Insondable ambivalence humaine

Matthieu 21:28-32

Culte du 4 septembre 2022
Prédication de Agnès Adeline-Schaeffer

Vidéo de la partie centrale du culte

Culte à l'Oratoire du Louvre

4 septembre 2022
193ème jour de la guerre en Ukraine
« Insondable ambivalence humaine »

Culte présidé par la Pasteure Agnès Adeline-Schaeffer
A l'orgue : Frédéric Rivoal, organiste invité

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Orgue

Proclamation de la Grâce :
La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus le ressuscité.

Accueil :

Bienvenue à chacun, chacune pour ce temps de culte. Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent par le site internet et qui sont en communion avec nous. Soyez les bienvenus dans ce temple de l’Oratoire du Louvre, vous tous les paroissiens fidèles, et les personnes de passage qui sont là peut-être pour la première fois. Pour nous accompagner, merci à Frédéric Rivoal, qui est à l’orgue ce matin. Nous serons en communion de pensée avec toutes les personnes qui sont réunies en ce moment même à Mialet, pour l’assemblée du Désert. Nous pensons à Béatrice Cléro-Mazire, accompagnée des membres du Conseil Presbytéral, qui sont sur place. Aujourd’hui est le dimanche de l’Entraide, aussi, l’offrande d’aujourd’hui sera destinée à l’Entraide de notre église.

Prière :
Eternel, Dieu et Père, Nous voici rassemblés à ton invitation. Il y a parmi nous des autochtones et des étrangers, des croyants et des peu croyants, des fidèles et des occasionnels, des habitués et des invités.
Mais tous,
Nous sommes des mendiants qui cherchons le pain,
Nous sommes tous des enfants qui tendons les mains
Nous sommes tous des guetteurs d’amour en quête de chemin.
Grâce te soit rendue, de nous accepter tels que nous sommes
et de nous accompagner tous les jours. Amen

Répons :
Bénissons Dieu le seul Seigneur
Nous qu’il choisit pour serviteurs,
Levons nos mains dans sa main,
Pour bénir et louer son nom.

Louange
avec les premiers versets du psaume 95 :

1 Venez ! crions de joie pour le SEIGNEUR,
acclamons le rocher qui nous sauve ;
2 Présentons-nous devant lui en rendant grâce,
acclamons-le avec des hymnes.
3 Car le SEIGNEUR est le grand Dieu,
le grand roi au-dessus de tous les dieux.
4 Il tient dans sa main les gouffres de la terre ;
les crêtes des montagnes sont à lui.
5 A lui la mer, c’est lui qui l’a faite,
et les continents que ses mains ont formés !
6 Entrez ! allons nous incliner, nous prosterner,
à genoux devant le SEIGNEUR qui nous a faits !
7 Car il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il fait paître,
le troupeau qu’il garde.
Aujourd’hui, pourvu que vous obéissiez à sa voix !
8 Ne durcissez pas votre cœur

Psaume : Psautier Français n°95 B « Réjouissons-nous au Seigneur », strophes 1, 2 & 4 [cliquer ici]

Volonté de Dieu
Écoutons ce que Dieu désire pour nous, selon un extrait de la lettre aux Galates (5:13-14)
13 Vous, frères, c’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair ! Mais, par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres. 
14 Car la loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Répons :
Parle, parle Seigneur, Ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, Car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, Et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.

Confession du péché
Je vous invite à la prière :
Éternel, Nous voici devant toi, avec notre vie partagée,
Avec notre soif de te suivre, et nos résistances à ton appel,
Avec notre désir d’aimer notre prochain, et nos égoïsmes,
Avec notre quête de lumière, et nos obscurités,
Avec notre foi et avec nos peurs.
Oui, nous voici devant toi, tels que nous sommes,
Et voilà que tu nous appelles à convertir notre regard, à changer d’orientation.
A ne plus regarder notre vie selon nos critères et nos points de vue, mais selon les tiens.
Tu nous appelles à déposer à tes pieds nos craintes et nos lâchetés,
Tu nous appelles à nous dépouiller de toutes nos illusions,
Tu nous appelles à laisser ta lumière se déposer sur nos ténèbres.
Nous voici, tels que nous sommes, avec nos doutes et nos contradictions.
Mais nous voulons te suivre, tout de même.
Accepte notre repentance, ô Éternel, et enracine-nous dans la confiance.
Amen.

