Une joyeuse partie de pêche
Matthieu 4:17-5:3 , Matthieu 13:47-51
Culte du 10 février 2008
Prédication de pasteur Marc Pernot
( Matthieu 4:17-5:3 ; Matthieu 13:47-51 )
(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo)
Culte du 10 février 2008
à l'Oratoire du Louvre
pasteur Marc Pernot
C'est dur d'être au chômage. On est vraiment content si l'on trouve tout d'un coup un travail utile et passionnant. Dans ce passage de la Bible, Jésus embauche 4 hommes. Et il faut croire que ce qu'il leur propose est formidable, car ils n'hésitent pas une seconde. Pourtant il leur propose un drôle de métier. “ Pêcheur d'hommes ”, on ne voit pas tellement ce que cela pourrait être. Les gens ne sont pas des poissons que l'on attrape avec un filet pour les manger. Cela ne veut sûrement pas dire ça, car Jésus attache une importance extraordinaire au développement et au bonheur (Matthieu 5:3) de toute personne.
Alors qu'est-ce que c'est qu'un pêcheur d'hommes ? En fait, c'est un jeu de mot de Jésus, c'est une image. Pierre et son frère André étaient pêcheurs de poissons, alors Jésus leur propose de devenir pêcheur d'hommes. Il aurait pu faire le même jeu de mots pour les 2 autres frères, Jacques et Jean, qui étaient en train de réparer les filets de pêche, Jésus aurait pu leur dire : venez, je vous ferai réparateurs d'hommes, parce que c'est un peu cela aussi, et cela fait aussi partie du projet de Dieu.
Ils étaient 4 pêcheurs de poissons, Jésus leur apprendra à devenir des pêcheurs d'hommes. Ce métier est tout nouveau pour eux, mais en même temps il correspond à ce qu'ils étaient. Cela nous montre un peu ce que c'est que la conversion à laquelle nous invite Jésus. Se convertir, ce n'est pas tout suite de changer, mais c'est regarder dans une nouvelle direction, vers Dieu. C'est être soi-même, mais avec des objectifs nouveaux, des priorités différentes.
Ils étaient pêcheurs de poissons, ils deviendront pêcheurs d'hommes.
Ils ne devaient pas être très à l'aise, au début, parce que rien ne leur disait qu'ils seraient assez doués pour faire ce nouveau métier. Jésus ne leur a pas fait passer de test. C'est normal, parce que la conversion n'est pas une affaire de dons comme pour être musicien ou chercheur en physique quantique. Tant mieux s'ils sont particulièrement doués dans un domaine, mais tout le monde est appelé par Jésus à le suivre, comme il appelle ce jour-là Pierre, André, Jacques et Jean. Autrefois, du temps des hébreux anciens, on pensait que l'appel à être un serviteur de Dieu était réservé à quelques rares personnes choisies par Dieu. En Jésus, nous découvrons que tous, la plus simple comme la plus cultivée des personnes, la riche comme la pauvre, le juif et le romain... chacun est appelé à se convertir et à suivre Jésus, et donc à être embauché dans cet étrange et nouveau métier de pêcheur d'hommes.
Jésus les appelle, puis il les forme en leur montrant comment faire, il parle d'Évangile, de Royaume de Dieu qui s'est approché... Qu'est-ce que cela veut dire et quel pourrait être leur rôle là-dedans, tout cela, ces quatre hommes vont l'apprendre sur le tas, comme nous, en suivant Jésus, en l'entendant annoncer l'Évangile, en le voyant guérir les gens, en l'entendant parler du Royaume de Dieu. Alors, peu à peu, ils deviendront pêcheurs d'hommes, comme le leur avait promis Jésus. Comme nous le promet également Jésus à notre tour.
Pour nous aider à comprendre ce que Jésus entend par là, nous pouvons lire un peu plus loin dans ce même Évangile selon Matthieu un passage où Jésus compare le Royaume de Dieu à un filet de pêcheur jeté dans la mer et qui rassemble des poissons de toute espèce, les bons poissons sont ensuite gardés précieusement et les mauvais sont éliminés du lot, et brûlés comme on le fait avec de vieux poissons pourris.
