Les apôtres dirent au Seigneur : Augmente-nous la foi.
Romains 07:14-25 , Luc 17:3-10 Psaume 1
Culte du 21 janvier 2007
Prédication de pasteur Marc Pernot
( Luc 17:3-10 ; Psaume 1 ; Romains 7:14-25 )
Culte à l'Oratoire du Louvre,
le 18 mars 2007 par le pasteur Marc Pernot
Comme lecture pour ce dimanche, j'ai choisi ce passage de l'Évangile où les disciples disent à Jésus “ Seigneur augmente-nous la foi ” car il me semble que ça résume bien la mission de l'Église d'être un lieu où des hommes et des femmes peuvent ensemble chercher le développement de leur foi, dans la réflexion, la prière, et le service de l'autre.
Cette prière des disciples se trouve dans un texte de l'Évangile selon Luc assez curieux, passant du coq à l'âne sans logique évidente. C'est fréquent dans la bouche de Jésus, et ce n'est certainement pas une erreur, ni de Jésus, ni des évangélistes qui n'étaient pas idiots non plus. D'ailleurs, un des principes de la lecture de la Bible, déjà bien établi au 1er siècle, dit que quand des passages contigus n'ont apparemment aucun rapport entre eux, c'est pour nous inviter à chercher ce lien et nous faire découvrir ainsi une réalité plus profonde. C'est ce que nous allons chercher à faire ici.
Dans le texte de l'Évangile selon Luc que nous avons entendu, il y a 3 ou 4 épisodes liés ensemble du point de vue littéraire mais dont les sujets semblent n'avoir aucun rapport entre eux.
Nous avons premièrement cet enseignement où Jésus nous parle du pardon. Jésus est ici très prudent, beaucoup plus que d'habitude, en fait. Ce même Évangile selon Luc nous donne des paroles qui vont infiniment plus loin qu'ici.
- Comme dans cette phrase où Jésus nous dit que l'idéal est d'aimer et bénir même ses ennemis, comme Dieu lui-même le fait sans cesse pour chacun de nous. (Luc 6:27)
- Jésus est vraiment radical aussi avec cette parabole de la brebis perdue (Luc 15:4) qui nous propose de tout quitter pour partir à la recherche de celui qui s'est perdu sans nous lasser jamais, comme Dieu lui-même le fait.
- Il y a enfin cette prière de Jésus en faveur des soldats romains qui sont pourtant en train de se moquer de lui et de l'exécuter à mort ! (Luc 23:34)
Par rapport à ces autres passages, ce que Jésus nous propose ici est vraiment le minimum : juste de pardonner à son frère quand il vient s'excuser du tort qu'il nous a fait. C'est vrai que c'est une bonne chose, surtout que la faute commise dans cet exemple a l'air d'être une petite chose méchante qu'il peut nous arriver de faire plusieurs fois dans la même journée.
Dans ce cas, il devrait être assez facile de pardonner. Le gros effort, c'est plutôt celui qui a le courage d'aller s'excuser qui le fait. Jésus nous dit que ce serait dommage de notre part de gâcher ce geste de paix en refusant de pardonner.
D'accord ? Oui, sauf que nous savons tous qu'il est difficile de se forcer à pardonner. C'est pour ça que l'exemple donné ici par Jésus est intéressant. Si quelqu'un recommence à faire la même faute alors qu'on vient d'accepter ses excuses, c'est déjà énervant, mais s'il recommençait 7 fois dans la même journée, la plus patiente des personnes s'énerverait et l'enverrait se promener, non ? C'est ça que Jésus met en avant avec cet exemple, à mon avis. Bien souvent, c'est la colère et l'énervement qui nous rendent incapable de faire le bien que l'on sait devoir être fait pour notre bien et pour celui des autres.
Alors, quelle est la solution ? C'est ce que l'on voit dans le 2e épisode de ce texte curieux. Les disciples de Jésus ont raison, la clef est une question de foi. Il nous arrive à tous de ne pas être maître de nous-mêmes, de ne pas arriver de pardonner même une petite chose ou de faire encore et encore la même méchanceté envers des personnes que nous aimons... Bien souvent, la colère, l'énervement, notre immaturité, ou je ne sais quel autre repli de notre personnalité nous conduisent à faire le mal que nous ne voudrions pas et nous empêchent de faire le bien que nous voudrions faire (Rom. 7:14-25). Tout le monde est comme ça. Les disciples ont raison de chercher dans la foi la solution.
