Dieu avec nous : Une humanité assumée

Matthieu 1:1-17

Culte du 6 décembre 2020
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo du culte entier

Culte à l'Oratoire du Louvre

Dimanche 6 décembre 2020
Deuxième dimanche de l'Avent
Dieu avec nous : Une humanité assumée
Matthieu 1 : 1-17

Prédication par la Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer 
Musique : David Cassan, organiste co-titulaire, et le Choeur de l'Oratoire sous la direction de Fabien Aubé
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Musique d'entrée : Orgue

Salutation :
La grâce et la paix vous sont données, ici et maintenant, de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ, son fis, notre sauveur et notre frère.

Après la salutation : répons
Réjouissons-nous au Seigneur (Psaume 95)

Réjouissons-nous au Seigneur,
Egayons-nous en son honneur,
Lui seul est notre délivrance.
D’un même élan, venons à lui,
Il sera toujours notre appui,
Chantons notre reconnaissance.

Accueil :

En ce deuxième dimanche de l’Avent, marqué symboliquement par deux bougies allumées, nous vous souhaitons la bienvenue à chacun, chacune dans ce temple, mais aussi à celles et ceux qui nous rejoignent par le biais du site internet. Nous saluons particulièrement les amis qui nous rejoignent de divers pays. Merci de votre présence fidèle et de votre soutien.
Nous accueillons avec joie le Chœur de l’Oratoire, sous la direction de Fabien Aubé, et David Cassan, organiste titulaire de l’Oratoire du Louvre, qui accompagnent ce culte aujourd’hui.

Nous associons à ce temps de culte les familles éprouvées actuellement par le deuil de leurs proches, en cette période difficile.

Cette période de l’Avent est ce temps liturgique qui nous invite à accueillir un  commencement qui a déjà eu lieu, mais qu’il faut pourtant préparer. Tous les répons de notre liturgie nous y convient. Dans ce temps très spécial du confinement que nous venons de vivre, où tous les jours finissaient par se ressembler, le temps de l’Avent vient casser  la routine des jours et redynamiser notre espérance et notre joie.

Prions ensemble :
Eternel, 
tu es là, au milieu de nous.
Tu nous offres l’occasion de ce temps de culte,
Pour accueillir une Parole
Qui féconde notre existence.
Ce temps de culte, tu nous le donnes
Pour partager avec des frères et des sœurs
Notre adoration et notre prière.
Amen et merci.

Louange 
Louons Dieu, avec un extrait du psaume 113 :

Louez l’Eternel !
Serviteurs de l’Eternel, louez, louez le nom de l’Eternel !
Que le nom de l’Eternel soit béni, dès maintenant et pour toujours !
Du lever du soleil jusqu’à son coucher, que le nom de l’Eternel soit célébré ! …
…De la poussière il relève le faible, du fumier il retire le pauvre, pour les faire asseoir avec les grands, avec les grands de son peuple.
Il donne une famille à celle qui était stérile…Louez l’Eternel !
 
Chant du psaume 86 : « A mon cri prête l’oreille », strophes 1, 2 et 3

Volonté de Dieu
Ecoutons ce que Dieu veut pour nous et nous donne la force de faire :

“Vous avez été appelés à être libres. 
Seulement ne faites pas de cette liberté un  prétexte pour vivre selon les désirs de votre propre nature.
Au contraire, laissez-vous guider par l’amour
pour vous mettre au service les uns des autres.
Car toute loi se résume dans ce seul commandement: aime ton prochain comme toi-même.”

Après la volonté de Dieu : répons
A toi mon Dieu, mon cœur monte (Psaume 25)

Montre-moi Seigneur, la route,
Guide-moi dans la clarté.
Ouvre à celui qui t’écoute,
Un chemin de vérité.
Je regarde à ton amour,
Au salut qu’en toi j’espère.
Je le verrai chaque jour
S’étendre sur cette terre.

Confession du péché :
Prions ensemble.

Eternel,
Quand je suis blessé, écrasé,
Quand je n’ai plus de courage pour continuer,
Viens à mon aide.