Répons :
J’aime mon Dieu, car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.

Annonce du pardon :
Quand notre cœur nous condamne,
Dieu est plus grand que notre cœur.
Quand notre intelligence nous fait déraisonner,
Dieu est plus grand que notre intelligence.
Écoutons la parole de l’apôtre :
« Elle est certainement digne de confiance, cette parole,
et mérite d’être pleinement accueillie par tous :
Christ Jésus est venu dans le monde
pour accueillir les pécheurs dont je suis le premier. » 
À chacun de nous
elle redit explicitement le pardon de Dieu
et ouvre le chemin d’une vie libre et responsable.
Allons dans la paix du Christ. 
Amen.

Répons 
Combien grande est ta gloire, En tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits Sont dignes de mémoire.
Tes œuvres sans pareilles Ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter Seigneur, Tes divines merveilles.

Confession de foi :
Nous croyons en Dieu, qui nous appelle à œuvrer à ses côtés,
Nous croyons en Dieu, qui nous appelle à œuvrer à ses côtés,
en vue de maintenir le monde et de le faire, chaque jour, nouveau.
Il est notre lumière, et nous avons besoin de son amour, 
tout comme, lui aussi, il a besoin de notre amour.
Nous croyons que Christ est venu pour aider tout être à porter sa souffrance, 
et lui indiquer le chemin de la vie et de la joie.
Il est à nos côtés, que nous soyons ou non capables de le reconnaître, 
et nous avons confiance en lui, 
tout comme, lui aussi, il a confiance en nous.
Il nous a donné son esprit, qui nous ressource et nous appelle, 
afin que nous ne restions pas au-dehors, 
mais que nous puissions contempler sa gloire.
Nous croyons que Dieu établira un jour sur la terre son Royaume, 
qu’il transformera notre monde et nous transformera nous-mêmes.
En vue de ce Royaume, il nous appelle à former un peuple nouveau, 
et il nous conduira jusqu’à ce matin éternel, 
où nous saurons reconnaître en tout visage son visage, 
en tout être et en tout regard l’image de sa divinité.
C’est en lui et en lui seul que nous plaçons notre foi, 
car c’est lui et lui seul qui peut nous conduire à la vie.
Amen.
[Site de l’Oratoire]

Répons 
Grand Dieu nous te bénissons, Nous célébrons tes louanges
Éternel nous t’exaltons, De concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, Nous t’adorons, Ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, Nous t’adorons, Ô grand Roi !

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

Lecture biblique : Évangile de Matthieu chapitre 21, versets 28 à 32 (Nouvelle Bible Segond)
(Jésus dit) : Qu’en pensez-vous ? Un homme avait deux fils ; il s’adressa au premier et dit : « Mon enfant, va travailler dans la vigne, aujourd’hui ». Celui-ci répondit : « Je ne veux pas ». Plus tard, il fut pris de remords et y alla. L’homme s’adressa alors au second et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : « Bien sûr, maitre ». Mais il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondirent : Le premier. Jésus leur dit : « Amen je vous le dis, les collecteurs des taxes et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous par la voie de la justice, et vous ne l’avez pas cru. Ce sont les collecteurs des taxes et les prostituées qui l’ont cru, et vous, qui avez vu cela, vous n’avez pas eu de remords, par la suite ; vous ne l’avez pas cru davantage. »

Cantique : Louange et Prière n°216 « Seigneur que ton règne adorable », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

Prière d'illumination
Je vous invite encore à la prière :
Éternel, nous venons d’entendre des mots de la Bible, des mots connus, peut-être trop connus et usés par nos habitudes ; peut-être trop entendus et abimés par nos désobéissances.
Mais ce matin, donne-nous d’y entendre ta Parole vivante, que ton esprit nous atteigne au plus profond de nous-mêmes, qu’il lève nos défenses, nos méfiances et nos doutes afin que ta parole rencontre nos intelligences, nos cœurs et nos vies, qu’elle les éclaire et les nourrisse. Amen
[Marcel Manoël]

