Culte du Vendredi Saint 2023

Matthieu 26 , Matthieu 27

Culte du 7 avril 2023
Prédication de Dominique Hernandez

Vidéo de la partie centrale du culte

Célébration du Vendredi Saint 2023

Lecture de la Passion selon Matthieu

Méditation par Dominique Hernandez, pasteure au Foyer de l’Âme.
Avec  David Cassan, organiste co-titulaire
Avec le Chœur de l'Oratoire dirigé par Alexandre Korovitch

Avec :

  • N / narrateur : Gaetan
  • J / Jésus : Esther
  • P / Pierre et Pilate : Iandry
  • F / Foule : Solène
  • S / Sacrificateurs et Scribes : Solène

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Orgue : improvisation de David Cassan
 
Annonce du reniement de Pierre : (Matthieu 26:30-35)

N : Après avoir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des oliviers.
Alors Jésus leur dit:
J : Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précèderai en Galilée.
N : Pierre, prenant la parole, lui dit:
P : Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi.
N : Jésus lui dit:
J : Je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois.
N : Pierre lui répondit:
P : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas.
N :  Et tous les disciples dirent la même chose.
 
Chœur : Introït et Kyrie dans le Requiem de Fauré

Gethsemani (Matthieu 26:36-46)

 N : Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané, et il dit aux disciples:
J : Asseyez-vous ici, pendant que je m'éloignerai pour prier.
N : Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses. Il leur dit alors:
J : Mon âme est triste jusqu'à la mort; restez ici, et veillez avec moi.
N : Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi:
J : Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
N : Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à Pierre:
J : Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible.
N : Il s'éloigna une seconde fois, et pria ainsi:
J : Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe s'éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite!
N : Il revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Il les quitta, et, s'éloignant, il pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles.
Puis il alla vers ses disciples, et leur dit:
J : Vous dormez maintenant, et vous vous reposez! Voici, l'heure est proche, et le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s'approche.
 
Orgue : par David Cassan

Arrestation (Matthieu 26:47-56)
 
N : Comme il parlait encore, voici, Judas, l'un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d'épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple.
Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que j’embrasserai, c'est lui ; saisissez-le. Aussitôt, s'approchant de Jésus, il dit:
Juda : Salut, Rabbi!
N : Et il l’embrassa. Jésus lui dit:
J : Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le.
N : Alors ces gens s'avancèrent, mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
Et voici, un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la main, et tira son épée; il frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l'oreille.
Alors Jésus lui dit:
J : Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée.
Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges?
Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi?
N : En ce moment, Jésus dit à la foule:
J : Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour vous emparer de moi. J'étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas saisi. Mais tout cela est arrivé afin que les écrits des prophètes fussent accomplis.
N : Alors tous les disciples l'abandonnèrent, et prirent la fuite.
 
Chant d'Assemblée : Louange et Prière N°308 « Confie à Dieu ta route », strophes 1 à 4 [cliquer ici]
 
Chez Caïphe, outrage. (Matthieu 26:57-68)

 N : Ceux qui avaient saisi Jésus l'emmenèrent chez le souverain sacrificateur Caïphe, où les scribes et les anciens étaient assemblés. Pierre le suivit de loin jusqu'à la cour du souverain sacrificateur, y entra, et s'assit avec les serviteurs, pour voir comment cela finirait.
Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, suffisant pour le faire mourir.
Mais ils n'en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés. Enfin, il en vint deux, qui dirent:
F : Celui-ci a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours.
N : Le souverain sacrificateur se leva, et lui dit:
S : Ne réponds-tu rien? Qu'est-ce que ces hommes déposent contre toi?
N : Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit:
S : Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu.
N : Jésus lui répondit:
J : Tu l'as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
N : Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant:
S : Il a blasphémé! Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Voici, vous venez d'entendre son blasphème. Que vous en semble?
N : Ils répondirent qu’il méritait la mort.  Là-dessus, ils lui crachèrent au visage, et lui donnèrent des coups de poing et des soufflets en disant:
S : Christ, prophétise; dis-nous qui t'a frappé.
 
Orgue : par David Cassan
 
Reniement de Pierre  (Matthieu 26:69-75)

N : Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour. Une servante s'approcha de lui, et dit:
S : Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen.
N : Mais il le nia devant tous, disant:
P : Je ne sais ce que tu veux dire.
N : Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui se trouvaient là;
S : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.
N : Il le nia de nouveau, avec serment:
P : Je ne connais pas cet homme.
N : Peu après, ceux qui étaient là, s'étant approchés, dirent à Pierre:
S : Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître.
N : Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer:
P : Je ne connais pas cet homme.
N : Aussitôt le coq chanta.  Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.
 