Quand vient l’épreuve,
Quand le coup fait très mal,
Et que je pleure,
Dans le silence de ma chambre,
Viens à mon aide.

Quand gronde la révolte,
Quand vient la tentation de crier,
D’accuser, ou de baisser les bras,
Quand je rage contre tout, et contre tous,
Eternel, viens à mon aide.

Quand je ne sais plus te louer, te bénir,
Quand je doute de toi,
Quand mon cœur s’est refroidi,
Quand c’est la nuit dans le jardin de ma vie,
Eternel, viens à mon aide.
Amen.

Après la prière de repentance : répons
Viens Rédempteur des païens

Viens Rédempteur des païens
Montre-toi, enfant divin,
Que s’étonne l’univers,
De ta venue dans la chair.

Annonce du pardon 

Quand les montagnes s’éloigneraient,
Quand les collines chancelleraient,
Mon amour pour toi ne sera pas ébranlé.
Je t’aime d’un amour éternel, dit l’Eternel qui a compassion de toi. (Esaïe 54/10)

Et voici comment Dieu a manifesté son amour :
“Il a envoyé son Fils unique dans le monde
afin que, par lui, nous ayons la vie”.

Que Dieu mette en nos coeurs l’assurance de son pardon
et qu’Il nous donne de marcher vers son Royaume.

Chantons à Dieu notre reconnaissance !

Après l’annonce de la grâce : répons
D’un arbre séculaire

D’un arbre séculaire,
Du vieux tronc d’Isaïe,
Durant l’hiver austère,
Un frais rameau jaillit.
Et sur le sol durci,
Dans la nuit calme et claire,
Une rose a fleuri.

Confession de foi :
Je vous propose de confesser notre foi, avec un texte de Claude Peuron :

Dieu est d'abord question qui nous empêche de nous enfermer dans nos préjugés, nos évidences, nos certitudes.
Il ouvre l'horizon ; il nous ouvre à l'avenir.

Dieu est question. N'en faisons pas (pas trop vite) une réponse et encore moins un catalogue de réponses.
Dieu n'explique pas le monde, il veut le transformer pour nous, avec nous.

Jésus est parole qui interpelle, qui relève.
Homme parmi nous, il est signe et présence de Dieu, question au coeur du monde.
Dans l'histoire et ses tragédies, dans l'actualité et ses drames, une parole surgit.
Un amour fragile et menacé est encore là qui aspire à s'incarner encore. En nous ?

L'Esprit, souffle de Dieu, me donne d'entendre sa parole à travers les Écritures
et me permet de rencontrer la personne de Jésus. Il est aussi souffle qui me pousse vers les autres, qui me donne ainsi des frères et des soeurs.

Amen. (Claude Peuron, Paris)

Après la confession de foi : répons
D’un arbre séculaire

Il vient sans apparence
Des pauvres, il est roi.
Il connaît leur souffrance
Les guérit par la foi.
La mort n’a plus d’effroi :
Il me rend l’espérance,
En se donnant pour moi.

Doxologie : Gloire à Dieu, dans les cieux et sur la terre et d’éternité en éternité.

Lecture  biblique : Evangile de Matthieu, chapitre 1, versets 1 à 17 

Chant du Cantique n° 190 : « Roi des anges », strophes 1, 2 et 3

Prière d’illumination :

O Dieu,
Ton message est comme le feu : éclaire-nous !
Ta parole est comme l’eau, rafraîchis-nous !
Ta parole est comme le ciel : élargis-nous !
Ta parole est comme la terre : enracine-nous !  Amen.
 
