Soyez le Moïse et le Lévite les uns des autres

Jean 15 :9-12 , Deutéronome 10 , Jean 14 :23-26

Culte du 15 février 2009
Prédication de pasteur Marc Pernot

( Deutéronome 10:1-11 ; Jean 14 :23-26 ; Jean 15 :9-12 )

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Culte du 15 février 2009 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot

En Jésus-Christ, chacun de nous est un nouveau Moïse, à notre niveau, c’est ce que nous voyons dans le passage de l’Évangile selon Jean que je vous ai lu. Jésus reconnaît que tout ce qu’il a pu dire et faire ne suffit pas, nous devons recevoir nous-même, chacun en particulier, la révélation de Dieu. Jésus nous a pourtant donné des paroles essentielles qui complètent celles de Moïse et des prophètes, et qui proposent une nouvelle interprétation de ces paroles anciennes, mais cela ne suffit pas, les paroles du Christ ne contiennent pas à elles seules tout l’Évangile, tout ce que Dieu veut nous dire, et c’est heureux, nous dit Jésus, car cela nous place dans une position extraordinaire. L’Esprit, ou le paraclet (en grec) nous enseignera toutes choses. Bien des sectes ont repris ce quote avec joie, disant : voilà, celui que la Bible annonçait, le Paraclet qui nous enseignera toute chose c’est lui, c’est le grand fondateur de notre église, c’est lui qui est le prophète ultime nous enseignant toute chose, c’est lui le messie cosmo planétaire, Dieu lui a donné des plaques en or, ou lui a soufflé à l’oreille tout ce que nous devions encore savoir. Mais si on regarde ce que dit vraiment ce passage de l’Évangile, Jésus n’annonce pas la venue d’un unique prophète mais il annonce que ce paraclet est l’Esprit de Dieu qui sera donné à quiconque le désire. Ce paraclet n’est donc pas un homme, mais une force qui nous habite, c’est la présence de Dieu qui vient demeurer en nous comme elle demeure en Christ. Cette promesse est déjà accomplie en partie pour chaque personne qui s’ouvre un tant soit peu à Dieu. Nous sommes donc, chacun en particulier, comme Moïse qui reçoit de Dieu les 10 paroles et qui les transmet aux siens.

L’Esprit vous enseignera toutes choses, nous dit Jésus. Nous avons besoin de cela pour appliquer les principes très généraux proposés par Jésus. Il nous a montré la façon d’être de Dieu, il nous a dit d’avoir confiance en lui, d’espérer sa présence. Il nous a proposé ce commandement de nous aimer les uns les autres comme lui, Jésus nous a aimés, comme Dieu lui-même l’a aimé (Jean 15 :9). Effectivement, cela éclaire toute situation d’un jour nouveau mais… mais c’est si général qu’il reste une infinité de choses à apprendre pour pouvoir tracer son propre chemin.

  • Dieu nous aime, mais qu’attendre de lui concrètement pour faire face à la situation qui est la mienne aujourd’hui ? Quel cheminement me propose t-il ? Quelle vie ?
  • Ce serait avec plaisir de pouvoir aimer et donner un coup de main à quelqu’un, mais qui dois-je aimer concrètement aujourd’hui et comment, que faire, quel geste, quelle parole puis-je avoir pour l’aider à avancer ?
  • Et puisque dans ce « aimez-vous les uns les autres », Jésus nous propose de nous laisser aimer, alors aujourd’hui, y a t-il un autre que Dieu envoie spécialement pour m’aimer, pour m’aider, pour m’éclairer et m’encourager ?

Comme les hébreux, nous avons mille choses encore à apprendre de Dieu, mille pardons à recevoir pour arriver à changer, mille forces à recevoir pour avancer dans le désert. Mais nulle loi universelle ne pourra nous dire précisément ce dont chacun a besoin aujourd’hui, en particulier. C’est d’une parole neuve, unique, vivante dont nous avons besoin. Cette Parole unique, elle naît d’une rencontre, d’un dialogue entre l’Esprit et nous, comme les 10 paroles naissent du doigt de Dieu écrivant sur les tables de pierre taillées par Moïse.

L’Esprit ne fait pas seulement de nous un homme développé, mais un nouveau Moïse, à notre mesure. Car ce n’est pas uniquement pour nous-mêmes que nous recevons l’Esprit. Nous recevons l’Esprit pour être le Moïse les uns des autres. Cela ne veut pas dire que nous pourrions penser être supérieur aux autres et avoir autorité sur eux, comme Moïse parmi son peuple.