 Orgue : par David Cassan

 Mort de Judas (Matthieu 27:1-10)

 N : Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir.
Après l'avoir lié, ils l'emmenèrent, et le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur.
Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent.
N : Ils répondirent:
S : Que nous importe? Cela te regarde.
N : Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla se pendre.
Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent:
S : Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang.
N : Et, après en avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers. C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang, jusqu'à ce jour.
Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète: Ils ont pris les trente pièces d'argent, la valeur de celui qui a été estimé, qu'on a estimé de la part des enfants d'Israël; et il les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.
 
Orgue : par David Cassan
 
Chez Pilate  (Matthieu 27:11-26)

N : Jésus comparut devant le gouverneur. Le gouverneur l'interrogea, en ces termes: 

P : Es-tu le roi des Juifs?

N : Jésus lui répondit:
J : Tu le dis.
N : Mais il ne répondit rien aux accusations des principaux sacrificateurs et des anciens.
Alors Pilate lui dit:
P : N'entends-tu pas de combien de choses ils t'accusent?
N : Et Jésus ne lui donna de réponse sur aucune parole, ce qui étonna beaucoup le gouverneur.
A chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que demandait la foule. Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas.
Comme ils étaient assemblés, Pilate leur dit:
P : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus, qu'on appelle Christ?
N : Car il savait que c'était par envie qu'ils avaient livré Jésus.
Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire: Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste; car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui.
Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.
Le gouverneur prenant la parole, leur dit:
P : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?
N : Ils répondirent:
F : Barabbas.
N : Pilate leur dit:
P : Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Christ?
N : Tous répondirent:
F : Qu'il soit crucifié!
N : Le gouverneur dit:
P : Mais quel mal a-t-il fait?
N :  Et ils crièrent encore plus fort:
F : Qu'il soit crucifié!
N : Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit:
P : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.
N : Et tout le peuple répondit:
F : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants!
N : Alors Pilate leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
 
Chant d'Assemblée : Louange et Prière N°143 « Ô Jésus ta croix domine », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Chemin de Croix et crucifiement (Matthieu 27:27-36)

N : Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate.
Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: 

F : Salut, roi des Juifs!
N : Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.
Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.
Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus.
Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.
Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète: Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique.
Puis ils s'assirent, et le gardèrent.
 
Orgue : par David Cassan

En Croix, la mort  (Matthieu 27:37-50)

N : Pour indiquer le sujet de sa condamnation, on écrivit au-dessus de sa tête: Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. Avec lui furent crucifiés deux brigands, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche. Les passants l'injuriaient, et secouaient la tête,
en disant:
F : Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix!
N : Les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, se moquaient aussi de lui, et disaient:
S : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même! S'il est roi d'Israël, qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui.
Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime. Car il a dit: Je suis Fils de Dieu.
N : Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière.
Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre.
Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte:
J : Éli, Éli, lama sabachthani?
N : c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?
Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, dirent:
F : Il appelle Élie.
N : Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge, qu'il remplit de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire.
Mais les autres disaient:
F : Laisse, voyons si Élie viendra le sauver.
Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit.

Chœur : Agnus dei dans le Requiem de Fauré

Après la mort (Mathieu 27:51-56)
 
N : Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent,
les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent.
Étant sortis des sépulcres, ??? après la résurrection de Jésus ???, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.
Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent:
F : Assurément, cet homme était Fils de Dieu.
N : Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir.
Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.  

Méditation par la Pasteure Dominique Hernandez


C’est la fin d’un monde.
Dans le plus spectaculaire des quatre récits évangéliques de la mort de Jésus, Matthieu met en scène la fin d’un monde par son écriture comme toujours tissée avec les fils des Écritures hébraïques : les livres de Jérémie, Ésaïe, Zaccharie, Nahum, Ézéchiel, et Élie du livre des Rois, et la littérature apocalyptique, et avec la trame du récit de Marc bien sûr. Ils sont tous là :
     - les prophètes, révélateurs des ruptures, porte-voix des appels exhortant aux retours et annonçant la restauration, visionnaires des crises et des jugements,
     - et les femmes au loin démunies de leur service mais pas de leur fidélité,
     - et les soldats vains gardiens de la conservation du monde qui s’effondre,
     - et le centurion démis de sa position de chef pour être suscité en témoin.
Ils sont tous là, dans l’écriture de Matthieu, comme dans un concentré de temps et d’espace, histoire et interprétation condensées dans cette heure, ce moment de la mort où un monde s’écroule. Ce n’est pas seulement la fin d’un monde comme cela se produit à chaque décès pour les proches de la personne défunte ; ce n’est pas seulement la fin d’un monde pour les femmes qui servaient Jésus, ou pour les disciples qui, eux, ont déjà fui, depuis Gethsémani.

C’est la fin d’un monde qui est le monde des juifs, et aussi des romains, le monde de la terre habitée où pourtant tous n’ont pas place puisqu’il a été décidé d’en tuer un.

Et Matthieu nous associe, nous entraîne, non dans un spectacle mais dans une méditation, une conscience bouleversée, bouleversante de ce que signifie la mort de Jésus de Nazareth, le Christ de Dieu, Fils de Dieu. C’est en cela que s’effondre un monde, dans le conflit entre deux interprétations de ce que représente être Fils de Dieu, deux interprétations de la Loi de Moïse, deux interprétations de la justice de Dieu.

Lorsque Jésus meurt, tout est bouleversé, Matthieu multiplie les manifestations de ruptures : le tremblement de terre, les rochers fendus, les tombeaux qui s’ouvrent et premièrement, le rideau du temple fendu lui aussi, comme les rochers, texture déchirée de haut en bas, ce qui n’est pas le moindre des signes puisque c’est celui qui inaugure l’ébranlement de tout, la fin d’un monde.

Tous ces signes rendent compte, à la manière de Matthieu, de la réponse divine à la mort du Fils. Le voile du Temple est fendu de haut en bas, la déchirure commence, elle est initiée du haut, d’en haut. Si ce voile déchiré est celui du vestibule orné de broderies représentant, selon le témoignage de Flavius Josèphe « tout le spectacle du ciel », soleil, lune, étoiles, il désigne ce qu’il y a de plus inaccessible, la profondeur du cosmos. La déchirure se propage inexorablement sur la terre dans ce qu’il y a de plus dur, de plus solide : les rochers, et dans ce qu’il y a de plus définitif : les tombeaux des morts. Contingences et nécessités sont ébranlées : elles ne recèlent ni ne maîtrisent ce qui était à l’œuvre dans l’homme crucifié et par lui.

La déchirure peut renvoyer à celle des vêtements après un décès, déchirure et tremblement comme signes de tristesse, de chagrin, de deuil, un chagrin et une tristesse de dimension cosmique et déjà les ténèbres recouvrent la terre, chagrin dans l’Alliance une fois de plus mise à mal, chagrin dans la Création dont la dynamique qui la crée est rejetée par la condamnation voulue par les religieux du Temple.

Ou bien, ou en même temps, la déchirure représente la colère, divine colère provoquée par la mort du Fils, mise à mort ignominieuse de celui dont la parole était parole de vérité face aux paroles hypocrites des religieux, parole de liberté face aux paroles de marchandage, parole de la générosité divine face aux paroles de contraintes.

Alors la déchirure est jugement, apocalypse pour le monde soumis aux logiques religieuses et politiques qui voilent le don et le pardon du Père qui est dans les cieux, qui tissent l’hypocrisie en linceul des vivants, qui déroulent l’étoffe du mensonge pour lier les vivants.
Le voile du Temple est déchiré, les fils sont rompus : fils de la logique des comptes, fils de la médiation obligée des prêtres, fils de la succession des sacrifices, fils de la tradition avant tout, fils des catégories qui classent les humains, fils des discours d’exclusion, fil du temps à gagner, à remplir ou à répéter.
Parce que cet homme crucifié était vraiment Fils de Dieu.

Matthieu répercute la déchirure du voile du voile par l’ébranlement de la terre qui tremble et par la déchirure des rochers qui se fendent pour faire entendre, pour faire comprendre la fin de ce monde où la justice est disjointe de la générosité du Père pour devenir affaire de pouvoir, d’échange et de morale, ce monde où l’esprit de gratuité du Père est remplacé par le système religieux de domination.

Fin d’un monde, mais pas fin du monde, car si l’un s’effondre, un autre apparaît, déjà, dans des prémices encore convulsives mais que l’aube du troisième jour éclairera dans leur épanouissement.

Car la déchirure est aussi ouverture.
L’autre voile du Temple de Jérusalem est celui qui sépare le Saint des Saints du reste du Temple, le Saint des saints où le sacré ne supportait qu’une présence humaine, celle du grand-prêtre, une fois par an.

La déchirure du voile supprime l’espace réservé, supprime la séparation et c’est toute la compréhension du monde et de l’existence qui est bouleversée.
Ce n’est pas que Dieu s’échappe du Temple, il n’y était déjà pas retenu ; c’est que le sacré est aboli, et qu’il ne s’agit plus que de marcher sur les routes humaines, comme le faisait Jésus le Christ Fils de Dieu, pour être au bénéfice de la justice de Dieu. Il n’est plus de lieu, plus de temps réservé ou interdit ; et la religion qui brode autour du sacré, qui surfile sa morale de perfection et pique à petits points serrés l’existence d’exigences de sainteté, est dévaluée, rendue vaine aux regards de la grâce, néfaste aux regards de la foi, incapable qu’elle est de comprendre la différence entre :
     - l’abrogation de la Loi qui représente l’illusion de l’humain de la maitrise de sa propre identité et de son devenir,
     - et l’accomplissement de la Loi c’est-à-dire ses interprétations libératrices et vivifiantes.