Interlude musical


Prédication

Amis, frères et sœurs,

Chacun, chacune d’entre nous connaît plus ou moins son arbre généalogique, même si ce n’est pas par ça qu’on commence, pour se présenter. Généralement, nous disons aujourd’hui : je m’appelle...je suis mariée, j’ai tant d’enfants, et j’exerce telle profession.  C’est quand on se connaît mieux, qu’on parle de sa généalogie, qu’on ne connaît pas forcément par cœur, à moins d’être un spécialiste ! Parce que, parmi nos ascendants, il y a ceux dont on connaît parfaitement l’histoire, parce qu’elle fut particulière, marquante ou originale, mais il y a ceux dont on ne voit que le nom et le prénom, une année de naissance et une année de décès, et rien de plus. Parmi nos ascendants les plus proches, il y a certaines personnes qui sont des exemples, par leur droiture ou leur fidélité, il y a celles qui ont un destin tragique, héroïque ou dramatique. Et comme toute famille, il y a ceux  dont on ne préfère pas parler à cause de leur choix de vie qui va de pair avec leur choix de couple, ou encore  ceux qui ont enfreint la loi et qui ont fait de la prison. Si on regardait nos arbres généalogiques en détails, on ne serait pas déçu, et on se dirait qu’on est né dans une drôle de famille parfois, et que personne, dans le fond, n’est exemplaire à part quelques exceptions. Mais c’est pareil dans l’autre sens : quand un de nos ancêtres cumule toutes les qualités intellectuelles et celles de cœur, on se sent parfois comme le vilain petit canard du  conte d’Andersen. Nos ancêtres connus ou inconnus constituent notre patrimoine génétique, moral et même spirituel, en fonctions de leurs engagements, de leurs prises de positions, de leurs personnalités, de leurs caractères, mais aussi de leurs rêves plus ou moins réalisés. Nous héritons de tout cela, et au milieu de cette forêt généalogique, nous essayons de creuser notre propre sillon. Si jamais c’était quelque chose de difficile, nous pouvons bénéficier d’une approche thérapeutique qui s’appelle la psycho-généalogie, qui ouvre le monde de nos origines, à partir de la place que nous occupons dans notre famille, en se référant aux informations généalogiques et à la mémoire familiale.  L’histoire de nos familles n’est pas si différente de l’histoire des familles composées, décomposées et recomposées de la Bible.  Et si dans la Bible, on voulait y trouver le modèle de la famille idéale, parfaite, alors ce ne sera que pure illusion, même en prenant celle de Marie, Joseph et Jésus, cette famille dans laquelle le père n’est pas vraiment le père, la mère est enceinte avant d’être mariée et l’enfant, non seulement  fera une fugue vers l’âge de 12/13 ans, mais tiendra un discours surprenant sur la famille et mourra comme un malfaiteur.
La Bible ne nous présente pas des modèles de vie parfaite, ou des modèles de famille exemplaire. La Bible nous parle avant tout de notre humanité.  Et c’est même à travers cette humanité plus ou moins assumée que nous pouvons découvrir quelque chose de la présence de Dieu. Elle nous parle aussi de la Loi de Dieu à suivre non au pied de la lettre,  mais plutôt dans l’esprit, comme un chemin de vie, quand elle n’est pas dissociée de la compassion. C’est pour cela que l’Evangile de Matthieu s’ouvre sur une page un peu rébarbative, j’en conviens,  celle de la généalogie de Jésus, dans ce premier chapitre, qui est, bien peu lu. Pourtant cette page mérite toute notre attention. Remarquons les deux premiers mots de  la version grecque de cet évangile : biblos geneseôs que l’on peut traduire par « livre de l’origine ».  Biblos au pluriel se dit  Biblia, qui a donné le mot Bible. Quant au mot geneseôs, non seulement il évoque les origines mais aussi les originalités. Le début de l’Evangile de Matthieu est prometteur tout en prenant sa source dans une humanité imparfaite. En écoutant les noms des ancêtres de Jésus, certains nous sont familiers, d’autres totalement inconnus. Certains noms évoquent des parcours qui sont autant de témoignages de foi, mais d’autres, au contraire, révèlent des accidents de parcours, ou même des destins peu recommandables, ou peu enviables. Nous avons entendu le nom  de 42 générations, dans un équilibre apparemment parfait, 3 fois 14, avec des points de repère bien identifiables. Nous avons l’impression d’une chronologie fidèle, mais Matthieu prend quelques libertés par rapport à l’histoire telle que nous la concevons et cette généalogie pose problème, si on la compare à celle que nous rapporte l’évangéliste Luc, (Luc 3, 23-38).  Sa justesse réside plutôt dans le symbole qu’elle porte, révélé par le nom donné à Jésus.

