À Dieu seul la gloire

Psaume 8 , Jean 17:1-4 , Romains 11:33-36 , Timothée 1:17

Culte du 26 octobre 2008
Prédication de Laurent Gagnebin

Culte de la Réformation

présidé par le Pasteur Laurent Gagnebin

le 26 octobre 2008

Chant : cantique de Luther n°229 C’est un rempart que notre Dieu (lire et écouter)

Prière : Ô Eternel, « depuis que tu nous cherche, [...] tu viens à nous.
Tu viens à nous, par les créations matérielles,
les splendeurs et la magnificence des cieux.
Tu es venu à nous dans les aubes où les âmes se dégagent des ombres,
dans les joies et les peines, dans les liens de la vie familiale,
dans la personne des Justes qui sont nos guides et nos frères aînés.
Tu as marché, lutté, souffert et chanté parmi nous.

À travers nos jours éphémères
a transparu ton sourire qui demeure
et tu nous as fait boire aux coupes d'ici-bas,
qu'elles soient douces ou amères,
un breuvage où fermente un espoir éternel.
Tout être qui se donne fait un geste divin ;
à travers la poussière des héros et des martyrs,
tombés pour les causes justes,
brillent des rayons d'or ;
dans chaque regard d'enfant tu as mis ta promesse
et les vaincus du droit t'attendent dans leur tombeau.
Sois béni, Dieu qui te fais homme pour être plus près de nous. [...] »
[Pasteur Charles Wagner, 1916, Devant le témoin invisible, Paris, éd. Fischbacher 1933]

Chers frères et soeurs, j'aimerais placer la prédication de ce matin qui sera consacrée à cette fameuse devise protestante « A Dieu seul la gloire », Soli Deo Gloria, sous l'égide de ces mots extrait de la première épître à Thimothée, au chapître 1 et au verset [17] : « Au roi des siècles, seul Dieu, soit honneur et gloire ».


Prédication

Calvin accompagnait souvent sa signature de Soli Deo gloria et on retrouve ces trois mots dans les partitions de Jean-Sébastien Bach. C'est une tradition de célébrer le dernier dimanche d'octobre la fête de la Réformation en souvenir du 31 octobre 1517, où furent affichées à la porte du château de Wittenberg les 95 thèses de Luther sur les indulgences et contre elles.

A Dieu seul la gloire. Bien entendu, nous le savons bien, ces mots s’opposent au culte marial. Je ne dis pas « à Marie », « au culte des saints », et même « à une vénération qui peut devenir une sorte d’adoration du Pape ». Dans un article d’ Alexandra Imbert consacré à ces 95 thèses de Luther sur les indulgences et paru dans l’avant-dernier numéro de la revue Positions luthériennes, Alexandra Imbert, s’attachant plus particulièrement à ce moment-là de son article aux thèses 5, 20 et 52, déclare au sujet de Luther : « le Pape n’a donc pas de pouvoirs extraordinaires, mais il est devant Dieu un fidèle comme les autres, sans pouvoirs divins particuliers. »

Nous savons cela et nous le redisons depuis des siècles. Inutile d’y insister. Mais dans la ligne de ce monothéisme « à Dieu seul la gloire », j’aimerais rappeler – parce que cela me semble beaucoup plus important – cette sorte de tremblement de terre culturel et de révolution sociale qu’à représenté au XVIe siècle et avec la Réforme une triple désacralisation.

  1. D’abord, il n’y a plus d’espace sacré, de lieux sacré, de choses sacrées. Les églises ne sont pas sacrées, les autels ne sont pas sacrés, les chœurs des églises ne sont pas réservés comme lieux sacrés aux prêtres qui le sont eux aussi – la nef étant pour les profanes. D’ailleurs, quand cette église de l’Oratoire a été donné aux protestant, la première chose qu’on a fait c’est de supprimer en tant que tel le chœur et d’y assoir les fidèles, et non pas d’y assoir les seuls prêtres. On pourrait peut-être s’interroger sur cette appellation très courante de « lieu de culte ». Elle est ambiguë. Tout lieu où le culte a lieu est un lieu de culte. On ferait peut-être mieux de parler de lieu du culte.
  2. Et puis, il n’y a plus de temps sacré. On supprime le calendrier des saints, et dans la Réforme réformé, c’est-à-dire plus particulièrement calvinienne, on s’oppose à la pratique de l’année dit liturgique, ou ecclésiastique, qui divise l’année en temps de l’Avent, de Noël, de la Passion, de Pâques, de Pentecôte… parce qu’en fonction de ces différents temps on lisait les lectures bibliques. Et la Réforme et Calvin plus particulièrement estiment qu’il y a là un moyen de soumettre la Bible – donc la parole de Dieu – à l’Eglise et son calendrier, au lieu que ça soit l’inverse. D’où le fait que très souvent ici, à l’Oratoire, nous ne lions pas les lectures bibliques à cette année liturgique.
  3. Troisièmement, il n’y a plus de personnes sacrées, un clergé sacré, qui s’interpose entre Dieu et nous, entre Dieu et les hommes. Un clergé privilégié, trait-d’union entre Dieu et les hommes, un trait-d’union obligatoire. On affirme un sacerdoce universel, à savoir, que nous sommes tous prêtres, qu’il n’y a aucun intermédiaire, en Jésus-Christ, entre Dieu et nous. Cela ne veut pas dire si nous sommes tous prêtres, que nous sommes tous pasteurs. Il y a différents ministères dans l’Eglise, il y a différemment ministère. Celui du diacre, celui du conseiller presbytéral, celui du docteur de l’Eglise, celui du pasteur. Le pasteur préside normalement le culte, et ces différemment moments, y compris le temps des sacrements, pas du tout parce qu’il a un pouvoir que les fidèles n’auraient pas. Ou pas non plus parce que ce qu’il ferait serait valide alors que si c’était un simple fidèle ce ne le serait pas. Nous savons bien qu’il y a des paroisses qui n’ont pas de pasteurs et qui confient aux fidèles la présidence du culte et l’administration des sacrements. Dans une image que je crois suggéré par Marianne Carbonnier-Burkard, elle dit : « est-ce que parce que chacun peut faire son pain chez lui, qu’il ne faudrait plus qu’il y ait de boulangers ? » Est-ce que parce que chacun de nous pet validement présider le culte et accomplir des taches pastorales qu’il ne faudrait plus qu’il y ait de pasteurs ?

Alors, il n’y a plus d’espace et de choses sacrées, il n’y a plus de temps sacrés, il n’y a plus de personnes sacrées… c’est-à-dire qu’il n’y a plus de sacré du tout ! Dans notre monde…

Alors, le sacré existe-il encore ? Oui, dit le protestantisme unanime. Mais il reflue intégralement en Dieu. Et c’est cela que signifie profondément le soli Deo gloria.

Mais je n’aimerais pas que ce rappel du soli Deo gloria soit compris par nous comme un commandement négatif, comme une interdiction négative, comme un impératif. Et c’est là que j’aimerais relier ma prédication de ce matin avec celle de dimanche dernier, du pasteur Vincens Hubac. Le soli Deo gloria s’est voulu, comme tout le message protestant, toujours, un message de libération. Face à nos soucis de gloire, de puissance, d’honneur, de mérite ; ou face à nos angoisses devant cet idéal inaccessible, impossible à réaliser, que le christianisme place devant nous, idéal moral et spirituel ; face à nos préoccupations qui nous recentrent toujours sur nous-même - et penser toujours à mon péché, c’est penser toujours à moi – être victime d’un égocentrisme exacerbé ; oui face à ces soucis, à ces angoisses, à ces préoccupations, nous connaissons une libérations et nous disons : à Dieu seul la gloire ! Et nous comprenons que ce soli Deo gloria correspond très exactement, les deux choses se recouvrent, à ce sola gratia – par la seule grâce de Dieu.

J’aime lire, vous le savez, cette prière de confession des péchés que vous avez entendu tout à l’heure, et dans laquelle il est dit « ô Eternel, je te demande de me libérer de l’angoisse de vouloir tout maîtriser. De me libérer de la pensée que je doive faire mes preuves à chaque instant. » Non, ici dans ce temple, dans nos cultes, dans les églises, nous ne demandons à personne de faire ses preuves.

Cela c’est la société qui l’exige. Et je me rappelle cette jeune femme assistant à un culte de l’Oratoire où elle avait entendu cette prière - elle travaille, à un poste élevé dans une entreprise - qui me disait l’apaisement, le bonheur et la libération que ces mots-là de la prière avait été pour elle.

24 :35

Lecture de la Bible

Psaume 8 (lire)

Ô Éternel, notre Maître, que ta gloire est grande sur toute la terre !
Ta majesté surpasse la majesté du ciel.
Mais c'est la voix des petits enfants, des tout petits enfants,
que tu opposes à tes adversaires.
Elle est comme un rempart que tu dresses
pour réduire au silence tes ennemis les plus acharnés.
Quand je vois le ciel, ton ouvrage,
la lune et les étoiles, que tu y as placées,
je me demande :
L'homme a-t-il tant d'importance pour que tu penses à lui ?
Un être humain mérite-t-il vraiment que tu t'occupes de lui ?
Or tu l'as fait presque l'égal d'un dieu,
tu le couronnes de gloire et d'honneur.
Tu le fais régner sur tout ce que tu as créé :
tu as tout mis à ses pieds,
moutons, chèvres et bœufs, et même les bêtes sauvages,
les oiseaux, les poissons, et tout ce qui suit les pistes des mers.
Ô Eternel, notre Maître,
que ta gloire est grande sur toute la terre !

Évangile selon Jean 17 : 1-4

Jésus leva les yeux vers le ciel et dit : « Père, l'heure est venue. Manifeste la gloire de ton Fils, afin que le Fils manifeste aussi ta gloire. Car tu lui as donné le pouvoir sur tous les hommes, pour qu'il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donné. La vie éternelle consiste à te connaître, toi, seul véritable Dieu, et à connaître Jésus-Christ, que tu as envoyé. J'ai manifesté ta gloire sur la terre ; j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donné à faire.

Épître aux Romains 11 : 33-36

Que la richesse de Dieu est immense ! Que sa sagesse et sa connaissance sont profondes ! Qui pourrait expliquer ses décisions ? Qui pourrait comprendre ses plans ? Comme le déclare l'Écriture : « Qui connaît la pensée de l'Éternel ? Qui peut être son conseiller ? Qui a pu le premier lui donner quelque chose, pour recevoir de lui un paiement en retour ? » Car tout vient de lui, tout existe par lui et pour lui. A Dieu soit la gloire pour toujours ! Amen.

Première épître à Timothée 1 : 17

Au Roi des siècles, immortel, invisible et seul Dieu, soient honneur et gloire pour toujours ! Amen.

Audio

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