdent tout,
Celles et ceux qui pleurent et qui ont peur,
Celles et ceux qui sont blessés,
Celles et ceux qui sont dans le deuil.
Notre prière rassemble aujourd’hui tous les endroits du monde, connus ou inconnus, qui souffrent de guerres, d’attentats, d’emprisonnements.
Nous te prions pour celles et ceux qui résistent aux discours trompeurs et aux déchaînements de violence, pour celles et ceux qui tiennent à la paix, à la justice, à la liberté et à la vérité.
Nous te prions pour celles et ceux qui portent secours, ceux qui font œuvre de compassion.
Nous mettons notre espérance en toi, en cette inspiration que tu répands généreusement sur les humbles comme sur les gouvernants ; qu’elle passe, qu’elle s’infiltre, qu’elle oriente les décisions avec plus de sagesse, plus d’humanité.
Nous te prions en nous remettant nous-mêmes en ton amour, pour rester présents et solidaires dans ce monde, pour ne pas nous résigner, parce que nous voulons résister au pouvoir de la force, et ne pas faiblir devant ce qu’il y a à faire et devant ce qui surviendra.
Nous te prions parce que nous ne voulons pas nous laisser dominer par un esprit de peur ou d’indifférence, mais parce que nous voulons être animés de ton Esprit de fraternité et de partage.
Souffle en nous ce dont nous avons besoin de courage pour rester des amis, des frères et des sœurs, des vivants, et être ainsi, pour tous, des témoins de ton amour sans condition.
(D’après une prière de la Pasteure Dominique Hernandez).

Et nous rassemblons nos prières imparfaites dans celle que Jésus a enseignée à ses disciples :

Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ;
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du mal,
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
Pour les siècles des siècles, amen.

Envoi
Voici quelques mots pour nous encourager à continuer notre route et pour nous soutenir dans notre quotidien :

Que jamais le bonheur de la vie n’éteigne en nous
La révolte contre ce qui la défigure,
Mais que jamais non plus le scandale du mal
N’efface en nous la louange de la vie.

Sortie
Orgue

Paroles des chants du dimanche 9 juillet 2023

Psaume : Psautier Français n° 84 « Dans ta maison je suis heureux », strophes 1, 2 & 4

Strophe 1
Dans ta maison je suis heureux,
Elle est le désir de mes yeux,
Ici, je cherche ta présence
Longtemps mon cœur t’a réclamé,
Sa joie est de te retrouver,
Il crie à toi, plein d’espérance.
Ainsi revient en la saison
Le passereau vers la maison.

Strophe 2
Heureux qui grave dans son cœur
Le chemin qui mène au Seigneur,
Le chemin de l’humble service.
Pour lui la source jaillira,
Et l’eau du ciel l’arrosera,
Dans la vallée la plus aride.
Dieu guidera jusqu’à la fin,
Au long des jours, le pèlerin.

Strophe 3
Seigneur, qui règne dans les cieux
Et nous écoutes dans ce lieu,
Exauce-nous, sois notre garde.
A toi nos cœurs ne cachent rien ;
Quand tu regardes vers les tiens,
A ton Messie d’abord regarde :
Vois son visage couronné,
Vers lui notre espoir est tourné.


Strophe 4
Qui veut sur ton bras s’appuyer,
A pour soleil, pour bouclier,
Le rayonnement de ta grâce.
Le dernier de tes serviteurs
Enfin découvre son bonheur
A se tenir devant ta face.
Dans ta maison, un jour vaut mieux
Que mille jours en d’autres lieux.

Cantique : Louange et Prière n°216 « Seigneur que ton règne adorable », Strophes 1 à 3

1 - Seigneur que ton règne adorable
S’affermisse enfin parmi nous,
Ce règne à nul autre semblable
Qu’on ne peut hâter qu’à genoux,
Règne auquel ton Esprit incline
Par l’attrait puissant de ta voix,
Règne où la force qui domine,
C’est ton amour, ô Roi des Rois !

2 - S’il est d’abord sans apparence,
S’il ne grandit que lentement,
Telle à nos yeux est la semence
Qu’apporte ou que chasse le vent.

Mais, ô Dieu ! Tu la vivifies :
Voici l’arbre aux puissants rameaux ;
Et sous ses branches agrandies
S’abritent les nids des oiseaux.

3 - Ô Roi que le monde désire,
Qu’il désire et ne connaît pas,
Étends au loin l’heureux empire,
Que tu veux fonder ici-bas !
Qu’il soit vaste autant que la terre,
Qu’il soit pur autant que les cieux,
Et que partout, ô notre Père,
Il rende ton nom glorieux !

Cantique : Louange et Prière n°390 « Consacre à ton service », strophes 1 à 3

1 - Consacre à ton service
Mon cœur et mon esprit
En vivant sacrifice,
O Seigneur Jésus-Christ.
Accepte mon offrande,
O Jésus, Fils de Dieu,
Et que sur moi descende
La flamme du saint lieu !

2 - J’abandonne ma vie,
Sans regrets ni frayeur,
A ta grâce infinie,
O mon Libérateur.
Accepte mon offrande,
O Jésus, Fils de Dieu,
Et que sur moi descende
La flamme du saint lieu !

3 - Qu’un feu nouveau s’allume
Par ton amour en moi,
Et dans mon cœur consume
Ce qui n’est pas à toi.
Accepte mon offrande,
O Jésus, Fils de Dieu,
Et que sur moi descende
La flamme du saint lieu !

4 - Viens, Jésus, sois mon Maître ;
Par ton sang racheté,
A toi seul je veux être
Et pour l’éternité !
Accepte mon offrande,
>O Jésus, Fils de Dieu,
Et que sur moi descende
La flamme du saint lieu ;!

Lecture de la Bible

Évangile selon Jean chapitre 10, versets 9 et 10

Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages.
10  Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance.

Vidéo du culte entier

Audio

Écouter la prédication (Télécharger au format MP3)

À Voir également