Pour Matthieu, l’histoire d’Israël peut se décomposer en trois parties.
Une première partie, ascendante, va d’Abraham à David. Ce dernier est le signe de l’accomplissement de la promesse faite au patriarche d’une terre et d’une descendance. Le règne du roi David, au Xe siècle avant notre ère, marque un apogée lorsque les descendants d’Abraham forment un peuple avec un territoire, un roi, un palais, une armée, une administration, et bientôt un temple. Mais dans les quatorze générations qui suivent, le peuple va tout perdre pour connaître le point le plus bas, au moment de la chute de Jérusalem en 587 avant notre ère. Les descendants d’Abraham sont redevenus un peuple envoyé en exil. Les quatorze générations qui vont ensuite de l‘exil à Babylone jusqu’au Christ désignent une remontée, vers un nouveau point haut. Ce dernier se situe sur un sommet équivalent à celui occupé par David, comme signe d’un autre accomplissement de la promesse faite à Abraham. Dans l’Evangile de Matthieu, le nom qui sera donné à Jésus est « Emmanuel », (Mt 1,23) qui se traduit par « Dieu avec nous » pour souligner d’une certaine manière l’origine divine de Jésus, mais aussi qu’il appartient en propre à l’histoire des hommes. En reprenant ce nom, tel que nous l’avons découvert dimanche dernier, avec ma consoeur Béatrice, Matthieu signale que la prophétie d’Esaïe est accomplie. (Es 7). Il montre ainsi que Jésus vient à un moment précis de l’histoire des hommes, il  nous révèle un aspect important de l’humanité de Jésus, pleine et entière : Jésus appartient d’abord à notre chair et à notre histoire. Jésus naît d’une femme, comme tout être humain, avec des ancêtres. Et, pour Matthieu,  les deux ancêtres de Jésus les plus importants,  ce sont Abraham et David. D’une part, on a « Jésus, fils d’Abraham », qui représente l’ancêtre du peuple élu, avant qu’il ne s’appelle Israël. C’est en lui que Dieu bénira toutes les nations de la terre, par sa descendance. (Gn 12/7 et 13/15).  D’autre part, Jésus est appelé « fils de David»,  David, l’ancêtre du Messie promis par les prophètes.  Matthieu désire faire le lien généalogique entre la famille du roi David, rejeton de Jessé, originaire de Bethléem, qui fera d’Israël une nation organisée,  en instituant la royauté. L’expression  «fils de David » pour mentionner Jésus,  est utilisée neuf fois dans l’Evangile de Matthieu. C’est aussi la raison pour laquelle Joseph se rend à Bethléem pour se faire recenser, puisqu’il est de la maison du roi David.

Tout l’Evangile de Matthieu est parcouru par le désir de montrer que Jésus accomplit les prophéties de la Bible au sujet du Messie, avec cette expression répétée une dizaine de fois : «Toute cela arrive afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète ...» Nous sommes devant le témoignage de foi de Matthieu.  C’est comme ça qu’il a compris les événements…et qu’il nous les livre. Il ne faut pas oublier que Matthieu écrit à l’intention du peuple juif, aux Judéo-Chrétiens. Bien évidemment, ce qui ne passe pas inaperçu, c’est que Matthieu mentionne 5 femmes, dans cette généalogie. 5 femmes, ou plutôt 4 + 1 : Tamar, Rahab et Ruth, avant le roi David, la femme d’Urie, au temps du roi David. Il n’y a plus d’autres mentions de femmes avant Marie, mère de Jésus, le Christ.