Être le Moïse les uns des autres, c’est d’abord reconnaître le Moïse qui est dans l’autre ce qui est bien précieux car ce n’est pas si facile d’être Moïse, en réalité. Quand Dieu nous dit quelque chose, c’est moins clair que quand Dieu met dans les mains de Moïse les tables gravées. En effet, cet Esprit qui « nous révèlera toute chose », c’est une puissance, nous dit Jésus, qui vient demeurer en nous. Mais au plus profond de nous-mêmes, il n’y a pas que l’Esprit qui parle, il y a aussi, heureusement, tout ce qui fait notre personnalité profonde, tout un tas de désirs conscients ou inconscients et les traces de notre histoire… Même si l’Esprit est, si je puis dire, à un niveau encore plus profond que tout cela, vu de notre conscience il n’est pas facile de dire ce qui nous vient de l’Esprit et ce qui nous vient d’ailleurs. Il nous faut donc, avec humilité, avec un esprit scientifique, si l’on veut, recouper les informations en discutant avec d’autres Moïse, mais aussi, comme le grand Moïse, monter et remonter sur la montagne de la réflexion et de la prière avant de décider n’importe quoi. Nous sommes si influençables et si prompts, tantôt à l’héroïsme et tantôt à trouver de bonnes excuses pour ne rien faire, nous sommes influencés par mille préjugés qui nous semblent une pure vérité, ou poussés à agir par réaction contre telle personne, ou suite à tel événement, tel sentiment...

  • Soyons donc Moïse pour nous mêmes, montant sur la montagne, seul, priant et mûrissant tout cela 40 secondes ou 40 jours s’il le faut.
  • Demandons nous si telle personne, à cet instant, ne serait pas un Moïse pour nous, avec humilité mais aussi avec grande prudence (Matt. 10 :16)
  • Et osons parfois nous sentir appelé à être d’une certaine façon le Moïse d’un autre, pour l’aider à tourner une page difficile et à se remettre en route d’une nouvelle façon. Cela demande, là encore, beaucoup d’humilité et de prudence.

Tout cela, c’est vrai, est très délicat à manier, mais toute chose importante l’est dans la vie en ce monde, toute responsabilité véritable est délicate. Nous sommes pourtant, tels que nous sommes, investis de la mission de nous aimer les uns les autres comme Christ nous a aimé, rien de moins ! Et cela comprend le fait d’être un peu le Moïse les uns des autres. Nous sommes donc capables de le faire, déjà un peu, puisque l’Esprit nous a été donné. L’Esprit nous a été donné puisque, comme le dit Jean dans sa 1ère lettre, nous sommes déjà capable d’aimer parfois un peu (1 Jean 4:7).

Mais notre mission ne s’arrête pas à celle de Moïse. Aussitôt descendu de la montagne, Dieu donne une vocation également aux Lévites, la 13e tribu d’Israël, à la vocation bien différente de celle des 12 autres.

Tout ce petit monde et leurs vocations respectives ont été interprétés par les théologiens des premiers siècles de notre ère comme nous permettant de mieux comprendre les différentes facettes de notre être (voir Philon d’Alexandrie, Irénée de Lyon, Origène). Moïse est une figure du croyant qui reçoit directement la Parole de Dieu et intercède pour les autres, les Lévites évoquent cette composante de nous-mêmes qui garde l’alliance avec Dieu, et les 12 autres tribus évoquent nos différentes autres facultés utiles et bonnes pour vivre en ce monde. Notre foi doit être en nous comme les Lévites qui n’ont pas de territoire particulier mais qui sont dispersés sur les territoires des 12 autres tribus, la foi doit ainsi être utile partout, au service de tout notre être, interpellant l’ensemble et intercédant pour l’ensemble.

Les Lévites se voient confier l’arche d’alliance contenant les tables des 10 paroles données par Dieu à Moïse. Ils vont ainsi les garder, les emmener au cœur de l’action pour le peuple tout entier. Ils jouent un peu le rôle d’une glacière dans laquelle on met des provisions, que l’on emporte en voyage ou au travail, que l’on peut même envoyer à un proche pour le dépanner. Les Lévites gardent ainsi les 10 paroles reçues par Moïse. C’est utile, car finalement, ces moments essentiels où Dieu nous parle sont des moments exceptionnels quand Dieu estime que nous avons besoin d’être secouru libéré, remis en route, ou ressuscité. Il nous arrive de rater le coche, mais Dieu est habile et patient, quand nous ratons un premier mont Sinaï il en prépare d’autres pour nous jusqu’à ce que nous nous ouvrions enfin à son aide. Mais la plupart du temps, Dieu n’est pas tellement intrusif, et tant qu’il reste discret c’est que nous ne nous débrouillons pas si mal avec ce qu’il nous a déjà donné et nos propres forces. C’est alors le temps d’être le Lévite les uns des autres.

La mission des lévites est décrite par quatre infinitifs : « En ce temps-là, l’Eternel sépara la tribu de Lévi, et lui donna :

  1. de porter l’arche de l’alliance de l’Eternel,
  2. de se tenir devant l’Eternel
  3. d’agir pour lui,
  4. et de bénir le peuple en son nom. » (Deutéronome 10:8)

Nous avons la mission de garder le souvenir des paroles reçues, de les porter avec nos corps, avec nos vies. Ce coffre en bois c’est le signe visible de ce que nous avons reçu de Dieu, c’est l’amour que nous avons les uns pour les autres, c’est aussi la Bible, notre culte, nos sacrements, nos livres de théologie et de prières, c’est aussi le témoignage de ce qu’a pu produire en nous la foi. Tout cela sont des choses humaines, dans un sens, comme ce coffre rugueux et ces tables de pierre fabriquées par Moïse, mais ces simples produits d’artisanat portent la trace de paroles vives de Dieu. Et il y a là un témoignage d’une force qui nous dépasse, c’est une puissance de transformation offerte pour les générations présentes et futures.

