À la mort de Jésus, les morts ressuscitèrent, à sa résurrection, ils entrèrent dans la ville

Matthieu 27:50-28:10 , Jean 5 :24-29

Culte du 12 avril 2009
Prédication de pasteur Marc Pernot

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte du 12 avril 2009 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot

Matthieu 27:50-28:10 ; Jean 5 :24-29

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L'Évangile selon Matthieu nous dit que de nombreux morts ressuscitèrent à l'instant même de la mort du Christ. Et qu'à sa résurrection, ils entrèrent dans la ville sainte, et furent vus par une foule de personnes ! Il semble peu probable que ce récit soit à comprendre au sens d’une résurrection biologique, d’une réanimation de « nombreux cadavres », comme le précise Matthieu. En effet, comment comprendre alors que les autres grands témoins de ce qui s’est passé à la mort de Jésus ne parlent pas d’un événement aussi spectaculaire ? Mais en réalité, si, justement, d’autres témoins nous parlent de quelque chose comme ça, de la résurrection de nombreux morts, de leur sortie du tombeau avec le Christ et par lui. Et ces morts qui ressuscitent, ce sont nous-mêmes.

Dans l’Évangile selon Jean, Jésus affirme solennellement que celui qui a la foi en Dieu « est déjà passé de la mort à la vie », et il ajoute « que l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendent la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. » (Jean 5:25)

L'apôtre Paul dit la même chose dans plusieurs de ses épîtres quand il dit que nous sommes « enterrés avec le Christ et ressuscités en lui et avec lui » (Col 2:12).

C'est pourquoi nous célébrons Pâques année après année, et même dimanche après dimanche. Parce que la mort et la résurrection du Christ parlent de nous, de chacun de nous, d’une mort et d’une résurrection qu’il nous est avantageux de vivre, qu’il est même vital (si je puis dire) de vivre, quelque chose qui peut, et qui doit, nous arriver dès maintenant alors que nous sommes encore en ce monde que Dieu aime.

Cette compréhension de la résurrection n’est pas réservée à quelques chrétiens modernistes, on pourrait trouver bien des citations de théologiens de tous les siècles qui comprennent ainsi la mort et la résurrection de Jésus, je ne citerai que Martin Luther qui explique « Quand lu lis : « Le Christ est ressuscité », ajoute aussitôt : Je suis ressuscité et tu es ressuscité avec lui, car il faut que nous soyons rendus participants de sa résurrection. Ne pas apprendre cela, c'est ne rien apprendre du tout. »

Mais Luther n’invente pas non plus ce mode d’emploi des récits de mort et de résurrection de Jésus. Le récit de la mort spectaculaire de Jésus dans l'évangile de Matthieu nous parle de notre mort avec lui et de notre résurrection avec et par lui.

Dans ce récit, le premier à ressusciter grâce au Christ c'est le centurion. Et les premiers à entrer dans la ville sainte, ce sont ces femmes qui se précipitent vers leurs frères pour qu’ensemble ils aillent à ce sommet dont leur a parlé le Christ, ce sommet où il nous précède et où il nous attend.

Suivons pas à pas ce cheminement dans le témoignage de Matthieu. Suivons ce centurion qui, tout étranger qu'il est, reconnaît les signes de l’action prodigieuse de Dieu autour de lui, cet homme qui passe de meurtrier du Christ à témoin du Christ. Passons comme lui de la mort spirituelle à la vie spirituelle. Les barrières tombent, barrières de la culture, de la religion, de l’autorité, barrière entre le sacré et le profane, entre ce temps et le temps futur, entre ce monde et l’autre, barrière entre l’homme qui a le pouvoir et l’homme auquel il a été tout enlevé.

Ce centurion regarde et il voit, lui, les signes qui se manifestent à la mort de Jésus, signe d’un monde qui se fendille comme pour s’ouvrir à une vie qui germe en lui, une vie qui prend corps.

Le premier signe c'est l'obscurité sur toute la terre. Par sa mort qui illustre magistralement son message et sa vie, le Christ nous montre que la véritable lumière n'est pas le rayonnement du soleil, ce n’est pas le clinquant des belles et bonnes choses de ce monde. Le Christ est la lumière du monde, et l'Évangile dit également que nous, oui, nous-mêmes sommes la lumière du monde. (Mat. 5:14) Il y a en chacun de nous quelque chose de cette lumière qu'est le Christ. Quand nous tuons la présence de Dieu en nous, quand nous ne laissons pas régner en nous cette foi, cette espérance et cet amour qui nous vient d’en haut, l’obscurité nous envahit. Quand nous tuons ou simplement fermons les yeux sur cet enfant de Dieu qui dans telle ou telle personne par indifférence ou pour un prétexte quelconque, l’obscurité se fait, oui, malgré la volonté de Dieu.

Et mourir avec le Christ c'est comprendre qu'il est inutile de vouloir briller par le matériel, par nos fonctions, par nos performances ou par notre santé... Tout cela est bon et agréable, comme le soleil est bon. Mais notre vraie valeur, c'est d'être aimé. Toute autre valeur pâlit devant cela. Christ a donné sa vie pour manifester l’amour de Dieu pour nous, pour nous dire que nous sommes véritablement aimé, au moins par Dieu, qu’une lumière brille et que cette lumière est la vie.

Le second signe c'est que le voile du Temple se déchira en deux depuis le haut jusqu'en bas. Ce rideau du Temple délimitait un lieu symbolisant la présence de Dieu parmi nous, un lieu infiniment sacré, selon les prêtres du Temple, un lieu où seul le grand prêtre, après des précautions extraordinaires pouvait entrer une fois par an et chuchoter le nom de Dieu. En Jésus-Christ, le lieu saint, c’est notre monde, c’est notre vie tout entière, faite pour être vivifiée par la présence de Dieu. En Jésus-Christ le grand prêtre digne d’entrer en présence de Dieu, c’est nous. Le voile se déchire. Le temple n’est plus qu’un simple lieu commode pour se rassembler et pour discuter de théologie, comme on voit Jésus le faire, mais pas plus. En Christ, nous pouvons sentir, nous pouvons voir ce craquement, cette déchirure qui remet à leur juste place ce que nous sacralisions trop, tel objet, telle façon de voir, tel parti pris, tel moyen, telle frontière du permis et de l’interdit, du sacré et du profane pour n’adorer que Dieu seul, enfin. Dieu pour tous, Dieu qui est tout en tous, comme le dira Paul.

Il ne s’agit pas simplement d’un savoir, mais d’une prise de conscience, d’une déchirure, d’un bouleversement. « Le voile du temple se déchira jusqu'en bas » nous dit le texte de l'Évangile. Et donc, même si nous étions minuscule, minuscule par notre foi, minuscule par notre faible capacité à aimer, minuscule par notre savoir, par notre intelligence, par nos performances… nous pourrons passer par la déchirure du rideau et entrer en présence du Père. Mais il y a même plus que cela puisque par cette déchirure, c’est Dieu qui est passé, qui est venu à notre chevet pour nous réveiller. La preuve, c'est qu'alors que nous sommes encore imparfaits, impurs, le Christ a vécu, a parlé et est mort pour nous. Par sa vie et par sa mort, le Christ nous montre que nous sommes ce qu'il y a de plus sacré pour Dieu, il est la preuve vivante que Dieu est avec nous, Christ est cette déchirure visible.

Le rideau du Temple est déchiré, et du coup, notre religion est une religion laïque. Notre église, nos cultes, nos sacrements et nos temples, nos confessions de foi, nos principes théologiques les plus fondamentaux, la Bible elle-même… ne sont pas sacrés, ils ne sont pas confondus avec Dieu, mais ils sont reconnus comme de simples mais bien utiles moyens pour voir les brèches que Dieu a ouvertes pour nous.

Le troisième effet de la mort du Christ c'est que la terre tremble et que les rochers se fendent. La réalité de notre monde et de notre temps se fendille, elle s’ouvre comme la terre quand la graine qui a été semée germe et que la plante, encore cachée, va sortir. La terre tremble, les choses les plus solides de ce monde s’ouvrent devant cette réalité des profondeurs, cette réalité vivante, bien qu’invisible encore. Ce tremblement de terre n’est donc pas un signe que notre monde n’a pas d’importance, au contraire, c’est dans ce monde, dans cette vie, comme dans une bonne terre, que nous recevons cette semence qu’est la vie du Christ. C’est sa foi, c’est cet amour, c’est cette espérance que Dieu nous offre en Christ.

Le tremblement de terre est ainsi le signe de la vie qui germe. Sans cette vie des profondeurs, notre monde n’est qu’un rocher sec et dur, comme un tombeau, mais déjà, en Christ il se fendille. Ce que nous sommes et ce que nous faisons aujourd’hui est comme une bonne terre un peu tassée, durcie par nos petites habitudes, cette bonne terre s'ouvre sous la puissance de quelque chose de vraiment vivant.