1ère femme mentionnée : Tamar, dont nous pouvons lire l’histoire croustillante au chapitre 38 du  livre de la Genèse.  
Tamar est une femme cananéenne, épouse d’un homme, appelé Er, premier fils du patriarche Juda. Er décède sans laisser d’enfants. Selon les dispositions du lévirat, le second fils doit prendre sa belle sœur, veuve, comme épouse pour assurer une descendance à son frère. Le second fils ne remplit pas ses obligations. Juda le patriarche promet son troisième fils à sa belle-fille, mais ne tient pas sa promesse. Alors Tamar organise un stratagème pour forcer son beau-père à lui faire un enfant. Elle se déguise en prostituée, en vue de s’unir au patriarche, et ainsi faire observer la loi du lévirat. Apprenant plus tard, qu’elle est enceinte, Juda ordonne qu’elle soit brûlée vive, puisqu’elle n’est l’épouse de personne.  Mais confronté avec les gages qu’il a laissé à Tamar, et reconnaissant qu’il est lui-même le père de l’enfant, Juda affirme que sa belle-fille a appliqué la loi beaucoup mieux que lui. Tamar mettra au monde des jumeaux, Zerah et Pérech. Selon la Loi, Tamar aurait du mourir.  Mais il n’en fut rien.

2ème femme mentionnée : Rahab. Nous pouvons lire son histoire dans le livre de Josué, (2:1 à 24). Rahab est aussi une Cananéenne, dont la profession  la rendait encore moins honorable puisqu’elle était une prostituée dans la ville de Jéricho.  Néanmoins, elle aura la vie sauve car elle a accueilli avec foi et courage les espions d’Israël envoyés par Josué, en dépit de l’interdit proclamé par ce même Josué de fréquenter des femmes cananéennes,  prostituées de surcroit. Mais elle cache les espions d’Israël et reconnait que la force d’Israël vient de l’Eternel, Dieu d’Israël.  Malgré l’interdit prononcé par Josué, Rahab et sa famille auront la vie sauve.  Elle est l’une des quelques femmes citées en exemples de foi pour nous par l’épître aux Hébreux (Hébreux 11.31). Elle est,  selon la lettre de Jacques un modèle pour tout chrétien car « elle a mis sa foi en œuvre ».  (Jc 2.25).

3ème femme mentionnée : Ruth, femme étrangère de par son origine. Elle appartenait à un peuple, Moab, qui s’était montré hostile à Israël lors de son entrée dans la terre promise. Pour cette raison, les moabites devaient être exclus de l’assemblée de l’Eternel jusqu’à la dixième génération ! (Nb 22 à 24 ; Dt 23.3-6). Mariée à un Israélite, réfugié à Moab, à cause de la famine qui sévit à Bethléem, qui meurt sans lui donner d’enfant, Ruth  décide de rester avec sa belle-mère Noémie.  « Ton Dieu sera mon Dieu, là tu iras, j’irai » lui dit-elle.  C’est un membre de la famille proche, Booz, qui rachète le terrain du mari décédé de Noémie, la belle-mère de Ruth, et qui accepte de prendre Ruth comme sa femme, alors qu’elle est moabite. Ruth deviendra à son tour un modèle de la grâce de Dieu puisqu’elle sera l’arrière-arrière-grand-mère du roi David. Avec Ruth, c’est l’accueil de l’étranger dans la généalogie de Jésus. Si Booz avait respecté la Torah au pied de la lettre, Ruth serait restée veuve, et la lignée conduisant à David aurait été interrompue.

4ème femme mentionnée  dans la généalogie de Matthieu n’est pas désignée par son nom personnel, qui est Bethsabée, mais par une autre désignation, qui est «celle d’Urie», la femme d’Urie le Hittite, un homme droit et honnête. Pourtant, David n’hésitera à le mettre en première ligne sur le champ de  bataille, afin qu’il meure. Alors, que dire de Bethsabée,  si ce n’est qu’elle est devenue la femme de David après un adultère et même un meurtre (2 Sam 11). Décidément, Dieu nous réserve bien des surprises ! Car Bethsabée sera aussi la mère de Salomon, qui construira le temple de l’Eternel, à Jérusalem.
Pourtant, selon la Loi, l’adultère comportait la peine capitale pour l’homme et la femme. De plus, c’est le roi qui a profité de sa position pour commettre ces crimes. Là aussi, si la Torah avait été appliquée strictement, la dynastie de David n’aurait jamais vu le jour.

