La prière. Quiconque demande reçoit

Luc 11:1-13

Culte du 28 juillet 2019
Prédication de Rémy Hebding

Un des disciples pose la question à Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier ». Car Dieu se révèle proche mais aussi, et surtout, lointain. Les disciples jonglent entre la proximité du divin et son éloignement. Les desseins de Dieu sont impénétrables, obscurs. Comme le dit l’Ecclésiaste : « Il y a des justes auxquels il arrive selon l’œuvre des méchants, et des méchants auxquels il arrive selon l’œuvre des justes ». (Ec 8,14) Le constat lucide de la vie ici-bas obscurcit la vision humaine que nous avons de Dieu. Comment alors prier un Dieu si lointain ? « Notre Père qui est aux cieux ». L’expression souligne la transcendance, le mystère inaccessible d’un Dieu hors de notre emprise. Et pourtant, il se fait appeler « Père », « Abba », « Papa ». Père évoque la proximité, la confiance, la tendresse. Cela semble contradictoire. Mais c’est Jésus qui nous enseigne à prier ce Dieu proche. A faire venir son Règne. La venue du Fils anticipe la venue du Père.

Après les enseignements sur la prière, Luc place la parabole de l’ami qui n’ouvre la porte à son ami importun que pour avoir la paix. Que pour ne plus être dérangé par celui qui n’hésite pas à le tourmenter en pleine nuit, lui et ses enfants, afin d'obtenir du pain. C’est un indésirable pour lequel l’amitié est une raison suffisante pour être envahissant à l’extrême. Il dérange, bouscule, trouble le silence de la nuit. Or, Jésus choisit cette parabole pour dire à ses disciples comment il faut prier. Qu’il ne faut pas hésiter à persévérer dans la ténacité, dans l’opiniâtreté. Il précise même, s’agissant du père de famille réveillé dans son sommeil : « Il se lèvera parce que l’autre est sans vergogne ». C’est une prime à l’obstination.

Un parallèle peut être fait avec une autre parabole de Jésus, celle de la petite veuve et du juge (Lc 18, 1-8). L’insistance de la vieille femme lui permet d’obtenir justice de la part d’un juge sans scrupule. Il lui cède pour ne plus être dérangé. Lui représente la loi et le savoir, le pouvoir. Elle, comme l’orphelin, est reléguée aux marges de la société. C’est une vieille femme seule sans la protection d’un mari. Son entêtement pour obtenir gain de cause auprès de l’autorité du juge est prise en exemple par Jésus. « Demandez, on vous donnera ». Vraiment ? Lorsque le ciel est trop bas, lorsque tout est trop lourd.

Lorsque toutes les assurances sur lesquelles on s’appuyait semblent trompeuses… A qui frappe on ouvrira ? « Fais venir ton Règne ». Le Règne de Dieu est appelé à se révéler dès ici-bas, d’une manière indirecte. En nous impliquant dans notre demande. Nous passons ainsi du statut de demandeur à celui d’acteur de notre propre vie.

Comme les disciples, nous sommes appelés à demander à Dieu de faire venir son Règne dans ce monde. Un monde réel où le mal côtoie les instants de bonheur. Ce monde où le fils qui demande du pain à son père peut recevoir une pierre, un scorpion ou un serpent. « Demandez, on vous donnera ». Ce monde où la mort est dans les cœurs avant d’être dans les corps.

La petite veuve de la parabole refuse obstinément de se résigner devant les malheurs de ce monde. Comme l’ami importun qui n’hésite pas à troubler le silence de la nuit. Elle contribue au rapprochement entre ce Dieu lointain et ce père si proche. « Père, fais-toi connaître comme Dieu ». Comme Job, elle ne comprend pas ce monde. Elle se refuse au malheur et fait ainsi avancer le Règne de Dieu. « Frappez, on vous ouvrira ».

Lecture de la Bible

Luc 11/1-13
1 Il était un jour quelque part en prière. Quand il eut fini, un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples. »
2 Il leur dit : « Quand vous priez, dites : Père,
fais connaître à tous qui tu es,
fais venir ton Règne,
3 donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour,
4 pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous,
et ne nous conduis pas dans la tentation. »

5 Jésus leur dit encore : « Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains, 6parce qu’un de mes amis m’est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui offrir”,
7 et si l’autre, de l’intérieur, lui répond : “Ne m’ennuie pas ! Maintenant la porte est fermée ; mes enfants et moi nous sommes couchés ; je ne puis me lever pour te donner du pain”,
8 je vous le déclare : même s’il ne se lève pas pour lui en donner parce qu’il est son ami, eh bien, parce que l’autre est sans vergogne, il se lèvera pour lui donner tout ce qu’il lui faut.

9 « Eh bien, moi je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.
10 En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira.
11 Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu de poisson ?
12 Ou encore s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?
13 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. »

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