Cette idée d'aller à la pêche et de ne retenir que ce qui est bon est la base même de la bienveillance proposée par le Christ. L'Évangile, la Bonne Nouvelle du Christ, c'est que Dieu agit comme cela, avec cette bienveillance active pour le monde et pour chaque personne. Face au monde, face à une personne que nous rencontrons et face aussi à notre propre existence nous pouvons ainsi aller à la pêche, chercher sous la surface, sous l'apparence en espérant trouver quelque chose de vivant et de bon. Quand on va ainsi à la pêche, on retire plein de choses, du bon et du mauvais. Nous sommes tous comme ça, et c'est toujours comme cela quand on connaît mieux quelqu'un. Mais ce n'est pas grave, nous dit Jésus, l'essentiel c'est qu'il y a toujours au moins un petit poisson vraiment bon.
Aller à la pêche comme nous le propose Jésus c'est ce que l'apôtre Paul appelle l'espérance, une des trois qualités fondamentales avec l'amour et la foi (1 Cor. 13). Souvent, quand un pêcheur jette son filet dans la mer il ne voit pas ce qu'il y a en profondeur sous la surface de la mer, il jette son filet dans l'espérance qu'il y a là quelques bons poissons.
Notre mission de chrétien, c'est d'abord de choisir d'avoir cette espérance-là, à l'exemple du Christ. En regardant le monde avec les lunettes de l'espérance, nous croisons les mêmes personnes, nous sommes toujours Pierre, André, Jacques ou Jean... et pourtant notre regard est différent d'un regard naturel, il s'est converti en une façon d'aller à la pêche au-delà de la surface des existences et des êtres jusqu'à découvrir ce qu'il y a d'humain, de bon, de vivant en profondeur.
À cette espérance du pêcheur jetant son filet, le Christ ajoute la bienveillance ou la miséricorde. Dieu va à la pêche, il ramasse tout ce qu'il trouve, et il fait ensuite le tri pour les garder les bons poissons et jeter les mauvais. Il y a des gens qui font l'inverse de Dieu, ils vont à la pêche en espérant trouver du mauvais et retiennent précieusement le mauvais et se dépêchent de cacher ou de détruire ce qui est bon. Quand on y pense, c'est assez étrange, comme attitude, cela rend la vie de ces gens terriblement difficile et ils pourrissent aussi un peu la vie des autres autour d'eux. Il y a d'autres personnes qui vont à la pêche et qui gardent tout ensuite, sans trier. C'est très gentil, comme attitude, c'est moins diabolique que le pêcheur de méchanceté, mais cela ne fait pas plus avancer les choses que le pêcheur qui fait la grève (sur la grève).
Le Christ associe donc l'espérance active et la bienveillance. L'action de Dieu, ou son règne, c'est d'aller à la pêche de ce qui est bon, il en trouve toujours, et de vraiment le faire vivre, et de le garder en vie pour toujours. Voilà ce que fait Dieu. Son Royaume qui vient, ou plus exactement son règne, son action qu'il met à notre portée, c'est cela : une espérance et un amour puissants. Dieu saura bien dénicher la moindre étincelle d'humanité et de bonté en chacun de nous, et il nous aidera à nous libérer de ce que l'on peut appeler le péché, de tout ce qui nous aveugle, de ce qui nous empêche d'avancer, de ce qui nous tire vers le bas, de ce qui nous fait faire du mal... et il nous fera ainsi vivre.
Seul Dieu peut accomplir cette œuvre de libération de l'humain. Et encore, même lui ne peut le faire que progressivement et dans la mesure où nous le laissons nous construire, nous purifier, nous réparer.