5ème femme mentionnée, c’est Marie, épouse de Joseph, de laquelle est né Jésus, qu’on appelle le Christ. Cette formulation casse la suite normale de la généalogie. Tout ce qui concerne la conception et la naissance de Jésus est développé dans le reste du premier chapitre, après cette généalogie particulière. Marie, promise à Joseph, est enceinte avant qu’ils n’habitent ensemble. Promis l’un à l’autre, l’échange des consentements faisait office de mariage, à cette époque. Un an après cet échange, l’époux emmenait sa jeune femme chez lui. Or Marie attend un enfant entre ces deux étapes. La Loi prévoit la lapidation pour ce cas précis. Mais un système légal moins sévère permettait au mari de répudier sa femme.  C’est d’ailleurs ce qui traverse l’esprit de Joseph : « Joseph son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement. Il décida de la répudier en secret.(Mt 1,19).  Joseph choisit ainsi de ne pas appliquer la loi dans toute sa rigueur. C’est alors que le messager de Dieu peut lui proposer une alternative. Il le rassure, en somme, et lui dit de ne pas craindre de prendre Marie chez lui, d’assumer son rôle de mari et de père jusqu’à ce que Marie mette au monde son fils, auquel Joseph donnera le nom de Jésus. La prophétie d’Esaïe (7,14) annonçait que la jeune fille concevrait et mettrait au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel. Pour Matthieu, cette prophétie s’accomplit par la naissance de cet enfant, qui s’appellera Jésus, « Dieu sauve ». Matthieu introduit ici une souplesse dans l’interprétation de la prophétie, de la même façon que Joseph avait pensé à cette même souplesse, pour Marie, afin de relativiser le cadre trop légaliste de la Loi L’histoire peut se continuer, parce qu’elle passe par l’accueil inconditionnel de Marie chez Joseph.

Dans cette généalogie, il n’y pas que ces cinq femmes qui vivent des situations marginales. Mais elles sont au cœur de l’ascendance du Christ. Il y a aussi des hommes, des rois qui sont mentionnés, loin d’être des modèles, comme Achaz ou Manassé.  Après l’exil, nous découvrons des noms que nous connaissons moins bien. Comme si c’était au fond des gens ordinaires qui ont essayé d’être des témoins d’un « Dieu avec eux », en leur temps, avec simplement ce qu’ils étaient.
Avec cette généalogie plus symbolique que chronologique,  Matthieu nous présente un Dieu qui accompagne son peuple, certes,  à travers des situations très diverses, un Dieu avec lui, avec nous, dont la présence se découvre au détour d’une loi qui n’est pas strictement appliquée, au pied de la lettre.  Un Dieu, qui se fait reconnaître dans la souplesse d’une loi inaugurée par un autre regard posé sur les actes, apparemment répréhensibles, à première vue, mais qui prennent une autre dimension, celle d’un chemin de vie,  dès lors que la compassion s’y faufile, dans une humanité reconnue et assumée. Ce qui fera dire aux prophètes du premier Testament, que la Loi doit être inscrite non seulement sur des pierres, ou des tables,  mais aussi  et surtout dans le cœur des hommes. Seul l’Esprit est capable de transformer les cœurs de pierre en cœurs de chair. C’est toute cette prière de Dieu même, qui parsème et traverse  le premier Testament.
Et plus tard, Jésus n’aura de cesse, dans son enseignement, de replacer les agissements des hommes, devant la Loi de Dieu, et dira à ceux qui se sentiront un peu trop détenteurs de cette Loi : « Les prostituées et les collecteurs d’impôts vous précèderont dans le royaume des Cieux ». (Matthieu 21/31).