Orgue

Prédication : Insondable ambivalence humaine

Amis, frères et sœurs,

Je vous le demande : pourquoi Jésus raconte-t-il une histoire aussi compliquée. Cela aurait été si simple qu’il raconte une histoire que l’on comprenne du premier coup et qui aurait pu alors être celle-ci : Le premier fils dit non, pour aller travailler dans la vigne, et effectivement, il n’y va pas. Le second fils dit oui pour aller travailler dans la vigne et effectivement, il y va ! Enfin l’Évangile aurait été simple et clair comme de l’eau de roche ! Eh bien, non ! Jésus raconte quelque chose qui nous dérange. Qu’il est agaçant ce fils qui dit non, et qui change d’avis, en allant quand même travailler dans la vigne. Et qu’il est agaçant de la même manière, cet autre fils, qui dit oui, et finalement, qui n’y va pas. Nous n’aimons pas bien les gens qui agissent comme ça. Ces deux fils se contredisent. Comment pouvons-nous compter sur eux ? Et finalement, sur lequel pourrait-on le plus compter ? Celui qui dit oui, et ne le fait pas ? Celui qui dit non, et qui le fait quand même ? Ce n’est pas évident. Avant d’aller plus loin dans notre réflexion, rappelons-nous que la parabole est un procédé littéraire pour nous faire réfléchir. Et dans celle-ci, la présence des deux fils est là pour confronter deux attitudes.

Et tout d’abord, à qui Jésus s’adresse-t-il, quand il raconte cette histoire ?
Jésus vient d’entrer à Jérusalem. La fête des Rameaux est passée. Jésus a chassé les vendeurs du Temple ; il a maudit le figuier, et son autorité est mise en question par les grands-prêtres et les anciens du peuple quand il enseigne dans le Temple de Jérusalem. Ils lui demandent : qui t’a donné cette autorité ? Est-ce Dieu, ou Satan, ou les hommes, ou toi-même ? La parabole des deux fils est la première réponse que Jésus va tenter de leur faire. Jésus reproche beaucoup aux scribes et aux Pharisiens de dire et de ne pas faire. Alors quand Jésus parle des deux fils de la parabole, c’est pour dénoncer plus largement deux attitudes religieuses : l’une qui consiste à dire oui, mais à ne pas faire, et l’autre, qui consiste à dire non, mais à faire quand même. La tension entre le « dire » et le « faire » est constante dans l’Évangile. Et finalement, le plus important, ce n’est pas tant ce qu’on dit que ce qu’on fait.

Deux fils, deux attitudes. Le père s’adresse au premier fils, dont on peut supposer qu’il est l’ainé, puis au second, dont on peut supposer qu’il est le cadet. Dans la symbolique biblique, l’ainé représente Israël, qui connait le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Moïse et les prophètes, et le cadet représente le monde païen, qui ne connait pas le Dieu d’Israël, ni les prophètes. Mais Jésus s’adresse aux grands-prêtres du Temple de Jérusalem, et aux pharisiens, au fils ainé en quelque sorte, à qui il reproche justement de dire et de ne pas faire.

Il y a une inversion qui ne colle pas. Cette parabole est suffisamment complexe, pour que les divers manuscrits diffèrent, et à ce titre, je vous renvoie à la prédication sur ce sujet du pasteur Marc Pernot, en août 2010, ici-même : « Cette parabole est une énigme depuis toujours ; la preuve, c’est que les meilleurs manuscrits de la Bible ne sont pas d’accord entre eux. Selon les uns, le bon fils est celui qui dit non et qui change d’avis (manuscrits Sinaïticus et Vaticanus). Selon les autres le bon fils est celui qui dit oui mais qui ne fait rien (codex Bezae, Vetus latina, traduction syriaque) ! »

Dire et faire, c’est le fil conducteur de tout l’Évangile. D’ailleurs, Jésus n’a-t-il pas commencé son ministère, au chapitre 5 de ce même évangile de Matthieu, par le sermon sur la montagne, où il passe du temps à expliquer comment faire attention à l’autre, aux mots qu’on utilise, car dit-il, il y a des mots qui blessent ou qui tuent tout aussi radicalement qu’un coup de couteau (Mt 5:21-24). Par une autre parabole, celle du « Jugement dernier », (Mt 25:31-46), Jésus rend attentif son auditoire aux grandes déclarations religieuses sur la justice et l’aide aux plus pauvres, qui finalement ne sont pas appliquées sur le terrain par une solidarité concrète.

Parce que, que veut dire « travailler à la vigne » ? La vigne dans la Bible, c’est à la fois le peuple d’Israël, comme c’est exprimé en particulier au livre d’Ésaïe (chap. 5) et plus largement, c’est l’ensemble de l’humanité au sens large, et c’est l’ensemble de notre humanité composée de nos individualités. Donc la vigne, c’est chacun, chacune de nous. La vigne dans les vignobles demande beaucoup de soins et une attention constante. Alors, quand le père appelle ses fils à travailler dans la vigne, métaphore de notre humanité, il appelle ses enfants à prendre soin en quelque sorte de l’humanité des autres. Travailler à la vigne, c’est l’engagement auquel nous sommes appelés aujourd’hui, en Église, par l’intermédiaire de l’Entraide.

Et Jésus pose la question inévitable : entre celui qui dit non, et qui fait tout même et celui qui dit oui mais ne fait pas, lequel a obéi à la volonté du père ? Les grands-prêtres et les pharisiens risquent une réponse : c’est celui qui dit non et qui fait quand même. Et cette réponse débouche sur un développement troublant de la part de Jésus : en vérité je vous le dis, les collecteurs de taxes (ou d’impôts) et les prostituées vous devancent ou vous précèdent dans le Royaume de Dieu. Jésus prend en exemples les deux catégories de personnes les plus réprouvées à son époque : les femmes de mauvaise vie et les collecteurs de taxes. Ceux qui sont impurs, par rapport à la Loi de Moïse mais qui sont capables de se convertir. Pourtant, il y a dans la Bible des prostituées et des collecteurs de taxes qui ont fait leurs preuves et qui sont considérés comme justes. Je pense à deux d’entre elles qui ont leur nom dans la généalogie de Jésus (Mt 1) Tamar et Rahab. Tamar, la belle-fille de Juda (Gn 38) se déguise en prostituée pour forcer Juda à appliquer envers elle la loi de Moïse sur le lévirat, à laquelle Juda s’était dérobé. Il dira de sa belle-fille que des deux, c’est elle qui est la plus juste. Rahab quant à elle, cachera chez elle des espions israélites, ce qui contribuera à la victoire de la prise de Jéricho. Josué lui laissera la vie sauve ainsi que toute sa maison (Jos 6).
Deux collecteurs d’impôts ont fait aussi leurs preuves : Lévi, appelé par Jésus, à le suivre, et Zachée, repéré par Jésus, dans son sycomore, chez qui Jésus a déjeuné. Jésus dira de Zachée qui lui aussi est un fils d’Abraham, et Lévi, devenu Mathieu l’évangéliste (Mt 9:9-16), invitera Jésus à déjeuner chez lui avec d’autres collecteurs de taxes.
Les autorités religieuses n’ont pas bien supporté les écarts de comportement de Jésus envers les marginaux. Ils ont été jaloux de cette attitude parce qu’ils ont pensé que Jésus préférait les gens de mauvaise réputation à eux qui suivaient la Loi de Moïse. Jésus est à Jérusalem et les pharisiens ne se privent pas d'accuser Jésus de compromission. Mais voilà, la bonne conduite ne confère aucun droit sur Dieu. Pas plus que la mauvaise. La véritable nouveauté de l’Évangile, c’est que Dieu n’aime pas moins les transgresseurs que les gens intègres. Il les aime TOUT AUTANT. Mais c’est ce « tout autant » qui déchaîne le scandale et même l’hostilité des gens pieux et vertueux. C’est ce « tout autant » qui conduira Jésus à la croix.

Mais revenons aux deux fils de la parabole pour découvrir comment cette histoire nous concernent aujourd’hui. Je vous propose de lire cette histoire sous l’angle de la suivance, déjà évoqué les dimanches précédents [voir ici].

Prenons le fils qui a dit oui et qui ne le fait pas. Alors. Pourquoi a-t-il dit oui ? Est-ce qu’il avait bien compris la question ? Il a répondu oui, peut-être un peu trop vite, sans réaliser à quoi cela allait le mener. Il ne le fait pas. Pourquoi ? Est-ce qu’il a peur ? Est ce qu’il a oublié ? Il n’avait pas bien regardé son agenda, et il ne savait plus qu’il avait un autre engagement à la même heure, le même jour. C’est sans doute pour ça qu’il ne va pas dans la vigne. On a le droit de changer d’avis, surtout si on prend conscience qu’il y a une impossibilité de faire ce qui a été demandé. Il vaut mieux sans doute ne rien faire, plutôt que de le faire mal. Mais si on dit oui, et qu’on ne le fait pas, c’est mieux de prévenir et de s’excuser. Dans l’ancien testament, il y a ce proverbe qui dit : Accepter un engagement trop vite sans réfléchir et de réfléchir seulement après, c’est un piège pour l’homme. (Pv 20:25). Peut-être que le fils qui dit oui et qui n’est pas allé dans la vigne s’est souvenu à temps de ce passage de la Bible.

Prenons l’autre fils, maintenant, celui qui dit non mais qui va quand même travailler dans la vigne. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ce fils a fait son chemin d’une certaine façon. Le « non » qu’il a dit était peut-être une défense pour ne pas être dérangé dans ses habitudes. Il a dit non pour pouvoir avoir le temps de réfléchir ? Il a dit non parce qu’il n’était pas sûr de lui, ou parce qu’il était dans la méfiance, ou bien parce qu’il était fatigué, au moment où on lui a fait cette demande. Il a dit non, parce que c’est toujours aux mêmes qu’on demande. Maintenant ça suffit. Mais au fond, la demande fait son chemin. Et le fils change d’avis et va travailler à la vigne, même s’il se dit ou qu’il dit aux autres : cette fois-ci, c’est la dernière fois….

Cette histoire est magnifique de vérité. De notre vérité à nous. Les deux fils représentent les deux côtés de notre propre personne, notre insondable ambivalence humaine. Que ce soit dans la vie quotidienne, à notre travail, dans nos engagements associatifs, familiaux, conjugaux, ou dans notre vie d’Église, un jour on dit non avec la tête, mais on dit oui avec le cœur, comme le cancre de Prévert, à la demande qui nous est faite. Puis la demande fait son chemin, pour aboutir à une vraie conversion intérieure. Les deux fils de la parabole représentent nos contradictions. Un jour on dit oui, mais on ne fait pas, un autre jour on dit non, mais on le fait quand même. Cette histoire parle de chacun d’entre nous, elle parle de notre humanité, de nos sentiments partagés, de notre être intérieur si souvent déchiré. On dit non, mais on le fait quand même, aussi, quand on a du mal à déléguer ou à passer la main. On dit non, et on le fait quand même, parce qu’on pense qu’il n’y a personne qui le fera pour nous, ou pire, qui le fera moins bien que nous. Quel orgueil ! Un orgueil qui dit notre manque de confiance. Et il existe aussi en Église et peut-être tragiquement. Le premier manque de confiance, vous savez lequel c’est ? C’est d’oublier que c’est ensemble que nous formons un corps, celui du Christ, comme le développe si judicieusement l’apôtre Paul (1 Co 12:12-30). On ne forme pas le corps du Christ à soi tout seul, on ne fait pas Église tout seul, pour reprendre une expression actuelle. Alors on peut dire non, et passer la main à quelqu’un d’autre, dans la confiance. Il fera autrement, à sa manière. Cette histoire parle de tous nos ratages. De tous nos actes manqués, ceux que nous reconnaissons, et ceux qui nous passent au-dessus. Cette histoire est là pour nous faire prendre conscience de nos dysfonctionnements qui font apparaître que nous sommes beaucoup moins au clair qu’il n’y paraît. Nous ne sommes pas encore unifiés. Nous sommes toujours divisés. Et vous savez comment s’appelle tout ce qui divise, en grec ? Diabolos. Ce même diviseur qui fera dire à l’apôtre Paul : je fais le mal que je ne veux pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais faire.