Ce que Jésus mettait en acte et en parole : la proximité de Dieu, l’abolition non de la Loi mais des ségrégations au nom de Dieu, cela est manifesté dans la déchirure du voile et est maintenu, d’une autre manière, sans parole, puisque le prophète dont la parole exprimait la vérité de la Loi et de la justice de Dieu a été tué.

Reste l’inconditionnelle générosité qui fait pleuvoir et lever le soleil sur les justes et les injustes, sur les mauvais et sur les bons. Reste la gratuité de la reconnaissance des personnes, Dieu pour tous et Dieu en tous.

Et s’ouvrent alors les tombeaux, comme les rochers ont été fendus, les tombeaux des morts, de toutes les morts. Car plus que la terre et les rochers, le soubassement réel du monde est cette parole dont la juste voix humaine s’est tue sur la croix, tuée parce que révélatrice de la bonté fondatrice du monde des humains sur la terre.  Ce n’est pas encore la restauration, mais l’ouverture des tombeaux et la résurrection de beaucoup de saints, quelle heureuse imprécision, donnent à comprendre que ce n’est pas terminé : un autre jour se lèvera pour un monde nouveau, où femmes et disciples, prophètes et centurions seront tissés ensemble dans une texture chatoyante et libre : un monde sans voile.

Chant d'Assemblée : Louange et Prière N°289 « Bienheureux qui t’aime », strophes 1a 3 [cliquer ici]

Suite de la lecture

L’ensevelissement  (Matthieu 27:57-62)

N : Le soir étant venu, arriva un homme riche d'Arimathée, nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus.
Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le remettre.
Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc,
et le déposa dans un sépulcre neuf, qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla.
Marie de Magdala et l'autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre.
 
 Postlude

Les gardes (Matthieu 27:63-66)

N : Le lendemain, qui était le jour après la préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble auprès de Pilate, et dirent:
S : Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première.
N : Pilate leur dit:
P : Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous l'entendrez.
N : Ils s'en allèrent, et s'assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir scellé la pierre.

Fin de la lecture

Chœur : Libera me dans le Requiem de Fauré

Paroles des chants du vendredi 7 avril 2023

Cantique : Louange et Prière n°143 « Ô Jésus ta croix domine », Strophes 1 à 3

[Pour écouter, avec les paroles de la Version A, cliquer ici]

VERSION A

Strophe 1
Ô Jésus, ta croix domine
Les temps, les peuples, les lieux,

Et toute grandeur s’incline
Sur la terre et dans les cieux.

Strophe 2
Dans les pages du saint Livre, 
Les prophètes ont chanté

Ta mort qui nous fait revivre,
Ô Jésus ressuscité.

Strophe 3
Si brisés par la souffrance,
Nous voulons fuir loin de toi,
Tu remplis toute distance,
Tu nous tiens près de ta croix.

Strophe 4  
Par la joie ou par la peine,

Quand nous passons chaque jour,
C’est ta voix qui nous entraîne
Sur les pas de ton amour.

VERSION B

Strophe 1
Ô Jésus, ta croix domine
Les temps, les peuples, les lieux,
Partout sa splendeur divine
Met en fuite les faux dieux.

Strophe 2
Dans les pages du saint Livre, 
Les prophètes ont chanté
Ta mort qui m'a fait revivre,
Ton sang qui m'a racheté.

Strophe 3
Si, brisé par la souffrance,
Je défaille quelquefois,
Je renais à l'espérance,
Bon Sauveur, près de ta croix.

Strophe 4

Par les douleurs et les joies
Que je sois sanctifié,
Puisque tu me les envoies,
O divin Crucifié !

Cantique : Louange et Prière n°289 « Bienheureux qui t’aime », strophes 1 & 2, puis 3

[Pour écouter, cliquer ici]

Strophe 1
Bienheureux qui t’aime,
Jésus, bien suprême,
Source du bonheur;
Verse dans mon âme,
De ta sainte flamme
La divine ardeur.
Avec toi tout est à moi.
Accorde-moi ta présence,
Et ton assistance.

Strophe 2

Au sein de l’épreuve,
Ton esprit m’abreuve
D’un calme divin.
En toi, mon asile,
Mon âme est tranquille
Et mon cœur serein
Avec toi tout est à moi.
Accorde-moi ta présence,
C'est mon espérance.

Strophe 3
Ô Jésus que j’aime !
Au moment suprême,
Prends-moi dans tes bras;
Soutiens ma faiblesse,
Change en allégresse
Mes derniers combats.
Avec toi tout est à moi.
Accorde-moi ta présence,
C'est ma délivrance.

Vidéo du culte entier

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