Même si, là où nous sommes, dans cette paroisse libérale, où nous sommes plutôt disposés à retenir et à développer l’esprit du texte, plutôt que la lettre, et donc, l’esprit de la loi plutôt que la lettre, remarquons tout de même notre attitude, et comment nous jugeons ou préjugeons, peut-être plus sévèrement que nous ne le pensions, les comportements de certains de nos contemporains.  Malgré ces scandales apparents, on peut voir comment Dieu appelle des personnes non parfaites, à être porteurs de sa présence, et de sa parole.  Porteurs de sa grâce aussi.  « Dieu avec nous » !  Il le reste, aujourd’hui, demain, comme hier, à partir du moment où nous ne faisons pas de la Loi, pas plus que de la grâce,  une idole, ou un absolu, mais un chemin de vie qu’il faut sans cesse tempérer par notre compassion, autrement, par notre humanité assumée. Et si en plus, cela nous permet de nous réconcilier avec les coins sombres ou inexpliqués de nos propres familles, alors, l’évangéliste Matthieu n’aura pas écrit cette généalogie en vain !
Amen. 

Pour aller plus loin :
Thomas P Osborne : «Les femmes de la généalogie de Jésus dans l’Evangile de Matthieu, et l’application de la Torah », in Revue théologique de Louvain, 41ème année, 2010/2, pp243-258.

 

Musique : Chœur de l’Oratoire
Choral : « Ô, viens Seigneur, ne tarde pas ! », 4 strophes

Annonces : Aurore Saglio Thébault, Présidente du Conseil Presbytéral
Offrande destinée à l’entraide.
 
Musique 

Prière d'intercession
Unissons-nous dans la prière :

Eternel, Dieu de la vie,
Comment te reconnaître ?
Comment te recevoir ?
Toi qui fis le monde, mais que nul ne peut voir ?
Toi dont la Parole se rapproche toujours un peu plus des hommes, transmise par les témoins du premier Testament comme Abraham et David et  les autres ancêtres moins connus,   mais aussi par des femmes aux vies improbables, comme Tamar, Rahab, Ruth, Bethsabée et Marie.
Ta parole s’incarne par la présence d’un homme, Jésus, le Christ, et elle  se perpétue de génération en génération par des témoins connus ou inconnus pour nous rejoindre dans notre humanité aujourd’hui.
Comment te reconnaitre ? Comment te recevoir ? Ce n’est pas aussi simple. La question est profonde.  Ta Parole nous arrive aujourd’hui, tant de siècles après que les faits se soient produits ! Que reste-t-il de tout cela dans notre intelligence et dans nos cœurs ? 
Le doute  ou La confiance ?
L’inquiétude ou la conscience d’un étonnant sentiment de paix et de plénitude ?
Peut-être tout cela en même temps.
Alors, nous te prions, viens toi-même te faire reconnaître dans chacune de nos vies, à chaque étape de notre vie, de la plus belle à la plus angoissante, du commencement jusqu’à l’ultime.
Donne-nous cette joie irremplaçable non seulement de te chercher mais aussi de te recevoir, comme la lumière véritable de notre vie et de notre foi.
Puissions-nous avoir cette grâce de pouvoir nous exclamer dans une reconnaissance joyeuse : Tu es vraiment là ! De tout temps tu étais là, avec nous, sans que nous le sachions vraiment.
Nous te confions celles et ceux qui demandent inlassablement le secours de notre prière, qui pensent être abandonnés de toi, parce que nous les abandonnons à leur sort.
Nous te confions les malades et les mourants, et tous ceux qui souffrent de quelque nom que s’appellent leurs souffrances.
Nous te prions pour celles et ceux qui apportent un peu de lumière, là où ils sont, malgré la nuit trop noire, malgré les ténèbres trop épaisses.
Merci pour ce culte qui nous permet d’être en lien les uns avec les autres malgré les difficultés et les incertitudes actuelles.

Et nous rassemblons notre prière dans celle que Jésus a enseignée à ses disciples :

NOTRE PÈRE

Notre Père,  qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse  pas en proie à la tentation
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles. Amen.

Bénédiction 
“ Voici notre Sauveur qui vient, ne craignez plus !” (Esaïe 35, 4)
Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie
et de toute paix dans la foi,  afin que vous débordiez d’espérance, par la puissance de l’Esprit.
(Rom 15.13)          

Après la bénédiction, répons :

Brillante étoile du matin
Brillante étoile du matin,
Que fait lever l’amour divin,
Pure et sainte lumière,
Répands dans nos cœurs ta clarté
Viens dissiper l’obscurité
Qui règne sur la terre.
Seigneur, Sauveur,
Fils du Père, ta lumière, salutaire,
Nous conduit et nous éclaire.