La réflexion et la volonté participent à notre développement, mais il est très difficile d'améliorer un tant soit peu son propre caractère. La solution, nous disent les disciples, c'est de chercher la foi comme source d'un vrai développement de notre personnalité. Très bien. Mais comment faire pour développer sa foi. N'est-ce pas repousser le problème, le rendre encore plus difficile ? Les disciples ont alors une idée : ils demandent à Jésus d'augmenter leur foi. Voilà une bonne idée, si Jésus développait leur foi, ils seraient plus fort du point de vue spirituel, et du coup leur être, leur moral, leur maîtrise d'eux-mêmes, leur amour, leur connaissance du bien, et leur motivation pour faire le bien grandiraient, et ils seraient alors capables de pardonner 77 fois dans la même journée à un coquin qui fait tout pour nous énerver.
Les disciples croient avoir trouvé la solution, mais est-ce vraiment une bonne idée de demander à Jésus d'augmenter notre foi ? Ça semble bien, mais Jésus leur répond d'une façon mitigée, étrange, d'abord avec cette histoire d'arbre jeté dans la mer, puis par une parabole qui semble n'avoir aucun rapport.
Jésus leur dit d'abord : Si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à ce sycomore de se jeter dans la mer, il le ferait !
Qu'est-ce que veut dire Jésus avec cette histoire ? Qu'est-ce que ça apporte comme réponse à la prière des disciples qui lui demandent d'augmenter leur foi pour qu'ils soient capables de pardonner même à ceux qui les énervent ?
Jésus leur répond qu'en réalité, leur foi n'est pas trop petite pour faire déjà ce miracle. Oui, nous dit Jésus, avec cette histoire, purifier notre être de ce qui ne va pas en nous est un prodige impossible à réaliser avec des forces humaines. Le savoir, la réflexion, les efforts sont utiles, mais ils ne suffisent pas en soi à nous rendre maître ne serait-ce que d'une petite chose comme l'énervement provoqué par un coquin qui se paye notre tête. Par la foi, nous pouvons faire ce genre de prodige.
Dans ce sens, Jésus approuve ainsi les disciples, mais il leur dit que leur foi est déjà bien assez grande pour faire ce genre de prodiges. Il nous dit que notre foi à nous, qui n'est certainement pas nulle, suffit donc déjà pour accomplir des prodiges dans notre être. La question est donc tout simplement de la mobiliser pour ce travail, ou plutôt de laisser Dieu agir en nous grâce à notre petite foi pour qu'il nous débarrasse miraculeusement des médiocres sycomores qui nous encombrent et qui font que notre comportement est source de régression pour nous et autour de nous.
Nous avons donc déjà ce pouvoir prodigieux en nous, et comme ces disciples, nous manquons souvent de confiance en nous, croyant notre foi trop petite. Elle est déjà assez grande pour faire pas mal de choses.
Cela dit, Jésus ne trouve pas que c'est une si mauvaise idée qu'ont les disciples de vouloir développer leur foi. Mais Jésus va ensuite leur expliquer que la foi ne se développera pas comme ils l'espéraient dans leur prière " Seigneur augmente nous la foi ".
En comparant la foi à une graine, Jésus approuve leur espérance, mais il apporte déjà une rectification. La foi est comme une graine, elle comporte en elle-même sa propre capacité à grandir et à porter du fruit. Jésus leur dit ainsi : c'est une bonne idée de vouloir développer votre foi, mais ce n'est pas en attendant comme ça qu'un autre la développe pour vous que ça marchera.
Quand on a une graine d'arbre dans la main, comment faire pour qu'elle grandisse ? Pas besoin de sortir de l'agro pour ça, et même si on prie Dieu : Seigneur fais pousser cette graine, Seigneur fais pousser cette graine... tant qu'on ne fait rien, ça ne poussera pas.
Alors, comment faire pour développer sa foi ? Jésus le suggère déjà dans cette histoire de graine, puis Jésus le précise encore dans la curieuse parabole qui suit.
1) Il nous propose de commencer par aller labourer. On doit piocher un peu si l'on veut que sa foi grandisse, piocher par la prière et aussi par la réflexion, comme le font ici les disciples avec Jésus. Le reste du travail, effectivement sera fait par Dieu. À nous, il revient de labourer dans l'attente de ce que Dieu sèmera et fera pousser. Et cette graine de foi que nous avons déjà nous permet déjà de faire des prodiges de défrichage et de labourage si on veut.