2) Se tenir devant l’Éternel

Le fait de se tenir devant Dieu, c’est le cœur même de la prière. C’est une attente toute simple, calme, silencieuse et confiante de ce qu’il nous donnera. Quand nous recevons la Parole, nous sommes comme un Moïse. Quand nous n’en recevons pas, nous pouvons être comme un Lévite, dans une attente et une recherche de Dieu. Qu’importe si aujourd’hui nous ne croyons pas tout à fait assez bien en Dieu, l’essentiel est de le chercher, c’est déjà se tenir debout devant lui.

3) Agir pour l’Éternel

Porter ce qui vient de Dieu et attendre ce qui vient de lui n’est que la moitié de la vocation du Lévite, l’autre moitié est un service, une action nourrie par cette méditation et cette prière. Il y a tant de croyants qui se tiennent devant Dieu pour lui demander ses services plutôt que de se mettre à son service, tant de croyants qui tentent d’attirer l’attention de Dieu sur tel et tel problème, qui vont même jusqu’à lui dire ce qu’il devrait faire pour améliorer le sort du monde ! Seigneur, nourrit les affamés, Seigneur faix la paix dans tel région en guerre, Seigneur aide les réfugiés, Et Seigneur aides-moi à ceci et à cela… C’est une autre attitude qui nous est ici proposée. C’est se ternir devant Dieu comme Samuel, et dire « parle, Seigneur, ton serviteur écoute » et puis tenter d’agir effectivement pour créer, annoncer, guérir, libérer… faire vivre. Se ternir devant l’Éternel et dire comme Ésaïe « me voici, envoie moi », ou comme Jésus « que ta volonté soit faite »… Ce n’est pas une soumission à Dieu, ce n’est pas l’écrasement de notre volonté propre, mais c’est recevoir de lui quelque chose qui nous rend capable de faire le petit quelque chose qui donne la vie, à notre façon, avec juste en plus une certaine force d’aimer et une clairvoyance des enjeux.

4) Bénir le peuple en son nom

Cette bénédiction n’est pas une syllabe magique qui porte chance aux copains, la bénédiction au nom de Dieu serait plus comme une joie communicative. Une joie grave et forte qui donne envie de chercher Dieu et de lui faire confiance, et peut-être le d’avoir envie d’ouvrir le coffre de l’alliance et de commencer à fouiller dedans, ou de se tenir debout devant un Dieu que l’on espère, ou de se détourner pour voir quand, par une étrange coïncidence, nous croisons un buisson d’épines qui brûle sans se consumer, et rencontrer Dieu, ainsi, alors que nous ne le connaissions pas (Ex. 3).

Amen

Lecture de la Bible

Deutéronome 10:1-11

L'Eternel me dit: Taille deux tables de pierre comme les premières, et monte vers moi sur la montagne; tu feras aussi une arche de bois. 2 J’écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées, et tu les mettras dans l’arche.

3 Je fis une arche de bois d’acacia, je taillai deux tables de pierre comme les premières, et je montai sur la montagne, les deux tables dans ma main.

4 L’Eternel écrivit sur les tables ce qui avait été écrit sur les premières, les dix paroles qu’il vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, le jour de l’assemblée; et l’Eternel me les donna.
5 Je retournai et je descendis de la montagne, je mis les tables dans l’arche que j’avais faite, et elles restèrent là, comme l’Eternel me l’avait ordonné.

6 Les enfants d’Israël partirent de Beéroth-Bené-Jaakan pour Moséra. C’est là que mourut Aaron, et qu’il fut enterré; Eléazar, son fils, lui succéda dans le sacerdoce. 7 Ils partirent de là pour Gudgoda, et de Gudgoda pour Jothbatha, pays où il y a des cours d’eau.

8 En ce temps-là, l’Eternel sépara la tribu de Lévi, et lui ordonna de porter l’arche de l’alliance de l’Eternel, de se tenir devant l’Eternel pour le servir, et de bénir le peuple en son nom: ce qu’elle a fait jusqu’à ce jour. 9 C’est pourquoi Lévi n’a ni part ni héritage avec ses frères: l’Eternel est son héritage, comme l’Eternel, ton Dieu, le lui a dit.

10 Je restai sur la montagne, comme précédemment, quarante jours et quarante nuits. L’Eternel m’exauça encore cette fois; l’Eternel ne voulut pas te détruire.

11 L’Eternel me dit: Lève-toi, va, marche à la tête du peuple. Qu’ils aillent prendre possession du pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner.

Jean 14:23-26

Jésus dit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.
24 Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé.
25 ¶ Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous.
26 Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

Jean 15 :9-12

Jésus dit: Comme le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour.
10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j’ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour.
11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
12 C’est ici mon commandement: Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.

 

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