Pierre Fath
Pierre Fath, né à Paris en 1921 et mort le 3 mai 2012, a été pasteur à l’Oratoire du Louvre de 1978 à 1987. Élevé dans une famille catholique, il entre au séminaire de Saint-Sulpice en 1939 et est ordonné prêtre le 12 mars 1944 dans le diocèse de Paris. Il est aumônier adjoint du lycée Condorcet, puis vicaire de la paroisse Saint-Louis-d’Antin. Mais des doutes sur le conduisent à s’interroger et il en arrive à la conclusion, comme il l’a écrit lui-même, que « certaines thèses catholiques étaient indéfendables, soit scripturairement, soit historiquement. » Il s’entretient avec les pasteurs Marc Boegner et Pierre Maury, et en 1949, il est admis à la faculté de théologie protestante de Paris. Il est consacré au ministère évangélique le 21 mars 1956 dans le temple de l’Oratoire du Louvre.
Le parcours du pasteur Fath, par Philippe Vassaux
Le pasteur Pierre Fath, une figure typiquement parisienne, nous a quitté à l’âge de 91 ans le 3 mai [2012]. Son itinéraire sort de l’ordinaire avec un passage au protestantisme qui n’a pas été facile sur le plan humain en dépit de l’aide du pasteur Georges Marchal qu’il évoquait avec reconnaissance. Il s’en est expliqué lors d’une conférence au collège théologique libéral tenu à la salle de géographie en 1956. Ancien élève de Saint-Sulpice, ancien vicaire à Saint-Louis d’Antin, il a fait des études complémentaires à la Faculté de théologie protestante de Paris où il a soutenu [en février 1956] un mémoire intitulé « Du catholicisme romain au protestantisme évangélique » dont plusieurs chapitres mériteraient d’être réédités.
Pasteur à Cognac [pour son proposannat], puis à Auteuil, à Pentemont et à l’Oratoire du Louvre, il fût très aidé dans son ministère par son épouse Évelyne qui avait un don particulier pour présenter les nouveaux arrivés aux anciens. Ils avaient tous les deux un contact privilégié avec les catéchumènes et les jeunes couples qu’ils aimaient réunir dans leur presbytère de la rue de Rennes pour un dîner suivi de discussions animées. Président de l’important Centre d’action sociale protestant de Paris (CASP) avec une compétence reconnue qui lui a valu d’être nommé chevalier dans l’ordre de la Légion d'honneur, Pierre Fath s’est toujours intéressé à la vie publique. Conseiller pour les affaires religieuses du ministère de l’Intérieur et des cultes, puis du ministre de la Défense ; conférencier de l’Alliance Française, il a été un membre apprécié du Rotary Club de Paris.
Dans la ligne du protestantisme libéral d’A.N. Bertrand dont il se réclamait hautement et du christianisme social de W. Monod, il a manifesté un intérêt tout particulier pour la Clairière, présence sociale de l’Oratoire dans le quartier des Halles. Le verset choisi lors du service religieux en l’Église réformée du Foyer de l’Âme : « Là où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté », 2 Corinthiens 3-17, résume ce qui a fondé la pensée et l’action d’un serviteur de Dieu dont tous ceux et toutes celles qui l’ont connu conserveront longtemps, avec une gratitude émue, le souvenir.
Tel est le témoignage qu’un collègue qui a eu le privilège d’assurer son ministère à ses côtés, sans qu’il y ait eu le moindre nuage entre nous malgré la diversité de nos caractères, tient à apporter à ses enfants et petits enfants, dont il aimait parler avec un visage rayonnant, ainsi qu’à ses nombreux amis.
Philippe Vassaux
Ancien pasteur de l’Oratoire
Article paru dans la Feuille rose n°791, T3 2012 (PDF)
Pour aller plus loin
- Confession de foi, par Pierre Fath : Dieu, je le cherche sans jamais le trouver.
- Sur notre site : liste des pasteurs de l'Oratoire du Louvre