Il nous faut tout une vie, pour être au clair avec nous-mêmes, avec les autres, et par conséquent avec Dieu. Ce qui est bien avec cette histoire, c’est qu’elle nous ouvre à une grande tolérance. Elle nous encourage à ne juger personne, trop vite, ni à enfermer quelqu’un dans un fonctionnement, parce que nous avons eu le même que lui, ou que nous l’aurons, tôt ou tard. Nous ne sommes pas parfaits. Heureusement. Cela nous permet d’une part, de ne pas être imbus de nous-mêmes, ni de nous sentir possesseur, voire détenteurs d’une vérité ou bien, d’autre part, cela nous permet d’échapper à la culpabilité ou à la honte de faire tout de travers ou de prendre les mauvaises décisions.
Dans la foi, un seul sait de quoi nous sommes réellement faits : le Dieu de la Bible, le Dieu de l’Évangile, le Dieu de Jésus-Christ. Lui seul sonde les reins et les cœurs, autrement dit notre insondable ambivalence humaine. (Jr 17:10 et Rm 8:27). 
C’est ce que nous disons avec cette phrase : tu nous accueilles tels que nous sommes. Bon d’accord, mais qu’est-ce que cela veut dire, sinon que nous sommes accueillis avec notre impuissance qui nous fait tout le temps changer d'avis ou de direction. C’est de cela dont nous parlons. De nos faiblesses, de nos pauvretés, de nos manques.

Mais, si nous le reconnaissons, par notre appel : « Seigneur, viens à mon aide, viens à notre secours », alors nous sommes sur le chemin de la transformation personnelle, de la conversion. Nous accueillons et nous croyons à une parole libératrice pour nous-mêmes, comme l’ont accueilli en leur temps les prostituées et les collecteurs de taxes à l’appel de Jean le Baptiste. Arrêtons de jouer aux caïds et abandonnons-nous à l’accueil de la vérité de l’Évangile, qui nous fait vivre. Laissons-nous aimer tels que nous sommes, de cet amour sans conditions, celui qui nous aidera à dire un jour : que mon non soit non, et que mon oui soit oui, en toute connaissance de cause, tout en gardant notre cœur dans la paix parce qu’il sera tout simplement unifié. Amen.

Sur ce passage de l'Évangile de Matthieu chapitre 21, versets 28 à 32, on peut aussi lire sur ce site d'autre prédications :

Orgue

Cantique : Louange et Prière n°265 « Ne laisse pas ma foi… », strophes 1 à 3 [cliquer ici]

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Offrande : pour l’Entraide
Orgue

Prière d’intercession
Prière de Tiana ANDRIANAIVOTIANANJAONA (1950-2022) :
Ô Dieu, nous ne pouvons pas vraiment te prier pour que cesse la guerre, car nous savons que tu as fait le monde de telle façon que l’Homme doit trouver le chemin de la paix, tant en lui-même qu’avec son voisin.
Ô Dieu, nous ne pouvons pas vraiment te prier pour que cesse la famine, car tu nous as donné bien assez de ressources pour nourrir le monde entier, si seulement nous les utilisons avec sagesse.
Ô Dieu, nous ne pouvons pas vraiment te prier d’éradiquer l’injustice car tu nous as donné des yeux capables de voir le bien en chaque créature, si seulement nous les utilisons avec sagesse.
Nous ne pouvons pas vraiment te prier, ô Dieu, de faire cesser le désespoir, car tu nous as déjà donné le pouvoir de transformer les taudis et de semer l’espérance, si seulement nous l’utilisons avec sagesse.
Nous ne pouvons pas vraiment te prier, ô Dieu, de faire cesser les maladies, car tu nous as déjà donné une intelligence capable d’imaginer des traitements et de créer les médicaments si seulement nous l’utilisons avec sagesse.
C’est pourquoi, ô Dieu, nous te prions plutôt de nous donner force, détermination et courage,
D’agir, de ne pas simplement prier,
Et être, plutôt que simplement espérer.

Nous rassemblons nos prières dans celle que Jésus a enseignée à ses disciples : Notre Père
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, Mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles, amen.

Exhortation - Bénédiction

Amis, frères et sœurs,
Ainsi, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez unis à lui ; soyez enracinés et fondés en lui, affermis par la foi et débordants de reconnaissance.