Comme pour le centurion, comme pour ces femmes qui étaient au pied de la croix, il est utile de voir ces signes, le soleil qui s’obscurcit, le voile du temple qui se déchire et les rochers qui se fendent.

Nous étions morts, comme le dit l'apôtre Paul, et nous ne le savions pas. Nous étions enfermés dans un tombeau, notre espérance était enfermée dans un sombre cagibi, notre vie était sèche comme un cailloux, notre cœur dur comme une pierre.

Nous étions morts, nous dit l’apôtre Paul et nous sommes maintenant ressuscités, nous sommes ces morts ressuscités dont parle Matthieu, ces corps inconscients, saints sans le savoir.  Nous ne savions pas que nous étions des saints, mais en voyant cet amour que Christ a manifesté, nous nous découvrons subitement saints parce qu’aimés et appelés sans cesse par Dieu, appelés à la vie.

Les tombeaux s’ouvrent, les morts ressuscitent alors. Mais après cette résurrection il ne sa passe pas grand chose, dans un premier temps, il y a comme un temps de gestation avant que ces ressuscités se mettent en marche. Nous connaissons bien cela, c’est souvent pas petits bonds que nous avançons, et nos progrès ne portent pas immédiatement leurs fruits. Notre soleil clinquant se couche et il faut une peu de temps pour que nos yeux puissent voir l’immensité des étoiles. Nos rideaux sont déchirés et il nous faut du temps pour les franchir, nos tombeaux se fendillent et nous sommes encore assis dedans à nous demander ce que nous faisons là…

Après le réveil des morts, après la prise de conscience du centurion, la suite de ce cheminement reprend en repartant de là où nous en étions restés, avec un tremblement de terre et un tombeau qui s’ouvre, celui de Jésus. Les femmes s’approchent du tombeau de Jésus, littéralement elles s’approchent de son mémorial, comme nous recherchons la mémoire de la vie de Jésus dans notre Bible. C’est bien, mais il nous faut dépasser ensuite cela, passer de la mémoire à l’écoute d’une parole vivante, à un dialogue, une rencontre. Nous pouvons alors marcher malgré notre peur,  nous pouvons nous mettre en route, et avec une grande joie, nous dit le texte, et une envie de nous réunir avec nos frères et sœurs avec et grâce au Christ vivant.

Alors oui, nous entrons dans la cité de Dieu.

Lui seul peut nous donner la vie, le mouvement et l’être. Qu’il vous bénisse ainsi, vous et ceux qui vous sont chers.

Amen

Lecture de la Bible

Évangile selon Matthieu 27:50-28:10

Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l’esprit.

51 Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, 52 les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. 53 Etant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.

54 Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d’arriver, furent saisis d’une grande frayeur, et dirent: Assurément, cet homme était Fils de Dieu. 55 Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin, et qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. 56 Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.

57 Le soir étant venu, arriva un homme riche d’Arimathée, nommé Joseph, qui était aussi disciple de Jésus. 58 Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le lui remettre. 59 Joseph prit le corps, l’enveloppa d’un linceul blanc, 60 et le déposa dans un sépulcre neuf, qu’il s’était fait tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre, et il s’en alla.

61 Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre.

62 Le lendemain, qui était le jour après la préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble auprès de Pilate, 63 et dirent: Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai. 64 Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. 65 Pilate leur dit: Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous l’entendez.

66 Ils s’en allèrent, et s’assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir scellé la pierre.

1 Après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre. 2 Et voici, il y eut un grand tremblement de terre; car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus. 3 Son aspect était comme l’éclair, et son vêtement blanc comme la neige. 4 Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent comme morts.

5 Mais l’ange prit la parole, et dit aux femmes: Pour vous, ne craignez pas; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. 6 Il n’est point ici; il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, 7 et allez promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts. Et voici, il vous précède en Galilée: c’est là que vous le verrez. Voici, je vous l’ai dit.

8 Elles s’éloignèrent promptement du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples.

9 Et voici, Jésus vint à leur rencontre, et dit: Je vous salue. Elles s’approchèrent pour saisir ses pieds, et elles l’adorèrent.

10 Alors Jésus leur dit: Ne craignez pas; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée: c’est là qu’ils me verront.

Évangile selon Jean 5 :24-29

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.

25 En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l’auront entendue vivront.

26 Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. 27 Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme.

28 Ne vous étonnez pas de cela; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. 29 Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement.

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