2) Jésus propose ensuite un 2e travail, il nous propose d'être le berger des brebis de son maître. Normalement, dans la Bible, le berger c'est Dieu ou le Christ. Quand les disciples prient “ Seigneur augmente notre foi ”, c'est parce qu'ils savent que Jésus est berger, comme son Père est notre berger à tous. Et bien, Jésus leur propose, Jésus nous propose de nous mettre aujourd'hui, avec notre foi minuscule, au service des autres. Les disciples de Jésus ont tout ce qu'il faut pour travailler à proposer aux autres de développer leur foi. Ils ont déjà une minuscule foi eux-mêmes, et l'on sait qu'elle permet déjà d'accomplir des prodiges en ce domaine. Et les disciples ont une 2e qualité bien utile pour aller vers les autres, ils savent que leur foi a besoin de grandir, ils savent qu'ils ont besoin de Dieu pour ça.
Ce 2e travail, celui de berger, est utile pour participer aux œuvres de Dieu dans le monde, mais celui qui s'y applique a bien des chances de voir sa foi se développer. Il n'y a rien de tel que de témoigner de son début de foi pour qu'elle grandisse.
Voilà deux choses que nous propose Jésus pour augmenter la foi, la nôtre et celle de notre entourage, comme si ces deux développements étaient intimement liés.
Les disciples pensaient peut-être avoir cultivé leur foi et bien témoigné auprès des autres de la Parole de Dieu ils pourraient avoir des félicitations et être enfin nourris par Dieu... et bien non, pas encore.
Ce que Jésus nous promet, c'est une chose extraordinaire, mais pas encore très reposante. Quand le disciple rentre de ce travail, nous dit Jésus, il trouve le maître chez lui. Le résultat est bien ce qu'espéraient les disciples, c'est même infiniment plus. Ils priaient pour recevoir du Christ une croissance de leur foi, il leur est promis de recevoir la présence même de Dieu chez eux, en eux.
Après le travail d'agriculteur puis de berger au service de la foi, vient la présence de Dieu en nous, appelant à faire un 3e métier, celui de cuisinier. Aussitôt rentré du travail nous trouvons le maître chez nous, Dieu est là, au plus profond de nous-mêmes, l'urgence est alors de le nourrir. Il est le Créateur dans l'univers et pourtant sa présence en nous est au début comme celle d'un bébé qu'il faut nourrir.
Notre foi a besoin d'être labourée, elle a besoin de s'exprimer dans le témoignage et le service de l'autre, notre foi a également besoin d'être nourrie. Alors, notre vie tout entière sera nourrie, pas seulement notre foi, pas seulement notre dimension spirituelle mais notre vie tout entière, notre liberté, notre enthousiasme, notre optimisme, notre amour... et même cette force qui rend capable de pardonner sept fois de suite, la force de dire à notre colère ou à notre indifférence quand on les sent monter : jette toi dans la mer, sors de ma vie.
La question dans ce travail de laboureur, de berger et de cuisinier n'est pas de convaincre Dieu de nous augmenter la foi, la logique n'est pas celle d'un salaire ou de bons points que l'on gagnerait, nous dit Jésus. En fait, c'est tout simple, en faisant ces travaux, on fait du bien et l'on se fait du bien, grâce à cette prodigieuse force de vie qu'est la foi.
Seigneur augmente-nous la foi. Amen
Lecture de la Bible
Luc 17:3-10
Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le; et, s’il se repent, pardonne-lui. 4 Et s’il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant: Je me repens, -tu lui pardonneras. 5 Les apôtres dirent au Seigneur: Augmente-nous la foi. 6 Et le Seigneur dit: Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce sycomore: Déracine-toi, et plante-toi dans la mer; et il vous obéirait. 7 Qui de vous, ayant un serviteur qui laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il revient des champs: Approche vite, et mets-toi à table? 8 Ne lui dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi à souper, ceins-toi, et sers-moi, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu; après cela, toi, tu mangeras et boiras? 9 Doit-il de la reconnaissance à ce serviteur parce qu’il a fait ce qui lui était ordonné? 10 Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.
Psaume 1
Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, 2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel, Et qui la médite jour et nuit! 3 Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point: Tout ce qu’il fait lui réussit. 4 Il n’en est pas ainsi des méchants: Ils sont comme la paille que le vent dissipe. 5 C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes; 6 Car l’Eternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine.
Romains 7:14-25
Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle; mais moi, je suis charnel, vendu au péché. 15 Car je ne sais pas ce que je fais: je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais. 16 Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne. 17 Et maintenant ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi. 18 Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair: j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. 19 Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. 20 Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, c’est le péché qui habite en moi. 21 Je trouve donc en moi cette loi: quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. 22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur; 23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. 24 Misérable que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort?... 25 Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur!... Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché.