Jean-Henri Grandpierre (1799-1874)

Originaire de Neufchâtel où il est né en 1799 et consacré en 1823, Jean-Henri Grandpierre débute dans le ministère comme pasteur de l’Église française de Bâle. Il vient s'établir à Paris en 1827 pour diriger la Société des Missions évangéliques fondée en 1824.

Les Missions de Paris envoient leurs premiers missionnaires au Lesotho en 1829. Le choix de l'Afrique du Sud a été déterminé par la présence des descendants huguenots réfugiés au Cap depuis la révocation de l’édit de Nantes. En 1833 une seconde équipe, avec Casalis, Arbousset et Gosselin, part à son tour pour le Lesotho, car le gouvernement de Louis-Philippe ne leur a pas donné l'autorisation de s'établir en Algérie en raison des accords passés entre la France et l'Empire Ottoman.

Henri Grandpierre joint à ses absorbantes fonctions de directeur des Missions celles de pasteur de la chapelle Taitbout, qui est aujourd'hui la salle centrale de l'Armée du Salut. [Aujourd'hui église évangélique coréenne] Cette chapelle est alors une église indépendante de l’État. Grandpierre est à la fois un prédicateur et un évangéliste. On l'a surnommé le [Louis] Bourdaloue du Réveil.

Naturalisé français en 1844, il est appelé au poste pastoral officiel des Batignolles. En 1851, il devient suffragant du pasteur Juillerat à L'Oratoire, puis pasteur à l'Oratoire en 1856. Il présidera pendant trois ans le consistoire réformé de Paris.

Cet homme décidé dirige pendant de nombreuses années le journal "L'Espérance", organe de l'orthodoxie réformée. Parmi les 22 publications dont il est l'auteur, on relève les titres suivants : Tristesse et consolation", Le guide du fidèle à la Table sacrée, Les Aspirations chrétiennes.

Henri Grandpierre est le premier pasteur à habiter la Maison presbytérale dès 1865. Sous la Commune, il transforme, à ses frais, la salle Monod en ambulance. Placée au centre des combats entre la rue de Rivoli et la rue Saint-Honoré, la rue de l'Oratoire occupe un emplacement stratégique. La maison presbytérale est investie par les Versaillais. Un officier est tué, une balle traverse l'une des croisés, une autre tue un insurgé dans une cour voisine.

D'une orthodoxie sans nul doute un peu intraitable, Henri Grandpierre a été aussi un homme de cœur, un pasteur dévoué, un prédicateur éminent, un écrivain d'un certain talent. Son influence sur son temps a été presque égale à celle d'Eugène Bersier. Il meurt en Suisse où il s'est retiré, en 1874.

Philippe VASSAUX

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