Le Seigneur vous bénit et vous garde. Le Seigneur fait resplendir sur vous sa lumière et vous accorde sa grâce. Le Seigneur tourne sa face vers vous et vous donne la paix. Amen.

Répons :
Bénis Ô Dieu nos routes, Nous les suivrons heureux.
Car toi qui nous écoutes, Tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, J’y marche par la foi.
Même au travers des ombres, Ils conduisent à toi.

Orgue
Sortie

Paroles des chants du dimanche 4 septembre 2022

Psaume : Psautier Français n°95 B « Réjouissons-nous au Seigneur », strophes 1, 2 & 4.

[Écouter l'enregistrement en cliquant ici]

Strophe 1
Réjouissons-nous au Seigneur,
Égayons-nous en son honneur ;
Lui seul est notre délivrance.
D’un même élan, venons à lui,
Il sera toujours notre appui ;
Chantons notre reconnaissance.

Strophe 2 
Lui seul est grand, lui seul est Dieu.
Il pose sur les monts neigeux
Sa main qui gouverne le monde.
Il a creusé les océans,
Tiré les terres du néant ;
Partout sa puissance est féconde.

Strophe 3 
En sa présence inclinons-nous
Venez, fléchissons les genoux.
Il nous a fait à son image.
Sur nous il veille et jour et nuit.
Il est le berger qui conduit
Le troupeau de son pâturage.

Strophe 4 
Dieu nous appelle en sa bonté ;
Il dit : “Puissiez-vous m’écouter,
Que votre cœur ne s’endurcisse.
Nul ne sera de mon troupeau,
Nul n’entrera dans mon repos
S’il ne croit pas en ma justice”.

Cantique : Louange et Prière n°216 « Seigneur que ton règne adorable », strophes 1 à 3.

1 - Seigneur que ton règne adorable
S’affermisse enfin parmi nous,
Ce règne à nul autre semblable
Qu’on ne peut hâter qu’à genoux,
Règne auquel ton Esprit incline
Par l’attrait puissant de ta voix,
Règne où la force qui domine,
C’est ton amour, ô Roi des Rois !

2 - S’il est d’abord sans apparence,
S’il ne grandit que lentement,
Telle à nos yeux est la semence
Qu’apporte ou que chasse le vent.

Mais, ô Dieu ! Tu la vivifies :
Voici l’arbre aux puissants rameaux ;
Et sous ses branches agrandies
S’abritent les nids des oiseaux.

3 - Ô Roi que le monde désire,
Qu’il désire et ne connaît pas,
Étends au loin l’heureux empire,
Que tu veux fonder ici-bas !
Qu’il soit vaste autant que la terre,
Qu’il soit pur autant que les cieux,
Et que partout, ô notre Père,
Il rende ton nom glorieux !

Cantique : Louange et Prière n°265 « Ne laisse pas ma foi… », strophes 1 à 3.

Strophe 1
Ne laisse pas ma foi,
      défaillir loin de toi ;
Viens en mon âme ;
Et daigne chaque jour,
Seigneur, de ton amour,
      nourrir la flamme.

Strophe 2
Sois vraiment mon Sauveur,
      déploie en ma faveur
Ta grâce immense :
La foi, l’amour, l’espoir,
Je dois tout recevoir
      de ta clémence.




Strophe 3
Mets en moi ton Esprit
      qui relève et guérit ;
Fais-moi revivre.
Nul ne t’invoque en vain ;
À toi, jusqu’à la fin,
      mon cœur se livre.

Lecture de la Bible

Évangile de Matthieu, chapitre 21, versets 28 à 32


28 Jésus dit : Qu’en pensez-vous ? Un homme avait deux fils ; et, s’adressant au premier, il dit : Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans ma vigne.
29 Il répondit : Je ne veux pas. Ensuite, il changea d’avis, et il alla.
30 S’adressant à l’autre, il dit la même chose. Et ce fils répondit : Je veux bien, seigneur. Et il n’alla pas.
31 Lequel des deux a fait la volonté du père? Ils répondirent : Le premier. Et Jésus leur dit : Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu.
32 Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui. Mais les publicains et les prostituées ont cru en lui ; et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui.


Vidéo du culte entier

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À Voir également