Musique de sortie : Chœur de l’Oratoire et orgue

Paroles des chants

Psaume : Psautier Français n° 86 "A mon cri prête l’oreille", strophes 1, 2 et 3

A mon cri prête l’oreille
Dans ta bonté sans pareille.
Je suis faible et malheureux :
Viens à mon aide ô mon Dieu !
Que ta grâce renouvelle,
Dans l’esprit de ton fidèle,
Le désir de te chercher,
Et la joie de te trouver.

Ton pardon et ta patience,
Ton amour en abondance,
Qui t’invoque les reçoit :
Nul ne donne comme toi.
Les nations que tu as faites,
Verront les œuvres parfaites
Toutes se rassembleront
Et leurs mains te serviront.

Sur la route où tu me guides,
Rends mon esprit plus avide,
De savoir ta vérité
De marcher dans sa clarté.
Seigneur, quel amour t’anime,
Que du plus profond abîme
Tu sois venu me tirer !
O mon Dieu, je te louerai !

Cantique : Louange et Prière n°190 "Roi des anges", Strophes 1, 2 et 3

Roi des anges, nos louanges
Montent-elles jusqu’à toi,
Si toi-même, Dieu suprême,
Ne descendais jusqu’à moi ?
O mystère, o mystère
Insondable, sans la foi.

Tendre Père ! Ma prière
Irait-elle jusqu’à toi,
Si toi-même, Dieu suprême,
Ne descendais jusqu’à moi ?
O mystère, o mystère
Adorable pour ma foi.
 
De l’abîme, vers la cime,
Vers le trône de mon Roi,
Ma prière, o mon Père,
S’élève jusques à toi
O Dieu tendre, daigne entendre
La requête de ma foi !

Choral : Alleluia n°31-10 « Oh ! Viens Seigneur, ne tarde pas ! », Strophes 1, 2, 3 et 4

Oh ! Viens Seigneur, ne tarde pas,
Viens dissiper l’obscurité
Où nous devons toujours marcher,
Remplis nos yeux de ton éclat !

Brillant soleil, très pur matin,
Nous aimerions te contempler,
Nous réjouir de ta beauté,
Oh ! Lève-toi sur nos chemins !

Nous n’abordons jamais au port,
Tous nos pas sombrent dans le soir.
Rends-nous la joie, rends-nous l’espoir,
Délivre-nous de notre mort.

Parais enfin et nous vivrons.
Nous n’aurons plus aucune peur,
En joie tu changeras nos pleurs
Et pour toujours nous chanterons.



Lecture de la Bible

Matthieu 1 : 1-17

1   Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.
2   Abraham engendra Isaac; Isaac engendra Jacob; Jacob engendra Juda et ses frères;
3   Juda engendra de Thamar Pérets et Zara; Pérets engendra Esrom; Esrom engendra Aram;
4   Aram engendra Aminadab; Aminadab engendra Naasson; Naasson engendra Salmon;
5   Salmon engendra Boaz de Rahab; Boaz engendra Obed de Ruth;
6   Obed engendra Isaï; Isaï engendra David. Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie;
7   Salomon engendra Roboam; Roboam engendra Abia; Abia engendra Asa;
8   Asa engendra Josaphat; Josaphat engendra Joram; Joram engendra Ozias;
9   Ozias engendra Joatham; Joatham engendra Achaz; Achaz engendra Ezéchias;
10  Ezéchias engendra Manassé; Manassé engendra Amon; Amon engendra Josias;
11  Josias engendra Jéconias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.
12  Après la déportation à Babylone, Jéconias engendra Salathiel; Salathiel engendra Zorobabel;
13  Zorobabel engendra Abiud; Abiud engendra Eliakim; Eliakim engendra Azor;
14  Azor engendra Sadok; Sadok engendra Achim; Achim engendra Eliud;
15  Eliud engendra Eléazar; Eléazar engendra Matthan; Matthan engendra Jacob;
16  Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
17  Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.

Traduction NEG

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