Dans ce projet de Dieu, quelle est notre place comme pêcheur d'homme ? C'est d'annoncer le Royaume de Dieu comme on jette un filet dans la mer. C'est ce que fait Jésus ici, ce sont ses premières paroles (Matthieu 4:17). Nous le voyons ensuite faire avec Pierre, André, Jacques et Jean. Il va un peu partout “-annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi la population.” (Matthieu 4:23)
Car, oui, la venue du Royaume de Dieu est pour chacun une excellente nouvelle, non pas une menace comme pouvaient le croire certains. Ce “ filet jeté à la mer ” qu'est le Royaume selon Jésus, ce n'est pas pour nous emprisonner ou pour nous manger mais pour nous libérer et nous faire vivre. Et ce jugement qui faisait si peur aux gens, ce jugement c'est l'amour, c'est le pardon, c'est la miséricorde de Dieu, c'est une puissance qui nous purifie de nos maladies et de nos infirmités spirituelles.
S'il est si important d'annoncer que l'offre de Dieu est une bonne nouvelle, c'est que même Dieu ne peut travailler, ou ne veut travailler si la personne le refuse. Jésus nous apprend à annoncer que la venue de l'action de Dieu en nous est une excellente bonne nouvelle. Il arrive alors que la personne s'ouvre par la foi à cette puissance de Dieu qui fait avancer notre création.
Comme pêcheur d'hommes, nous sommes donc embauchés pour annoncer le Royaume qui vient, comme Jésus le montre à ces 4 frères qu'il forme à ce métier. Voici ce que Jésus annonce en premier dans sa prédication à la foule sur la montagne : “ Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! ” (Matthieu 5:3). Il annonce ainsi que le projet de Dieu c'est de nous faire vivre et de nous faire vivre heureux. Son Royaume s'est tellement approché qu'il suffit de tendre la main pour le saisir, comme un filet de sauvetage jeté vers nous, jeté en nous. “ Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! ” Jésus nous dit de demander à Dieu son Esprit comme un pauvre demande du pain, comme quelque chose qui nous est indispensable pour vivre. Demander ainsi à Dieu son Esprit c'est le laisser travailler en nous pour faire vivre tout ce qu'il y a de bon en nous.
Mais Matthieu nous dit ici que Jésus ne guérissait pas seulement les infirmités spirituelles, mais toutes les infirmités des gens (dans la mesure où ils le rendaient possible par leur foi selon Marc 6:4). C'est vrai que son Royaume à lui, au Christ, n'est pas de ce monde, et donc que guérir les yeux malades et les jambes qui ne marchent pas ne faisait pas directement partie de sa mission. Cela ne fait pas non plus directement partie de notre mission de pêcheur d'hommes. Pourtant, Jésus guérissait des gens de leurs maladies physiques, nous le savons. Pourquoi ? Parce qu'il aimait les gens et qu'il avait mal en les voyant souffrir. Il le faisait par simple humanité, comme bien des athées qui ont du cœur le font aussi, d'ailleurs. Et puis nous savons bien que l'être humain est un tout. Certes, l'essentiel est bien cette capacité qu'à l'homme de vivre par la foi, l'espérance et l'amour. Mais nous sommes ainsi faits que quand notre corps va mal nous avons du mal à penser à autre chose, et qu'alors notre capacité à espérer, à aimer et à avoir foi en Dieu peuvent être handicapées.
Être pêcheur d'hommes c'est donc très utile et assez intéressant. Nous n'avons rien à vendre, ce que nous offrons ne vient pas de nous, mais nous avons de temps en temps la joie de voir une personne sur le chemin d'une formidable évolution. Pour cela, nous n'avons qu'à regarder les gens avec la conviction qu'il y a un incroyable trésor d'humanité en eux, et leur annoncer la Bonne Nouvelle à notre façon, comme un pêcheur lance le filet dans la mer, la Bonne Nouvelle que Dieu peut, de plus en plus, donner vie à ce trésor d'humanité.
Que Dieu nous bénisse ainsi.
Amen.
Lecture de la Bible
Matthieu 4:17-5:3
Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.
Il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent.
De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets. Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques; et il les guérissait.
Une grande foule le suivit, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d’au-delà du Jourdain. Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!
Matthieu 13:47-51
Le royaume des cieux est semblable à un filet de pêcheur jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute sorte.
Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent; et, après s’être assis sur le rivage, ils mettent dans des vases ce qui est bon, et ils jettent ce qui est mauvais.